Arthur, Marie, Alexis Legrand
1833 - 1916
Représentant en 1871, député de 1876 à 1885, né à Paris le 28 octobre 1833, fils de M. Alexis Baptiste Victor Legrand (Voy. ce nom), il fit son droit, fut reçu, au concours, auditeur au Conseil d'Etat, attaché à la section des travaux publics, que son père avait présidée, et devint secrétaire d'un grand nombre de commissions, de la marine marchande, de l'échelle mobile, du code rural, des établissements de crédit, de la législation des mines, etc.
Chargé, en 1862, d'une mission en Angleterre, à l'occasion de l'Exposition universelle, il fut, à son retour, décoré de la Légion d'honneur. En 1865 et 1866, il coopéra, comme attaché au conseil supérieur du commerce, à la grande enquête sur la circulation fiduciaire et monétaire, et fut élu (1866) conseiller général du canton de Barenton (Manche), et nommé maître des requêtes la même année.
Lors de la dissolution des conseils généraux par Gambetta (26 décembre 1870), il prit, avec le comte Daru, l'initiative d'une protestation contre cette mesure.
Il était maire de Milly, lorsqu'il fut élu, le 8 février 1871, représentant de la Manche à l'Assemblée nationale, le 4e sur 11, par 72 427 voix sur 98 856 votants, et 153 878 inscrits. Il prit place au groupe de l'Appel au peuple, dont il fut l'un des dix premiers fondateurs, fit partie de la commission des chemins de fer, de la commission des marchés, de la commission du Sacré Cœur de Montmartre, à laquelle il soumit une rédaction qui est devenue la loi, rapporteur des commissions des chemins de fer d'intérêt local, des canaux, du mode de nomination du gouverneur de la Banque de France, etc.; il proposa de nombreux amendements sur les lois concernant l'enseignement primaire, la marine marchande, l'amélioration de la situation des gendarmes, etc., et parla notamment contre l'exercice des bouilleurs de cru dont il défendit les intérêts en toute occasion, en faveur de la création de la caisse d'épargne postale dont la proposition était due à son initiative, contre le privilège de l'Imprimerie nationale, etc. Il vota :
- pour l'abrogation des lois d'exil,
- pour la pétition des évêques,
- contre le service militaire de trois ans,
- pour la démission de Thiers,
- pour l'arrêté contre les enterrements civils,
- pour le septennat,
- contre l'amendement Wallon,
- contre les lois constitutionnelles,
- pour la loi sur l'enseignement supérieur.
Candidat aux élections du 20 février 1876 dans l'arrondissement de Mortain, il fut réélu par 9 898 voix sur 13 923 votants et 17 929 inscrits, contre 3 904 voix à M. Labiche, républicain, reprit sa place à la droite bonapartiste et soutint le cabinet du 16 mai.
Aux élections qui suivirent la dissolution de la Chambre, les électeurs de Mortain lui renouvelèrent son mandat (14 octobre 1877) par 9 577 voix sur 15 353 votants et 18 232 inscrits, contre 5 720 voix à M. Labiche. Il appuya les derniers efforts de résistance du cabinet du 16 mai, et vota pour la proposition Touchard (janvier 1878) et contre les ministères républicains qui suivirent.
Réélu, aux élections générales du 21 août 1881, par 7 597 voix sur 14 572 votants et 18 132 inscrits, contre 6 906 voix à M. Alfred Lefresne, il combattit les lois scolaires et la politique coloniale et financière des ministères opportunistes.
Il refusa de se représenter aux élections de 1885 parce que la liste ne put être composée au point de vue politique comme il l'aurait souhaitée.
Officier d'académie, membre de la Société d'Economie politique, M. Arthur Legrand a collaboré à la Revue Contemporaine, à l'Economiste français, à la Revue Britannique, et a publié notamment :
- De la législation sur les brevets d'invention (1862) ;
- De la législation relative au prêt à intérêts (1864) ;
- Résumé de l'enquête sur la circulation fiduciaire et monétaire (1872) ;
- Le billet de banque fiduciaire (1880) ;
- Etudes économiques (1881) ;
- L'industrie chevaline (1883) ;
- Les Bouilleurs de cru (1884) ;
- L'impôt foncier sur les propriétés non bâties ;
- Le Crédit agricole (1886), etc.
Né le 28 octobre 1833 à Paris, mort le 8 mai 1916 à Paris.
Représentant de la Manche en 1871.
Député de la Manche de 1876 à 1885 et de 1889 à 1916.
(Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. IV, p. 72.)
Il est de nouveau élu dans la circonscription de Mortain en 1889 et réélu en 1893, 1898, 1902, 1906, 1910 et le 26 avril 1914, toujours à une très large majorité. De ses diverses professions de foi, il ressort qu'il était attaché à la défense de la liberté de l'enseignement ainsi qu'à celle des privilèges des bouilleurs de cru. Il craignait qu'on ne voulut déchristianiser la France et s'inquiétait du danger croissant représenté par le socialisme. Il préconisait l'élection du Président de la République au suffrage universel. Il aimait Dieu, sa patrie, la liberté.
Inscrit au groupe des indépendants, il appartint à de nombreuses commissions, notamment à celle concernant le taux de l'intérêt légal, le recrutement de l'armée, la réorganisation cadastrale, la législation fiscale, etc..
Il intervint dans de nombreux débats, défendant inlassablement les privilèges des bouilleurs de cru (débats du 30 mai 1895, 20 novembre 1900, 16 février 1903, 20 avril 1905) et faisant bénéficier le parlement de sa compétence en matière fiscale (débat relatif aux contributions directes du 18 juillet 1890).
Il s'éteignit après toute une vie consacrée aux affaires publiques, la troisième année de la guerre, le 8 mai 1916 à Paris. Il avait 82 ans.