Pierre Legrand
1834 - 1895
Député de 1876 à 1885, et ministre, né à Lille (Nord) le 13 mai 1834, fils de Pierre Legrand (1804-1859), lui-même député au Corps législatif de 1852 à 1859, il étudia le droit, se fit recevoir avocat et plaida avec distinction au barreau de Lille.
Plusieurs fois bâtonnier de l'ordre, membre du conseil municipal de Lille, adjoint au maire à la fin de l'Empire, et conseiller général du Nord, il fut, en raison de ses opinions libérales, désigné par le gouvernement de la Défense nationale, le 6 septembre 1870, pour le poste de secrétaire général de la préfecture du Nord, et, le 10 septembre, pour celui de préfet du Nord ; mais il n'y resta que peu de temps (jusqu'au 21 octobre), s'étant trouvé en désaccord avec la délégation de Tours sur plusieurs points, notamment sur le décret de dissolution des conseils généraux, décret dont il ne voulut pas se faire l'exécuteur.
Après avoir réuni, le 8 février 1871, sans être élu, 60 581 voix sur 262 927 votants, comme candidat à l'Assemblée nationale, il fut révoqué des fonctions d'adjoint en janvier 1874, et se représenta, comme républicain modéré, aux élections de la Chambre des députés, le 20 février 1876, dans la 1re circonscription de Lille, où il fut élu par 9 127 voix (10 384 votants, 16 029 inscrits). Il siégea à gauche et fut des 363.
Réélu, le 14 octobre 1877, par 8,978 voix (12 932 votants, 15 276 inscrits), contre 3 847 à M. H. Bernard, il reprit sa place dans la majorité, soutint les ministères Dufaure et Jules Ferry, vota pour l'article 7, pour l'élection de M. Grévy à la présidence de la République (au Congrès), pour l'invalidation de l'élection de Blanqui, contre l'amnistie plénière, etc., appuya la politique opportuniste et parut plusieurs fois à la tribune.
Réélu le 21 août 1881, par 9 229 voix (12 208 votants, 16 159 inscrits), contre 2 799 à M. Clouet des Perruches, M. Pierre Legrand eut dans la législature nouvelle un rôle plus marqué. Rapporteur de la commission chargée d'examiner les projets de réforme de la magistrature (juin 1882), il eut à traduire devant la Chambre les résolutions quelque peu confuses et contradictoires de cette commission, et fit connaître qu'elle s'était prononcée pour la suppression de l'inamovibilité, et pour la nomination des juges amovibles, non par le pouvoir, mais « pour un temps à fixer, par un corps électoral spécial choisi dans des conditions à déterminer ». L'honorable rapporteur ne s'expliquait pas davantage. Il prit part à la discussion contradictoirement avec M. Martin-Feuillée et avec M. Humbert, garde des sceaux (v. ce nom), qui combattit énergiquement le système de la commission (juillet 1882).
Le 7 août 1882, lors de la constitution du cabinet Duclerc, M. Pierre Legrand fut appelé à y prendre le portefeuille du Commerce. Il y représenta les idées protectionnistes et fut maintenu au pouvoir dans le cabinet Fallières, formé le 29 janvier 1883, et qui dura jusqu'au 20 février de la même année.
Tombé avec ses collègues sur la question de l'expulsion des princes, il revint à son siège de député et opina comme précédemment, dans le sens opportuniste: contre la séparation de l'Eglise et de l'Etat, pour les crédits du Tonkin, etc.
Il fut rappelé au ministère du Commerce, le 6 avril 1885, dans la combinaison H. Brisson : son troisième passage aux affaires dura jusqu'au 6 janvier 1886.
Les élections du 4 octobre 1885 n'avaient pas été favorables à M. Pierre Legrand, qui ne rentra à la Chambre nouvelle, comme député du Nord, qu'à la faveur d'une élection partielle, le 27 novembre 1887 : à cette date, il fut élu avec 146 495 voix (275 713 votants et 356 918 inscrits), et reprit sa place à gauche jusqu'au jour où, pour la quatrième fois, il fut nommé ministre du Commerce, le 3 avril 1888, dans le cabinet Floquet.
Il quitta le pouvoir avec ses collègues, le 22 février 1889 ; il vota, en dernier lieu :
- pour le rétablissement du scrutin d'arrondissement,
- contre l'ajournement indéfini de la Constitution (chute du ministère dont il faisait partie),
- pour les poursuites contre trois députés membres de la Ligue des patriotes,
- pour le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse,
- pour les poursuites contre le général Boulanger.
Né le 13 mai 1834 à Lille (Nord), mort le 31 mai 1895 à Paris.
Député du Nord de 1876 à 1885 et de 1887 à 1895.
Ministre du Commerce du 7 août 1882 au 20 février 1883 du 6 avril 1885 au 6 janvier 1886 et du 3 avril 1888 au 22 février 1889.
(Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. IV, p. 71.)
Pierre Legrand fut l'un des organisateurs de l'Exposition universelle de 1889. Après avoir rendu hommage à cette manifestation de la force et de la volonté de la France, il s'exprimait ainsi dans sa dernière circulaire aux électeurs de la 2e circonscription de Lille :
« Pour tenter un dernier effort, les adversaires de nos institutions se sont groupés derrière un programme unique qui se résume en deux mots : Révision, Constituante, ce qui veut dire renversement de la République, guerre civile ! Nous ne voulons point être dupes de ce mouvement monarchiste, bonapartiste et boulangiste. Il est plus facile de demander une Constituante qui remettrait en discussion le principe même de la République que de faire de la bonne politique financière, de la bonne politique économique. Nous aussi, nous voulons une révision, mais une révision républicaine, faite aux termes de la Constitution, en congrès, par tous les républicains des deux Chambres et à l'heure choisie par eux... »
Aux élections législatives qui eurent lieu le 22 septembre de cette même année 1889, il fut élu au premier tour, dans sa circonscription de Lille, par 9 071 voix sur 15 420 votants, contre 5 132 à Lestiboudois, boulangiste.
Au cours de cette 5e législature, il fut président du IVe Bureau et membre de plusieurs commissions. Il présenta une proposition de loi tendant à étendre l'application de l'article 549 du code de commerce et divers rapports, notamment sur le projet de loi relatif à l'établissement du tarif général des douanes, projet qui concernait les fils et tissus.
Aux élections législatives des 20 août et 3 septembre 1893, il se présente dans la 3e circonscription de Lille et est élu au second tour par 5 717 voix sur 10 284 votants, contre 4 075 à Ghesquières, socialiste. Au premier tour, il avait obtenu 5 359 voix contre 3 400 à Naquet-Deroode, rallié. Au cours de cette 6e législature, il fut membre notamment de la commission chargée de l'examen des projets et propositions de loi concernant le tarif général des douanes.
L'acharnement et la conscience qu'il mit à remplir ses fonctions de rapporteur eurent raison de ses forces et il mourut en cours de législature, le 31 mai 1895, à Paris, à l'âge de 61 ans.