François Leizour
1914 - 1986
LEIZOUR (François)
Né le 4 juin 1914 à Plougrescant (Côtes-du-Nord)
Décédé le 7 octobre 1986 à Brest (Finistère)
Député des Côtes-du-Nord de 1978 à 1981
Né le 14 juin 1914 à Plougrescant, fils d’un instituteur socialiste et petit-fils d’un notable républicain, maire et conseiller général de Lézardrieux, François Leizour s'engage précocement en politique. À dix-huit ans, il adhère aux Jeunesses communistes, dont il devient secrétaire général, puis 4 ans plus tard au Parti communiste. Après une licence de philosophie, il embrasse une carrière de professeur au lycée de Guingamp. Mobilisé en 1939, François Leizour est fait prisonnier et reste détenu en Allemagne pendant la guerre. De retour en France, en juin 1945, il est nommé professeur au collège de Guingamp. Sa carrière élective commence en 1951 sous la bannière communiste, lorsqu'il est élu conseiller général des Côtes-du-Nord dans le canton de Guingamp. Battu en 1958, il retrouve son siège de conseiller général en 1964 pour être réélu sans interruption jusqu'en 1982. En outre, François Leizour, qui siège au conseil municipal depuis 1959, est élu maire de Guingamp en 1977, sous l'étiquette de l'union de la gauche. Il a été par ailleurs secrétaire de la section du Parti communiste français (PCF) de Guingamp et membre de la fédération départementale de ce parti.
En 1962, l'élu communiste choisit de se présenter aux législatives dans la 4ème circonscription des Côtes-du-Nord. La circonscription comprend les cantons de Bégard, Belle-Isle-en-Terre, Bourbriac, Callac, Châtelaudren, Guingamp, Lanvollon, Maël-Carhaix, Plouagat, Plouha et Pontrieux. L'élection met en concurrence François Leizour, pour le PCF, qui obtient 26,6% au premier tour, et cinq autres candidats, dont le député sortant Alain Le Guen du Mouvement républicain populaire (MRP), 30,4 %, le centriste Édouard Ollivro (23,9 %), maire de Guingamp, et les anciens députés socialistes Thomas Alexandre, maire de Moustéru, pour la SFIO (12,3 %) et Pierre Serandour, adjoint au maire de Plussullien pour le Parti socialiste unifié (PSU), 5,5 %, ainsi que Pierre Mauger. Arrivé premier candidat de la gauche au premier tour, le professeur de philosophie profite du retrait des candidats socialistes tandis que son adversaire du MRP peut compter sur les voix du candidat centriste. Alain Le Guen recueille ainsi 26 610 voix, battant François Leizour qui n'en a obtenu que 24 105 (48 %).
Cinq ans plus tard, il tente à nouveau de remporter l'élection législative en Côtes-du-Nord. Au premier tour, François Leizour, qui remporte 33,4 % des suffrages, retrouve le député sortant Alain Le Guen, Centre démocratique-Ve République (26,4 %) et Édouard Ollivro représentant Progrès et démocratie moderne (30,7 %). Le report de voix du quatrième candidat, le socialiste Yves Guyader (9,3 %) est insuffisant pour battre Édouard Ollivro, seul candidat de la droite au second tour qui, avec 25 669 voix, obtient 50,7 % des suffrages exprimés.
En 1968, le représentant communiste se porte à nouveau candidat à la députation dans un contexte propice à la majorité. Il se place en tête du premier tour avec 31,7 % des voix (15 855 voix sur 49 939 votants), talonné par le candidat centriste Édouard Ollivro (15 470 voix soit près de 31 %). Ce dernier peut compter sur les voix d’Alain Le Guen, candidat Union pour la défense de la République (UDR), 22,3 % et, d’autre part, François Leizour sur les voix du candidat PSU, Yvon Le Merrer (7 %), et du candidat de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS) Yves Guyader (7,8 %). Au second tour, Édouard Ollivro bat son adversaire communiste avec une avance confortable (54 % contre 46 % pour François Leizour).
En 1973, François Leizour brigue pour la quatrième fois un mandat de député dans la même circonscription. Le premier tour préfigure un second tour très serré. En effet, le candidat de l'Union centriste, député sortant et maire de Guingamp, Édouard Ollivro, remporte 45 % des suffrages et peut puiser dans les 4 % de voix qui se sont portées sur le candidat radical du Mouvement réformateur de Jean-Jacques Servan-Schreiber, Yves Tourbin. De son côté, François Leizour, qui a obtenu un score de 37 %, peut compter sur les suffrages qui se sont portés sur les candidats du PS, 6 % pour Yves Guyader, maire de Pabu, et du PSU, 7 % pour Claude Guillou. Mathématiquement, la gauche dispose donc de 500 voix d'avance. Néanmoins, c’est le député sortant qui l'emporte, au second tour, avec une avance de 2 000 voix face à François Leizour, demeuré seul candidat de la gauche.
L'élection législative de 1978 se déroule pour lui sous des auspices plus cléments, François Leizour ayant arraché la mairie de Guingamp à Édouard Ollivro un an auparavant. Fort de ce succès, le professeur de philosophie, désormais à la retraite, se présente, dans sa profession de foi, comme le candidat de la rupture et porte ses attaques sur un Parti socialiste trop timide à ses yeux et manquant de clarté sur ses engagements, notamment sur la présence de ministres communistes au gouvernement dans le cas d'une victoire de la gauche. Malgré un discours offensif dénonçant la « coalition giscardienne », c'est le député sortant centriste Édouard Ollivro qui se place en première position avec près de 34 % des suffrages. François Leizour obtient 29,4 % des voix et le socialiste Maurice Briand, son adjoint à la mairie, 22,2 %. Les cinq autres candidats ont recueilli moins de 10 % des voix chacun : le candidat indépendant soutenant la majorité Pierre Pasquiou en totalise 9,3 % constituant ainsi un réservoir de voix appréciable pour le député sortant ; l'écologiste Anne Romain, 2,5 % ; l'Union démocratique bretonne représentée par Patrick de Quelen, 1,7 % ; la candidate de Lutte ouvrière, 0,9 % ; et le Front National avec Jean Rabuel, 0,1 %. Si les électeurs de Guingamp, dont François Leizour est pourtant le maire, répartissent leurs voix de façon assez égale entre les trois grands candidats, le communiste devance ses adversaires dans les cantons de Callac, son suppléant y étant conseiller général, Belle-Isle-en-Terre, Bégard et Maël-Carhaix. Au second tour, François Leizour, qui profite du retrait du candidat socialiste en application d’un accord de désistement conclu entre les deux tours, est élu d'une courte majorité : 51 % contre 49 %. Le caractère indécis du scrutin a d'ailleurs favorisé une participation élevée, 91 %.
Dès son arrivée au Palais-Bourbon, François Leizour s'inscrit au groupe communiste. Il est nommé, en mars 1978, membre de la commission d'enquête créée à sa demande à la suite du naufrage du navire pétrolier Amoco-Cadiz en Bretagne. En avril 1979, il rejoint la commission des affaires culturelles, familiales et sociales puis, l'année suivante, celle de la production et des échanges et enfin, en 1981, la commission des affaires étrangères.
Au cours de cette législature, François Leizour dépose une proposition de loi en mai 1978 sur l'amélioration des pensions et retraites visant à fixer à 1 300 francs le revenu minimum des personnes âgées. Il prend la parole à onze reprises. Élu de Bretagne, la plupart de ses interventions concernent sa région. Il s'exprime la première fois, le 21 avril 1978, dans une question orale sans débat pour marquer ses inquiétudes à la suite du naufrage de l'Amoco-Cadiz au large du Finistère, en mars 1978. Il demande la création d'une commission d'enquête parlementaire sur les circonstances de l'échouage du navire pétrolier, ses conséquences pour la région bretonne ainsi que sur les moyens de prévention et de lutte contre la pollution des rivages marins par les hydrocarbures. Au cours de la même intervention, le député de Guingamp propose l'instauration d'une taxe frappant les compagnies pétrolières et la création d'un conseil supérieur de la protection de la mer et du littoral. D'autre part, il intervient à deux reprises à la tribune dans la séance des questions au gouvernement pour dénoncer, les 20 décembre 1978 et 9 mai 1979, le démantèlement du réseau ferroviaire de sa région, en particulier la possible fermeture du trafic de voyageurs sur la ligne Guingamp-Paimpol. Mais c'est à la situation des agriculteurs bretons qu'il consacre la plupart de ses prises de parole lors de l’examen du projet de loi de finances rectificative pour 1979, en décembre 1979 ; dans le débat sur le projet de loi d'orientation agricole en décembre 1979 en première lecture et en avril 1980, en seconde lecture ; dans la discussion sur le projet de loi de finances pour 1981, le 16 octobre 1980 ; et dans une question orale sans débat, le 21 novembre 1980. Toutes ses interventions visent à dénoncer l'austérité pratiquée par le gouvernement, la diminution des emplois en Bretagne, l'augmentation du nombre des chômeurs dans la région, les difficultés des activités de la pêche, la dégradation des services publics, la politique européenne des montants compensatoires et la taxe laitière de coresponsabilité frappant l'agriculture bretonne. Enfin, le droit du travail retient particulièrement son attention. En décembre 1978, il dépose deux amendements au projet de loi relatif au contrat de travail à durée déterminée. L'un vise à interdire la signature de contrats à durée déterminée pour des emplois ayant un caractère permanent et l'autre à rendre obligatoire la consultation par l'employeur du comité d'entreprise ou des délégués du personnel, avant la conclusion d'un ou de plusieurs contrats à durée déterminée. Tous deux sont rejetés.
Il se prononce contre le projet de loi sur l'augmentation de la quote-part de la France au F.M.I (18 avril 1978), contre la déclaration de politique générale du gouvernement (20 avril 1978), contre le projet de loi relatif à l'aide aux travailleurs privés d'emploi (5 janvier 1979), contre le projet de loi d'aménagement de la fiscalité directe locale, vote sur lequel la responsabilité du gouvernement est engagée (18 décembre 1979) et contre le projet de loi renforçant la sécurité et protégeant la liberté des personnes (18 décembre 1980). En revanche, il vote pour le projet de loi visant à rendre définitives les dispositions de la loi du 17 janvier 1975 sur l'interruption volontaire de grossesse (29 novembre 1979), pour la proposition de la loi visant à l'élargissement de la définition du viol (11 avril 1980) et pour le projet de loi relatif à la modification du code électoral en vue de favoriser la participation des femmes aux élections municipales (20 novembre 1980).
Après la dissolution de l'Assemblée nationale en 1981, consécutive à l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République, François Leizour sollicite un second mandat mais il est victime de la « vague rose ». En effet, le communiste n'a recueilli que 26,4 % des suffrages au premier, loin derrière le socialiste Maurice Briand (39,7 %) mais devant le centriste Pierre Pasquiou (24,9 %) et le candidat du Rassemblement pour la République (RPR) Léon Boutbien (6,6 %). François Leizour se désiste en faveur de Maurice Briand, très largement élu au second tour avec 65,9 % des voix.
En 1982, il perd son siège au conseil général et, l'année suivante, la mairie de Guingamp. François Leizour décède, le 7 octobre 1986, à l'âge de 72 ans.