Camille Lenoir
1859 - 1931
Né le 4 mai 1859 à Montcornet (Aisne), mort le 17 mars 1931 à Reims (Marne), fils de Pierre Ernest Lenoir, sabotier et de Marie Thérèse Céline Cury. Député de la Marne de 1905 à 1928.
Camille Lenoir qui fit une belle carrière parlementaire débuta dans la vie comme ouvrier mécanicien à la 1re compagnie d'ouvriers d'artillerie. Après avoir été promu chef d'atelier à la fonderie de canons de Bourges, il change d'orientation et nous le trouvons en 1887 débitant de boissons et de tabac dans la ville de Reims. Sa vocation politique apparaît d'abord à l'échelon local.
C'est ainsi que Camille Lenoir se fait élire comme conseiller d'arrondissement, et il sera président de cette assemblée de 1899 à 1907. Parallèlement, il était conseiller municipal de Reims en 1900, premier adjoint au maire de cette ville jusqu'à l'année 1918. En 1919 il est conseiller général.
Sur le plan national, il accomplit les premiers pas de sa carrière politique en se présentant aux élections législatives en 1902 contre Lannes de Montebello, maire adjoint de Reims à l'époque. Ce dernier fut réélu. Mais le 17 décembre 1905, au second tour, il va remplacer dans la 2e circonscription, Léon Mirman, démissionnaire. Il obtenait 9.048 voix sur 15.782 votants, contre 6.439 à Richardot. Ses électeurs lui manifestèrent leur attachement par des réélections successives.
Le 20 mai 1906, d'abord, au premier tour Camille Lenoir est en ballottage, Richardot s'étant représenté contre lui, il obtient 6.117 voix contre 7.283. Mais au second tour, il l'emporte avec 8.855 voix. Le 8 mai 1910, Lenoir doit encore attendre le second tour où sur les 24.609 votants, il recueille 9.872 voix contre 6.414 à son adversaire Menesson Dupont.
Aux élections du 26 avril 1914, le chiffre de ses électeurs a peu varié, mais le nombre des votants a diminué. Sur les trois candidats, Lenoir, Klein et Lhermitte, les chiffres atteignent respectivement 9.075, 5.787 et 2.458. Sa position est assurée : entre-temps, en effet, il avait été élu secrétaire de la Chambre des députés (le 14 janvier 1914), mandat qui lui fut renouvelé le 13 juin 1914.
Camille Lenoir va conserver son siège aux élections de 1919 et de 1924. Le 16 novembre 1919 il est élu sur la liste d'union républicaine de la fédération départementale des groupes de gauche de la Marne. Sa liste a recueilli 28.017 voix. Et le 11 mai 1924, la liste d'union des gauches, sur laquelle il se présentait rassemblait 36.678 voix.
A la Chambre, il s'intéresse d'abord à l'organisation du travail parlementaire. De 1908 à 1910, il est secrétaire du bureau de la Chambre. De 1917 jusqu'à la fin de la 11e législature, il exerce les fonctions de questeur. En même temps (1914-1917), Lenoir est président de la commission d'assurance et de prévoyance sociales, et secrétaire de la commission de la comptabilité de la Chambre durant six ans.
Camille Lenoir a fait partie des conseils les plus élevés de la Nation : vice-président de la commission de commercialisation et d'industrialisation du monopole des tabacs ; vice-président de la commission de répartition des subventions aux œuvres d'assistance des enfants du premier âge ; membre du conseil supérieur de la natalité ; membre de l'assistance publique ; membre de la commission chargée d'atténuer la crise du chômage ; président de la commission supérieure des allocations militaires ; vice-président du groupe inter-parlementaire des départements libérés.
Les fonctions qu'il occupait, et ses appartenances politiques laissent déjà deviner l'essentiel de ses préoccupations. Sa vocation politique se double d'une vocation sociale : l'abaissement du coût de la vie constitua pour lui un souci permanent, et corollairement la suppression la plus rapide des impôts indirects (avec un assainissement des finances publiques). Il s'intéresse aussi aux assurances sociales, et à la mutualité, et manifestant un bel esprit d'anticipation, il songe à une collaboration des classes pour l'accession des travailleurs à la propriété. Continuant enfin la lignée des grands parlementaires de la IIIe République à ses débuts, l'enseignement de tous les enfants capables de suivre des études lui paraît constituer la vocation primordiale de l'Etat.
Cependant ses origines géographiques le portaient aussi à s'occuper des conséquences de la guerre dans les zones les plus touchées. Il voudrait l'établissement d'une paix durable sur la base du paiement par l'Allemagne des dommages causés par la guerre. Le relèvement des mines dans les départements dévastés constituait pour lui un souci majeur. Camille Lenoir pensait que République et socialisme allaient de pair : « on ne peut être républicain sincère, écrivait-il, sans avoir pour idéal un état social plus fraternel et plus égalitaire ». De même « on ne peut se dire socialiste si l'on n'est pas prêt à envisager tous les problèmes dont la solution doit avoir pour conséquence une répartition des droits et des devoirs plus équitable entre tous les citoyens ». Il ne va cependant pas jusqu'au socialisme révolutionnaire. Il s'affirmerait plutôt dans la tendance réformiste : « réprouvant la violence, je déplore les agissements démagogiques qui ne peuvent jamais aboutir à une œuvre durable ». Son socialisme n'est d'ailleurs pas internationaliste : ses origines à la fois sociales et géographiques lui avaient donné un sens aigu du patriotisme : « je répudie également les théories nationalistes qui n'ont rien à voir avec la grande idée de la patrie et les théories antimilitaristes dont le plus clair résultat serait de livrer notre pays, berceau des libertés républicaines, à la tyrannie du premier conquérant venu ».
Camille Lenoir mourut à Reims le 17 mars 1931, chevalier de la Légion d'honneur.
Date de mise à jour: mars 2014