Gérard Léonard
1945 - 2006
LEONARD (Gérard)
Né le 1er juillet 1945 à Lyon (Rhône)
Décédé le 6 juin 2006 à Vandœuvre-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle)
Député de la Meurthe-et-Moselle de 1986 à 1997, puis de 2002 à 2006
Né le 1er juillet 1945 à Lyon, Gérard Léonard est le fils de Gaston Léonard, commandant dans l’armée de l’air, et de Jeanne Klein. La famille compte cinq enfants (un fils et quatre filles). Après le lycée Fabert de Metz, Gérard Léonard s’inscrit à la faculté de droit et des sciences économiques de Nancy et obtient un DES de droit public et un autre de science politique. Exempté de service militaire, il devient en 1971 maître-assistant à la faculté de droit de Nancy. Il entre en politique en 1968 au sein du mouvement de jeunesse gaulliste, l’Union des jeunes pour le progrès (UJP), un mouvement dirigé par l’Alsacien Robert Grossmann et qui défend un gaullisme social attaché à la notion de participation. Dès 1969, il adhère à l’Union des démocrates pour la République (UDR) puis rejoint le Rassemblement pour la République (RPR) à sa fondation fin 1976. Il se marie le 25 juin 1971 à Geneviève Détré. Le couple aura deux enfants.
Gérard Léonard, nommé professeur de droit constitutionnel à la faculté de Nancy à la fin des années 1970, est élu en 1983 maire RPR de Saint-Max, banlieue résidentielle de Nancy où il réside désormais. Il conservera l’hôtel de ville jusqu’à sa mort en 2006. Dans la foulée, il devient vice-président de la communauté urbaine du Grand Nancy. Dès 1984, secrétaire de la fédération départementale RPR de Meurthe-et-Moselle, il y conduit, lors des législatives du printemps 1986, la liste RPR dans le cadre du scrutin à la proportionnelle. Le candidat gaulliste fait campagne sur des thématiques libérales alors défendues par le parti dirigé par Jacques Chirac, exigeant face au chômage des jeunes (en Meurthe-et-Moselle, 51 % des chômeurs ont moins de 25 ans) un allègement des charges pesant sur les entreprises et un assouplissement de la réglementation du travail. Le 16 mars, sa liste ayant obtenu 51 269 voix, soit 15,21 %, reçoit un siège (contre deux pour la liste Union pour la démocratie française (UDF) emmenée par Marcel Bigeard – 28, 10% – et trois pour la liste du socialiste Jean-Paul Durieux – 32,63 % –), Gérard Léonard quitte l’Université pour le Parlement, s’inscrit au groupe RPR et rejoint la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République. Il est également membre titulaire de la commission d’accès aux documents administratifs, de la commission supérieure chargée d’étudier la codification et la simplification des textes législatifs et réglementaires, ainsi que du Conseil national des services publics départementaux et communaux. Il est rapporteur pour avis des projets de loi de finances pour 1987 et 1988 concernant les Dom et les Tom. Il intervient, en juin 1986, lors de l’examen du projet de loi relatif à la lutte contre le terrorisme et aux atteintes à la sûreté de l’Etat, réclamant face à l’internationalisation de la criminalité terroriste une véritable coopération internationale. Il dépose en avril 1987 deux propositions de loi, la première tendant à la création d’un diplôme d’Etat de thanatopracteur, et la seconde portant sur les carrières comme installations classées pour la protection de l’environnement. Il approuve la loi du 9 septembre 1986 relative aux conditions d’entrée et de séjour des étrangers en France.
En juin 1988, le scrutin majoritaire ayant été rétabli, Gérard Léonard, délégué national du RPR pour la Lorraine depuis novembre 1986 (il le reste jusqu’en novembre 2002), affronte aux élections législatives l’architecte Job Durupt, député socialiste sortant et maire de Tomblaine, dans la deuxième circonscription de Meurthe-et-Moselle. Sa suppléante est la dermatologue Françoise Nicolas. Le candidat RPR obtient, au premier tour, 18 107 voix (41,85 %), son principal adversaire 18 195, le candidat du Parti communiste français (PCF) 3 041 et celui du Front national (FN) 3 917. Gérard Léonard est battu au second tour, le 12 juin, par 50,2 % des suffrages exprimés, en faveur de Job Durupt. Conforté au sein du RPR par de nouvelles responsabilités (il devient délégué à la régionalisation en septembre 1988 et conserve cette attribution jusqu’en mars 1990), Gérard Léonard regagne son siège lors d’une élection partielle le 11 décembre 1988 à la suite de l’invalidation du scrutin de juin par le Conseil constitutionnel le 21 octobre (son adversaire socialiste ne l’ayant emporté que de 176 voix d’écart). La participation passe, d’une élection à l’autre, de 50 920 à 29 076 suffrages exprimés au premier tour. Gérard Léonard remporte 48 % des voix, Job Durupt 42,2 %. Au second tour, le candidat RPR bat le socialiste en rassemblant 50,9 % des 33 598 suffrages exprimés. La contestation de sa seconde élection est rejetée le 20 avril 1989. Il s’inscrit au groupe RPR et rejoint de nouveau la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République. Il appartient à la mission d’information commune sur l’intégration des immigrés. Dans l’hémicycle, il interroge le gouvernement, lors de la séance de questions orales sans débat du 13 octobre 1989, à propos du financement du TGV-Est. Le 27 juin 1990, il le fait à nouveau sur l’harmonisation des politiques européennes en matière de code de nationalité. En réponse à une déclaration du gouvernement sur l’immigration et l’intégration, il évoque en mai 1990 le nombre croissant de demandeurs au droit d’asile et le détournement de la procédure. Il intervient en octobre 1991 lors du débat sur le projet de loi renforçant la lutte contre le travail clandestin et la lutte contre l’organisation de l’entrée et du séjour irrégulier d’étrangers en France. Devenu un expert de ces questions, il fait le point sur les certificats d’hébergement, les dispositions pénales s’agissant des peines d’interdiction du territoire français, l’évolution de l’immigration clandestine et des reconduites à la frontière. Il dépose, en avril 1992, une proposition de loi tendant à modifier les dispositions du code des communes relatives au service des pompes funèbres et suit l’examen du texte en décembre. Passionné par les débats sur la bioéthique, il prend part aux débats, en novembre 1992, sur le projet de loi relatif au corps humain et donne son avis s’agissant des atteintes à l’intégrité du corps humain, des questions de filiation et de la procréation médicalement assistée, notamment. Il ne prend pas part au vote de de la loi constitutionnelle du 25 juin 1992 ajoutant à la Constitution un titre « de l’Union européenne », à la suite de la ratification du traité de Maastricht.
Il entre en avril 1992 au conseil régional de Lorraine dont il devient jusqu’en mars 1998 le premier vice-président RPR. Il reste au conseil régional jusqu’en juillet 2002 où il doit céder ce siège conformément à la nouvelle loi sur le cumul des mandats. Au sein de l’assemblée régionale, il crée le Fonds régional de cohésion sociale destiné à financer des projets, tout particulièrement en direction des jeunes.
Gérard Léonard est de nouveau candidat RPR aux législatives de mars 1993. Il met en avant, dans sa profession de foi, « la nécessité d’agir vite autour d’objectifs concrets dont les résultats seraient visibles avant un an ». Il faut selon lui redonner confiance aux entreprises en établissant entre elles et les conseils régionaux « un pacte pour l’emploi », relancer la construction, favoriser l’artisanat, le commerce et les PME-PMI, sauver l’assurance maladie et garantir les retraites, améliorer la solidarité pour les plus défavorisés.
Profitant de la « vague bleue », il rassemble au premier tour 40,74 % des 45 722 suffrages exprimés, répartis entre 11 candidats. Le 28 mars 1993, Gérard Léonard est réélu député au second tour face au conseiller et adjoint au maire socialiste de Vandoeuvre, René Mangin par 59,7 % des voix (26 500). Il reste fidèle au groupe RPR et à la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République. Il appartient à la mission d’information commune sur l’aménagement du territoire et à celle sur la Corse. Il est, en mai 1993, rapporteur de la proposition de loi adoptée par le Sénat instituant une faculté de participation des salariés actionnaires au conseil d’administration ou au conseil de surveillance des sociétés anonymes. Il est surtout rapporteur pour avis du budget de la police de 1993 à 1997 dans le cadre des projets de loi de finances. Il est aussi le rapporteur du projet de loi d’orientation et de programmation pour la sécurité, adopté en 1994, de celui relatif au renforcement de la lutte contre le travail clandestin (décembre 1996-février 1997) et de celui portant diverses dispositions relatives à l’immigration (décembre 1996-février 1997). Il approuve en 1993 le projet de loi relatif aux pensions de retraite et à la sauvegarde de la protection sociale.
Il intervient en juin 1993 dans le débat concernant le projet de loi relatif aux contrôles d’identité puis, le même mois, sur le projet de loi relatif à la maîtrise de l’immigration et aux conditions d’entrée, d’accueil et de séjour des étrangers en France. En octobre 1993, il prend part aux débats sur le projet de loi constitutionnelle relatifs aux accords internationaux en matière de droit d’asile. En novembre 1993, il alerte le gouvernement sur les progrès du fondamentalisme musulman en France et son influence sur les jeunes en difficulté dans les banlieues. En juillet 1994, il participe aux discussions sur le projet de loi organique relative au statut de la magistrature. Il dépose, en novembre 1995, une proposition de loi tendant à faciliter la transformation des districts urbains et communautés urbaines. Il interroge en avril 1996 le gouvernement sur l’attitude de la France au Liban. Au nom de la commission des lois, il prend part au débat sur l’application des accords de Schengen.
Sur le plan militant, Gérard Léonard est nommé délégué général à la sécurité et à la justice du RPR en avril 1993, un poste sensible tant cette thématique monte en puissance au sein d’une droite parlementaire qui doit résister à la concurrence du FN sur la question. Il conserve cette attribution militante jusqu’en juin 1995, date à laquelle il est nommé délégué général du RPR chargé de la réforme de l’Etat. Le Lorrain fait partie de ceux qui, en 1995, s’engagent très tôt dans la campagne présidentielle derrière Jacques Chirac, à l’heure où les sondages donnent le maire de Paris perdant. Il lui reste fidèle lorsque le parti se divise entre « chiraquiens » et « balladuriens ». Proche d’Alain Juppé, il se voit confier par le Premier ministre une mission temporaire, de mars 1995 à mars 1996, consistant à rédiger un rapport sur les abus et fraudes. A partir de mars 1997, il dirige la publication de la lettre bimensuelle d’Alain Juppé Entre nous. La même année, il participe comme auditeur à la 7e session nationale de l’Institut des hautes études de la sécurité intérieure (IHESI).
Gérard Léonard perd à nouveau son mandat de député aux élections législatives anticipées qui suivent la dissolution de 1997. Dix candidats s’affrontent au premier tour dans la deuxième circonscription de Meurthe-et-Moselle. Les deux principaux, René Mangin et Gérard Léonard, obtiennent respectivement 28,8 % et 31,2 % des 46 199 suffrages exprimés. Le 1er juin, Gérard Léonard est battu par le socialiste René Mangin qui rassemble 51,2 % des 49 151 suffrages exprimés. Le gaulliste reste toutefois maire de Saint-Max et membre du Conseil régional de Lorraine où il assure, de mars 1998 à juillet 2002, les fonctions de quatrième vice-président RPR, délégué aux Sports et aux actions régionales relevant de l’aménagement du territoire. Il est également, au sein de la même assemblée et durant la même période, vice-président RPR de la commission des transports et des infrastructures. En juillet 1998, il entre au comité politique du RPR. Il y reste jusqu’en mai 2000.
Il retrouve le Palais-Bourbon en 2002, à l’occasion des législatives des 9 et 16 juin. Candidat de l’Union pour la majorité présidentielle (UMP), Gérard Léonard a fait campagne en se réclamant de « la méthode Raffarin qui entend donner la parole à la France des réalités ». Il souhaite dans sa profession de foi « la sécurité et la justice pour tous, la garantie du niveau des retraites, un système de soins efficace, la cohésion sociale renforcée et la valorisation de la formation professionnelle ». Il devance ses 15 adversaires du premier tour par 19 342 voix (41,75 %) contre 15 149 au principal d’entre eux, le député sortant socialiste René Mangin. Gérard Léonard le bat dans le duel du second tour, en rassemblant 53 % des 42 691 suffrages exprimés. Sa suppléante est une directrice d’école à Vandoeuvre, Patricia Burckhart. Gérard Léonard rejoint le groupe UMP et siège à nouveau à la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République. Il est rapporteur pour avis du budget de la sécurité intérieure dès juillet 2002 et du budget de la Mission Sécurité, dès juin 2005. Au titre de l’Assemblée nationale, il est à partir de 2004 membre titulaire de la Commission nationale de déontologie de la sécurité et du conseil d’administration de l’Institut national des hautes études de sécurité. Membre du groupe d’études parlementaires sur la sécurité intérieure, dès 2003, il est le rapporteur de la proposition de loi sur le traitement de la récidive pénale adoptée fin 2005. Il intervient, en février 2004, lors de l’examen du projet de loi relatif à l’application du principe de laïcité dans les écoles, collèges et lycées publics. Le député lorrain interroge le gouvernement en février 2003 sur l’évolution de l’enquête concernant l’assassinat du préfet Erignac en Corse. Il le fait à nouveau en février 2004 sur le système pénitentiaire et les unités hospitalières sécurisées. Président du groupe d’amitié France-Liban à partir de novembre 2002, il pose en mars 2005 une question au gouvernement sur l’évolution de la politique extérieure française au Liban. Gérard Léonard vote, en 2003, en faveur du projet de loi constitutionnelle relative à l’organisation décentralisée de la République. Il approuve également en 2005 le projet de loi constitutionnelle modifiant le titre XV de la Constitution (Constitution européenne).
Au sein de l’UMP, qui devient après les élections Union pour un mouvement populaire, Gérard Léonard est nommé en novembre 2002 secrétaire national chargé d’animer le groupe de réflexion sur l’organisation de l’après-Schengen et la sécurité du territoire. A partir de décembre 2004, il assure les fonctions de secrétaire national thématique chargé de la sécurité. Au début du second mandat présidentiel chiraquien, il prend ses distances avec le chef de l’Etat pour se rapprocher de Nicolas Sarkozy, dont il devient vite un soutien inconditionnel.
Gérard Léonard s’éteint, le 6 juin 2006, à l’âge de 61 ans. Ce grand juriste, attaché à la fibre sociale du gaullisme, connu pour sa forte capacité de travail, était un spécialiste des questions de sécurité, d’immigration et de nationalité sur lesquelles son expertise faisait autorité. Il a été à plusieurs reprises rapporteur du budget de l’Intérieur et de projets de loi relatifs à la sécurité. A l’annonce de son décès, les hommages des responsables politiques se succèdent. Le président de la République, Jacques Chirac, salue « un homme de cœur » et le Premier ministre, Dominique de Villepin, « un homme de conviction ». Nicolas Sarkozy déplore la disparition d’un « des membres les plus précieux de l’UMP » tandis que le ministre des relations avec le Parlement, Henri Cuq, évoque « un parlementaire chevronné, courageux et dévoué ». Lors de la séance des questions au gouvernement le 6 juin 2006, les députés observent une minute de silence. Attachée parlementaire de Gérard Léonard jusqu’en 1997, Nadine Morano, devenue en 2002 députée de la 5e circonscription de Meurthe-et-Moselle, rend hommage dans l’hémicycle à son collègue les larmes aux yeux. A la suite du décès de Gérard Léonard, sa suppléante, Patricia Burckhart, devient députée de la 2e circonscription de Meurthe-et-Moselle. Le centre culturel de St-Max porte le nom du parlementaire défunt. Gérard Léonard était chevalier de la Légion d’honneur.