Pierre, Marie, Joseph, Henry de Léotard
1909 - 1992
Le fonds Pierre de Léotard, qui représente 3,5 mètres linéaires, est conservé par le Centre d’histoire de la Fondation nationale des sciences politiques, sous la cote PL. Il a été donné en 2000. Les archives concernent ses années de formation et ses activités en tant que parlementaire. Elles couvrent la période 1927-1964 et sont décrites dans un répertoire numérique détaillé. Leur consultation est soumise aux délais fixés par le code du patrimoine. De plus amples renseignements sur ce fonds sont disponibles sur le site Internet du Centre d’histoire.
Né le 6 juillet 1909 à Bordeaux (Gironde)
Décédé le 12 août 1992 à Morbier (Jura)
Député de la Seine de 1951 à 1958
Pierre de Léotard est né le 6 juillet 1909 à Bordeaux. A la sortie de l'Ecole libre des sciences politiques, il devient journaliste et publiciste, et milite dans les rangs du Parti social français du colonel de La Rocque. Conservateur et « patriote », il se refuse toutefois à suivre le régime de Vichy dans la voie de la collaboration ; son engagement dans la Résistance lui vaut même d'être interné par les Allemands à partir de 1943.
Au lendemain de la Libération, Pierre de Léotard s'emploie à rassembler les fidèles du colonel de La Rocque au sein du Parti de la réconciliation française ; il est successivement membre puis directeur du bureau politique de cette petite formation, dont il pilote, en 1948, la fusion avec l'Alliance démocratique de Pierre-Etienne Flandin et le parti socialiste démocrate de Paul Faure au sein d'une éphémère Union des partis de la démocratie française. Pierre de Léotard rejoint par la suite le Rassemblement des gauches républicaines, rassemblement hétéroclite dont il devient le vice-président et le délégué à la propagande. Parallèlement à ses activités politiques et journalistiques, il s'engage dans la vie associative, devenant secrétaire général de l'Association républicaine des familles de la Seine, et président de la puissante Association des usagers des services publics.
Pierre de Léotard se présente pour la première fois devant le suffrage universel aux élections législatives du 17 juin 1951 dans la deuxième circonscription de la Seine ; il figure en deuxième position sur la liste du RGR conduite par le sénateur Bernard Lafay. La liste recueille 80 005 voix sur 416 592 suffrages exprimés, et emporte deux des onze sièges à pourvoir.
Pierre de Léotard est nommé membre de la Commission de l'éducation nationale, dont il est aussi nommé secrétaire ; il siège en outre au sein de la Commission de la presse et de la Commission des immunités parlementaires. Son activité parlementaire, intense et éclectique, témoigne de ses convictions conservatrices et populistes. L'un de ses premiers textes est ainsi une proposition de loi, déposée le 12 février 1952, visant à « mettre à la charge des instigateurs de manifestations interdites et de grèves à caractère politique les dépenses subies par le Trésor public, par les collectivités locales et par les personnes physiques et morales » ; l'Assemblée se refuse cependant à suivre le député de la Seine sur une voie qui conduirait à brève échéance à un affrontement ouvert avec le Parti communiste. Quatre jours plus tard, Pierre de Léotard dépose une proposition de loi tendant à « sanctionner les trop longues absences » des parlementaires : « il serait juste, argumente-t-il alors, que la loi vienne sanctionner ce qu'une saine notion des devoirs de chacun aurait pu suggérer. Sans risque de se déconsidérer, une assemblée ne peut en effet accepter de garder en son sein des sortes de fantômes, des émigrés plus ou moins volontaires, ainsi que des coutumiers de l' » absentéisme « qui se refusent à participer à sa vie, à ses travaux et à ses responsabilités ». Là encore toutefois, le député de la Seine se heurte aux réticences de ses collègues.
Ardent partisan d'une réduction des dépenses publiques et des prélèvements obligatoires, Pierre de Léotard dépose le 19 novembre 1952, une demande d'interpellation sur les mesures que le gouvernement entend prendre « pour diminuer le train de vie de l'Etat, pour ré duire le nombre de fonctionnaires ou limiter leur accroissement, et pour promouvoir une réorga nisation des entreprises nationales ». Soucieux de répondre aux attentes des épargnants français floués dans l'affaire des emprunts russes, il dépose en outre, le 26 mars 1954, une proposition de résolution tendant à inviter le gouvernement à renouer les négociations avec l'URSS pour « obtenir le règlement rapide et définitif de la dette russe », demeurée impayée depuis novembre 1918 : « au moment où le gouvernement de l'URSS paraît se prêter à un essai d'entente avec l'Occident, et en particulier avec la France, il serait impensable que soient négligées les conditions financières d'un tel rapprochement », plaide-t-il sans succès.
Au cours de la législature, Pierre de Léotard se prononce en faveur de l'adoption de la loi Barangé-Marie sur l'école (21 septembre 1951) et de la création de la CECA (13 décembre). Il vote la confiance à Antoine Pinay (6 mars 1952) et à Joseph Laniel (26 juin 1953), mais choisit de s'abstenir volontairement le jour de l'investiture de Pierre Mendès France à la Présidence du Conseil (17 juin 1954). Pierre de Léotard vote contre la question préalable opposée à la discussion du projet de ratification du traité de Paris (30 août ; le vote aboutit au rejet de la CED) ; enfin il accorde son soutien à Edgar Faure lors du vote d'investiture de celui-ci (23 février 1955).
Pierre de Léotard est candidat au renouvellement de son mandat aux élections législatives du 2 janvier 1956. Il figure toujours en deuxième position derrière Bernard Lafay, sur la liste d'« union Rassemblement des Gauches Républicaines et Indépendantes ». La liste obtient des résultats sensiblement équivalents à ceux recueillis lors de la précédente élection, avec 87 949 voix sur 491 457 suffrages exprimés ; ses deux députés sortants sont par conséquent reconduits.
Nommé le 25 janvier 1956 secrétaire de l'Assemblée nationale, Pierre de Léotard siège au sein de la Commission de l'éducation nationale et au sein de la Commission de la presse, dont il est aussi nommé secrétaire. Il est par ailleurs nommé membre de la Commission chargée de la surveillance et du contrôle des publications destinées à l'enfance et à l'adolescence. Il intervient longuement, le 25 septembre 1957, au cours de la discussion du projet de loi sur les institutions d'Algérie. Dénonçant le flou qui entoure le texte présenté par le gouvernement, il rappelle l'intérêt stratégique du maintien de l'Algérie dans la République française et souligne, face à la menace d'une « poussée soviétique », la nécessité de poursuivre et même de renforcer l'effort militaire français en Algerie.
Au cours de la législature, Pierre de Léotard vote la confiance au gouvernement de Guy Mollet (25 octobre 1956) et de Maurice Bourgès Maunoury (12 juin 1957) ; il soutient la ratification des traités instituant la Communauté économique européenne et la Communauté européenne de l'énergie atomique (9 juillet 1957) et le projet de loi relatif aux pouvoirs spéciaux en Algérie (12 novembre). Il approuve l'investiture de Pierre Pflimlin (13 mai 1958), vote la révision de la Constitution (27 mai) et soutient l'investiture du général de Gaulle (1er juin). Le 2 juin, il vote le projet de loi relatif aux pleins pouvoirs et la révision constitutionnelle.
Pierre de Léotard est battu aux élections législatives de novembre 1958 dans la vingtième circonscription de la Seine (partie du 16e arrondissement de Paris) : il arrive en troisième position derrière Louis Habib-Deloncle et Jacques Isorni. Il continue néanmoins à militer activement pour l'Algérie française, et devient après les accords d'Evian secrétaire général du Mouvement d'entraide et de solidarité pour les Français d'outre-mer. Pierre de Léotard présente sans succès sa candidature, sous l'étiquette des Indépendants, aux élections législatives de 1967 dans l'autre circonscription du 16e, et cesse par la suite de se présenter aux différents scrutins. Il décède le 12 août 1992 à Morbier, dans le Jura.