Roland, Eugène Leroy

1926 - 2019

Informations générales
  • Né le 4 mai 1926 à Saint-aubin-lès-elbeuf (Seine-Inférieure - France)
  • Décédé le 24 février 2019 à CLERMONT-L'HÉRAULT (Hérault - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 19 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Seine-Maritime
Groupe
Communiste
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 3 avril 1967 au 30 mai 1968
Département
Seine-Maritime
Groupe
Communiste
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 11 juillet 1968 au 1er avril 1973
Département
Seine-Maritime
Groupe
Communiste
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ve législature
Mandat
Du 2 avril 1973 au 2 avril 1978
Département
Seine-Maritime
Groupe
Communiste
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIe législature
Mandat
Du 3 avril 1978 au 22 mai 1981
Département
Seine-Maritime
Groupe
Communiste
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIIIe législature
Mandat
Du 2 avril 1986 au 14 mai 1988
Département
Seine-Maritime

Biographies



Né le 4 mai 1926 à Saint-Aubin-les-Elbeuf (Seine Maritime)

Député de la Seine-Maritime de 1956 à 1958

Fils d'un cheminot proche de l'anarcho-syndicalisme, Roland Leroy entre à son tour à la SNCF en 1942, au terme de ses études primaires et de ses années d'apprentissage. Très tôt éveillé à la politique, il adhère aux Jeunesses communistes (clandestines) et participe à la Résistance. Chargé de la diffusion de la propagande, il accède en 1943 à la direction des Jeunesses communistes dans son département. Entre 1945 et 1947, il exerce à nouveau son métier de cheminot tout en demeurant un militant fort actif. En 1948 il devient secrétaire fédéral de la Seine-Maritime et, comme tel, permanent du Parti communiste. Cet avancement rapide est confirmé en 1950, date à laquelle il est nommé à la Commission centrale de contrôle financier ce qui, dans l'appareil du Parti, laisse augurer une promotion prochaine au comité central. Or, au XIIIe Congrès d'Ivry, en juin 1954, non seulement cette promotion n'intervient pas, mais le nom de Roland Leroy disparaît de la Commission de contrôle financier. Dans ses souvenirs (La Quête du Bonheur, Grasset, 1995), l'intéressé attribue cette disgrâce à la malveillance d'Auguste Lecœur, alors tout puissant secrétaire à l'organisation.

Entre temps, Roland Leroy s'est présenté à diverses élections. Battu aux élections cantonales à Pavilly en 1949, il est présenté par son parti aux élections législatives du 17 juin 1951, dans la première circonscription de la Seine-Maritime, troisième de la liste communiste conduite par Victor Michaut. Mais les listes de Troisième force ayant conclu un large apparentement et remporté la majorité absolue des suffrages (97 243 sur 192 439), elles se partagent la totalité des sièges et le Parti communiste n'a pas d'élu. En raison du décès de Georges Heuillard, député radical, une élection partielle est organisée les 30 novembre et 14 décembre 1952. Roland Leroy est à nouveau candidat, battu au second tour par Henri Savale, radical. Mais en un an le PCF a progressé de cinq points, avec 31,5 % des suffrages exprimés contre 26,6 % en 1951. Ce qui explique sa promotion en deuxième rang de la liste communiste, derrière Fernand Legagneux, aux élections du 2 janvier 1956. Au terme d'une campagne vigoureuse, axée sur la « paix immédiate » en Algérie et sur la défense de la laïcité (contre laquelle les députés sortants André Marie et Jean Lecanuet sont particulièrement désignés), la liste communiste obtient 30,5 % des suffrages exprimés et deux élus.

Cette élection est récompensée peu après par une ascension rapide dans l'appareil du parti dont tout laisse à penser qu'elle a été favorisée par Maurice Thorez. Au XIVe Congrès du PCF, tenu au Havre en juillet 1956, Roland Leroy est nommé suppléant du Comité central. Puis il est membre permanent en 1959, et membre du secrétariat en 1960, chargé des relations avec les étudiants et les intellectuels. Promotion exceptionnelle qui semble s'inscrire dans la préparation de l'éviction des « Khrouchtchéviens » (affaire Casanova-Servin) en 1961.

Membre des Commissions des affaires économiques, de la famille et la santé publique, ainsi que de la marine marchande, secrétaire d'âge de l'Assemblée, Roland Leroy y a surtout fait de la figuration. Son unique intervention en vingt-huit mois de législature, réside dans une question orale au ministre de la Défense nationale relative aux troubles survenus à la caserne Richepanse à Rouen le 2 mars 1956. S'il est de tradition qu'un jeune et nouvel élu fasse preuve de discrétion, il est clair que l'essentiel de son travail était ailleurs qu'au Palais Bourbon.

Battu en novembre 1958 et en novembre 1962 dans la troisième circonscription de la Seine-Maritime, Roland Leroy a retrouvé son siège de député en mars 1967. Réélu en 1968, 1973 et 1978, il a été distancé en juin 1981 par le socialiste Pierre Bourguignon (PS) pour lequel il s'est désisté et qui a été élu au second tour.



LEROY (Roland, Eugène)
Né le 4 mai 1926 à Saint-Aubin-lès-Elbeuf (Seine-Inférieure)
Décédé le 24 février 2019 à Clermont-l'Hérault (Hérault)

Député de la Seine-Maritime de 1956 à 1958, de 1967 à 1981 et de 1986 à 1988

Voir Dictionnaire de la IVe République

Roland Leroy se présente sous les couleurs communistes aux élections législatives de 1958 dans la 3e circonscription de la Seine-Maritime, comprenant les cantons de Rouen-I, Rouen-III, Rouen-VI et Sotteville-lès-Rouen. Son candidat suppléant est Célestin Dubois, conseiller général. Au premier tour, le 23 novembre, Roland Leroy est placé en tête avec 12 590 des 46 638 suffrages exprimés, soit 27% des suffrages exprimés, avec un résultat cependant nettement inférieur au score communiste de 1956 dans les limites de la même circonscription (18 527 voix). Il devance Jean-Marie Morisse, candidat de l’Union pour la nouvelle République (UNR) (26,63%), Georges Brutelle, candidat de la Section Française de l’Internationale ouvrière (SFIO) (14,14%), Roland Tafforeau, de l’Union de la gauche socialiste (UGS) présenté par l’Union des Forces démocratiques (14,04%), Philippe Morice, Indépendant (11,18%), et Marcel Huret, du Mouvement républicain populaire (MRP) (7,01%). Au second tour, le 30 novembre, le maintien du candidat SFIO s’avère fatal à Roland Leroy. Celui-ci remporte 15 427 des 46 037 suffrages exprimés, soit 33,5% des voix, ce qui le place devant Georges Brutelle (16,06%) mais derrière le candidat gaulliste, Jean Morisse, vainqueur avec 50,43% des voix.

Roland Leroy se présente aux élections législatives de 1962, dans la même circonscription et toujours accompagné de Célestin Dubois. Le 18 novembre, le premier tour le place en deuxième position, avec 14 907 des 43 995 suffrages exprimés, soit 33,88% des voix, réalisant un gain de plus de 2 300 bulletins par rapport à 1958. Il est devancé par le député sortant, Jean Morisse, UNR (37,25%). André Macé, candidat du Parti socialiste unifié (PSU) obtient 13,72%, suivi par trois candidats sans étiquette, Marcel Billard (7,46%), Jacques Ragu (6,12%) et Renée Bobet (1,57%). Au second tour, le 25 novembre, malgré le désistement du candidat PSU, Roland Leroy est battu, de justesse, avec 22 487 des 45 659 suffrages exprimés, soit 49,25% des voix, par le député sortant (50,75%) qui l’a devancé de 685 suffrages.

Roland Leroy se représente aux élections législatives suivantes, en 1967, accompagné d’Olivier Goubert, maire de Saint-Etienne-du-Rouvray. Dans sa première circulaire de campagne, le candidat communiste s’engage « pour une France démocratique, indépendante, pacifique et prospère ». Au premier tour, le 5 mars, il arrive en tête, avec 20 214 des 53 719 suffrages exprimés, soit 37,63% des suffrages exprimés, un résultat traduisant la nette poussée en voix du PCF (gain de plus de 5 300 suffrages par rapport à 1962). Il devance le député sortant, Jean Morisse, candidat Ve République (33,14%), ainsi que Roland Tafforeau, candidat de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS) (16,98%), Henri Lagrange, du Centre Démocrate (7,49%) et Michel Bérégovoy, du PSU (4,76%). Roland Leroy, que sa deuxième circulaire présente comme le « candidat unique de la gauche », bénéficie, dans l’entre-deux-tours, du désistement en sa faveur de la FGDS et du PSU. Au second tour, le 12 mars, favorisé par un bon report des voix socialistes, Roland Leroy l’emporte avec 29 648 des 52 462 suffrages exprimés, soit 56,51% des voix, contre Jean Morisse (49,49%).

A l’Assemblée, Roland Leroy va siéger pendant cette courte législature à la commission des affaires étrangères. Il ne dépose qu’un seul texte, le 19 avril 1967, à savoir une proposition de loi tendant à généraliser le bénéfice d’un congé annuel payé de quatre semaines et à le porter à cinq semaines pour les apprentis et les jeunes travailleurs de moins de 21 ans dans l’industrie, le commerce, les professions libérales, les services domestiques et l’agriculture. Dans cette courte législature, Roland Leroy intervient à quatre reprises. Le 23 mai 1967, prenant part au débat sur la déclaration du gouvernement concernant les problèmes de la jeunesse (droit de vote, salaires, formation, service militaire), il dénonce la « vieille politique conservatrice et réactionnaire » menée par le pouvoir en place et défend l’action du parti communiste qui « a toujours lutté pour la solidarité de la jeunesse avec la classe ouvrière ». Le 16 juin 1967, intervenant à propos de la déclaration du gouvernement sur la politique étrangère, il condamne « la guerre d’agression contre le Viet-Nam », appelle à la reconnaissance - en pleine crise au Moyen-Orient - « des droits légitimes des peuples arabes, droit à l’existence de l’Etat d’Israël », et plaide pour une politique étrangère française « d’entente et de coopération avec tous les peuples ». L’année suivante, le 2 mai 1968, dans la discussion d’un rapport de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales portant notamment sur sa proposition de loi concernant l’extension du congé annuel payé (mentionnée plus haut), Roland Leroy se félicite que « pour la première fois depuis près de dix ans, c’est-à-dire pour la première fois depuis qu’existe le pouvoir gaulliste, une proposition de loi communiste est examinée par l’Assemblée nationale ». En pleine crise de 1968, le 21 mai, lors du débat sur la motion de censure conjointement déposée par le groupe de la FGDS et le groupe communiste, avec pour objectif le renversement du gouvernement de Georges Pompidou, Roland Leroy intervient pour condamner les violences commises par la police, se féliciter de la lutte des étudiants pour « une université moderne et démocratique », dénoncer « la domination du grand capital » sur l’enseignement et clamer la nécessité d’une « gestion démocratique des universités et de toute l’éducation nationale ».


Tout au long de cette législature, Roland Leroy vote en conformité avec le groupe communiste auquel il appartient.

Il se présente pour sa propre succession aux élections législatives de juin 1968, après la dissolution de l’Assemblée nationale décidée par le président de la République Charles de Gaulle. Il est accompagné à nouveau d’Olivier Goubert. Dans sa première circulaire de campagne, Roland Leroy plaide pour « un gouvernement populaire et d’union démocratique avec participation communiste ». Au premier tour, le 23 juin, avec 19 843 des 52 744 suffrages exprimés (37,62%), le député sortant arrive très largement en tête. Il devance les cinq autres candidats, Claude Blaiset, Républicain indépendant Ve République (27,33%), le gaulliste Gérard Vitet, de l’Union démocratique pour la Ve République (13,41%), Henri Lagrange, du Centre Progrès et démocratie moderne (8,15%), Roland Brière, de la FGDS (8%) et André Macé du PSU (5,49%). La deuxième circulaire de campagne de Roland Leroy présente la déclaration de la FGDS appelant ses électeurs à le soutenir, en reportant « leurs suffrages sur le candidat unique de la démocratie ». Le 30 juin, le second tour voit Roland Leroy l’emporter de justesse, avec 25 463 des 50 156 suffrages exprimés (50,77%) contre Claude Blaiset (49,23%).

A l’Assemblée, Roland Leroy siège cette fois, et pour toute la législature, à la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Durant ce mandat, il dépose trois propositions de loi. La première reprend son texte de la législature précédente relatif au congé annuel de cinq semaines pour les apprentis et les jeunes travailleurs (17 octobre 1968). La deuxième tend à la création d’un service public unique, laïque et gratuit de l’éducation nationale (19 mai 1971). La dernière tend à améliorer la protection sociale de l’écrivain (24 juin 1971). Roland Leroy pose une question orale avec débat au ministre de l’Education nationale, le 9 octobre 1970, et intervient quatorze fois dans les discussions en séance. Ses prises de parole concernent principalement trois domaines, à savoir l’enseignement, la recherche et la culture, que Roland Leroy investit pour s’opposer aux politiques gouvernementales et développer les propositions du PCF, axées sur la démocratisation des institutions, notamment par le biais de nationalisations. Sur le premier sujet, inspiré par le Plan Langevin-Wallon, le député communiste dénonce avec force la ségrégation scolaire, « fonction des inégalités économiques et socioculturelles » (14 avril 1970), la centralisation administrative (3 octobre 1968) et les privilèges de l’enseignement privé, objet des faveurs du pouvoir et du patronat (le 27 avril 1971). L’intérêt que porte Roland Leroy à la politique de la recherche se manifeste autant sur les choix scientifiques du gouvernement (notamment pour la filière nucléaire, assujettie selon lui aux intérêts militaires et aux pressions des firmes américaines comme Westinghouse) que sur le financement étatique et les conditions de travail du personnel public (au CNRS en particulier), grevés par le « programme malthusien du pouvoir » (6 novembre 1969). Concernant la culture, Roland Leroy prend plusieurs fois la parole pour réclamer une augmentation des crédits budgétaires, défendre la liberté de création et d’expression, et dénoncer l’emprise des « monopoles capitalistes et du secteur bancaire » sur l’activité artistique (20 novembre 1969) et celle du pouvoir sur l’ORTF (15 et 16 juin 1972). Très présent sur ses sujets de prédilection, le député communiste ne néglige pas pour autant les affaires internationales, comme en témoigne son intervention du 5 novembre 1970 sur la politique extérieure française, dominée selon lui par « l’intérêt des grandes sociétés capitalistes », la « tendance à l’alignement sur la politique américaine » et l’influence des « trusts » sur « la petite Europe ».

Pendant cette législature, Roland Leroy vote en respectant les consignes du groupe communiste auquel il appartient.

Il est candidat à sa propre succession aux élections législatives de 1973, avec comme nouveau suppléant Jean Malvasio, conseiller général. « Voter communiste, dès le premier tour, c’est voter pour les meilleurs artisans de l’union de la gauche, c’est voter pour une application rapide et totale du programme commun de gouvernement », proclame la première circulaire de campagne du candidat du PCF. Au premier tour, le 4 mars, le député sortant arrive largement en tête, avec 19 103 des 53 234 suffrages exprimés, soit 35,9% des voix. Il devance André Danet, candidat de l’Union des républicains de progrès (26,3%), Serge Huguerre, de l’Union sociale démocrate et des Réformateurs (18,3%), Daniel Chevallier, du Parti Socialiste (PS) (14,6%), Pierre Bourguignon, du PSU (3,6%) et Gérard Filoche, de la Ligue Communiste (1,3%). Dans sa deuxième circulaire de campagne, Roland Leroy publie les appels du PS, du Mouvement radical de gauche (MRG) et du PSU à voter pour le « candidat unique de la gauche ». Au second tour, le 11 mars, bénéficiant d’un bon report des voix de la gauche non communiste, Roland Leroy est confortablement réélu avec 27 420 des 51 370 suffrages exprimés, soit 53,4%, contre André Danet (46,6%).

A l’Assemblée, Roland Leroy retrouve, pour toute la durée de la législature, la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Il dépose trois textes, à savoir une proposition de résolution tendant à la création d’une commission d’enquête parlementaire sur le développement des activités du centre Beaubourg (21 novembre 1973), une proposition de loi tendant à promouvoir des mesures urgentes pour la sécurité sociale (12 mai 1976), et une proposition de loi qui témoigne de la sollicitude du député de la Seine-Maritime pour ses mandants, puisqu’elle tend à assurer la sauvegarde et le développement de la conchyliculture française (20 décembre 1977). Roland Leroy pose huit questions (au gouvernement, et également orale avec ou sans débat) au cours de la législature, majoritairement centrées sur la condamnation du processus de « concentration  de la presse », et visant tout particulièrement le groupe de Robert Hersant. En séance, Roland Leroy intervient dans les débats à douze reprises, pour développer de nouveau ses thèmes favoris. Ce sont, en premier lieu, les dossiers relatifs à la culture, investis par le député communiste lors des discussions du projet de loi de finances pour 1974, puis 1975 et 1976, ainsi que dans les débats concernant le projet de loi relatif au régime fiscal de la presse en novembre 1976. Roland Leroy prend la parole pour exprimer ses craintes sur la gestion des crédits du centre Beaubourg (une « sorte de temple du nouvel art officiel » selon lui) le 9 novembre 1973, pour fustiger la censure au sein de l’ORTF et exiger la démocratisation de celui-ci (15 novembre 1974), ou encore pour réclamer « une radio et une télévision indépendantes des intérêts privés » (18 novembre 1975), déplorer « la répression de L’Humanité » et la situation générale d’une presse « à la remorque de la publicité » et de plus en plus soumise à « la concentration » (24 novembre 1976). Très ponctuellement, Roland Leroy s’exprime sur d’autres thèmes : la politique de la recherche, « entièrement soumise aux intérêts des puissances d’argent » (8 novembre 1973), la politique extérieure, dominée par l’antisoviétisme, l’alignement sur les Etats-Unis et le colonialisme - à Djibouti en particulier - (27 juin 1975), ou encore le droit du travail. Le député communiste normand mêle, à plusieurs reprises, les propositions nationales du PCF avec des enjeux locaux, comme lorsqu’il s’agit de politique de l’environnement (en évoquant à ce propos, le 20 octobre 1977, la pollution industrielle du bassin Seine-Normandie) ou de démocratie locale (en partant du cas de la ville nouvelle du Vaudreuil, le 23 novembre 1977).

Durant cette législature de la Ve République, Roland Leroy vote en conformité avec le groupe communiste.

Il se présente pour sa propre succession aux élections législatives de 1978, toujours accompagné de Jean Malvasio. « Vous vous méfiez à juste titre des promesses non tenues et notamment de celles de dernière heure dont vous savez qu’elles n’existent que pour détourner vos voix. Quand on promet, il faut indiquer les moyens d’application. Nous sommes les seuls à le dire : il faut faire payer les riches », plaide le candidat communiste dans sa première circulaire de campagne, en s’engageant pour « un bon programme de gouvernement pour les travailleurs, « un gouvernement avec des ministres communistes ». Le 12 mars, au premier tour, avec 19 702 des 58 703 suffrages exprimés, le candidat du Parti communiste français pour l’Union et le changement arrive nettement en tête du scrutin (33,6%). Il est suivi d’André Danet, vice-président Union pour la démocratie française (UDF) du conseil général (26%), Pierre Bourguigon, candidat PS (21,6%), Gérard Vittet, sans étiquette (11,5%), Anne-Marie Cardon, du Front autogestionnaire pour le socialisme et le pouvoir aux travailleurs (2,4%), Jean-Pierre Paris, de Lutte ouvrière (1,4%), Jean Parmentier, de l’Union des gaullistes de progrès (1,1%), Charles-André Roch, de Démocratie chrétienne (0,9%), Didier Julienne, du Front national (FN) (0,8%) et Michèle Ernis, sans étiquette (0,7%). Dans sa deuxième circulaire de campagne, Roland Leroy, devenu le « candidat commun de l’union de la gauche », est « présenté par le Parti communiste français, le Parti socialiste, le Mouvement des radicaux de gauche », et reçoit le soutien du Front autogestionnaire et l’Union des gaullistes de progrès. Au second tour, le 19 mars, sans pour autant faire le plein des voix de gauche, le député sortant remporte aisément l’élection avec 32 157 des 58 099 suffrage exprimés, soit 56,3% des voix, contre André Danet (44,7%).

A l’Assemblée, Roland Leroy retrouve la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Le 16 mars 1979, il est en outre nommé membre de la commission d’enquête sur les conditions de l’information publique. Lors de cette législature, Roland Leroy dépose deux textes : d’une part, à nouveau, sa proposition de 1973 relative à la conchyliculture française (1er juillet 1978), et d’autre part une proposition de loi portant amnistie de certaines infractions commises en relation avec les manifestations du 23 mars 1979 (25 juin 1980). Au cours de cette législature, Roland Leroy pose cinq questions au gouvernement, et deux questions orales sans débat, à nouveau dominées par les problèmes de la presse. Ses interventions en séance, au nombre de sept, relèvent de ses centres d’intérêt traditionnels. Il s’exprime en effet principalement sur le thème de la culture, à propos des dossiers relatifs à la radiodiffusion et à la télévision, sur l’information publique et sur la presse. Plusieurs interventions ont également lieu lors des débats relatifs aux luttes des travailleurs pour l’emploi, notamment dans la sidérurgie (21 décembre 1978). Roland Leroy prend aussi la parole lors de la discussion du projet de loi visant à reconduire la loi du 17 janvier 1975 sur l’interruption volontaire de grossesse (29 novembre 1979), et déclare à la tribune : « Vous le savez, et les interventions de tous mes amis qui m’ont précédé dans le débat l’ont démontré, la position des communistes en faveur de la maîtrise par la femme et le couple de la fécondité, en faveur de l’épanouissement de la sexualité, et en faveur du droit pour les femmes à disposer de leur corps, est une position de principe. Elle s’inscrit dans le puissant mouvement de libération des femmes, fait historique capital de notre époque ».

Roland Leroy, pendant la 6e législature de la Ve République, s’exprime comme l’ensemble de ses collègues communistes lors des grands votes de la législature.

Il se présente aux élections législatives de 1981, comme « Candidat d’union pour la majorité de gauche présenté par le Parti communiste français », accompagné de Jean Malvasio. Au premier tour, le 14 juin, il obtient 14 636 des 49 086 suffrages exprimés, soit 29,8% des voix, et plus de 5 000 bulletins de moins qu’en 1978. Ce score le place derrière le candidat socialiste Pierre Bourguignon (33,7%), porté par la « vague rose ». Les autres candidats sont André Danet, de l’Union pour la démocratie française (UDF) (18,3%), Serge Piquenot, candidat Divers droite « Fidélité à Valéry Giscard d’Estaing » (7,3%), Jean-Pierre Dubocage, du Rassemblement pour la République (RPR) (6,0%), Catherine Marre, écologiste (1,8%), Anne-Marie Cardon, d’extrême-gauche (1,3%), Michel Vepierre, de Lutte ouvrière (0,9%), José Perez, d’extrême-gauche (0,5%), Georges Bellien, Divers gauche Radical indépendant (0,4%). Au second tour, le 21 juin, Pierre Bourguignon, bénéficiaire du désistement en sa faveur de Roland Leroy, et resté seul en lice, remporte l’élection avec 100% des voix.

Aux élections législatives de 1986, qui se tiennent au scrutin départemental proportionnel de liste, Roland Leroy conduit la liste communiste. Sa circulaire de campagne souligne sa « volonté de barrer la route à la droite en créant les conditions du succès d’une majorité de gauche rééquilibrée par une plus grande influence des communistes, avec des députés communistes plus nombreux, afin que nos propositions soient prises en compte ». Neuf autres listes sont en lice. Au soir du vote, le 16 mars, les communistes remportent 71 712 des 594 257 suffrages exprimés, soit 12,1% des voix, et un siège, qui revient à la tête de liste. Roland Leroy va donc retrouver le Palais-Bourbon, après une éclipse de cinq ans. La liste conduite par Laurent Fabius (Socialistes, Radicaux de gauche, Alliance écologique et Républicains de progrès) et la liste unique UDF-RPR conduite par Jean Lecanuet ont gagné chacune 5 élus. La liste du Front national conduite par Dominique Chaboche a remporté un siège.

A l’Assemblée, Roland Leroy siège cette fois à la commission de la production et des échanges. Ses dépôts se limitent à une unique proposition de loi, relative à la retraite à cinquante ans pour les marins (23 avril 1986). Il pose une question au gouvernement, le 5 novembre 1986, pour dénoncer la complicité de celui-ci avec la politique menée au Nicaragua par les Etats-Unis, qu’il accuse d’agression et d’ingérence. Le député communiste prend la parole à une quinzaine de reprises en séance. De nouveau, ses interventions sont dominées par les affaires culturelles, notamment lorsqu’est abordé en séance le régime juridique de la presse et de la télévision (en particulier sur la privatisation de TF1). Ainsi, par exemple, lors de la discussion portant sur les crédits du ministère de la Culture et de la communication, le 13 novembre 1986, Roland Leroy déclare à la tribune, en conclusion de son explication de vote, défavorable : « Aujourd'hui, je veux seulement dire que la vocation de la communication dans notre pays n'est ni de servir les puissances d'argent, ni de conforter le pouvoir en place, mais d'agir avec l'ensemble de ses moyens pour le développement des connaissances, de l'information, de la culture ». Cette législature voit également Roland Leroy intervenir pour défendre les libertés syndicales et les revendications des chômeurs.

Au cours de son mandat, Roland Leroy vote en conformité avec le groupe communiste.

Il se présente aux élections législatives de 1988, dans la 3e circonscription de la Seine-Maritime, accompagné de Michel Grandpierre, maire de Saint-Etienne-du-Rouvray et conseiller général de Sotteville-lès-Rouen-Est. Au premier tour, le 5 juin, le candidat communiste remporte 10 056 des 35 988 suffrages exprimés, soit 27,9% des voix. Il est devancé par le candidat et député sortant socialiste Pierre Bourguignon (43,7%). Les autres candidats sont Michel Guez, de l’UDF (20,1%), Philippe Duperron, du FN (8,2%) et Roger Seri, du RPR (0,1%). Au second tour, le 12 juin, candidat socialiste, seul en lice, remporte l’élection avec 100% des voix.

Aux élections législatives de 1993, Roland Leroy ne se représente pas. Il cède la candidature à son suppléant Michel Grandpierre, élu au second tour avec 58,3% des voix.

Roland Leroy a conjugué ses mandats parlementaires avec une carrière d’élu local. Il siégea de longues années au conseil municipal de Saint-Etienne-du-Rouvray, fut membre du conseil régional de Haute-Normandie et, en 1984, figurait sur la liste du Parti communiste français conduite par Georges Marchais aux élections à l’Assemblée des Communautés européennes.

Parallèlement à sa carrière élective, Roland Leroy a occupé d’éminentes fonctions partisanes au sein du monde communiste. De 1948 à 1960, il est secrétaire de la Fédération communiste de Seine-Maritime. Une ascension rapide le conduit au Comité central en 1956, au Bureau politique en 1964. Il siège dans ces deux instances jusqu’en 1994. De 1967 à 1974, Roland Leroy est en charge de la section des intellectuels et de la culture. A cette responsabilité, très exposée dans les années 1968, il cherche à combiner fermeté et souplesse dans les rapports avec les intellectuels du parti. Grand amateur de cinéma, de théâtre et de peinture, il tisse de nombreux liens militants et personnels dans le milieu littéraire et artistique. Entré au secrétariat du Comité central en 1960, il n’y est pas reconduit en 1979, et ce peut-être, si l’on suit les commentaires de la presse, parce qu’il passe pour être un concurrent direct de Georges Marchais, réélu secrétaire général du PCF. Roland Leroy, qui fut président de l’Association France-URSS, et qui a pu être perçu comme un « libéral » du Parti communiste, montra de sérieuses réserves vis-à-vis de l’Union de la gauche et du Programme commun (« dont il avait une vision, disons réaliste » dira Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, dans son discours d’hommage après le décès de Roland Leroy en 2019).

Personnage essentiel de l’appareil du PCF, Roland Leroy a déployé pendant deux décennies ses talents d’organisateur et d’homme de culture au service du journal l’Humanité, dont il devient, après Marcel Cachin et Etienne Fajon, le directeur. C’est en novembre 1974 que Roland Leroy se voit confier la direction du quotidien l’Humanité  et de l’hebdomadaire l’Humanité Dimanche. Il se voit également attribuer la responsabilité de la coordination des quotidiens de province. Directeur de l’Humanité jusqu’en 1994, il œuvre au renouvellement du quotidien, engageant par exemple, dans les années 1980, le changement de format du journal.

Roland Leroy, marié à trois reprises, eut deux enfants. Ancien combattant de la Résistance, médaillé de l’ordre de l’amitié des peuples (URSS), il avait été fait chevalier de la Légion d’Honneur en 1994. Il décède le 24 février 2019, à l’âge de 92 ans, loin de sa Normandie natale ayant fait le choix de suivre, après sa retraite, sa dernière épouse, Danièle, institutrice héraultaise, militante communiste comme lui.

Une première cérémonie se tient donc au stade de l’Estagnol, à Clermont-l’Hérault, sa résidence depuis vingt-cinq ans. Elle réunit, au son du chant révolutionnaire « Bella Ciao », 300 personnes autour du cercueil de Roland Leroy drapé de rouge. Plusieurs figures communistes de la région, comme l’ancien maire de Sète et député François Liberti y assistent. Suit le 5 mars l’hommage rendu par le PCF au carré du Parti communiste français du cimetière du Père-Lachaise à Paris, où prennent notamment la parole Patrick Apel-Muller, directeur de la rédaction de l’Humanité, et le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel. Devant le Mur des fédérés, celui-ci rappelle la « vie de combattant » de Roland Leroy, qui fut « une des plus grandes figures de notre parti ». Fabien Roussel salue également la mémoire « d’un homme épris de culture et de beauté, intime d’Aragon, ami de Picasso et frère de Roger Vaillant » et qui, « malgré les inévitables revers, les doutes, les atteintes mêmes à la belle idée du communisme, est resté jusqu’au bout tel qu’en lui-même : fidèle à son idéal ».

Cet idéal, Roland Leroy le définissait avec clarté et conviction dans son ouvrage La Quête du bonheur, publié chez Grasset en 1995 : « Loin de s’être écroulée avec le mur de Berlin, l’idée communiste, désormais libérée des lourdes hypothèques qui pesaient sur elle, peut prendre un nouvel essor. Elle retrouve la fraîcheur de ses origines. Car je persiste à penser, malgré les réserves légitimes de ceux qui limitent les origines du communisme au « communisme historique » du XIXe siècle, que l’idée même - et pas seulement le mot - a sa source dans les premières solidarités humaines, dans le mouvement communaliste. L’apparentement avec la communion n’est pas seulement affaire de linguistique. Il est affaire de raison et de cœur, il est affaire d’humanisme ».