Roland, Eugène Leroy
1926 - 2019
Né le 4 mai 1926 à Saint-Aubin-les-Elbeuf (Seine Maritime)
Député de la Seine-Maritime de 1956 à 1958
Fils d'un cheminot proche de l'anarcho-syndicalisme, Roland Leroy entre à son tour à la SNCF en 1942, au terme de ses études primaires et de ses années d'apprentissage. Très tôt éveillé à la politique, il adhère aux Jeunesses communistes (clandestines) et participe à la Résistance. Chargé de la diffusion de la propagande, il accède en 1943 à la direction des Jeunesses communistes dans son département. Entre 1945 et 1947, il exerce à nouveau son métier de cheminot tout en demeurant un militant fort actif. En 1948 il devient secrétaire fédéral de la Seine-Maritime et, comme tel, permanent du Parti communiste. Cet avancement rapide est confirmé en 1950, date à laquelle il est nommé à la Commission centrale de contrôle financier ce qui, dans l'appareil du Parti, laisse augurer une promotion prochaine au comité central. Or, au XIIIe Congrès d'Ivry, en juin 1954, non seulement cette promotion n'intervient pas, mais le nom de Roland Leroy disparaît de la Commission de contrôle financier. Dans ses souvenirs (La Quête du Bonheur, Grasset, 1995), l'intéressé attribue cette disgrâce à la malveillance d'Auguste Lecœur, alors tout puissant secrétaire à l'organisation.
Entre temps, Roland Leroy s'est présenté à diverses élections. Battu aux élections cantonales à Pavilly en 1949, il est présenté par son parti aux élections législatives du 17 juin 1951, dans la première circonscription de la Seine-Maritime, troisième de la liste communiste conduite par Victor Michaut. Mais les listes de Troisième force ayant conclu un large apparentement et remporté la majorité absolue des suffrages (97 243 sur 192 439), elles se partagent la totalité des sièges et le Parti communiste n'a pas d'élu. En raison du décès de Georges Heuillard, député radical, une élection partielle est organisée les 30 novembre et 14 décembre 1952. Roland Leroy est à nouveau candidat, battu au second tour par Henri Savale, radical. Mais en un an le PCF a progressé de cinq points, avec 31,5 % des suffrages exprimés contre 26,6 % en 1951. Ce qui explique sa promotion en deuxième rang de la liste communiste, derrière Fernand Legagneux, aux élections du 2 janvier 1956. Au terme d'une campagne vigoureuse, axée sur la « paix immédiate » en Algérie et sur la défense de la laïcité (contre laquelle les députés sortants André Marie et Jean Lecanuet sont particulièrement désignés), la liste communiste obtient 30,5 % des suffrages exprimés et deux élus.
Cette élection est récompensée peu après par une ascension rapide dans l'appareil du parti dont tout laisse à penser qu'elle a été favorisée par Maurice Thorez. Au XIVe Congrès du PCF, tenu au Havre en juillet 1956, Roland Leroy est nommé suppléant du Comité central. Puis il est membre permanent en 1959, et membre du secrétariat en 1960, chargé des relations avec les étudiants et les intellectuels. Promotion exceptionnelle qui semble s'inscrire dans la préparation de l'éviction des « Khrouchtchéviens » (affaire Casanova-Servin) en 1961.
Membre des Commissions des affaires économiques, de la famille et la santé publique, ainsi que de la marine marchande, secrétaire d'âge de l'Assemblée, Roland Leroy y a surtout fait de la figuration. Son unique intervention en vingt-huit mois de législature, réside dans une question orale au ministre de la Défense nationale relative aux troubles survenus à la caserne Richepanse à Rouen le 2 mars 1956. S'il est de tradition qu'un jeune et nouvel élu fasse preuve de discrétion, il est clair que l'essentiel de son travail était ailleurs qu'au Palais Bourbon.
Battu en novembre 1958 et en novembre 1962 dans la troisième circonscription de la Seine-Maritime, Roland Leroy a retrouvé son siège de député en mars 1967. Réélu en 1968, 1973 et 1978, il a été distancé en juin 1981 par le socialiste Pierre Bourguignon (PS) pour lequel il s'est désisté et qui a été élu au second tour.