Stéphane, Gilbert Létang

Né le 19 février 1859 à Montluçon (Allier). Député de l'Allier de 1898 à 1902.

Né à Montluçon dans une famille très modeste, Stéphane Letang n'eut pas la possibilité de faire des études secondaires et entra vite en apprentissage. Artisan cordonnier, puis représentant de commerce, il devint très jeune un socialiste convaincu et, après la scission du parti ouvrier dans la région montluçonnaise il fut le dirigeant le plus actif et le plus écouté du Comité révolutionnaire central de tendance blanquiste.

En 1889, il fut élu conseiller municipal de Montluçon et, à l'élection complémentaire du 13 octobre 1895 il se présenta contre Vacher, avocat, maire de Montmarault, personnalité locale qui l'emporta de justesse par 8.266 voix contre 7.892 à Letang sur 16.413 votants et 21.901 inscrits.

Ce début encourageant poussa Stéphane Letang à se présenter de nouveau à Montluçon aux élections générales des 8 et 22 mai 1898 comme candidat socialiste révolutionnaire communiste. Au premier tour, Vacher venait en tête avec 8.535 voix sur 18.529 votants et 22.885 inscrits, devant Letang (6.509 voix) et Constans (3.191 voix). Le désistement de ce dernier au second tour assura la victoire du candidat socialiste Letang par 9.338 voix contre 9.325 à Vacher.

Par suite d'une erreur de compte qui n'attribuait que 9.322 voix à Letang, son adversaire, Vacher, fut proclamé élu et siégea à la Chambre des députés en attendant la décision de la commission chargée de la vérification des opérations électorales. Ce ne fut que trois semaines après les élections que Stéphane Letang fut admis en lieu et place de Vacher.

A la Chambre il n'intervint qu'une fois lors de la discussion des crédits du ministère de l'Intérieur en 1889, pour demander la suppression des commissaires spéciaux de police qui s'étaient fait remarquer lors de la répression des manifestations ouvrières.

Cependant il collaborait à plusieurs journaux socialisants, parmi lesquels : Le Pavé, journal illustré d'extrême gauche, dont il assura la direction pendant quelques mois. Il participa également a plusieurs congrès internationaux socialistes, notamment à Paris en 1889 et à Londres en 1894.

Ses opinions extrémistes l'opposèrent à la direction de la Fédération socialiste unifiée et il ne fut pas candidat aux élections générales de 1902.

Aux élections du 6 mai 1906, il voulut se présenter contre le député sortant le Dr Thivrier, socialiste de stricte obédience, qui fut réélu dès le premier tour par 9.181 voix sur 18.135 votants, Stéphane Letang n'ayant eu que 901 voix. Cet échec le poussa à abandonner la vie politique active et à se retirer à Lavault-Sainte-Anne, localité proche de Montluçon. Il y reçut Daniel Halevy qui lui a consacré plusieurs chapitres de son livre intitulé Visites aux paysans du Centre.