Jacques Bichet

1931 - 2023

Informations générales
  • Né le 28 mars 1931 à Besançon (Doubs - France)
  • Décédé le 20 mars 2023 à Aix en Provence (Bouches-du-Rhône - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIIIe législature
Mandat
Du 2 avril 1986 au 14 mai 1988
Département
Territoire-de-Belfort
Groupe
Union pour la démocratie française

Biographies

Biographie de la Ve République

BICHET (Jacques)
Né le 28 mars 1931 à Besançon (Doubs)
Décédé le 20 mars 2023 à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône)

Député de Belfort de 1986 à 1988

Jacques Bichet naît le 28 mars 1931 à Besançon. Privé de sa mère, décédée en 1933, il est élevé par son père, Robert Bichet, ingénieur à la société Esso Standard (1929-1944), président des Ingénieurs et cadres de Franche-Comté et vice-président de la Société des ingénieurs des Arts et métiers. Militant catholique et membre du Secrétariat social de Besançon, ce dernier est élu conseiller municipal de Rougemont (Doubs) en 1935.

Jacques Bichet passe ainsi son enfance à Rougemont et poursuit sa scolarité au lycée Saint-Jean de Besançon. Il rejoint ensuite son père à Paris et entreprend ses études de médecine, se spécialisant en pédiatrie. En juillet 1955, il épouse Françoise Chambeyron. De leur union naissent quatre enfants. De 1958 à 1959, il effectue son service militaire comme lieutenant de réserve. Diplômé de la faculté de médecine, il exerce au sein du centre hospitalier de Belfort.

Sur les traces de son père qui exerce après la guerre des fonctions politiques nationales – député du Mouvement républicain populaire (MRP) de Seine-et-Oise de 1946 à 1958, sous-secrétaire d'État à la présidence du Conseil et à l'Information en 1946, à l’origine de la loi Bichet de 1947 régissant les Messageries de presse (voir sa biographie dans le Dictionnaire des parlementaires français 1940-1958) –, Jacques Bichet entame une carrière politique.

Chef du service de pédiatrie du centre hospitalier de Belfort, l’homme est élu conseiller municipal de Belfort en 1971, sous le mandat du maire gaulliste Jean-Marie Bailly (ancien sénateur de Belfort et secrétaire d'État au Commerce du gouvernement Jacques Chaban-Delmas), président du Conseil général de Belfort. À la démission de ce dernier en décembre 1974, en raison de sa nomination comme président des Houillères du Centre et du Midi, Jacques Bichet est réélu sous son successeur le gaulliste Pierre Bonnef. Sa carrière municipale est toutefois contrariée en 1977 avec l’élection du socialiste Emile Géhant à la tête de la mairie.

Jacques Bichet adhère dès 1974 au Parti républicain (PR) et devient président de la fédération départementale, ainsi que celle de l’Union pour la démocratie française (UDF). En 1979, il est élu conseiller général (UDF/PR) du canton de Belfort-est. Son ancrage local le pousse naturellement à suivre les traces de son père en se présentant dans la première circonscription du Territoire de Belfort, bastion socialiste, lors des élections législatives de 1981.

Candidat unique présenté par l’UDF et le RPR, il affronte le socialiste Jean-Pierre Chevènement, directeur du Centre d'études, de recherches et d'éducation socialiste (CERES), chargé par François Mitterrand d'élaborer le programme du PS et qui a favorisé le rapprochement avec le PCF, concrétisé par la signature du Programme commun de gouvernement en 1972. Bien que Jean-Pierre Chevènement, partisan d’une culture jacobine, se retrouve à l’écart depuis l'arrivée au sein du Parti socialiste (PS) de Michel Rocard et la mise en avant d’une culture autogestionnaire et décentralisatrice (Congrès de Nantes, 1977), le directeur du CERES possède un solide ancrage local, comme député du Territoire de Belfort en 1973 (réélu en 1978) comme conseiller régional de Franche-Comté (depuis 1974), premier adjoint au maire de Belfort et président du conseil de district de l'agglomération belfortaine (depuis 1977).

Si le candidat de l’Union pour une nouvelle majorité se garde de remettre en cause la légitimité de l’élection présidentielle et à travers elle, le verdict des urnes, il ne se prive pas de porter le débat sur la scène nationale. Le centriste met ainsi en garde les électeurs contre « les choix ambigus et néfastes », « l’atteinte portée à des libertés fondamentales », la remise en cause de l’indépendance énergétique française ou encore le « risque de déclin de la France » sous la bannière socialiste (document électoral du 14 juin 1981). Une stratégie qui s’oppose radicalement à celle du candidat socialiste qui, plaçant le Territoire de Belfort « à l’avant-garde d’un grand combat national, d’un « combat pour l’union des Travailleurs » (document électoral du candidat Chevènement, 14 juin 1981), décentralise pour sa part le débat pour mieux rappeler au passage son rôle d’intermédiaire ou d’intercesseur, entre d’une part un pouvoir parisien jugé lointain et, d’autre part, un électorat populaire touché par un chômage croissant.

Faisant de ce scrutin « un enjeu décisif » visant à établir un « contrepoids nécessaire », le candidat centriste lance un appel à l’union des forces de droites. Si l’appel semble avoir été entendu, il se révèle toutefois insuffisant pour contrer une dynamique de gauche qui fait élire le député sortant dès le premier tour de scrutin avec 50,68% des suffrages exprimés (contre 37,02% pour son opposant centriste, arrivé en deuxième position).

Membre du comité directeur du Parti républicain (septembre 1982), réélu conseiller municipal de Belfort en mars 1983 (sous le mandat de son rival, Jean-Pierre Chevènement, élu à la tête de la mairie), Jacques Bichet se représente lors des élections législatives de 1986, au scrutin proportionnel départemental à un seul tour. Conduisant la « liste d’union de l’opposition UDF-RPR » face à celle menée par le député sortant, ministre de la Recherche et de l’Industrie (1981-1983) puis de l’Éducation nationale (1984-1986), il appelle habilement, au lendemain des tensions dans les banlieues (émeutes des Minguettes en juillet 1981, la « marche des beurs » en 1983), à « refuser le laxisme et le laisser-aller » en matière de sécurité, à ne pas laisser certaines « communautés devenir un Etat dans l’Etat » et enfin attaque au passage la politique économique des gouvernements Mauroy puis Fabius, jugés incapables d’endiguer le chômage ; situation qui se traduit à l’échelle locale par « plus de 6 500 chômeurs dans le Territoire de Belfort, dont 3 000 ont moins de 25 ans » (document électoral du 16 mars 1986). Sa liste étant arrivée en seconde position avec 36,59% des suffrages (derrière la liste « Pour une majorité de progrès avec le président de la République » qui réunit 42,46% des voix), Jacques Bichet est élu et entre au Palais-Bourbon
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Inscrit au groupe UDF, il rejoint la commission des affaires culturelles, familiales et sociales (5 avril 1986). L’élu s’investit comme représentant suppléant de l'Assemblée nationale à l'Assemblée consultative du Conseil de l'Europe (16 avril 1986), membre du conseil supérieur de la mutualité (30 mai 1986), membre titulaire de la commission consultative des fréquences (20 juin 1986), membre titulaire de la commission consultative pour les services de communication audiovisuelle et les services de vidéographie diffusée (20 juin 1986). Il est aussi rapporteur du projet de loi portant diverses mesures d'ordre social (en mai et juin 1987). Outre ses deux rapports faits au nom de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales sur le projet de loi portant sur diverses mesures d'ordre social (principalement des dispositions liées à l’emploi et à la fonction publique), il est à l’origine de deux propositions de loi, la première relative à certaines modalités d'anticipation de la retraite (15 décembre 1987), la seconde tendant à améliorer les conditions de financement des opérations d'accession à la propriété des logements sociaux (2 février 1988).

Candidat unique de la majorité parlementaire dans la circonscription de Belfort-sud (nouvelle première circonscription) aux législatives de juin 1988, Jacques Bichet affronte le socialiste Raymond Forni, ancien député de la seconde circonscription (1973-1985) qui avait renoncé à ses mandats en raison de sa nomination à la Haute Autorité de la communication audiovisuelle (1985-1986). Contrairement aux précédentes élections, il se concentre principalement sur les enjeux locaux, tout en dressant un bilan flatteur de son action parlementaire : « En deux ans, comme l’on dit, j’ai mis les bouchées doubles : pourquoi ne pas vous avouer que j’ai très envie de continuer ce qui a si bien commencé avec vous » (document électoral du 5 juin 1988). La désillusion est toutefois bien présente au soir du premier tour lorsque le député sortant accuse près de 10 points de retard sur son opposant socialiste (35,56% des suffrages exprimés pour le premier, 45,97% pour le second). La campagne centriste prend alors un caractère national et offensif : « Ami du Territoire de Belfort, réveillons-nous enfin : MARIN-MOSKOVITZ, DREYFUS-SCHMIDT et PROUST cela suffit ! […] Refusons le monopole du seul parti socialiste sur notre territoire » (document électoral du 12 juin 1988). Si le candidat de droite bénéficie du report des voix d’extrême droite à la suite du retrait du candidat du Front national, Jean-Yves Roubez, arrivé en troisième position avec 11,73% des voix, cela s’avère insuffisant pour renverser la tendance. Raymond Forni est élu avec 53,47% des suffrages exprimés. Avec le triomphe de Jean-Pierre Chevènement, dès le premier tour dans la seconde circonscription (avec 53,66% des suffrages exprimés contre à peine 26,79% pour le candidat Divers droite, Bernard Bruder), le territoire est, à nouveau, entièrement à gauche.

Dans un territoire alors marqué par la position dominante de Jean-Pierre Chevènement, il n'est pas facile d'exister pour un centriste UDF. L’ancien député parvient pourtant, quelques mois plus tard, à se faire réélire conseiller général du canton de Belfort-est (octobre 1988), puis l’année suivante, après avoir conduit la liste de l’opposition aux élections municipales, comme conseiller municipal de Belfort (mars 1989). Réélu conseiller général (mars 1992), il décide l’année suivante de se présenter aux législatives de mars 1993 cette fois dans la deuxième circonscription face à un Jean-Pierre Chevènement, député sortant et ancien ministre de la Défense (1988-1991), solidement implanté depuis deux décennies. Profitant de la dispersion des forces de gauche (pas moins de six candidat(e)s, dont deux écologistes), l’opposant centriste, malgré la candidature dissidente de l’UDF Michel Raclot, espère créer la surprise. Dénonçant une « crise sans précédent » au terme d’une décennie de socialisme et une nécessaire « volonté de s’en sortir » (document électoral du 21 mars 1993), le candidat centriste, soutenu par Jacques Chirac, entend profiter des difficultés conjoncturelles auxquelles doit faire face le gouvernement Bérégovoy : un chômage sans précédent, une montée de l'exclusion sociale, une conjoncture très morose, une usure du pouvoir, sans oublier le discrédit moral qui pèse sur le pouvoir avec l'accumulation des affaires (Urba, Georges Habache) et enfin, depuis quelques mois, les interrogations sur la responsabilité du gouvernement dans le drame du sang contaminé. La lutte politique acharnée entre forces de droite et de gauche le place finalement en deuxième position au soir du premier tour, dix points derrière le candidat socialiste (24,27% des scrutins contre 34,14%). Si Jean-Pierre Chevènement échoue pour la première fois à se faire élire dès le premier tour, il bénéficie cependant d’une solide réserve de voix de gauche, lui assurant une nette victoire avec 56,49% des suffrages exprimés au soir du second tour.

Réélu conseiller général en mars 1994, Jacques Bichet ne renonce nullement à ses ambitions nationales et se présente à nouveau, les 25 mai et 1er juin 1997, dans la deuxième circonscription, lors des élections qui suivent la dissolution décidée par Jacques Chirac, président de la République. Candidat UDF, il n’arrive qu’en troisième position derrière le député sortant, Jean-Pierre Chevènement (40,48% des suffrages exprimés) et Michel Algrin, candidat du Front national (20,43%), qu’il talonne avec ses 19,82%. Décidé à se maintenir au sein d’une triangulaire, il n’obtient qu’à peine 26,04% des suffrages exprimés, dépassant certes son adversaire d’extrême droite (18,66%), mais restant loin du député socialiste qui triomphe avec 55,30% des voix.

Si ce troisième échec sonne le glas de ses ambitions nationales, l’homme ne renonce nullement à son ancrage local qu’il conforte avec son élection, le 15 mars 1998, comme conseiller régional et vice-président de la région Franche-Comté, sous la présidence de Jean-François Humbert. Président du comité régional de tourisme, il contribue à la création de la marque Montagnes du Jura. Au terme de ce mandat en 2004, il se retire de la vie politique.

Jacques Bichet décède le 20 mars 2023, à Aix-en-Provence, à l’âge de 92 ans.