Albert Liogier

1910 - 1989

Informations générales
  • Né le 17 février 1910 à Yssingeaux (Haute-Loire - France)
  • Décédé le 5 mai 1989 à Aubenas (Ardèche - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 12 avril 1959 au 9 octobre 1962
Département
Ardèche
Groupe
Union pour la nouvelle République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 30 juin 1968 au 1er avril 1973
Département
Ardèche
Groupe
Union des démocrates pour la République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ve législature
Mandat
Du 2 avril 1973 au 2 avril 1978
Département
Ardèche
Groupe
Union des démocrates pour la République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIe législature
Mandat
Du 19 mars 1978 au 22 mai 1981
Département
Ardèche
Groupe
Rassemblement pour la République

Biographies

Biographie de la Ve République

LIOGIER (Albert, Vital, André)
Né le 17 février 1910 à Yssingeaux (Haute-Loire)
Décédé le 5 mai 1989 à Aubenas (Ardèche)

Député de l’Ardèche en 1958 à 1962 et de 1968 à 1981

Albert Liogier voit le jour dans une famille cévenole, au cœur du bassin altiligérien d’Yssingeaux, le 17 février 1910. Il est le fils de Jean-Claude Liogier et d’Adrienne Peyrache. Bachelier de l’enseignement secondaire, il accomplit ses études supérieures à Paris, à l’Ecole des travaux publics. Il en sort ingénieur. C’est cependant vers les métiers d’imprimeur et de journaliste que se tourne le jeune homme revenu de la capitale. Il fait son service militaire au 259ème régiment d’infanterie alpine (R.I.A.) de Briançon, épouse Marie-Louise Giron, le 25 janvier 1937, à Saint-Etienne, et s’installe en Ardèche. Le couple aura quatre enfants. C’est dans ce département, de l’autre côté des Cévennes, qu’Albert Liogier s’investit dans l’imprimerie, et fonde Le Journal de l’Ardèche, dont il devient directeur.
Après le second conflit mondial, fort de la diffusion de son quotidien, Albert Liogier est devenu une personnalité du département de l’Ardèche. Aussi est-il élu président de la Chambre de commerce d’Aubenas, en janvier 1958. Il est, à ce titre, vice-président de la 13ème région économique Rhône-Alpes, et administrateur des services interconsulaires du commerce et de la distribution. Mais c’est le retour du général de Gaulle au pouvoir qui marque les débuts de sa carrière politique nationale. En novembre 1958, à l’occasion du premier scrutin législatif de la Cinquième République, il est candidat dans la troisième circonscription de l’Ardèche, qui regroupe les cantons d’Antraigues, d’Aubenas, de Burzet, de Coucouron, de Joyeuse, de Largentière, de Montpezat-sous-Bauzon, de Saint-Etienne-de-Lugdarès, de Thueyts, de Valgorge, de Vallon-Pont-d’Arc et des Vans. Avec son suppléant, l’avoué Maurice Méjean, Albert Liogier arrive en tête des sept candidats du premier tour, investi par l’Union pour la nouvelle République (U.N.R.). L’ancien ministre Paul Ribeyre, député sortant indépendant paysan et figure du département, est devancé et battu au second tour par le candidat gaulliste. En effet, Albert Liogier obtient 18 765 voix des 40 200 suffrages exprimés. Son élection est cependant invalidée, le 23 décembre 1958, puis annulée le 6 février 1959, par la décision de la commission constitutionnelle provisoire. Mais, de nouveau candidat au scrutin partiel suivant, il est réélu, le 12 avril 1959, cette fois-ci avec plus de voix encore, obtenant 20 893 suffrages contre 14 000 voix au candidat communiste Roger Roucaute.
A son arrivée à l’Assemblée nationale, Albert Liogier s’inscrit au groupe U.N.R., et est nommé membre de la Commission de la production et des échanges, à laquelle il cesse d’appartenir, dès le 16 novembre 1959. Il rejoint alors la prestigieuse Commission des finances, de l’économie générale et du plan, pour y siéger jusqu’à la fin de la législature. Par ailleurs, le 8 juillet 1959, il est élu membre du Sénat de la communauté, fonction qu’il exerce jusqu’au 16 mars 1961. Le 14 décembre 1961, il est nommé représentant à l’Assemblée parlementaire des communautés européennes, et y siège jusqu’au 28 novembre 1962. Au Palais-Bourbon, au cours de la première législature de la Cinquième République, il s’investit d’abord dans les projets liés à l’agriculture. Le 25 avril 1961, il dépose une proposition de loi tendant à créer des zones de reconversion viticole. A dix-sept reprises, jusqu’à l’automne 1962, il prend la parole en séance publique sur ces sujets-là, notamment au plan de la fiscalité. Rapporteur pour avis du projet de loi portant réforme fiscale, au mois d’octobre 1959, il souhaite modifier l’impôt sur le revenu des exploitations agricoles et le système de financement des chambres d’agriculture, en fondant sa démonstration sur la « lassitude des contribuables devant la complexité de la législation fiscale de la IVème République ». Il souhaite le maintien de la suppression de la taxe locale, et prend la défense du petit et moyen commerce libre et de l’artisanat. Dans ce débat, il dépose et défend trois sous-amendements et un amendement. Ces initiatives visent à réserver au groupement professionnel et interprofessionnel le plus représentatif la possibilité de se constituer partie civile dans les poursuites engagées sur la plainte des administrations fiscales. Quelques jours plus tôt, il avait proposé un article additionnel, à l’article 70 du projet de loi, dans le même sens.
Il prend la parole, également, à l’occasion de la discussion de plusieurs autres textes liés au monde rural, à l’instar du projet de loi d’orientation agricole, en mai 1960, du projet de loi relatif à la création des parcs nationaux, au mois de juin suivant, du projet de loi relatif aux assurances sociales agricoles, en juillet 1960. Enfin, toujours sur le même thème, il prend position sur la fixation des prix agricoles que le gouvernement veut imposer, le 11 octobre 1961, en soulignant la nécessité pour la France de développer et d’organiser ses exportations à destination de ses partenaires du Marché commun, et souhaite le développement de zones spéciales d’action rurale. Il intervient à l’occasion de la mise à l’ordre du jour du dernier texte de la législature, en lien avec le monde agricole qu’il connaît bien. En effet, le 17 octobre 1961, il défend la nécessité d’un relèvement immédiat du plafond des ressources de l’allocation agricole complémentaire de vieillesse, pour les personnes non salariées des professions agricoles. Il n’a de cesse, dans les discussions budgétaires, aux chapitres de l’industrie, comme de l’agriculture, de rappeler que des mesures doivent être prises en faveur des artisans en matière de prestations sociales, de crédit et de fiscalité, et d’insister sur la grande nécessité du maintien ou de la reconversion des petites usines existant en milieu rural. Il dénonce aussi sans relâche l’absence de crédits en faveur des zones spéciales d’action rurale. Dans la discussion parlementaire du mois d’octobre 1961, et à l’occasion d’une question orale avec débat qu’il pose au ministre de la construction, le 20 juillet 1962, il encourage l’installation des retraités à la campagne, dans des zones connaissant l’exode rural.
Enfin, Albert Liogier met à profit son mandat de parlementaire pour défendre sa corporation professionnelle, les imprimeurs. Au titre de la Commission des finances, il est rapporteur spécial du budget annexe de l’Imprimerie nationale pour 1961 et 1962. A cet égard, il montre que l’accroissement du budget qu’il défend répond avant tout à l’accélération de l’activité de l’Imprimerie nationale, à l’amélioration de la capacité de production, aux plans quantitatif et qualitatif. Pour le député de l’Ardèche, l’Etat doit prendre en compte le développement de l’automatisation et la diminution des travaux donnés à l’extérieur.
Au cours de son premier mandat, Albert Liogier soutient fidèlement de ses votes l’action du gouvernement de Michel Debré. Il approuve son programme, présenté le 16 janvier 1959, ainsi que la déclaration de politique générale du premier ministre, le 15 octobre 1959. Il s’exprime en faveur du projet de loi sur les pouvoirs spéciaux, le 2 février 1960, et vote en faveur de la réforme constitutionnelle du 11 mai 1960. En fin de législature, il vote la confiance au gouvernement dirigé par Georges Pompidou, le 27 avril 1962, et ne donne pas sa voix à ceux de ses collègues qui, par la motion de censure adoptée le 4 octobre 1962, contribuent à faire tomber le gouvernement fraîchement nommé.
Albert Liogier est candidat à sa succession, à l’occasion des élections législatives des 18 et 25 novembre 1962, consécutives à la dissolution de l’Assemblée nationale par le général de Gaulle. Arrivé largement en tête au premier tour, avec près de 5 000 voix d’avance sur son principal concurrent, le maire communiste de Lagorce, Auguste Chapelle, il est battu au second tour par le démocrate-chrétien Jean Moulin, vers lequel les candidats exclus du second tour ont visiblement porté leur voix, tous partis confondus, dans un front antigaulliste. L’ancien député met alors à profit cet échec pour s’investir davantage dans des structures liées au développement de son territoire. A partir de 1963, il préside le Centre d’études et de défense des intérêts économiques et sociaux du Vivarais. En mai 1964, il est élu président de l’Association nationale de défense des régions insuffisamment développées (A.D.R.I.D.). Deux ans plus tard, en 1966, il est élu maire de la commune d’Ucel, fonction élective qu’il conservera jusqu’aux élections municipales de 1983. Son départ de l’Assemblée nationale ne l’éloigne pas complètement de Paris, puisqu’il entre, le 19 janvier 1963, au Conseil économique et social, au titre des personnalités qualifiées dans le domaine économique et social. Il remplit cette mission jusqu’au 22 septembre 1964, et retrouve l’Assemblée de la place d’Iéna le mois suivant, à partir du 11 octobre 1964, comme expert, membre de la section des Economies régionales et ce, jusqu’en décembre 1965. Il est aussi chargé de mission à la Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale (D.A.T.A.R.).
Candidat malheureux aux élections législatives du 5 mars 1967, il est conduit à se retirer de la compétition électorale dès le premier tour, bien qu’arrivé en deuxième position. Il tient sa revanche l’année d’après, à la suite des événements de mai 1968. A la suite de la dissolution de l’Assemblée nationale, à nouveau candidat dans la troisième circonscription de l’Ardèche, Albert Liogier doit affronter, sans surprise, un premier tour difficile, en face du député sortant, Jean Moulin, devenu entre-temps conseiller général. Il ne le devance au premier tour que d’un millier de voix, avant de le battre, au second, de 4 000 suffrages, creusant aussi l’écart avec le candidat communiste Jean Delenne, conseiller général et maire de Jaujac. Pour ce scrutin duquel il sort vainqueur avec 17 400 suffrages sur les presque 41 000 exprimés, Albert Liogier a mené campagne avec un nouveau suppléant, le négociant Jean Rouré, maire de Ruoms.
Tout naturellement, de retour à l’Assemblée nationale, six années après l’avoir quittée, Albert Liogier s’inscrit au groupe de l’Union des démocrates pour la République (U.D.R.). Il est nommé membre de la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Il y siège jusqu’à la fin de la législature. Le 17 octobre 1968, soit quelques semaines après sa réélection au Parlement, il est nommé membre du Conseil permanent de l’hygiène sociale. Il est élu, de surcroît, représentant de la France au Parlement européen, le 2 octobre 1969, puis le 5 octobre 1972, retrouvant une fonction qu’il a déjà remplie dix années plus tôt, et qui ne cessera de l’accaparer, jusqu’à l’élection du Parlement européen au suffrage universel, en juin 1979. Au Palais-Bourbon, il se distingue sur les textes liés au commerce et à l’artisanat. C’est ainsi qu’il appartient à deux commissions spéciales, en juin et en décembre 1972, chargées de travailler dans ce domaine. Rappelant le rôle de l’artisanat dans la vie de la nation, il voit dans l’apprentissage et la formation professionnelle les vecteurs de structuration de ce secteur à moderniser, voire à créer, comme celui de l’éducation professionnelle. A cet effet, il souhaite voir considérer les apprentis comme des étudiants. Par ailleurs, il défend l’attribution des primes d’équipement ou de reconversion aux artisans. Quelques mois plus tard, en avril 1970, il met en garde le gouvernement contre le « dangereux exemple » constitué par les supermarchés canadiens. Plus avant, il souhaite que l’accession au crédit se fasse dans de bonnes conditions, et suggère l’octroi d’une indemnité viagère de départ aux vieux commerçants. Dans cette période marquée par le mouvement des étudiants et de la jeunesse, Albert Liogier fait le choix de s’investir aussi sur les questions d’éducation, et y consacre une large partie de ses onze interventions en séance publique. Il est l’auteur d’un rapport, déposé le 30 novembre 1972, mais qui n’est finalement pas discuté, portant nationalisation des collèges d’enseignement général et d’enseignement secondaire. Ses propos singuliers marquent la représentation nationale, à l’occasion de la discussion du projet de loi d’orientation de l’enseignement supérieur, au mois d’octobre 1968. En effet, le 4 de ce mois, il propose un amendement tendant à ce que les représentants élus dans les divers conseils aient « la qualité de Français », à moins d’éventuels accords de réciprocité ou de services éminents rendus à la cause de l’enseignement supérieur ou de la recherche, ce que l’autorité de tutelle doit apprécier. Dans la discussion du budget de l’éducation nationale, quelques semaines plus tard, le 29 octobre 1968, il soulève le problème plus classique du maintien des écoles dans les régions difficiles et défavorisées, notamment les collèges d’enseignement général (C.E.G.) en régions de montagne. Enfin, ce gaulliste intransigeant ne s’est pas désintéressé des projets de réforme de la région et du Sénat. Membre du Conseil régional Rhône-Alpes dont il est l’un des secrétaires quelques années plus tard (1973 et 1976), il prend la parole dans ce débat, le 12 décembre 1968, en souhaitant que chaque département puisse compter au moins un sénateur parmi les représentants régionaux élus au suffrage universel direct ou indirect. En ce sens, il suggère la possibilité d’admettre le suppléant élu avec le député au suffrage universel direct à siéger au Conseil régional, étant attendu que les députés sont de fait des conseillers régionaux. Quelques années plus tard, le 27 avril 1972, dans le cadre du projet de loi portant création et organisation des régions, il suggère que des crédits spécifiques soient accordés aux zones de rénovation rurale. Son ultime intervention de la législature est pour défendre, le 21 décembre 1972, l’égalité de rémunération entre les hommes et les femmes, mais de façon inattendue. Il considère alors « la libération de la femme » et son rôle dans la société comme passant par une plus grande présence au foyer familial, raison pour laquelle il défend le travail à mi-temps et l’augmentation de l’allocation visant à maintenir la mère auprès de ses enfants.
Durant ce deuxième mandat à l’Assemblée nationale, le député gaulliste de l’Ardèche ne se distingue pas dans ses votes de ses collègues fidèles au régime fondé par le général de Gaulle et à la politique suivie par Georges Pompidou. Il vote pour les textes les plus importants de la législature, et portant sur l’enseignement supérieur (10 octobre 1968), sur la garantie des droits individuels des citoyens (28 mai 1970), sur la répression de certaines formes de délinquance (4 juin 1970), sur la réforme du Service national (10 juin 1970), sur la création et l’organisation des régions (27 avril 1972). Il n’y a guère que sur le projet de loi relatif au droit syndical dans les entreprises (4 décembre 1968) qu’Albert Liogier ne prend pas part au vote. Sans doute faut-il y voir la désapprobation de celui qui, chef d’entreprise lui-même, ne souhaite pas voir appliquée brutalement dans l’imprimerie qu’il a fondée, une législation qu’il conçoit comme trop générale et conçue pour les grandes structures. Enfin, il soutient tous les gouvernements de la législature, renouvelant par deux fois sa confiance à Jacques Chaban-Delmas, le 15 octobre 1970 et le 24 mai 1972.
Au cours de cette législature, Albert Liogier est réélu maire d’Ucel, en 1971. Candidat à sa succession aux élections législatives des 4 et 11 mars 1973, il est réélu plus facilement que dans les années précédentes. Largement en tête des six candidats du premier tour, avec 31% des voix, le gaulliste, investi par l’Union des républicains de progrès (URP), est élu au second tour, avec près de 23 000 suffrages sur les 38 000 exprimés, soit avec 59% des voix. Dans la foulée, renforcé par sa réélection à l’Assemblée nationale, il accède au Conseil général de l’Ardèche, le 30 septembre 1973, comme représentant du canton de Vals-les-Bains.
A l’occasion de son troisième mandat, Albert Liogier, membre du groupe gaulliste (U.D.R.) de l’Assemblée nationale, rejoint, pour quelques semaines, la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales. A compter du 20 juin 1973, il siège à la Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République, jusqu’en juillet 1974. A cette date, à la suite de l’élection à la présidence de la République de Valéry Giscard d’Estaing, il retrouve la première commission quittée au printemps précédent, et y demeure jusqu’à la fin de la législature. Il y est nommé vice-président. A partir de 1973, il est à nouveau membre de l’Assemblée parlementaire des Communautés européennes, au sein de laquelle il est vice-président de la commission de l’agriculture. A l’Assemblée nationale, à l’occasion de son troisième mandat, il intervient sur deux questions principalement. Il renouvelle son intérêt pour les thèmes liés à l’agriculture de montagne. Le 4 mai 1973, il dénonce les conditions d’établissement de la directive sur l’aide aux régions de montagne, en souhaitant que les agriculteurs qui y sont installés soient soutenus par le gouvernement. Mais ses autres interventions en séance publique sont en relation plus directe avec la commission à laquelle il appartient. En effet, il mène un combat très net contre le projet de loi relatif à l’interruption volontaire de grossesse (I.V.G.). Le 28 novembre 1974, il fait valoir à la ministre de la santé, Simone Veil, que le motif thérapeutique invoqué pour l’I.V.G. n’est qu’une « hypocrisie supplémentaire », soulignant que « la réalité de demain, ce sera l’avortement possible durant toute la grossesse ». Le député gaulliste de l’Ardèche considère que la loi sur la contraception n’a été votée que parce qu’elle représentait « une alternative à l’avortement ». En deuxième lecture, le 19 décembre 1974, considérant que le Sénat a aggravé le libéralisme du projet, il insiste sur l’importance de la demande écrite de la femme, et s’oppose à l’extension de l’avortement thérapeutique. Sur le plan des questions sociales, Albert Liogier intervient enfin dans la discussion du projet de loi instituant le complément familial, le 31 mai 1977. Poursuivant l’argumentation qu’il déploya lors de la législature précédente, il souhaite la mise en place d’une politique globale de la famille et d’un statut social de la mère de famille. En effet, il souhaite que les femmes se consacrent exclusivement à leur foyer. C’est une des raisons pour lesquelles il milite pour l’instauration d’un salaire maternel décent.
Au cours de son troisième mandat de député, Albert Liogier se montre presque aussi unanime dans son soutien aux gouvernements Messmer, Chirac et Barre. Ainsi, approuve-t-il la déclaration de politique générale prononcée par Pierre Messmer, le 12 avril 1973, avant de s’exprimer en faveur de la révision de la Constitution, le 16 octobre 1973. Par sa voix, il contribue à l’investiture du gouvernement Chirac, le 6 juin 1974, vote en faveur de la deuxième réforme constitutionnelle de la législature, le 10 octobre 1974, sur la saisine du Conseil constitutionnel. Il agit de même, lors du vote de la troisième, le 8 juin 1976, sur l’empêchement ou le décès d’un candidat à l’élection présidentielle. Il soutient le programme du gouvernement Barre, le 28 avril 1977. Par ses fonctions de représentant français à l’Assemblée parlementaire des Communautés européennes, il ne peut qu’approuver l’élection du Parlement européen au suffrage universel, le 21 juin 1977. En revanche, à deux reprises, il rejette un texte gouvernemental. En raison de ses prises de position particulièrement tranchées sur les projets de loi défendues par Simone Veil, il rejette l’I.V.G., lors de la troisième séance du 28 novembre 1974, et en fait de même pour la réforme du divorce, dont le vote arrive à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale, dans la deuxième séance du 4 juin 1975.
Sur un plan plus local, le député de l’Ardèche devient secrétaire du Conseil régional Rhône-Alpes, en novembre 1973. Il le reste jusqu’en janvier 1976. Cependant, élu conseiller général de Vals-les-Bains en 1973, il est battu au renouvellement partiel de l’Assemblée départementale, lors des élections cantonales des 7 et 14 mars 1976. L’année suivante, en revanche, il est réélu maire d’Ucel.
Albert Liogier, secondé par son nouveau suppléant, le commerçant Camille Vedel, maire adjoint de la commune de Joyeuse, est réélu pour un quatrième mandat de député, le 19 mars 1978. En tête des huit candidats présents au premier tour du scrutin, devant son adversaire habituel, le démocrate-chrétien Jean Moulin, il bat de 5 000 voix son concurrent du second tour, René Vidal, représentant de la gauche, conseiller général et maire de Barnas, en obtenant 25 200 des 46 000 suffrages exprimés. Il s’inscrit au groupe parlementaire gaulliste du Palais-Bourbon, désormais appelé groupe du Rassemblement pour la République (R.P.R.). Entre 1978 et 1981, son activité est considérablement réduite, en comparaison de celle qu’il déploya au cours des législatures passées et ce, malgré sa présence successive dans trois commissions parlementaires différentes: il est membre de la Commission de la défense nationale et des forces armées, en 1978, puis de la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales, de 1979 à 1980, enfin de la Commission de la production et des échanges, de 1980 à 1981. Il ne prend alors la parole que pour critiquer la politique familiale et sociale menée par les gouvernements de Raymond Barre, le 22 novembre 1979. Il regrette que trop de femmes soient conduites à travailler, en raison de l’absence d’un statut social que l’Etat se refuse à leur reconnaître. En effet, pour lui, le bon équilibre de la famille doit passer par la présence de la femme au foyer. Par ailleurs, il rigidifie son discours sur son refus de l’avortement qu’il considère comme un meurtre. A l’occasion de la poursuite du débat sur le projet de loi relatif à l’I.V.G., il voit dans l’avortement un instrument de régulation des naissances, et l’exprime à la tribune de l’Assemblée, le 28 novembre 1979, interrompu par le président de séance. Sa dernière prise de parole de député est pour apporter son avis sur le texte visant à améliorer la situation des familles nombreuses, le 7 mai 1980. En plus du revenu minimum qu’il souhaite voir mis en place, il encourage l’instauration d’allocations pré et postnatales.
Entre 1978 et 1981, la baisse de l’activité d’Albert Liogier à l’Assemblée nationale est due, largement, à un accroissement de ses activités dans les fonctions qu’il exerce au sein des institutions européennes. En effet, il est à nouveau représentant à l’Assemblée parlementaire des communautés européennes, à partir de 1978 et, du 14 juin de la même année au 10 juin de l’année suivante, date de l’élection du Parlement européen au suffrage universel, il est président de la délégation française à l’Assemblée des Communautés européennes. En juin 1979, il est nommé membre consultant du bureau du groupe de défense des intérêts de la France en Europe – groupe des 81 -, avant d’accepter les fonctions de vice-président de la délégation de l’Assemblée nationale pour les Communautés européennes.
Au cours de ce quatrième mandat, écourté par la dissolution de juin 1981, à l’exception du dernier vote sur l’I.V.G., le 29 novembre 1979, et des lois sociales voulues par le président Giscard d’Estaing, il approuve les grandes lignes des derniers gouvernements Barre, comme en témoigne son vote du 20 avril 1978, sur la déclaration de politique générale du gouvernement. Le 18 avril 1978, il vote en faveur de l’augmentation de la quote-part de la France au Fonds monétaire international (F.M.I.), comme il s’exprime pour l’aide aux travailleurs privés d’emploi, le 5 janvier 1979. Lorsque le gouvernement engage sa responsabilité sur l’aménagement de la fiscalité directe locale, le 18 décembre suivant, Albert Liogier répond de sa confiance. Le 11 avril 1980, il est de ceux qui forment l’unanimité, au Palais-Bourbon, lorsqu’il s’agit de définir le viol et les attentats à la pudeur, et d’en organiser leur répression. Il est tout aussi favorable à la modification du Code électoral en vue de favoriser la participation des femmes aux élections municipales, le 20 novembre 1980. Enfin, le 18 décembre 1980, il approuve le projet de loi présenté par le garde des Sceaux Alain Peyrefitte, renforçant la sécurité et protégeant la liberté des personnes, texte autrement appelé « Sécurité et liberté ».
Albert Liogier est battu aux élections législatives du mois de juin 1981, consécutives à l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République, et au choix corollaire du nouveau chef de l’Etat de dissoudre l’Assemblée nationale. En tête des quatre candidats au premier tour de scrutin, avec 3 000 voix d’avance sur son concurrent de gauche, le conseiller général socialiste Jean-Marie Alaize, il est battu au second tour par ce dernier, en raison d’un très bon report des voix du candidat communiste. Albert Liogier n’en obtient que 21 000 (46%), soit 3 000 suffrages de retard sur le nouveau député de la troisième circonscription de l’Ardèche.
Le député honoraire de l’Ardèche abandonne la vie politique à l’issue des élections municipales de 1983, et disparaît le 5 mai 1989, à l’âge de 79 ans.