Amédée, Pierre, Léonard Bienaimé
1843 - 1930
Né à Paris le 26 février 1843, mort à Paris le 16 mars 1930.
Député de la Seine de 1905 à 1919.
Fils d'un mécanicien, Amédée Bienaimé fit ses études secondaires au lycée Bonaparte, puis au lycée du Mans. Entré à l'Ecole navale en 1859, il en sortit en 1861 pour prendre part à la campagne du Mexique avec le bataillon des fusiliers-marins. En 1864, il participa à l'expédition des Comores. Il fit la guerre de 1870 dans les bataillons de la marine qui contribuèrent à défendre Paris. L'année 1875 le trouve à bord du navire - école Alexandre ; il y préparait des mémoires sur la perforation des murailles cuirassées et sur l'emploi de l'acier dans la fabrication des bouches à feu de la marine. En 1878, commandant du La Motte-Picquet il fit campagne dans les mers du Sud, prenant part à la répression d'une insurrection en Nouvelle-Calédonie. Nommé capitaine de frégate en 1880, il fut envoyé au Tonkin en 1883, mais, blessé, il dut rentrer en France.
Capitaine de vaisseau en 1887, il commanda le Du Guesclin (1889), puis la division de Toulon (1891). En 1893, au moment de l'expédition de Madagascar, il commandait la division navale de l'océan Indien. Cela lui valut d'être très critiqué lorsque furent connues les insuffisances de préparation de la campagne ; il se justifia en montrant qu'il avait dénoncé ces erreurs dès les premiers jours. Il fut promu contre-amiral le 8 juin 1895. Chef d'Etat-major de l'escadre de la Méditerranée en 1897, il fut à la tête de l'Ecole supérieure de la marine de 1898 à 1900. A la même époque, il prépara l'expédition de Chine d'une manière qui lui valut le grade de vice-amiral (avril 1900) et le titre de Grand officier de la Légion d'honneur (1901). Après avoir exercé les fonctions de chef d'Etat-major général de la marine, il fut nommé en 1902 préfet maritime de Toulon.
Cette même année, 1902, une campagne de presse fut déclenchée contre certaines méthodes de l'administration de la marine. Le Ministre, Camille Pelletan, rendit l'amiral Bienaimé responsable des errements ainsi dénoncés, et le mit en disponibilité. Bien des gens estimèrent alors qu'il avait servi de bouc émissaire. C'est sans doute cette circonstance qui incita les comités nationalistes à demander à l'amiral Bienaimé de poser sa candidature au siège rendu vacant dans le 2e arrondissement de Paris par la mort mystérieuse du député Gabriel Syveton. L'amiral accepta, et proposa aux électeurs parisiens un programme, auquel il resta fidèle tout au long de sa carrière politique : révision de la Constitution, modification du mode d'élection du Président de la République « pour le soustraire à la domination des Chambres », pas d'impôts nouveaux, et, en particulier, pas d'impôts sur le revenu, pas d'emprunts, lutte contre le collectivisme, contre la propagande internationaliste et antimilitariste.
Le scrutin eut lieu le 8 janvier 1905, et l'amiral Bienaimé l'emporta assez aisément, avec 6.437 suffrages contre 5.165 à son rival le plus dangereux, Bellan.
A la Chambre, siégeant sur les bancs de l'opposition nationaliste irréductible, il intervint plusieurs fois à propos du budget de la marine, et, le 19 mai 1905, il prit la parole en faveur des établissements congréganistes d'assistance.
Aux élections générales du 6 mai 1906, il retrouva à peu près exactement sa majorité de l'année précédente - 6.982 voix contre 5.701 - et fut élu dès le premier tour de scrutin.
Le 13 juillet 1906, au cours de la discussion d'interpellations relatives à l'arrêt de révision qui mit fin à l'affaire Dreyfus, il intervint pour protester contre des « attaques personnelles » qui avaient été lancées, du haut de la tribune, contre certains officiers. Dans l'atmosphère passionnée de cette séance, il n'en fallut pas davantage pour déclencher ce que le Journal Officiel décrit comme un « violent tumulte » et obliger le président à suspendre la séance.
L'amiral Bienaimé, au cours de cette législature, déposa des propositions de loi sur la protection des secrets de la défense nationale (1906), sur l'organisation de l'artillerie navale (1909) et intervint à de nombreuses reprises sur les constructions navales (1906-1908), sur la situation de la flotte (1907), sur l'organisation du corps des officiers de marine (1909).
Réélu dès le premier tour de scrutin, aux élections générales du 24 avril 1910, avec 6.982 voix contre 5.192 au radical Rebeillard, il appartint, au cours de la dixième législature, aux Commissions de la marine et du budget.
Toujours très actif, il déposa un grand nombre de rapports et de propositions sur des sujets intéressant la marine : statut du corps des officiers, inscription maritime, budget. Il interpella le Gouvernement sur l'organisation du Haut commandement (1911), sur la catastrophe du cuirassé Liberté (1911).
Réélu le 26 avril 1914 au premier tour de scrutin, à une majorité écrasante - 6.605 voix contre 1.812 à son concurrent - l'amiral Bienaimé appartint, au cours de la onzième législature, aux Commissions des crédits, de la marine, de la marine marchande, de l'armée, ainsi qu'à la Commission « chargée d'examiner s'il y a lieu de mettre en accusation M. Malvy » et à la Commission chargée d'examiner les divers traités de paix. Il continua à déposer de nombreux rapports et propositions sur des sujets concernant la marine : recrutement, avancement, discipline, etc. Le 13 décembre 1916, au cours de la discussion d'interpellations sur la politique générale du Gouvernement, il intervint pour exprimer sa défiance à l'égard du Président du Conseil, Aristide Briand, et réclamer son remplacement par « un homme d'action » .
Il subit un échec aux élections générales du 16 novembre 1919, sur la liste d'Union républicaine nationale et sociale, conduite par M. Millerand, où il occupait la l0e place, et qui eut huit élus. L'amiral Bienaimé abandonna alors la politique. Il vécut dans la retraite, et mourut à Paris le 16 mars 1930 à 87 ans.