Zéphirin Camélinat
1840 - 1932
Député de 1885 à 1889, né à Mailly-la-Ville (Yonne), le 14 septembre 1840, il commença par être ouvrier vigneron, avant de partir chercher du travail à Paris après la destruction des vignes par le gel. Il entra comme homme de peine dans une fabrique de tubes en cuivre, puis devint plus tard un ouvrier monteur en bronze d'une grande habileté, dans les ateliers de la maison Beurdeley, emloyé sour l'Empire aux ornements de l'Opéra Garnier. Il prit part à l'organisation de l'Internationale, et à la fondation d'une chambre syndicale des ouvriers en bronze, et se mêla activement à la grève de 1867, pour laquelle il obtint le concours pécuniaire des Trade's unions.
Condamné et emprisonné sous l'Empire pour son rôle dans l'Association internationale des travailleurs, il continua, après le 4 Septembre, de s'occuper de politique militante, servit pendant le siège, comme porte-drapeau au 200e bataillon de la garde nationale, et, le 18 mars, sous la Commune, fut délégué à la direction de la Monnaie, où il fit frapper pour deux millions de numéraire. « Ajoutons, dit M. Félix Ribeyre (Biographie des 584 députés, 1886), qu'il est sorti pauvre de la Monnaie, comme il y était entré. »
Après la défaite de la Commune, il passa en Angleterre, où il demeura jusqu'à l'amnistie générale de 1880. Il fut nommé délégué de la corporation du bronze à l'Exposition d'Amsterdam et à celle de Boston.
La popularité dont il jouissait parmi les travailleurs fit inscrire son nom, aux élections d'octobre 1885, sur les trois principales listes radicales et socialistes présentées dans le département de la Seine : celle que soutenait M. Clemenceau, celle de l'Intransigeant, et celle du « Comité central ». Il obtint au premier tour de scrutin un grand nombre de voix, et se trouva ainsi désigné pour figurer sur la liste définitive des élus du scrutin de ballottage. Il passa, le 18 octobre, le 32e sur 34, avec 269 093 voix (416 886 votants, 564 338 inscrits), et remercia ses électeurs par une lettre qui contenait ce passage : « Ancien militant de l'Internationale, ancien combattant de la Commune de Paris, je m'efforcerai d'être à la Chambre l'homme de mon passé, communaliste et socialiste. » M. Camélinat prit place à l'extrême gauche, concourut à la formation du groupe « ouvrier socialiste, » dont il signa le manifeste, et intervint, de sa personne, à la Chambre et au dehors, chaque fois que la question sociale fut en jeu. Il se rendit, avec son collègue, M. Basly, à Decazeville, puis à Vierzon, lors des grèves qui éclatèrent dans ces deux villes, et prit fréquemment la parole à la tribune de l'Assemblée sur les questions économiques et ouvrières, sur l'amnistie, sur les accidents du travail, sur le régime des chemins de fer, etc. M. Camélinat a voté
:
- le 8 février 1886, pour la proposition Michelin tendant à rechercher les origines et les causes de l'expédition du Tonkin et à déterminer la responsabilité de ses auteurs ;
- le 10 avril, pour un ordre du jour blâmant le gouvernement à propos de la grève de Décazeville ; pour la confiscation des biens des familles avant régné sur la France ;
- le 27 novembre, contre le maintien de l'ambassade du Vatican ;
- le 2 décembre, pour la suppression des sous-préfets ;
- le 17 mai 1887, pour la proposition de résolution de la commission du budget (chute du ministère Goblet) ;
- le 19 novembre pour la discussion immédiate de l'interpellation Clemenceau (chute du ministère Rouvier),
et dans la dernière session :
- contre le rétablissement du scrutin uninominal (11 février 1889),
- contre l'ajournement indéfini de la révision de la Constitution,
- contre les poursuites contre trois députés membres de la Ligue des patriotes,
- contre le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse.
Il s'est abstenu dans le scrutin relatif aux poursuites contre le général Boulanger.
Né le 14 septembre 1840 à Mailly-la-Ville (Yonne) mort le 5 mars 1932 à Paris.
Député de la Seine de 1885 à 1889.
(Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. 1, p. 564.)
Il subit un échec aux élections générales du 22 septembre 1889 dans la première circonscription du 20e arrondissement de Paris où il n'obtint au premier tour de scrutin que 1.358 voix contre 2,468 à M, Dumay qui emporta le siège au deuxième tour. Il échoua encore à celles des 20 août et 3 septembre 1893 dans la même circonscription, au deuxième tour de scrutin, n'ayant recueilli que 4,127 voix contre 4.416 à M. Dejeante.
Mais il n'en continua pas moins à militer dans les rangs socialistes, s'associant activement à toutes les réunions et à toutes les assemblées. En 1905, il adhère à la SFIO de Jaurès, dont il est l'inamovible trésorier jusqu'à la fin de la guerre. Lorsqu'au congrès de Tours, en 1920, eut lieu la scission qui donna naissance au parti communiste, il était membre du Conseil d'administration du journal l'Humanité. Son intervention décisive fit basculer cet organe du côté communiste. En dépit de son grand âge qui en faisait le patriarche du parti, il continua à participer à toutes les manifestations, et notamment à celles du Mur des Fédérés où sa présence soulevait d'enthousiastes ovations.
Il mourut le 5 mars 1932 à Paris, âgé de 92 ans.