Adrien, Sylvain Gaudin de Villaine
1852 - 1930
Député de 1885 à 1889, né au château de Boisferrand (Manche) le 12 décembre 1852, fils d'un général, il se présenta à l'Ecole de Saint-Cyr en 1870 ; mais l'invasion s'opposant à la réunion de l'Ecole, il s'engagea au 5e bataillon de chasseurs à pied et prit part aux opérations de l'armée de la Loire.
Promu sous-lieutenant le 2 décembre 1870, il fut nommé lieutenant quelques semaines après et attaché à l'état-major du général Bruat. La paix faite, le lieutenant Gaudin de Villaine se trouva à Paris lors du 18 mars 1871, avec le général Chanzy ; il fut arrêté par la garde nationale de la Commune, enfermé au secret à la prison de la Santé, puis relâché au bout de peu de temps.
Démissionnaire comme officier à la fin de 1875, M. Gaudin de Villaine vint habiter l'arrondissement de Mortain, et devint conseiller municipal en 1877 ; maire de Saint-Jean depuis 1881, il fut nommé, le 12 août 1883, conseiller général du canton de Mortain, et porté, le 4 octobre 1885, sur la liste conservatrice de la Manche, fut élu, le 6e sur 8, député de ce département par 57 249 voix (109 795 votants, 139 724 inscrits).
Il s'assit à droite, prit plusieurs fois la parole, interpella (12 février 1886) le ministre de la guerre, général Boulanger, sur le déplacement d'une brigade de cavalerie soupçonnée de tendances réactionnaires, et, lors de la discussion de la loi militaire (juin 1887), défendit le service militaire de trois ans. Il vota constamment avec les conservateurs contre les divers ministères républicains de la législature et interpella (7 mars 1889) le cabinet au sujet du canal de Panama, dans le but de sauvegarder les intérêts des porteurs de titres. M. Rouvier, ministre des Finances, ayant déclaré ne pas vouloir intervenir, l'ordre du jour pur et simple fut voté, par 344 voix contre 185.
Dans la dernière session, M. Gaudin de Villaine s'est prononcé :
- contre le rétablissement du scrufin d'arrondissement (11 février 1889),
- pour l'ajournement indéfini de la révision de la Constitution,
- contre les poursuites contre trois députés membres de la Ligue despatriotes,
- contre le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse,
- contre les poursuites contre le général Boulanger.
Né le 12 décembre 1852 à Moulines (Manche), mort le 28 mai 1930 à Cannes (Alpes-Maritimes).
Député de la Manche de 1885 à 1889.
Sénateur de la Manche de 1906 à 1930.
(Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. III, p. 134.)
En 1906, la mort de Jules Labiche ouvrit les portes de la Haute Assemblée à Gaudin de Villaine qui fut alors élu sénateur de la Manche, le 7 janvier, au troisième tour, par 639 voix sur 1.163 votants. Il devait le rester jusqu'à sa mort.
Il siégea à droite pendant vingt-cinq années et se montra, au Sénat, comme jadis à la Chambre des députés, adversaire résolu du régime républicain. Il fit successivement partie de presque toutes les grandes commissions : finances, affaires étrangères, armées, enseignement, administration générale.
Dès 1906 il intervint activement dans les travaux du Sénat. II se déclara hostile à la juridiction de la Haute Cour, à cette juridiction « que l'expérience du passé, dit-il, n'est pas faite pour justifier ». Puis il proposa au Sénat de réformer ses méthodes de travail en nommant certaines commissions pour trois ans et lui demanda de « prendre les initiatives dont la Chambre se montrait incapable ». Il participa aux discussions budgétaires et, à propos du budget des Beaux-arts, demanda au gouvernement de protéger le site du Mont Saint-Michel. Il en reparlera souvent au cours des discussions budgétaires.
Une de ses préoccupations était la politique coloniale de la France. « Je n'ai jamais été partisan de notre expansion coloniale en dehors du bassin de la Méditerranée... tous les peuples continentaux qui ont sacrifié aux colonies en sont sortis diminués, appauvris, quelquefois ruinés. »
Pendant la Grande Guerre, l'activité parlementaire de Gaudin de Villaine ne se ralentit pas. Il interpelle longuement le gouvernement sur l'espionnage allemand en France et à Paris et lui reproche de tolérer un honteux trafic de permis de séjour. En 1918, Gaudin de Villaine demande, en vain, à interpeller le gouvernement « sur la situation faite à l'épargne française créancière de l'Etat russe » ; il critique âprement son attitude envers les porteurs de titres russes ainsi que les grandes banques qu'il appelle « les pirates de l'épargne française ».
Réélu le 11 janvier 1920, au premier tour, par 737 voix sur 1.137 votants, il se préoccupe alors toujours de la politique à l'égard de la Russie, de la santé de Paris envahi par les réfugiés d'Orient. En 1922, il intervient de nouveau en faveur des épargnants français détenteurs de valeurs russes. À propos d'un projet de loi sur les spéculations illicites, il dépose un contre-projet prévoyant la « répression impitoyable de tous les scandales de spéculation et d'accaparement ».
En 1924, il est réélu sénateur de la Manche, le 6 janvier, par 749 voix sur 1.148 votants.
En 1929, il participe à la discussion du projet de réorganisation judiciaire. Ce sera sa dernière grande intervention. Très diminué par la maladie, il ne fera plus au Luxembourg que de rares apparitions jusqu'à sa mort, survenue le 28 mai 1930, à Cannes, dans sa 78e année.
Adrien Gaudin de Villaine avait publié en 1916 L'espionnage allemand en France en 1918, Choses de Russie, puis Le Fou du roi.