Charles, Alphonse Levert
1825 - 1899
Représentant en 1872, député de 1876 à 1889, né à Lens (Pas-de-Calais) le 11 juin 1825, il fit ses études au collège Sainte-barbe, se déclara républicain en 1848, et entra dans l'administration comme secrétaire de M. Emile Ollivier commissaire général du gouvernement provisoire dans les Bouches-du-Rhône.
Conseiller de préfecture à Arras, il se rallia à la politique de L.-N. Bonaparte, qu'il servit avec le plus grand zèle, fut nommé, lors du coup d'Etat, sous-préfet de Saint-Omer grâce à son oncle Carlier, le préfet de police du coup d'Etat, et se fit remarquer par ses rigueurs contre les républicains. L'Empire lui donna de l'avancement : sous-préfet de Valenciennes, préfet de l'Ardèche, préfet d'Alger (1860) où il eut à lutter contre l'opposition extrêmement vive que lui faisait dans la presse locale M. Clément Duvernois (V. ce nom), préfet de la Vienne (1861), de la Loire (1864), du Pas-de-Calais et enfin des Bouches-du-Rhône, il tenta de résister, à Marseille, lors de la révolution du 4 septembre 1870, lorsqu'une foule de 5,000 personnes envahit la préfecture. Blessé grièvement, il resta caché pendant douze heures, réussit à s'échapper, et gagna la Belgique, d'où il se rendit à Wilhemshohe, près de Napoléon III.
Bonapartiste militant, il rentra en France après la conclusion de la paix et se présenta à la députation avec un programme impérialiste, le 7 janvier 1872, pour succéder, comme représentant du Pas-de-Calais, au général Faidherbe démissionnaire. M. Levert fut élu par 74,629 voix (132,906 votants, 207,721 inscrits), contre 57,248 à M. Lenglet, républicain. A l'Assemblée nationale, il prit place dans le groupe de l'Appel au peuple à côté de M. Rouher, et s'associa à toutes les manifestations de ses amis politiques. Ce fut lui qui provoqua un jour un incident orageux par cette menace lancée à ses collègues de la gauche: « Nous vous imposerons silence plus tard! » Il vota pour la démission de Thiers au 24 mai, s'abstint dans le scrutin sur le septennat, et se prononça:
- pour l'état de siège,
- pour la loi des maires,
- contre le ministère de Broglie le 16 mai 1874,
- pour la dissolution,
- contre l'amendement Wallon,
- pour l'amendement Pascal Duprat,
- et contre l'ensemble des lois constitutionnelles.
Candidat, le 30 janvier 1876, aux premières élections sénatoriales dans le Pas-de-Calais, il échoua avec 388 voix (1,004 votants). Les légitimistes, pour faire élire trois des leurs sur quatre, et faire échec aux bonapartistes, s'étaient alliés, au 3e tour, avec les républicains contre la liste Levert.
Celui-ci fut élu député, le 20 février suivant, dans la 2e circonscription de Saint-Omer, par 7,567 voix (12,885 votants, 16,102 inscrits), contre 4,150 à M. de Saint-Just et 1,068 à M. Liot. Il suivit la même ligne politique que précédemment, se montra peu empressé à soutenir le gouvernement du Seize-mai, et s'abstint lors du vote de défiance des 363 contre le cabinet de Broglie-Fourtou.
Son influence personnelle dans le département du Pas-de-Calais, dont il se flattait d'être le grand électeur, assura d'ailleurs sa réélection, le 14 octobre 1877, par 9.682 voix (13,540 votants). Il ne cessa de combattre à la Chambre les institutions républicaines, opina contre le ministère Dufaure et contre les cabinets qui suivirent, contre l'amnistie, contre l'article 7, etc., et fut encore réélu député de Saint-Omer, le 21 août 1881, par 6,541 voix (13,006 votants, 16,547 inscrits), contre 6,402 à M. Brémart.
Adversaire de la politique intérieure et extérieure des ministères Gambetta et J. Ferry, il se prononça contre les crédits du Tonkin, etc., et fut porté sur la liste conservatrice du Pas-de-Calais, le 4 octobre 1885: élu, le 3e sur 12, par 102,011 voix (180,439 votants, 216, 227 inscrits), il continua d'opiner dans le sens de la droite, avec le groupe impérialiste; il s'est prononcé, en dernier lieu,
- contre le rétablissement du scrutin d'arrondissement (11 février 1889),
- pour l'ajournement indéfini de la révision de la Constitution,
- contre les poursuites contre trois députés membres de la Ligue des patriotes,
- contre le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse,
- contre les poursuites contre le général Boulanger.
Commandeur de la Légion d'honneur du 14 août 1867, il a obtenu, en 1874, comme ancien préfet, une pension annuelle de 6,000 francs, avec payement de plus de 18,000 francs d'arrérages: cette faveur provoqua alors dans la presse démocratique de très vives réclamations.
Né le 11 juin 1825 à Sens (Yonne), mort le 6 avril 1899 à Paris (8e).
Représentant à l'Assemblée Nationale de 1872 à 1876. Député du Pas-de-Calais de 1876 à 1889. (Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. IV, p. 147.)
Levert avait eu raison d'opiner contre le rétablissement du scrutin d'arrondissement : il fut battu au renouvellement de septembre 1889, dans la 2e circonscription de Saint-Omer, par Jonnart, 7.825 voix sur 14.240 votants, élu, contre 6.269 à lui-même.
Il abandonna dès lors la politique et mourut le 6 avril 1899 à Paris, à l'âge de 74 ans.