Laurent Bilbeau

1911 - 1979

Informations générales
  • Né le 23 mai 1911 à Chalivoy-milon (Cher - France)
  • Décédé le 23 juillet 1979 à VIERZON (Cher - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 12 mars 1967 au 30 mai 1968
Département
Cher
Groupe
Communiste

Biographies

Biographie de la Ve République

BILBEAU (Laurent)
Né le 23 mai 1911, à Chalivoy-Milon (Cher)
Décédé le 23 juillet 1979, à Vierzon (Cher)

Député du Cher de 1967 à 1968

Issu d’une famille paysanne de métayers du Berry comptant sept enfants, Laurent Bilbeau obtient au terme de ses études un brevet supérieur et entre, en 1927, à l’École normale pour embrasser la carrière d’instituteur. Il enseigne à partir de 1930 dans son département natal, d’abord à Villabon puis, en 1933, à Vierzon. Il assume par la suite la fonction de directeur d’école.

Membre du Syndicat national des instituteurs (SNI), il adhère au Parti communiste français (PCF) en 1936 et intègre le comité de la section communiste de Vierzon dès 1937. Mobilisé en septembre 1939, il est fait prisonnier par les Allemands. Libéré en avril 1941, il épouse civilement le 13 juin, à Vallenay, Madeleine Chevalier, une institutrice du Cantal. De leur union, naissent trois fils, en 1942, 1944 et 1946.

À la Libération, le couple enseigne à Saint-Louis-des-Chaumes puis, à partir de 1950, à Bruère-Allichamps. Secrétaire de la section communiste de Chateauneuf-sur-Cher, membre du comité fédéral du PCF de 1953 à 1962, Laurent Bilbeau siège au bureau de la section de Saint-Amand-Montrond à partir de 1956 puis à son secrétariat l'année suivante.

Sa carrière d’élu débute à l’échelon local : Laurent Bilbeau devient conseiller municipal de Bruère-Allichamps, petite commune de 600 habitants, en 1965, avant d’en devenir maire en 1971.

Aux élections législatives de 1967, Laurent Bilbeau est investi par le PCF candidat dans la troisième circonscription du Cher, détenu durant les deux premières législatures de la Ve République par le gaulliste Ferdinand Roques, candidat au renouvellement de son mandat. Dans sa circulaire aux électeurs, le conseiller municipal se présente comme le défenseur des travailleurs berrichons, contre la « néfaste politique actuelle ». Il dénonce les dépenses militaires, notamment la force de frappe atomique « ruineuse et dangereuse » et voit dans le gaullisme une « politique réactionnaire vieille comme le monde capitaliste » : reprenant le discours du PCF, il souhaite supprimer le pouvoir personnel et le monopole des richesses. Pour ce qui est de sa circonscription, le candidat entend lutter contre l’exode rural, voyant en Saint-Amand, « particulièrement déshéritée », la « capitale d’une région qui se meurt ». Enfin, il préconise le transfert à l’école publique des sommes attribuées à l’enseignement privé. Les résultats du premier tour placent Laurent Bilbeau en deuxième position avec 33 % des suffrages (14 299 voix), derrière Ferdinand Roques qui obtient 39,1 % des suffrages exprimés (16 915 voix). Le socialiste Roger Fajardie est troisième (11,5 %) ; le reste des voix se répartit entre deux candidats sans étiquette. Au second tour, le communiste est le candidat unique de la gauche après les appels lancés par la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS) et le Parti socialiste unifié (PSU) : bénéficiant du bon report des voix du candidat socialiste, il parvient avec 21 835 voix (soit 188 de plus que le député sortant) à se faire élire contre Ferdinand Roques.

À son arrivée à l’Assemblée nationale, le nouveau député du Cher s’inscrit au groupe communiste et est nommé à la commission de la production et des échanges. Le 19 mai 1967, pour la première fois, il prend part à la discussion sur la motion de censure : s’opposant à l’octroi des pouvoirs spéciaux au gouvernement en matière économique et sociale, « jamais demandés pour imposer des mesures favorables aux travailleurs », il se fait le porte-parole des « travailleurs de la terre », notamment des petits exploitants, et approuve les mouvements de protestation de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) et du Mouvement de défense des exploitants familiaux (MODEF). Le député dresse un tableau de l’agriculture française, s’inquiétant notamment de la disparition des petites et moyennes exploitations, mais également des menaces pesant sur la protection sociale des exploitants, avant de conclure sur la nécessité d'une agriculture moderne : « La prospérité, la grandeur de notre pays exigent que l'agriculture se modernise, qu'elle améliore ses structures pour une utilisation rationnelle du progrès technique, sans pour autant rejeter dans la misère ceux qui l'ont servie. Ce sera la tâche du prochain gouvernement démocratique qui vous remplacera. » Le député communiste vote les trois motions de censure des 20 mai, 9 et 16 juin 1967, qui échouent à moins d’une dizaine de voix.

Par la suite, ses interventions concernent pour l’essentiel les agriculteurs ou les travailleurs de sa circonscription. Ainsi, le 13 juin 1967, à l’occasion d’une proposition de loi tendant à compléter le statut du fermage en ce qui concerne les améliorations pouvant être apportées par les preneurs, Laurent Bilbeau défend un amendement qu’il a déposé avec ses collègues communistes visant à limiter les bénéfices que les propriétaires peuvent tirer des améliorations réalisées par les preneurs.

Plus tard, durant ce même mois de juin 1967, il dépose une proposition de loi tendant à modifier certains articles au titre premier du code rural relatifs aux opérations d'aménagement foncier et de remembrement. Lors de questions orales relatives à la situation de l’emploi dans l’industrie aéronautique nationalisée, Laurent Bilbeau exprime les inquiétudes du personnel de l’usine de Nord-Aviation de Bourges, qui subit alors des réductions d’horaires, suivies de baisses de salaire. Le 30 octobre 1967, à l’occasion de questions orales concernant les problèmes de l'élevage et de la viande, le député du Cher prend la parole pour dénoncer la dégradation des prix, qu’il attribue à la mise en œuvre du Marché commun, ainsi que la fixation du prix d'orientation de la viande bovine à un niveau trop bas. Son intervention se termine par un appel à la défense des petites exploitations agricoles. Enfin, le 24 novembre 1967, lors d’une question orale relative à la décentralisation administrative et économique, le député communiste rappelle la nécessité de dominer la croissance de Paris et de la ramener au niveau de la moyenne nationale, afin d'éviter une rupture d'équilibre économique et démographique. L’élu du Cher souligne notamment que certaines régions comme la sienne sont encore « sous-développées » et pointe l’exclusion de l’Allier et du Sud de la Creuse des zones de rénovation rurale.

En 1968, lors des élections législatives anticipées à la suite des événements de mai, Laurent Bilbeau sollicite le renouvellement de son mandat auprès des électeurs du Cher. Confronté à Maurice Papon, qui arrive en tête du premier tour avec 44,8 % des voix, le député sortant ne réunit que 38,9 % des suffrages, quand le candidat socialiste Jean-Claude Harris en obtient 7,7 % et Michel Blanchard, candidat sans étiquette, 8,6 %. Au second tour, le député sortant est battu par 46,6 % des suffrages (20 763 voix) contre 53,4 % (23 829 voix) à Maurice Papon. En 1971, toutefois, il est élu maire de Bruère-Allichamps.

En 1973, Laurent Bilbeau brigue à nouveau pour le PCF un siège à l’Assemblée nationale dans la circonscription qui l’avait élu en 1967. Son principal adversaire est le candidat de l’Union des démocrates pour la République (UDR) Maurice Papon, maire de Saint-Amand-Montrond et député sortant. Ce dernier arrive en tête du premier tour, avec 39,4 % des voix, contre 35,2 % au candidat communiste, 9,5 % à Berthe Fievet, candidate de l’Union de la gauche socialiste (UGS), et 8,8 % au candidat du Mouvement réformateur Emile Chassin. Le reste des suffrages se répartit entre le candidat radical-socialiste Michel Blanchard, qui obtient 3,9 %, et le candidat de Lutte ouvrière (LO) Jean-Paul Crouchez, qui recueille 3,2 % des voix. Au second tour, Laurent Bilbeau est distancé de moins de 500 voix par Maurice Papon, qui l’emporte avec 50,5 % des suffrages (soit 23 019 voix contre 22 529). Lors de législatives de 1978, le duel continue entre les candidats gaulliste et le communiste. Laurent Bilbeau arrive en seconde position au soir du premier tour : il recueille 32,5 % des suffrages exprimés contre 46 % pour Maurice Papon, candidat du Rassemblement pour la République (RPR). La socialiste Berthe Fievet en obtient 14,5 %, le candidat écologiste en recueille 1,8 %, le candidat radical 2,5 % et le candidat d’extrême-gauche 2,7 %. Au second tour, Maurice Papon est réélu avec un score plus large qu’en 1973 : il obtient 51,5 % des voix (26 579), contre 48,5 % (23 051 voix) pour Laurent Bilbeau. En 1981, c’est la socialiste Berthe Fievet qui remporte le siège de député de la 3ème circonscription du Cher.

Réélu maire Bruère-Allichamps en 1977, Laurent Bilbeau reste à la tête de cette petite commune du centre de la France jusqu’à son décès qui survient, à Vierzon, le 23 juillet 1979, à la suite d’une crise cardiaque. La fédération départementale du PCF publie l’année suivante une plaquette intitulée Laurent Bilbeau : une vie pleine et droite.