Pierre Billecocq
1921 - 1987
- Informations générales
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- Né le 11 juillet 1921 à La spezia (Italie)
- Décédé le 15 avril 1987 à Suresnes (Hauts-de-Seine - France)
1921 - 1987
BILLECOCQ (Pierre, Marie, Charles)
Né le 11 juillet 1921 à La Spezia (Italie)
Décédé le 15 août 1987 à Suresnes (Hauts-de-Seine)
Député du Nord de 1968 à 1969 et en 1973
Secrétaire d'État auprès du ministre de l'Éducation nationale du 22 juin 1969 au 5 juillet 1972
Secrétaire d'État auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé de la Coopération, du 6 juillet 1972 au 28 mars 1973
Secrétaire d'État auprès du ministre des Transports du 12 avril 1973 au 27 février 1974
Né le 11 juillet 1921 à La Spezia, en Italie, Pierre Billecocq est le descendant d'une longue lignée de diplomates, dont bon nombre ont fait carrière au sein du Bureau du Chiffre du Quai d'Orsay, à l'image de son grand-père, Ernest Billecocq, chef de ce service de 1884 à 1891. Son père, Charles Billecocq, y fit un simple passage au cours de sa formation avant de gagner divers postes diplomatiques, qui marquent la jeunesse de Pierre Billecocq.
Il fréquente le lycée français de Londres puis le lycée Janson-de-Sailly à Paris. En juin 1940, il s’engage dans les Forces françaises libres (FFL) en juin 1940. Pierre Billecocq poursuit ses études à la Faculté des Lettres de Lyon, d'où il sort titulaire d'une licence. Diplômé de l'École libre de sciences politiques, il entre à l'École nationale d'administration (ENA) en janvier 1947, intégrant la promotion Croix de Lorraine, puis débute sa carrière au ministère des Finances en décembre 1948, comme administrateur civil. À partir d'août 1954, il effectue une mission en République démocratique du Nord-Vietnam, comme attaché économique et financier auprès de la délégation générale. En février 1956, il est réintégré à l'administration centrale puis, en octobre suivant, devient commissaire du gouvernement auprès de la Compagnie française d'assurances pour le commerce extérieur, où il demeure jusqu'à sa nomination, en novembre 1957, comme conseiller technique, au cabinet de Pierre Pflimlin, ministre des Finances puis président du Conseil. De 1959 à 1962, il est détaché, en qualité de conseiller financier, auprès de l'ambassade de France au Maroc, avant de quitter l'administration pour occuper les fonctions de secrétaire général de la société sucrière Béghin de 1962 à 1966. À partir de 1964, il siège aussi à la section du Plan et des investissements du Conseil économique et social. Nommé délégué général pour l'expansion industrielle (APEX) de la région Nord-Pas-de-Calais en 1966, il devient, l'année suivante, commissaire à la conversion industrielle de cette région.
La région du Nord-Pas-de-Calais, région traditionnellement à forte identité industrielle, subit alors le déclin inéluctable de son bassin minier dont la fermeture de ses centres d’exploitation est programmée. Elle connaît une crise d’adaptation de son industrie textile et sidérurgique ainsi que de ses chantiers navals. Les politiques d’aménagement du territoire visent ainsi à la reconversion industrielle et à l’attractivité de la région et ce sont les commissaires à la conversion qui sont chargés, selon les termes du décret du 27 octobre 1967, de rechercher, proposer et promouvoir, sous la direction des préfets de région, les mesures susceptibles d’aider à résoudre les problèmes régionaux de conversion.
En juin 1968, Pierre Billecocq, fort de son expérience des relais d’acteurs sociaux et de dirigeants économiques de la région, est élu député lors de la grande vague gaulliste mettant fin au mouvement de mai. C’est Jean Mattéoli, secrétaire du conseil d’administration des Houillères du bassin du Nord et du Pas-de-Calais qui lui succède au poste de commissaire à la conversion industrielle.
Investi par l'Union pour la défense de la République (UDR), il est candidat dans la 2e circonscription (Lille sud et sud-ouest), où le sortant, Henri Duterne (Union pour la nouvelle République), ne se représente pas. Il y affronte la socialiste Rachel Lempereur, candidate de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS), adjointe au maire de Lille, élue du conseil général du Nord et ancienne députée de la IVe République (1946 1958). Pierre Billecocq, qui se présente comme un homme neuf dans ses documents électoraux, devance cette dernière de plus de 10 000 voix le 23 juin 1968, manquant de peu (434 suffrages) une élection dès le premier tour. Le dimanche suivant, il totalise 22 544 des 39 007 suffrages exprimés (57,8 %), recueillant les quelques 3 000 voix qui s'étaient portées sur les deux candidats de droite, Hippolyte de Buck (Centre national des indépendants et paysans) et Joël Hebrard (Technique et démocratie) au premier tour, contre 16 463 (42,2 %) à Rachel Lempereur, qui bénéficie du retrait des candidats du PCF (Henriette Defrance) et du Parti socialiste unifié (Valère Sniecinski).
À l'Assemblée nationale, le député du Nord rejoint le groupe de l'Union des démocrates pour la République. Au nom de la Commission des finances, de l'économie générale et du plan, dont il est membre, Pierre Billecocq est rapporteur spécial du budget des services du Premier ministre pour 1969 (8 novembre 1968) et intervient également lors des débats des projets de loi de finances rectificatives pour 1968 et 1969 (le 19 juillet et 24 octobre 1968). C’est tout naturellement qu’il vote pour le projet de loi d’orientation de l’enseignement supérieur (10 octobre 1968) et le projet de loi relatif à l’exercice du droit syndical dans les entreprises (4 décembre 1968).
Le 22 juin 1969, l'élu gaulliste du Nord est nommé Secrétaire d'État auprès du ministre de l'Éducation nationale Olivier Guichard, dont il est proche, dans le cabinet Jacques Chaban-Delmas, abandonnant son siège de député à son suppléant, Hubert Rochet. Il retrouve l’hémicycle pour répondre aux questions au gouvernement (une douzaine) qui le concernent lui ou les ministres qu’il supplée. Il intervient ainsi à plusieurs reprises, notamment sur le budget de l'Éducation nationale (13 novembre 1969, 14 novembre 1970 et 9 novembre 1971). Il prend aussi part aux discussions sur la déclaration du gouvernement sur les problèmes de l'enseignement (15 avril 1970), sur la proposition de loi relative à la création et au fonctionnement des organismes privés (15 avril et 28 juin 1971), sur le projet de loi modifiant la loi du 31 décembre 1959 sur les rapports entre l'État et les établissements d'enseignement privés (27 avril 1971).
Il présente avec Olivier Guichard, ministre de l’Education nationale, le projet de loi d'orientation sur l'enseignement technologique et professionnel (loi du 16 juillet 1971), qui a pour objectif de remédier à la coupure entre l’enseignement, jugé plus noble, de transmission d’un savoir théorique tendant à préparer les élèves à l’assimilation des connaissances professionnelles et, d’autre part, l’enseignement professionnel destiné à préparer les jeunes directement à l’entrée dans la vie active. Le projet de loi affirme que l’apprentissage constitue une formation professionnelle à part entière conduisant aux mêmes diplômes que celle assurée par les établissements d’enseignement. Pierre Billecocq déclare le 7 juin 1971 à l’Assemblée, que « le besoin est double : il est celui de nombreux jeunes qui, après avoir satisfait à l’obligation scolaire, souhaitent trouver sans attendre une activité professionnelle, sortir des circuits traditionnels, et qu’il ne faut pas pour autant priver d’une formation, c'est-à-dire de l’accès à la qualification et à la promotion. Et puis il y a les besoins de nombreuses branches professionnelles, et notamment dans le secteur des métiers, qui s’accommodent mal d’une formation qui n’intègre pas d’emblée le jeune à la réalité du travail. » Il intervient aussi dans la discussion sur le projet de loi relatif à l'apprentissage, et celle sur le projet de loi concernant la participation des employeurs au financement des premières formations technologiques et professionnelles, et sur celui complétant les dispositions relatives à la formation professionnelle permanente (7, 8, 24 et 30 juin 1971). L’ensemble de ces textes vise à réformer l’éducation permanente.
Du 6 juillet 1972 au 28 mars 1973, Pierre Billecocq est membre du premier gouvernement de Pierre Messmer, en qualité de secrétaire d'État chargé de la Coopération auprès du ministre des Affaires étrangères, Maurice Schumann, élu de la vallée de la Lys. C'est en cette qualité qu'il intervient dans la discussion du budget des Affaires étrangères pour 1973 (16 novembre 1972) et qu’il présente le projet de loi autorisant l'approbation de l'accord culturel et de coopération scientifique entre la France et le Pérou (20 décembre 1972).
Parallèlement à ses fonctions gouvernementales, Pierre Billecocq s'implante dans le département Nord. Il est élu conseiller général du canton de Lille-nord-est en 1970, année où il devient membre du bureau exécutif départemental de l'UDR. Il nourrit un temps l’ambition d’une candidature à la mairie de Lille. Mais c’est François-Xavier Ortoli, ministre du Développement industriel et scientifique et élu en 1968 dans la 1ère circonscription du Nord (Lille-centre et Lille-ouest) qui lui est préféré par Georges Pompidou, président de la République. Il est finalement élu en mars 1971 maire de La Madeleine, commune limitrophe de Lille et incluse dans la communauté urbaine. Il est à nouveau candidat aux élections législatives des 4 et 11 mars 1973, mais dans la 3e circonscription du Nord (Lille-nord et nord-est). Sa profession de foi ne fait aucune mention de ses fonctions gouvernementales ; il y affirme sa volonté de « poursuivre à l'Assemblée nationale l’œuvre à laquelle [il s'est] donné avec enthousiasme depuis cinq ans. » C'est Hubert Rochet, son ancien suppléant et député sortant, qui est investi dans la 2e circonscription, mais celui-ci perd son siège face à Pierre Mauroy (PS). En revanche, Pierre Billecocq sort victorieux de son duel contre Gérard Thieffry (PS). Au premier tour, avec 12 019 des 36 210 suffrages exprimés (33,2 %), le candidat gaulliste devance largement ses huit adversaires, dont le centriste Claude Vouters (5 367 voix), le communiste Alain Bocquet (6 383 voix) et le socialiste Gérard Thieffry (6 851 voix). C'est ce dernier que Pierre Billecocq affronte au second tour et bat avec 19 749 voix (54,7 %) contre 16 369 à Gérard Thieffry.
Un mois plus tard, il abandonne encore son siège de député pour retrouver le gouvernement, comme Secrétaire d'État auprès du ministre des Transports, et reste en poste jusqu'au 27 février 1974. En cette qualité il est membre de la délégation française le 17 novembre 1973, à Londres, lors de la signature du projet de construction et d’exploitation d’un tunnel ferroviaire sous la Manche par le président de la République Georges Pompidou et par le Premier ministre britannique Edward Heath et il inaugure les travaux débutant des deux côtés du détroit. « Les privilégiés qui [s'y] trouvaient présents [...] ont perçu comme moi-même, m’a-t-il semblé, qu’ils assistaient au début d’une période nouvelle de l’histoire de deux vieux peuples et que le visage de l’Europe allait s’en trouver changé », écrit-il dans le Monde diplomatique de février 1974, considérant que le tunnel ne manquera pas de créer un lien fixe et permanent entre la France et la Grande-Bretagne. Il intervient dans l'hémicycle pour répondre à trois questions d'actualité (16 mai, 8 et 22 juin 1973), prendre part au débat sur le projet de loi autorisant certaines communes et établissements publics à instituer un versement destiné aux transports en commun (21 et 30 juin 1973), à la discussion du budget des transports pour 1974 (30 octobre 1973) et de la proposition de loi tendant à réglementer la location du droit de pêche dans certains étangs salés privés du littoral (20 décembre 1973). Il ne figure pas dans le troisième gouvernement de Pierre Messmer et quitte la vie politique active même si, en 1981, par fidélité, il soutient la candidature de Michel Debré à l’élection présidentielle.
Il retourne dans le secteur privé et devient conseiller d'André Terren, président directeur-général du groupe Drouot. En 1976, Pierre Billecocq entre dans le groupe Empain-Schneider comme PDG de la société Spie-Capag (Société parisienne pour l'industrie électrique), poste qu'il occupe jusqu'en 1985. De 1979 à 1983, il assure la même fonction au sein de la société Speichim (société pour l'équipement des industries chimiques). En 1979, il préside également à la création du groupe d'études européen pour la construction d'un tunnel sous la Manche. Membre du conseil exécutif du Conseil national du patronat français (CNPF) de 1976 à 1980, il termine sa carrière comme conseiller à la présidence du groupe Empain-Schneider, où il avait été nommé en 1980.
Pierre Billecocq décède le 15 août 1987 à Suresnes à l'âge de 66 ans, mais l'annonce de sa mort n'a été rendue publique que le 2 septembre. Il a été inhumé dans l'intimité familiale à Saint-Jean-le-Vieux (Ain). Il était décoré de la médaille militaire, de la croix de guerre 39-45 et de la Bronze Star Medal.
Le parcours politique de Pierre Billecocq s'inscrit dans le contexte de la « République des énarques », qui prend la relève de la « République des avocats ». Si d'anciens élèves de l'ENA ont réussi à s'installer durablement sur le devant de la scène politique (Valéry Giscard d'Estaing, Michel Rocard, Alain Peyreffite, Jean Charbonnel, Pierre Joxe, Michel Poniatowski), Pierre Billecocq l'a assez vite désertée. La réussite de son « parachutage » dans le Nord-Pas-Calais – où l'engagement électoral et parlementaire de deux autres technocrates néo-gaullistes tourne court (Hubert Dupont-Fauville à Béthune et François-Xavier Ortoli qui échoue en 1971 à l’élection municipale de Lille face au maire sortant, Augustin Laurent) – apparaît donc limitée. Son retrait laisse cependant le champ libre à Claude Dhinnin, son suppléant en 1973, qui hérite de son siège à l'Assemblée nationale et le conserve, sous la bannière du RPR, jusqu'en 1997, et qui lui succède à la mairie de La Madeleine, commune où il est réélu jusqu'en 2008.
Une place de La Madeleine porte le nom de Pierre Billecocq.