Jean, Edmond Laroche-Joubert
1820 - 1884
Député de 1868 à 1870 et de 1876 à 1884; né à la Couronne (Charente) le 12 janvier 1820, mort à Angoulême (Charente) le 23 juillet 1884, fils d'un fabricant de papier chargé d'une nombreuse famille, allié aux Barrot, il fut associé, dès l'âge de vingt ans, à l'industrie de son père, et contribua personnellement à accroître l'importance de sa maison, dans laquelle il mit en pratique, en faveur des ouvriers, le système de la participation aux bénéfices.
Juge au tribunal de commerce d'Angoulême, conseiller municipal de cette ville, directeur de la caisse d'épargne, administrateur du bureau de bienfaisance, conseiller d'arrondissement, conseiller général de la Charente. etc., etc., il se présenta, le 22 novembre 1868, avec l'appui du gouvernement impérial, pour remplacer au Corps législatif M. Gellibert des Séguins, décédé, et fut élu député par 17,876 voix (31,746 votants, 41,167 inscrits), contre 13,705 voix à M. Mathieu Bodet, ancien représentant.
M. Laroche-Joubert prit place au centre, dans cette fraction de la majorité qui forma le « tiers-parti libéral », signa la demande d'interpellation des 116, proposa un impôt unique sur le capital acquis, parla sur les grèves, et se fit surtout connaître comme un des rares commerçants d'alors partisans résolus du libre-échange.
Il obtint sa réélection, le 24 mai 1869, par 21,639 voix (27,789 votants, 42,713 inscrits), fit campagne en faveur du plébiscite, et vota pour la déclaration de guerre à la Prusse.
Le 4 septembre 1870 le rendit à la vie privée. Pendant la guerre il s'occupa de la fabrication des cartouches, et, « résigné un instant à la République, » il échoua, le 2 juillet 1871, comme candidat à l'Assemblée nationale, dans la Charente, avec 6.404 voix, contre 35,358 à l'élu, M. André, et 18,120 à M. Marrot. Il revint alors aux idées bonapartistes, et ce fut comme partisan du régime impérial qu'il se fit élire, le 5 mars 1876, au second tour de scrutin, député de la 1re circonscription d'Angoulême, par 9,221 voix (13,392 votants, 19,348 inscrits), contre 4,010 à M. Broquisse, républicain.
Il siégea à droite dans le groupe de l'Appel au peuple, avec lequel il vota constamment, et ne se fit pas moins remarquer par la fréquence de ses interruptions que par le caractère particulier des nombreux projets de loi qu'il déposa. Chacun de ces projets était présenté par son auteur dans l'intérêt du « plus grand nombre » : c'était sa formule immuable ; ils avaient pour objet de transformer notre système d'impôts, de modifier les lois sur l'enseignement, de favoriser la coopération, etc. Le plus original consistait à réclamer l'organisation de l'enseignement de la gymnastique dans les prisons : il fut jugé trop favorable à l'escalade des murs par le « plus grand nombre » des voleurs et écarté .
Partisan du gouvernement du 16 mai, M. Laroche-Joubert vota contre les 363, et fut réélu avec l'appui officiel, le 14 octobre 1877, par 9,190 voix (15,292 votants, 20,077 inscrits), contre 5,954 à M. Guimberteau, républicain. Il reprit alors sa place dans le groupe bonapartiste, poursuivit le cours de ses interruptions, et vota :
- contre la nomination d'une commission d'enquête parlementaire,
- pour le cabinet Rochebouët,
- contre les invalidations des députés de la droite,
- contre le cabinet Dufaure,
- contre les divers ministères qui lui succédèrent.
Réélu, le 21 août 1881, par 8,394 voix (15,026 votants, 20,522 inscrits), contre 6,443 à M. Guimberteau, il suivit la même ligne politique que précédemment, combattit les ministères de gauche, et mourut en juillet 1884. Il fut remplacé le 14 septembre suivant par son fils, M. Edgar Laroche-Joubert. Chevalier de la Légion d'honneur (1870).