Jean-Baptiste Chavoix
1805 - 1881
Représentant du peuple aux Assemblées constituante et législative de 1848-1849, puis député de 1878 à 1881, né à Excideuil (Dordogne), le 26 août 1805, mort à Excideuil, le 16 septembre 1881, il se fit recevoir en 1827, docteur en médecine et vint exercer sa profession à Excideuil.
Le docteur Chavoix fit, dans les rangs du parti démocratique, une opposition assez vive à la Restauration et au gouvernement de Louis-Philippe, et, devenu, après 1830, conseiller municipal et maire de sa ville natale, il prit part à toutes les luttes des radicaux réformistes dans la Dordogne. Il se fit nommer, en 1836, conseiller d'arrondissement de Périgueux, et, en 1839, conseiller général : il remplaça dans ce dernier poste le maréchal Bugeaud, que l'administration avait soutenu de tout son pouvoir.
Il tenta aussi de supplanter le même concurrent à la Chambre des députés mais il échoua dans le 2e collège de la Dordogne, avec 141 voix; le maréchal Bugeaud l'emporta par 168 suffrages. Destitué des fonctions de maire d'Excideuil en 1846, il fut réintégré par la République de février 1848 et nommé, en outre, commissaire du Gouvernement provisoire dans la Dordogne. Puis, le 23 avril 1848, il obtint de ce département aux élections de la Constituante, 34,343 voix (110,594 votants, 140,087 inscrits) et fut élu représentant du peuple, le 13e et dernier de la liste républicaine.
Il fit partie de la gauche et fut secrétaire du comité de l'intérieur. Il vota :
- 26 août 1848, contre les poursuites contre Louis Blanc et Caussidière;
- 1er septembre, pour le rétablissement de la contrainte par corps;
- 18 septembre, pour l'abolition de la peine de mort;
- 7 octobre, pour l'amendement Grévy;
- 21 octobre, contre l'abolition du remplacement militaire;
- 27 décembre, pour la suppression de l'impôt du sel;
- 12 janvier 1849, contre la proposition Rateau;
- 21 mars, contre l'interdiction des clubs;
- 16 avril, contre les crédits de l'expédition de Rome;
- 2 mai, pour l'amnistie des transportés;
- 11 mai, pour la mise en accusation du président et de ses ministres;
- 18 mai, pour l'abolition de l'impôt des boissons.
A l'Assemblée législative, où il fut réélu le 13 mai 1849, par la Dordogne, le 1er sur 10, avec 62,184 voix (105,677 votants, 145,779 inscrits), M. Chavoix continua de combattre ardemment la politique de l'Elysée. Il opina presque toujours avec la Montagne, notamment:
- contre l'expédition de Rome,
- contre les poursuites exercées contre plusieurs représentants de la gauche à l'occasion du 13 juin,
- contre la loi du 31 mai 1850,
- et contre la loi Falloux-Parieu sur l'enseignement.
Il eut, pendant la législature, avec un de ses collègues, M. Dupont (de la Dordogne), un duel au pistolet, qui se termina par la mort de son adversaire. Traduit devant la justice sous l'inculpation de meurtre volontaire, il fut acquitté, mais il dut payer à la famille de la victime des dommages considérables.
M. Chavoix protesta contre le coup d'Etat de 1851, et, compris dans le décret d'expulsion, se retira en Espagne. Il refusa sa grâce que le gouvernement lui avait accordée en 1852, et ne rentra en France qu'après l'amnistie de 1859. Il recommença la lutte contre l'Empire, et posa, aux élections de 1869 pour le Corps législatif, sa candidature d'opposition dans la 1re circonscription de la Dordogne : il réunit 10,866 suffrages contre le candidat officiel, M. Paul Dupont qui fut élu avec 22,339 voix.
Après le 4 Septembre, il figura encore sur la liste républicaine de la Dordogne, lors des élections de l'Assemblée nationale, le 8 février 1871; mais il n'obtint que 20,621 voix (le dernier élu de la liste mixte qui l'emporta, M. Fourichon, passa avec 73,293 voix.) M. Chavoix ne rentra au parlement qu'après la période du Seize-Mai. Le 14 octobre 1877, il avait été le candidat des républicains dans la 2e circonscription de Périgueux; mais M. Raynaud, député conservateur sortant, avait été proclamé élu avec 6,380 voix contre 6,337. L'élection de M. Raynaud fut invalidée par la majorité, et le nouveau scrutin du 27 janvier 1878 donna au docteur Chavoix 6,486 voix (12,640 votants, 15,620 inscrits), contre 6,114 à M. Alfred Magne, bonapartiste. Définitivement élu, il prit place à la gauche modérée, et vota :
- pour le ministère Dufaure;
- pour l'élection de M. Grévy à la présidence de la République;
- pour l'amnistie partielle;
- pour l'invalidation de l'élection de Blanqui;
- pour l'article 7 et l'application des décrets pour les lois nouvelles sur la presse et le droit de réunion.
M. Chavoix venait d'être réélu, dans la même circonscription, le 21 août 1881, par 7,917 voix (10,388 votants, 16,093 inscrits). contre 247 à M. de Lestrade, et 106 à M. Laroche quand il mourut à Excideuil, avant l'ouverture de la Chambre nouvelle. Par suite du décès de M. Desseaux et de la non-réélection de M. Sénard, le doyen d'âge de l'Assemblée eût été précisément M. Chavoix. Sa mort conféra ce privilège à M. Bel, député de la Savoie, né comme son collègue en 1805; mais M. Bel était absent le jour de la séance de rentrée, et cette séance fut présidée par M. Pierre Blanc, également député de la Savoie, né en 1806.