Eugène Janvier de la Motte
1823 - 1884
- Informations générales
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- Né le 27 mars 1823 à Angers (Maine-et-Loire - France)
- Décédé le 26 février 1884 à Paris (Seine - France)
1823 - 1884
Député de 1876 à 1884, né à Angers (Maine-et-Loire) le 27 mars 1823, mort à Paris le 26 février 1884, fils d'Elie Janvier de La Motte qui avait été député au Corps législatif, il étudia le droit et entra dès 1850 dans l'administration comme sous-préfet de Saint-Etienne, alors chef-lieu d'arrondissement.
Promu préfet de la Lozère en 1853 il passa en 1856 à la préfecture de l'Eure, où il acquit, par ses procédés administratifs, une célébrité presque légendaire. D'une rondeur familière qui n'avait d'égale que son excessive prodigalité, il exerça sur une grand partie de la population une influence d'autant plus considérable qu'il paraissait moins s'en soucier. Les pompiers de l'Eure lui durent leur organisation en même temps que cette révélation, au cours d'un banquet : « L'empereur est le père des pompiers, de tous les pompiers ! » Il les réunit aussi dans de fréquentes agapes où furent toujours bruyamment portées les santés impériales et préfectorales et où son esprit d'à-propos, sa mémoire des noms le servaient admirablement. Signalé par son zèle en matière électorale, il distribuait les subventions sans compter, donnait des fêtes, faisait largesse des ressources du département : en 1867, on constatait à la préfecture de l'Eure un passif de 700 000 francs, créé en moins de sept ans. En dépit de sa popularité, cette liquidation ne laissa pas que de compromettre assez gravement sa situation. Ce ne fut pourtant que l'année suivante, à la suite d'une altercation dans une maison tierce avec un avoué, membre du conseil général, M. Alaboisette, altercation qu'il termina par un soufflet, que le préfet de l'Eure fut mis en disponibilité, après avoir été condamné à 3 000 francs d'amende envers l'insulté.
Elu (1868) conseiller général de l'Eure, il annonça, en 1869, l'intention de poser, dans son département, sa candidature au Corps législatif; le gouvernement en prit ombrage, et M. Forcade de la Roquette, alors ministre de l'Intérieur, lui fit offrir la préfecture du Gard, qu'il accepta. Quelques mois après, il l'échangea contre celle du Morbihan. Le ministère du 2 janvier 1870 l'ayant remis en disponibilité (1er février), il revint à Paris et fut, avec son ami le duc d'Albuféra, un des membres les plus actifs du comité plébiscitaire de la capitale.
Pendant la guerre, M. Janvier de la Motte se retira en Suisse. Cependant le nouveau gouvernement s'occupait assez activement de sa personne et de ses actes comme administrateur du département de l'Eure, et M. Thiers fit bientôt lancer contre lui un mandat d'arrêt, sous l'inculpation de faux en écritures publiques, de détournement de fonds et de concussion. Arrêté à Genève en 1871, il fut extradé et conduit par les autorités françaises à la prison de Rouen ; le 1er janvier 1872, il comparut devant la cour d'assises de la Seine-Inférieure. Le témoignage de M. Pouyer-Quertier, alors ministre des Finances, cité comme témoin à décharge, et qui déclara légitime le système des « virements de fonds », fit acquitter l'accusé ; mais les théories de M. Pouyer-Quertier provoquèrent à l'Assemblée nationale et au conseil général de l'Eure de telles protestations que le ministre des Finances dut résigner son portefeuille. La Cour des comptes, juge en dernier ressort des actes de comptabilité des agents du gouvernement, condamna, par arrêt des 18 et 20 février 1873, M. Janvier de la Motte à restituer à l'Etat la somme de 110 832 francs dont il n'avait pu justifier l'emploi.
En 1874, M. Janvier fonda à Angers un journal bonapartiste ; puis, ayant repris dans l'Eure la direction de son parti resté fidèle, il se présenta, sous les auspices du « Comité national conservateur », aux élections législatives du 20 février 1876 : il fut élu député de l'arrondissement de Bernay, par 9,939 voix (15,994 votants, 20,081 inscrits). Dans sa profession de foi, il rappelait les bienfaits de son administration, et déclarait se rallier au septennat, tout en réservant ses préférences impérialistes. Il siégea au groupe de l'Appel au peuple, vota avec la droite de la Chambre, et, après l'acte du 16 mai 1877, s'abstint lors du vote de défiance infligé au cabinet de Broglie.
Il se représenta, le 14 octobre, dans la même circonscription et fut réélu par 9,773 voix (15,973 votants, 19,927 inscrits), contre 5,171 à M. Loisel et 767 à M. Simon. En même temps il avait soutenu, mais avec moins de succès, dans la 2e circonscription d'Evreux, la candidature de son second fils, M. Ambroise Janvier de la Motte, qui échoua avec 4,039 voix. Il suivit la même ligne politique que précédemment, opina, avec les conservateurs impérialistes, contre le ministère Dufaure, contre les divers cabinets de gauche qui se succédèrent au pouvoir, contre l'amnistie, etc.
Il fut réélu, le 21 août 1881, par 10,240 voix (15,433 votants sur 19,160 inscrits), contre 5,035 à M. Albert Parisot, interpella le gouvernement (11 avril 1886) sur ses intentions en Tunisie, se prononça contre les actes des ministères Gambetta et Ferry, et continua de défrayer la chronique parlementaire par l'imprévu et l'insouciance de ses allures. Il mourut au cours de la session. Membre du conseil général de l'Eure, il était, depuis le 26 décembre 1862, officier de la Légion d'honneur.