Pierre, Armand, Gaston Billotte

1906 - 1992

Informations générales
  • Né le 8 mars 1906 à Paris (Seine - France)
  • Décédé le 29 juin 1992 à Boulogne-billancourt (Hauts-de-Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Côte-d'Or
Groupe
Rassemblement du peuple français - ARS
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 25 novembre 1962 au 8 février 1966
Département
Paris
Groupe
Union pour la nouvelle République-UDT
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 12 mars 1967 au 7 mai 1967
Département
Val-de-Marne
Groupe
Union démocratique pour la V° République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 23 juin 1968 au 1er avril 1973
Département
Val-de-Marne
Groupe
Union des démocrates pour la République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ve législature
Mandat
Du 2 avril 1973 au 2 avril 1978
Département
Val-de-Marne
Groupe
Union des démocrates pour la République

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)



Né le 8 mars 1906 à Paris

Décédé le 29 juin 1992 à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine)

Député de la Côte-d'Or de 1951 à 1955 Ministre de la Défense nationale et des forces armées du 6 octobre 1955 au 1e février 1956

Pierre Billotte, issu d'une famille d'origine bourguignonne, est le fils du général Georges Billotte tué dans un accident de voiture en 1940 alors qu'il commandait le premier groupe d'armées. Après des études secondaires au lycée de Bayonne et au collège Stanislas, il entre à Saint-Cyr en 1926. Successivement, sous-lieutenant, puis lieutenant, il complète sa formation à l'Ecole supérieure de Guerre et est breveté d'Etat-major en 1933. Promu capitaine en 1935, Pierre Billotte sert dans un régiment de chars lors de la guerre 1939-1940. Grièvement blessé pendant la campagne de France, il est fait prisonnier le 12 juin 1940 et interné dans un oflag de Poméranie. Pendant l'hiver 1940-1941, il parvient à s'évader en direction de l'U.R.S.S. où il est interné dans le camp de Mitchourine avec deux cents Français. Après l'attaque allemande contre l'U.R.S.S., il demande en vain de combattre dans l'armée soviétique. Il devient alors le représentant de la France libre à Moscou. Au bout de plusieurs mois, Pierre Billotte est échangé avec d'autres Français contre des citoyens soviétiques rapatriés du Groenland et s'embarque à Arkhangelsk sur un bateau britannique qui lui permet de gagner Londres et de rejoindre le général de Gaulle. Celui-ci lui confie alors la direction de son cabinet militaire (1941-1942), puis les fonctions de secrétaire du comité de défense nationale (1942-1944). Promu général de brigade en 1944, Pierre Billotte reprend du service actif et commande en août 1944 la brigade blindée de la division Leclerc qui entre la première à Paris. Sa brillante carrière militaire se poursuit après la Libération. Pierre Billotte commande la 10e division d'infanterie à partir du 27 septembre 1944. A la tête des troupes du front centre de la Première armée française, il participe à la bataille de Colmar puis est nommé gouverneur de la Rhénanie. Le 3 décembre 1945, il devient chef d'Etat-major adjoint de la défense nationale. A l'issue de la guerre, il est titulaire de nombreuses distinctions françaises et étrangères : Compagnon de la Libération, Médaille de la Résistance, Croix de guerre 1939-1945, Médaille des évadés, etc.

Le gouvernement le nomme en 1946 chef de la délégation française auprès du comité d'Etat-major des Nations Unies puis mandataire du Président du Conseil pour les premières négociations du Pacte atlantique. Mais au début de 1950, en raison de son désaccord avec la politique du Gouvernement, il résigne ses fonctions et rentre à Paris. Le Président de la République, Vincent Auriol, au cours d'une audience privée, cherche à le dissuader de démissionner. A défaut de démission, le général Billotte demande sa mise à la retraite pour protester contre la politique qui suit le pouvoir en matière de défense nationale. Il s'engage alors dans la politique active en adhérant au R.P.F., en juillet 1950, et entre au comité de direction de ce mouvement.

Celui-ci lui fait conduire la liste R.P.F. en Côte-d'Or aux élections du 17 juin 1951. Le général Billotte recueille 30 776 voix sur son nom (18,3 %), contre 40 951 à la liste des indépendants paysans, 32 472 à la liste se, 27 111 à la liste de concentration républicaine du chanoine Kir et 25 830 à la liste communiste. Il est donc le seul élu de sa liste comme les autres têtes de listes concurrentes, le système des apparentements n'ayant pas été appliqué, c'est en effet la représentation proportionnelle qui prévaut.

Dans la nouvelle Assemblée, le général Billotte fait partie de la Commission des affaires étrangères et, à partir de 1954, de la Commission des boissons. Dans la première, il est désigné pour être membre suppléant de la Commission de coordination pour l'examen des problèmes intéressant les Etats associés d'Indochine (1954-1955) et membre de la Commission de coordination de l'énergie atomique et des recherches nucléaires (10 mars 1955).


L'essentiel de l'activité parlementaire du général Billotte pendant la législature est consacré aux problèmes de défense nationale. Auteur de plusieurs rapports sur la ratification des traités de l'Atlantique nord ou leur modification, sur la ratification du traité de Paris relatif à l'entrée de la République fédérale d'Allemagne dans l'OTAN, dès décembre 1951, il s'oppose à la CED et signe une proposition de résolution prévoyant une confédération politique et militaire de l'Europe.

De même ses interventions en séance sont centrées sur la défense de la France, de l'Occident ou des Etats de l'Union française. Parmi ses plus importants discours, on peut notamment citer celui du 24 janvier 1952 à propos de la discussion du projet de loi relatif à l'adhésion de la Grèce et de la Turquie au traité de l'Atlantique nord. Tout en se félicitant du renforcement de l'Alliance dans ce théâtre d'opération stratégique qu'est la Méditerranée, il regrette que la solution d'un pacte régionale méditerranéen n'ait pas été fermement défendue par le gouvernement français. Sur le plan de l'efficacité internationale comme de l'intérêt national celle-ci aurait été, selon lui, bien supérieure. Il souhaite enfin qu'une négociation sur l'entrée de la Tunisie et du Maroc s'ouvre rapidement.

De 1952 à 1954, ses interventions sont dominées par son combat contre le projet d'armée européenne. Le 12 février 1952 par exemple, il conteste longuement le raisonnement stratégique et politique qui est à la base de ce projet et qui permettrait, selon lui, à l'Allemagne de reconstituer son ancienne puissance et ferait perdre à la France son indépendance. A ce projet, il oppose un contre-projet d'Europe confédérale, l'existence d'un pouvoir politique étant un préalable indispensable à toute union militaire et une précaution contre une sécession possible ou un retournement d'alliance de l'Allemagne.

Cependant, le 6 mars 1952, il est l'un des 27 députés R.P.F. qui votent l'investiture d'Antoine Pinay. Ce ralliement contraire aux positions de son parti entraîne, au mois de juillet, une scission et Pierre Billiotte devient l'un des dirigeants de l'Alliance des républicains sociaux (A.R.S.), nouvellement créée. Ce vote ne l'empêche pas de rester vigilant sur les questions de politique étrangère. Ainsi le 28 mars 1952, lors de la discussion du projet de loi portant ratification du traité de paix avec le Japon, il justifie l'abstention des gaullistes par l'effacement de la France dans les négociations et l'absence de garanties offerte à l'Indochine. De même, la discussion du projet de loi relatif au développement des crédits de la défense nationale lui fournit l'occasion de contester à nouveau la création de l'armée européenne (12 juin 1952). Le 20 novembre 1953, Pierre Billotte développe de nouveau sa conception d'une Europe confédérale garantissant à la fois les intérêts de l'Europe et ceux de la France. Il dénonce les projets de souveraineté supra-nationale qui enlèveraient à la France son rang de grande puissance et souligne la nécessité de l'adaptation de l'économie française à ce nouveau cadre économique. L'année 1954, fertile en événements internationaux, lui offre la matière de nombreuses prises de parole. Le 17 mars, après avoir rendu hommage aux troupes qui combattent à Dien Bien Phu, il dénonce la situation matérielle médiocre faite aux officiers et les difficultés, de ce fait, à élever la qualité du recrutement des cadres. Il propose des mesures propres à lutter contre cette évolution fut-ce au prix du bouleversement des règles établies d'avancement des officiers. Le 6 mai 1954, il est chargé d'expliquer par son groupe, l'A.R.S., alors que la bataille de Dien Bien Phu fait rage, pourquoi il refuse la confiance au gouvernement Bidault : « Je ne suis pas le seul ici à penser que nous trahirions nos glorieux combattants et les chances françaises si nous laissions plus longtemps l'irrésolution et la faiblesse demeurer au gouvernement de la France et à sa délégation à Genève ». Toutefois, s'il refuse de soutenir le gouvernement Mendès-France et vote la question préalable qui enterre le projet de C.E.D., il annonce, le 12 octobre 1954, qu'il votera la question de confiance posée par le gouvernement à propos des accords de Londres afin d'établir sur le plan international un front uni au dessus des querelles partisanes : « Si la France vote contre la confiance, c'est contre les accords de Londres qu'elle vote et la France trahit alors sa mission et l'Occident ».

Ses fonctions de rapporteur à la Commission des affaires étrangères sur les projets de loi portant ratification des accords de Paris donnent au général Billotte l'occasion de développer ses vues après la fin de la guerre froide. Selon lui, la situation économique et stratégique de l'Europe plaide pour une unité économique et militaire. Il résume ensuite le contenu des accords : statut politique accordé à l'Allemagne fédérale mais sans retour à une complète souveraineté, adaptation du traité de Bruxelles par l'inclusion de l'Allemagne et de l'Italie dans l'Union de l'Europe occidentale. Le général Billotte y voit l'annonce d'une nouvelle forme d'organisation de l'Europe garantissant la France contre « un accroissement immodéré de la puissance militaire allemande ». En conclusion, il tente de convaincre ceux qui refusent ces accords par patriotisme ou pacifisme et rappelle que ce serait aller contre ces objectifs même en favorisant la politique soviétique et en laissant l'Allemagne céder à la tentation d'une orientation vers l'Est.

Les compétences que le général Billotte a acquises lors de ses travaux de commissaire et son ralliement à la politique officielle de défense nationale lui valent de figurer, comme ministre de la défense nationale, dans le cabinet Edgar Faure remanié du 6 octobre 1955. Mais le refus de la confiance par l'Assemblée, le 29 novembre 1955, et la décision prise par le Président du Conseil de dissoudre celle-ci ne lui font exercer ces fonctions que peu de temps.

Pierre Billotte est de nouveau à la tête de la liste d'Union des indépendants d'action démocratique et paysanne lors des législatives du 2 janvier 1956. Mais il recueille que 17 746 voix et perd son siège. Il cesse d'expédier les affaires courantes comme ministre lors de la formation du gouvernement Guy Mollet, le 1" février 1956. Pierre Billotte ne retournera à l'Assemblée nationale que sous la Ve République, en 1962.

Marié avec Sibyl Esmond, d'origine anglaise, et père de deux enfants, le générale Billotte a publié pendant cette période de nombreux ouvrages : dès 1941, il affirme « La fatalité de la défaite allemande », il défend ses thèses de politique étrangère en 1950, dans « Le temps du choix », en 1954 dans « L'Europe est née » ou dans « Stratégie mondiale » en 1957. Il fait partie aussi de nombreuses associations comme l'Association France-Occident (qu'il présidera à partir de 1956), le Mouvement pour l'Union atlantique (dont il sera également président à partir de 1951), l'Union pour le salut et le renouveau de l'Algérie française, etc.