Pierre, Paul Devès
1837 - 1899
Député de 1876 à 1885, ministre et sénateur, né à Aurillac (Cantal) le 3 novembre 1837, se fit inscrire au barreau de Béziers, et devint conseiller général de l'Hérault pour le canton de Servian.
Le gouvernement de la Défense nationale le nomma procureur de la République à Béziers (20 septembre 1870); il ne conserva ce poste que jusqu'au 7 février 1871, et fut appelé, le lendemain, aux fonctions de maire de Béziers.
Le 20 février 1876, les électeurs de la 2e circonscription de Béziers l'envoyèrent à la Chambre avec 11,325 voix sur 19,488 votants et 24,642 inscrits, contre 4,988 voix à M. de Sarrey, conservateur, et 3,133 à M. Armely, bonapartiste. Il siégea à la gauche républicaine, dont il devint plus tard président, combattit le ministère de Broglie, et fut des 363.
Réélu, après la dissolution de la Chambre, le 14 octobre 1877, par 11,347 voix sur 21,056 votants et 25,684 inscrits, contre 9,552 voix au marquis de Las Cases, il fit constamment partie de la commission du budget jusqu'en 1881, soutint les ministères opportunistes, vota contre la proposition Raspail sur l'amnistie plénière, et pour la proposition Gatineau; lors de la discussion de la proposition Loustalot sur une augmentation du nombre des conseillers généraux proportionnelle à la population (mai 1880), il défendit le projet plus mesuré du gouvernement ; sur l'interpellation de M. Antonin Proust concernant les affaires de Grèce, il déposa (janvier 1881) un ordre du jour de confiance « dans la politique de paix pratiquée par le gouvernement » (voté à l'unanimité); il parla en faveur du scrutin de liste (juin), et, sur la demande de M. Blancsubé pour appliquer le droit commun à l'organisation municipale de Paris, il déposa un ordre du jour déclarant que « la Chambre était opposée à la création d'une mairie centrale » (voté par 256 voix contre 153).
Aux élections générales du 4 septembre 1881, il fut réélu, au 2e tour, par 10,599 voix sur 11,826 votants et 25,663 inscrits, contre 197 voix à M. de Ricard. Mais il donna presque aussitôt sa démission, pour briguer les suffrages des électeurs de Bagnères-de-Bigorre, qui avaient un député à élire en remplacement de M. Constans après l'option de ce dernier pour la 1re circonscription de Toulouse. Les électeurs de Bagnères-de-Bigorre, convoqués à cet effet le 18 décembre 1881, élurent M. Devès par 13,967 voix sur 15,337 votants et 23,918 inscrits.
Depuis le 14 novembre 1881, il faisait partie du ministère Gambetta comme titulaire du portefeuille de l'Agriculture nouvellement créé ; il tomba avec « le grand ministère » le 26 janvier 1882. Mais le 7 août suivant, il fut nommé ministre de la justice et des cultes dans le cabinet Duclerc. Il intervint, comme ministre, dans la discussion du nouveau serment judiciaire (décembre 1882); défendit le cabinet contre l'accusation d'arrestation arbitraire, à propos de l'affaire du manifeste du prince Jérôme Napoléon (janvier 1883): tenta sans succès (29 janvier) de modifier la loi de 1881 sur la presse, en y introduisant un « délit d'outrage à la République » qui serait déféré au tribunal correctionnel (ajourné).
Il conserva le portefeuille de la justice et des cultes dans le cabinet Fallières (29 janvier 1883), et, ce dernier étant tombé malade, devint président du conseil par intérim. En cette qualité, il intervint à plusieurs reprises à la Chambre et au Sénat, dans la discussion de la proposition de M. Joseph Fabre tendant à interdire l'accès des fonctions publiques, électives ou autres, aux membres des familles ayant régné sur la France ; il montra, dans cette occasion, de sérieuses qualités d'orateur et d'homme politique. Le ministère Fallières étant tombé peu de jours après (20 février), M. Devès le suivit dans sa chute.
Porté, aux élections du 4 octobre 1885, sur la liste républicaine des Hautes-Pyrénées, il échoua avec 21,762 voix: le dernier élu de la liste conservatrice, M. Soucaze, obtint 29,422 suffrages. Il ne fut pas plus heureux aux élections complémentaires de la Seine, le 13 décembre suivant.
Il entra au Sénat quelques mois après, ayant été élu sénateur du Cantal, le 29 août 1886, par 306 voix sur 569 votants, contre 246 voix à M. Albert Baduel, en remplacement de M. Cabanes, décédé. M. Devès a pris place à gauche, et a contribué (février 1887) à l'organisation de « l'association de propagande républicaine » destinée à concentrer les efforts de la fraction modérée de la majorité. Il s'est prononcé en dernier lieu pour le rétablissement au scrutin d'arrondissement (13 février 1889), pour le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse, pour la procédure à suivre devant le Sénat pour juger les attentats contre la sûreté de l'Etat (affaire du général Boulanger).
Date de mise à jour: novembre 2017
Né à Aurillac (Cantal) le 3 novembre 1837, mort à Paris le 12 novembre 1899.
Député de l'Hérault de 1876 à 1881.
Député des Hautes-Pyrénées de 1881 à 1885.
Sénateur du Cantal de 1886 à 1899. (Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. II, p. 379.)
Durant cette période, Devès s'efface peu à peu de la scène politique. Il plaide encore quelques temps au barreau de Paris, mais surtout il s'adonne aux grandes entreprises financières ; on le retrouve notamment administrateur du Crédit Foncier de France et président de la Compagnie des chemins de fer de Bône-Guelma.
Il est cependant réélu sénateur du Cantal le 7 janvier 1894, en compagnie d'Albert Baduel, par 331 voix sur 578 votants.
Il rapporte encore quelques projets qui ressortissent particulièrement à sa compétence, notamment à propos des dispositions du Code civil relatives au divorce, et il intervient dans la discussion de textes concernant le Code d'instruction criminelle ainsi que le débat contradictoire dans l'instruction préalable en matière de crimes et délits.
Sa dernière intervention, en 1899, vise les accidents causés dans les exploitations agricoles par l'emploi de machines mues par des moteurs inanimés.
Devès meurt à Paris (16e) le 12 novembre 1899 à 62 ans. Le surlendemain, Armand Fallières, président du Sénat, rend hommage à la mémoire de celui « que l'on s'était habitué à considérer comme un des chefs les plus autorisés du parti républicain », auquel on reconnaissait « toutes les qualités d'un homme d'action » et qui, enfin. avait « su jeter les bases d'une institution qui, depuis lors, a rendu les plus grands services au pays » : le Ministère de l'Agriculture, Il était le grand père (côté maternel) de M. Paul Bastid, ancien député du Cantal, ancien ministre et membre de l'Académie des Sciences morales et politiques.