François Billoux
1903 - 1978
* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936
Les archives de François Billoux sont conservées aux Archives départementales des Bouches-du-Rhône sous la cote 97 J. Déposé en 1991, ce fonds de 1 mètre linéaire est composé de dossiers relatifs à la vie économique, aux groupes sociaux, à Marseille et aux Bouches-du-Rhône, au parti communiste et à la vie politique, aux débats nationaux et aux élections, mais aussi d’articles, d’allocutions et de notes. Ces documents couvrant la période 1946-1977 et décrits dans un répertoire numérique détaillé sont librement communicables.
De plus amples renseignements sur ce fonds sont disponibles sur le site Internet des Archives départementales des Bouches-du-Rhône.
Né le 21 mai 1903 à Saint-Romain-la-Motte (Loire).
Député des Bouches-du-Rhône de 1936 à 1940
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Bouches-du-Rhône)
Député des Bouches-du-Rhône de 1946 à 1978
Ministre de l'économie nationale du 21 novembre 1945 au 26 janvier 1946
Ministre de la reconstruction et de l'urbanisme du 26 janvier au 16 décembre 1946
Ministre de la défense nationale du 22 janvier au 4 mai 1947
Fils d'un métayer-vigneron, François Billoux fréquente l'école communale de Riorges jusqu'en 1915. Puis, ses parents ayant abandonné leur exploitation, entre à l'Ecole pratique de commerce d'industrie de Roanne qu'il quitte en 1918, titulaire du certificat d'aptitude commerciale.
Employé dans un magasin de fournitures de matériel de textile, il manifeste de très bonne heure une importante activité politique. Membre des "Jeunesses socialistes" dès septembre 1917, il en devient dirigeant local en mai 1920, date à laquelle il adhère au parti socialiste. Il milite au sein de ces deux organismes en vue leur affiliation à l'"Internationale communiste". Dès lors, les responsabilités qui lui seront confiées, s'étendront du plan régional lyonnais au plan national.
Son service militaire accompli, il accède à de nouveaux postes de direction. En juin 1926 il est élu pour la première fois au "Comité Central" du parti communiste, auquel il ne cessera d'appartenir, En 1926-1927, il est secrétaire du "Comité exécutif de l'Internationale des jeunesses communistes" et de 1928 à 1931, secrétaire général de la "Fédération jeunesses communistes de France".
A partir de 1931, toute son activité déroule au sein du Parti communiste de novembre 1931 à décembre 1933, il est chargé de mission en Alsace-Lorraine, puis, à partir de 1934 à Marseille, où il est élu secrétaire régional. Dans cette ville, il participe aux manifestations antifascistes de février 1934, particulièrement dirigées contre le député Sabiani et ses amis.
En janvier 1936, il entre au Bureau politique du parti, et aux élections générales des 26 avril et 3 mai 1936, il est élu député de la troisième circonscription de Marseille, au deuxième tour de scrutin, par 7 286 voix contre 6 323 à son adversaire Simon Sabiani, auquel il succède.
Inscrit au groupe communiste, il entre à la Commission des affaires étrangères, à celle de l'Alsace et Lorraine, et à celle de la marine marchande. Dès le début de la législature, il dépose plusieurs propositions de résolution intéressant : l'exercice du droit de vote des marins-pêcheurs, l'organisation du travail à bord des navires, le statut juridique des arméniens, la situation des sourds-muets, ainsi qu'une proposition de loi concernant les mécaniciens et chauffeurs des ponts et chaussées.
Au mois de juin 1936, il interpelle le gouvernement au sujet des incidents survenus à Marseille le 21 juin entre un cortège de grévistes, et un groupe d'amis politiques de Simon Sabiani. Il critique vivement l'attitude de la police marseillaise et demande au gouvernement d'agir énergiquement pour " purger " la ville de ses éléments douteux.
Après avoir passé l'année 1937 en Espagne dans les brigades internationales, il reprend sa place à la Chambre au moment de la discussion du budget de l'exercice 1938 et des crédits de la marine marchande, et il expose à cette occasion les revendications des marins du commerce.
L'année suivante, il examine au cours des débats budgétaires la situation des compagnies maritimes subventionnées par l'Etat. Un peu plus tard, il proteste contre la campagne de presse dirigée, selon lui, contre la ville de Marseille à propos d'incidents survenus dans l'administration de la grande ville, et s'élève, en 1939, contre le décret-loi imposant à cette ville, un administrateur désigné par le pouvoir central.
Ce sera sa dernière intervention à la Chambre, car il est arrêté en octobre 1939 en même temps que la majorité des députés communistes. Au cours du procès qui suit, il dirige la défense de ses camarades. Condamné à cinq ans d'emprisonnement, il connaît diverses prisons françaises, puis en mars 1941, est transféré au bagne de Maison-Carrée à Alger.
Libéré en février 1943, il est aussitôt désigné comme membre de l'Assemblée consultative provisoire siégeant à Alger, puis le 4 avril 1944 est nommé commissaire d'Etat au "Comité français de libération nationale", puis ministre d'Etat lorsque ce comité se transforme en " Gouvernement provisoire ".
A la tribune de l'Assemblée consultative, il expose deux préoccupations qu'il estime essentielles : l'épuration et le renforcement de l'armée.
En qualité de commissaire d'Etat chargé des problèmes de la jeunesse, il fait connaître ses vues sur les mesures qu'il conviendra de prendre en faveur des jeunes après la libération du territoire.
Rentré dans la métropole avec tous les membres du GPRF, il est nommé le 10 septembre 1944, ministre de la santé publique. En cette qualité, il expose à l'Assemblée la situation de la France au point de vue démographique et sanitaire et à celui de l'équipement hospitalier et indique les premières mesures qu'il a eu l'occasion de prendre en ce qui concerne l'organisation de la "Croix-Rouge" et de "L'entraide française".
Candidat, aux élections générales du 21 octobre 1945, à la première Assemblée nationale constituante, en tête de la liste communiste de la première circonscription des Bouches-du-Rhône, il est élu par 122 096 voix, sur 300 284 votants.
Lors du remaniement du Gouvernement provisoire, présidé par le général de Gaulle, celui-ci lui confie le portefeuille de l'économie nationale, le 21 novembre 1945. En cette qualité, il soutient la ratification des accords de Bretton-Woods et expose les raisons qui ont rendu nécessaire la dévaluation du franc.
Nommé ministre de la reconstruction et de l'urbanisme dans le cabinet Félix Gouin du 26 janvier 1946, poste qu'il conserve dans le cabinet Georges Bidault du 24 juin 1946, il met au point et fait adopter par l'Assemblée la loi sur la réparation des dommages de guerre (octobre 1946).
Il avait été réélu, entre-temps, député des Bouches-du-Rhône aux élections générales du 2 juin 1946 (deuxième Assemblée nationale constituante), toujours sur la liste communiste, par 104 920 voix sur 287 805 votants.
Il retrouve son siège aux élections générales du 10 novembre 1946, à l'Assemblée nationale, par 113 448 suffrages sur 286 520 votants. Pendant cette législature, il appartient à la commission de la reconstruction, à celle de la défense nationale et à celle des affaires étrangères, et dépose deux propositions de loi relatives à l'organisation de la défense nationale (mai 1947).
Il est nommé ministre de la défense nationale dans le cabinet Paul Ramadier du 22 janvier 1947, mais il est relevé de ces fonctions, en même temps que les autres ministres communistes, le 4 mai suivant.
Revenu à son banc de député, il sera désormais le porte-parole de son groupe dans de nombreux débats de politique générale : en décembre 1947 sur le projet de lutte contre l'inflation et sur la politique de la reconstruction ; en mars 1948 sur le problème allemand ; en juillet 1948 sur l'investiture de M. André Marie ; en novembre 1948 sur les interpellations, relatives à la politique du gouvernement à l'égard de la Ruhr ; en juillet 1949 sur la ratification du Pacte atlantique ; en novembre 1949 sur la politique du gouvernement à l'égard de l'Allemagne ; en mars 195.0 sur l'accord d'aide mutuelle conclu avec les Etats-Unis ; en novembre 1960 sur la création du Conseil de l'Europe ; en décembre 1950 sur le programme de réarmement ; en mars 1951, sur l'investiture de M. Henri Queuille.
Réélu aux élections générales du 17 juin 1951, par 112 716 voix sur 293 146 votants, il conserve son siège à la Commission des affaires étrangères, il dépose une proposition de loi tendant à la construction d'un million de logements populaires, et une proposition de résolution tendant à la reconnaissance par la France du gouvernement de la Chine populaire.
En séance publique il est encore le porte-parole de son groupe lors des débats sur l'investiture de MM. René Mayer (juillet 1951), Petsehe (août 1951), Pleven (août 1951), Edgar Faure (janvier 1952). Il interpelle le gouvernement sur la création d'une armée européenne (février 1952), sur sa politique européenne (novembre 1953). Il participe également aux discussions relatives à l'investiture de M. Mendès France (juin 1954), à la ratification des accords de Paris (décembre 1954), et à la politique du Gouvernement au Maroc (octobre 1955).
Il est réélu aux élections générales du 2 janvier 1956, en tête de la liste communiste, par 122 357 voix sur 347 129 votants. Toujours membre de la Commission des affaires étrangères, il dépose une nouvelle proposition de loi relative à la construction d'un million de logements, et une autre tendant à la suppression de l'ordre des médecins.
Il interpelle le gouvernement Guy Mollet sur l'expédition de Suez, prend part au débat qui suit la présentation du gouvernement Félix Gaillard (novembre 1957), et à propos de la lecture de la loi de finances de l'exercice 1958, réclame la fin de la guerre d'Algérie.
Aux élections générales des 23 et 30 novembre 1958, qui, avec la nouvelle constitution, marquent le retour au scrutin uninominal, il est réélu au deuxième tour de scrutin dans la quatrième circonscription de Marseille par 19 288 voix, contre 15 953 à M. Tarrazi.
Il intervient à de nombreuses reprises à la tribune en ce qui concerne : l'équipement universitaire et scolaire (juillet 1959) ; le budget de l'éducation nationale et de la recherche scientifique (décembre 1959) ; l'aide de l'Etat aux établissements d'enseignement privé (décembre 1959) ; le budget de l'éducation nationale (novembre 1946) ; la recherche scientifique et technique (mai 1961) ; la politique étrangère (avril 1959 et juin 1960) ; la politique générale (octobre 1959).
François Billoux à été conseiller municipal de Marseille d'avril 1945 à novembre 1947, et l'est redevenu depuis 1953.
Il a préfacé plusieurs ouvrages parus aux Editions sociales : Petit guide de l'URSS de Georges Cogniot; L'Allemagne jugée par un Allemand d'A. Abusch ; Réalité de la nation algérienne, etc.
Né le 21 mai 1903 à Saint-Romain-la-Motte (Loire)
Décédé le 14 janvier 1978 à Menton (Alpes-maritimes)
Député des Bouches-du-Rhône de 1936 à 1940
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale Constituante (Bouches-du-Rhône)
Député des Bouches-du-Rhône de 1946 à 1958
Ministre de l'Economie nationale du 21 novembre 1945 au 26 janvier 1946 Ministre de la Reconstruction et de l'urbanisme du 26 janvier au 16 décembre 1946
Ministre de la Défense nationale du 22 janvier au 4 mai 1947
(Voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, tome II, p. 604 à 606)
A la suite du procès des députés communistes, François Billoux, condamné à cinq ans d'emprisonnement, connaît diverses prisons françaises. Le 19 décembre 1940, il adresse de la prison du Puy-en-Velay, une lettre au maréchal Pétain pour demander à témoigner à charge au procès de Riom contre un certain nombre de gouvernants de l'avant-guerre « responsables » de la guerre. En mars 1941, il est transféré à la centrale Maison-Carrée à Alger.
Libéré en février 1943, il prend aussitôt contact avec les dirigeants clandestins du parti communiste algérien, alors illégal, et les responsables du parti communiste français.
Il est désigné comme membre de l'Assemblée consultative provisoire siégeant à Alger puis, le 4 avril 1944, nommé commissaire d'Etat au Comité français de libération nationale, et enfin ministre d'Etat lorsque ce comité se transforme en gouvernement provisoire. A la tribune de l'Assemblée consultative, il expose deux préoccupations qu'il estime essentielles : l'épuration et le renforcement de l'armée. En qualité de commissaire d'Etat chargé des problèmes de la jeunesse, il fait connaître ses vues sur les mesures qu'il conviendra de prendre en faveur des jeunes après la Libération du territoire.
Rentré en métropole avec tous les membres du G.P.R.F., il est d'abord nommé commissaire aux territoires occupés à la fin d'août 1944, puis, le 10 septembre 1944, ministre de la Santé publique. En cette qualité, il expose à l'Assemblée consultative provisoire la situation démographique et sanitaire de la France et indique les premières mesures qu'il a prises pour l'organisation de la « Croix-rouge » et de « l'entraide française ».
Par ailleurs, à Marseille, il est avec Gaston Defferre le chef de file d'une liste d'Union du rassemblement des forces démocratiques (U.F.D.) qui est élue en totalité aux élections municipales du 30 avril 1945. Bien que réélu conseiller municipal en décembre 1946, il laisse à Jean Cristofol, son second, la direction municipale, se réservant à d'autres tâches. Il retrouvera son siège en 1953.
Candidat aux élections du 21 octobre 1945 à la première Assemblée nationale Constituante, en tête de la liste communiste de la première circonscription des Bouches-du-Rhône, il est élu par 122 096 voix sur 300 284 votants. Le 21 novembre 1945, lors du remaniement du gouvernement provisoire présidé par le général de Gaulle, celui-ci lui confie le portefeuille de l'Economie nationale. En cette qualité, il soutient la ratification des accords de Bretton-Woods et expose les raisons qui ont rendu nécessaire la dévaluation du franc. Nommé ministre de la Reconstruction et de l'urbanisme dans le cabinet Félix Gouin du 26 janvier 1946, poste qu'il conserve dans le cabinet Georges Bidault du 24 juin 1946, il met au point et fait adopter par l'Assemblée la loi sur la réparation des dommages de guerre (octobre 1946).
Il avait été réélu, entre temps, député des Bouches-du-Rhône aux élections générales du 2 juin 1946 (seconde Assemblée nationale Constituante), toujours sur la liste communiste, par 104 920 voix sur 287 801 votants.
Il retrouve son siège aux élections générales du 10 novembre 1946, à l'Assemblée nationale, par 113 448 suffrages sur 286 520 votants. Pendant cette législature, il appartient à la Commission de la reconstruction, à celle de la défense nationale et à celle des affaires étrangères et dépose deux propositions de loi relatives à l'organisation de la défense nationale (mai 1947). Il est nommé ministre de la Défense nationale dans le cabinet Paul Ramadier le 22 janvier 1947, et défend la conception d'une armée démocratique contre celle de l'armée de métier. Mais la conjoncture politique ne lui laisse guère le temps de poursuivre son entreprise puisqu'il est relevé de ses fonctions, en même temps que les autres ministres communistes, le 4 mai 1947, après avoir voté contre le gouvernement dont il faisait partie.
Revenu à son banc de député, il sera désormais le porte-parole de son groupe dans de nombreux débats de politique générale : en décembre 1947 sur le projet de lutte contre l'inflation et sur la politique de la reconstruction ; en mars 1948 sur le problème allemand ; en juillet 1948 sur l'investiture d'André Marie ; en novembre 1948 sur les interpellations relatives à la politique du gouvernement à l'égard de la Ruhr ; en juillet 1949 sur la ratification du Pacte atlantique ; en novembre 1949 sur la politique du gouvernement à l'égard de l'Allemagne ; en mars 1950 sur l'accord d'aide mutuelle conclu avec les Etats-Unis ; en novembre 1950 sur la création du Conseil de l'Europe ; en décembre 1950 sur le programme de réarmement ; en mars 1951 sur l'investiture d'Henri Queuille.
Réélu aux élections générales du 17 juin 1951, par 112 716 voix sur 298 146 votants, il conserve son siège à la Commission des affaires étrangères. Il dépose une proposition de loi tendant à la construction d'un million de logements populaires, et une proposition de résolution tendant à la reconnaissance par la France du gouvernement de la Chine populaire. En séance publique il est encore le porte-parole de son groupe lors des débats sur l'investiture de MM. René Mayer (juillet 1951), Petsche (août 1951), Pleven (août 1951), Edgar Faure (janvier 1952). Il interpelle le gouvernement sur la création d'une armée européenne (février 1952), sur sa politique européenne (novembre 1953). Il participe également aux discussions relatives à l'investiture de Pierre Mendès-France (juin 1954), à la ratification des accords de Paris (décembre 1954), et à la politique du gouvernement au Maroc (octobre 1955).
Il est réélu aux élections générales du 2 janvier 1956, en tête de la liste communiste, par 122 357 voix sur 347 129 votants. Toujours membre de la Commission des affaires étrangères, il dépose une nouvelle proposition de loi relative à la construction d'un million de logements, et une autre tendant à la suppression de l'ordre des médecins. Il interpelle le gouvernement Guy Mollet sur l'expédition de Suez, prend part au débat qui suit la présentation du gouvernement Félix Gaillard (novembre 1957) et, lors de l'examen de la loi de finances de l'exercice 1958, réclame la fin de la guerre d'Algérie. Avec son groupe, il vote contre l'investiture du général de Gaulle (1er juin 1958) et refuse les pleins pouvoirs et la révision constitutionnelle (2 juin).
Jusqu'à la fin de la IVe République, il demeure l'un des leaders du parti communiste : spécialement chargé à partir de 1948 de la section idéologique du P.C.F., lui donnant un droit de regard sur les publications politiques de ce dernier, il est notamment directeur politique de la Marseillaise, et à partir de 1956, de France nouvelle, l'hebdomadaire du parti dont il est l'un des fondateurs. Membre du Comité central (depuis 1926) et du Bureau politique (depuis 1935), il exerce aussi les fonctions de secrétaire du Comité central de 1954 à 1956.
BILLOUX (François)
Né le 21 mai 1903 à Saint-Romain-la-Motte (Loire)
Décédé le 14 janvier 1978 à Menton (Alpes-Maritimes)
Député des Bouches-du-Rhône de 1936 à 1940 et de 1946 à 1978
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Bouches-du-Rhône)
Ministre de l'Economie nationale du 21 novembre 1945 au 26 janvier 1946
Ministre de la Reconstruction et de l'urbanisme du 26 janvier au 16 décembre 1946
Ministre de la Défense nationale du 22 janvier au 4 mai 1947
(Voir première partie de la biographie dans le Dictionnaire des parlementaires français 1940-1958, tome II, p. 388-390)
François Billoux est candidat communiste aux élections législatives des 23 et 30 novembre 1958 dans la quatrième circonscription des Bouches-du-Rhône regroupant les 14e, 15e et 16e arrondissements de Marseille, correspondant aux quartiers et à la banlieue nord de la ville, très ouvriers, et où il résidait. Il arrive très largement en tête au premier tour de scrutin. Avec 18 227 des 38 737 suffrages exprimés, soit 47,05% des voix. Il devance ainsi nettement le socialiste Robert Tarrazi (28,02%) et le candidat apparenté gaulliste Henri Birri (8%). Au second tour, il l’emporte donc logiquement avec 19 288 des 39 789 suffrages, soit 48,48% des voix, contre 40,1% des voix au socialiste et 11,42% au gaulliste.
Au Palais-Bourbon, il ne siège dans aucun groupe, en l’absence de nombre suffisant de députés appartenant au Parti communiste. Il n’est membre d’aucune commission mais n’en demeure pas moins un parlementaire actif. S’il ne dépose que trois propositions de loi relatives aux rentes viagères et à la protection des enfants maltraités ou moralement abandonnés, il intervient plus de vingt fois en séance durant la première législature. C’est dans le domaine de la politique étrangère de la France qu’il prend le plus régulièrement la parole. Ses interventions sont en réalité autant de tribunes pour fustiger la politique américaine, le maintien d’un certain colonialisme, la « renaissance du militarisme allemand » ou encore la non-reconnaissance par la France de la RDA. Il intervient en outre assez régulièrement sur les questions d’équipement scolaire ou de logement, toujours pour pointer les incohérences ou les insuffisances de moyens de la politique gouvernementale. À ce titre, il s’exprime souvent au nom de son mouvement dans la plupart des discussions budgétaires de la première législature.
Il refuse la confiance au gouvernement Debré, vote la plupart des amendements relatifs à la modification du règlement définitif de l’Assemblée nationale et se prononce contre la mouture finale du texte. Il se prononce contre le projet de loi sur l’enseignement privé, contre les pouvoirs spéciaux ou encore la réforme du titre XII de la Constitution. Il vote contre l’investiture du gouvernement Pompidou et vote la motion de censure qui conduit à la dissolution de l’Assemblée nationale, le 9 octobre 1962.
Aux élections législatives anticipées des 18 et 25 novembre 1962, François Billoux se présente à sa propre succession et se trouve de nouveau opposé à Robert Tarrazi et Henri Birri. Avec 18 232 des 34 497 suffrages exprimés, soit 52,85% des voix, il retrouve son siège dès le premier tour, ses deux principaux adversaires recueillant respectivement 18,11% et 19,94%.
François Billoux s’inscrit au groupe communiste. Il est par ailleurs membre de la commission des affaires étrangères. Il ne dépose qu’une seule proposition de loi tendant à la nationalisation des sociétés d’assurances et intervient seulement six fois durant cette législature. Ses principales interventions concernent le traité de l’Élysée et le projet de loi autorisant la ratification du traité instituant un Conseil unique et une Commission unique des communautés européennes. Le discours reste immuable, fustige l’atlantisme de la France, condamne la situation au Vietnam et déplore l’orientation libérale de la construction européenne ou la non-reconnaissance de la Chine populaire. François Billoux prend par ailleurs la parole pour critiquer le gouvernement en matière de construction de logements et appeler à plus de moyens.
Lors de cette législature, il vote contre la ratification du traité franco-allemand le 13 juin 1963, contre le projet de loi relatif à certaines modalités de grève dans les services publics le 26 juillet suivant, contre le projet de loi constitutionnelle portant modification des dispositions de l’article 28 de la Constitution le 20 décembre de la même année, contre la réforme électorale municipale, le 17 juin 1964, et contre la réforme du service militaire, le 26 mai 1965.
Les élections législatives des 5 et 12 mars 1967 offrent une fois encore à François Billoux une réélection aisée. Avec 24 055 des 44 845 suffrages exprimés, soit 53,64% des voix, il retrouve son siège dès le premier tour face au gaulliste Antoine Tafani et au candidat de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS) Auguste Gastaldello qui recueillent respectivement 22,75% et 14,7%.
François Billoux s’inscrit au groupe communiste et est nommé membre de la commission des affaires étrangères. Il dépose une proposition de loi tendant à la nationalisation de l’industrie chimique et pharmaceutique. Il intervient seulement à deux reprises en séance à l’occasion de la discussion du projet de loi de finances pour 1968. Il s’exprime en matière d’affaires étrangères et concentre ses attaques sur l’Allemagne fédérale et les bombardements contre la République démocratique du Vietnam. Il prend également la parole pour critiquer vivement la politique de logement et d’équipement du gouvernement jugée timorée et injuste.
François Billoux vote les deux motions de censure déposées contre le gouvernement Pompidou les 20 mai et 9 juin 1967.
Après la dissolution décidée par le général de Gaulle en mai 1968, François Billoux décide de se représenter aux élections législatives des 23 et 30 juin 1968. Malgré la forte poussée électorale enregistrée par la majorité, le député sortant est réélu, dès le premier tour, avec 22 390 des 44 295 suffrages exprimés, soit 50,55% des voix. Il l’emporte largement sur les candidats Union pour la défense de la République (UDR) et Ve République, Antoine Tafani (16,35%), et Henri Birri (17,75%), et sur le candidat Fédération de la gauche-SFIO Lucien Moutet (12,35%).
L’Assemblée nationale valide son élection le 11 juillet 1968. François Billoux s’inscrit au groupe communiste. Il retrouve également la commission des affaires étrangères. Il dépose cinq propositions de loi tendant à nationaliser différents secteurs économiques, lutter contre la pénurie de logements ou améliorer les conditions d’indemnisation des accidentés du travail. Il n’intervient que huit fois en séance publique, notamment à l’occasion de l’examen du projet de loi autorisant les ressources financières propres des communautés européennes. Occasion lui est donnée de plaider pour la coexistence pacifique et de critiquer l’OTAN. Il plaide notamment pour une dissolution simultanée des blocs militaires de l’Atlantique nord et du Traité de Varsovie. Il s’exprime également inlassablement en faveur d’une politique plus ambitieuse en matière de création de logements et prend surtout la parole à l’occasion de la motion de censure d’avril 1971. Il attaque à cette occasion l’Union des démocrates pour la République (UDR) autour de qui se regroupent toutes les « forces réactionnaires », se prononce pour une vaste politique de nationalisations, une coopération nationale, une politique de la main tendue envers le Vietnam et la reconnaissance « de la souveraineté des pays arabes ».
Durant cette quatrième législature, il vote comme toujours à l’unisson du groupe communiste. Il se prononce ainsi contre les projets de loi d’orientation de l’enseignement supérieur, relatif à l’exercice du droit syndical dans les entreprises, tendant à renforcer la garantie des droits individuels des citoyens, à réprimer certaines formes nouvelles de délinquance, relatif au service national, relatif aux incompatibilités parlementaires ou portant création et organisation des régions. Il refuse également la confiance au gouvernement les 15 octobre 1970 et 24 mai 1972.
Lors des élections législatives des 4 et 11 mars 1973, François Billoux se présente à nouveau et obtient, dès le premier tour, 26 188 des 49 503 suffrages exprimés, soit 52,9%. Il l’emporte sur ses deux principaux adversaires, le candidat de la gauche non communiste Jacques Godard (19,7%) et le candidat gaulliste Antoine Tafani (15,6%).
Il s’inscrit de nouveau au groupe communiste. Il est également membre de la commission des affaires étrangères. Durant cette législature, il ne dépose qu’une seule proposition de loi sur un accès plus large aux assurés en matière bucco-dentaire. Pour le reste, il interroge notamment le gouvernement au sujet des obsèques du général Franco et de l’intronisation du roi d’Espagne et intervient seulement lors de la déclaration du gouvernement sur les orientations de la politique urbaine, qu’il attaque d’abondance, sur la politique étrangère de la France dont il réitère les critiques d’usage véhiculées par le PCF en juin 1973. Anticolonialisme, antiaméricanisme, refus de l’impérialisme, appel à la paix, et à tout le moins la coexistence pacifique restent au menu. Il reprend la parole, en novembre 1976, à l’occasion de la discussion du projet de loi de finances pour 1977 au sujet de la partie Travail. Il déplore alors la dégradation de la sécurité sociale, le renforcement de la tutelle de l’État, cet « organisme bureaucratique et paperassier » (sic) à la solde de la politique antisociale du gouvernement. Il intervient enfin lors du projet de loi instituant le complément familial où il défend la vision que le Parti communiste a de la famille, y compris en matière de travail féminin.
Il refuse la confiance au gouvernement les 12 avril 1973, 6 juin 1974 et 28 avril 1977, s’oppose au projet de loi constitutionnelle portant modification des articles 6, 7 et 25 de la Constitution. En revanche il vote pour le projet de loi Veil relatif à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) et celui portant réforme du divorce. Il se prononce enfin en faveur de l’élection des représentants à l’Assemblée des communautés européennes.
Membre éminent de la direction du Parti communiste au lendemain de la Seconde guerre mondiale, son rôle, après son départ du Secrétariat à la suite du XIVe Congrès de juillet 1956, ne cesse de décroître jusqu’à son départ du Bureau politique en décembre 1972 où il n’est pas réélu, ne conservant son siège qu’au Comité central lors de ce XXe Congrès. Tout au long de cette période et jusqu’à la veille de son décès, François Billoux demeure le directeur de l’hebdomadaire du Parti, France nouvelle. Il a en outre assuré à la fin des années soixante et au tout début des années soixante-dix la liaison entre la direction et le groupe parlementaire du Parti.
Après les événements de mai 1968, il mène campagne contre les « gauchistes » qu’il qualifie de « faux révolutionnaires » et de « pantins », prises de position qui l’ont souvent opposé aux membres de l’Union des étudiants communistes (UEC).
François Billoux ne cesse pour autant de conserver une très grande popularité au sein du Parti. Au XXIIe Congrès de février 1976, il prend la parole et recueille un franc succès auprès des cadres du Parti. L’Humanité le qualifie dès le lendemain de « vétéran de la lutte révolutionnaire » et ajoute qu’il est « l’un de ces hommes que l’on dit de la vieille garde. Parce que sans doute ils la montent, cette garde, depuis des décennies autour de la Révolution ».
En avril 1977, il annonce qu’il renonce à son mandat de député et de dirigeant de la fédération des Bouches-du-Rhône et transmet « le flambeau » à Guy Hermier, souhaitant ainsi se consacrer à « la promotion de la jeunesse ». Mais la maladie l’oblige à se retirer auprès de sa famille à Roquebrune-Cap-Martin à la fin de l’année. Hospitalisé à Menton au début de l’année suivante, il doit subir une intervention chirurgicale qui lui est fatale.
Tout au long de ces années, François Billoux ne se détourne pas pour autant de la vie politique locale, entièrement consacrée à Marseille. Conseiller municipal de 1953 à 1971, date à laquelle il refuse de se représenter, il a toujours été le principal concurrent à gauche de Gaston Defferre avec lequel il avait entamé la lutte municipale en 1945. Ainsi, les élections municipales de 1977 sont-elles davantage placées sous le signe de la méfiance réciproque que de l’union de la gauche. Il se présente du reste dans le 7ème secteur (13ème et 14ème arrondissements) de Marseille mais y essuie un sérieux revers.
Commandeur de l’ordre de la santé publique, titulaire de l’ordre soviétique de l’Amitié entre les peuples et de la médaille Dimitrov de Bulgarie, auteur en 1972 d’un ouvrage relatant son expérience gouvernementale d’après-guerre intitulé, Quand nous étions ministres, et préfacé par Georges Marchais, François Billoux est décédé le 14 janvier 1978.