François Binet
1880 - 1930
Né à Bonnat (Creuse) le 4 mai 1880, mort à Paris, le 2 décembre 1930.
Député de la Creuse de 1908 à 1914 et de 1919 à 1928.
Sénateur de la Creuse en 1930.
Ministre de l'Agriculture du 9 mars au 17 juillet 1926.
Après avoir obtenu sa licence en droit, François Binet se fit recevoir avocat à la Cour d'appel de Paris puis au barreau de Guéret.
Il entra, tout jeune, dans la vie politique. Elu, à 26 ans, en 1907, conseiller d'arrondissement, un an après, il devenait député, dans l'arrondissement de Guéret, à l'occasion de l'élection partielle du 12 janvier 1908, sous l'étiquette politique radicale-socialiste, en remplacement de M. Defumade élu sénateur. Il obtint, au deuxième tour de scrutin, 11.028 voix contre 9.763 à M. Beletout, sur 21.024 votants. Il prit place au barreau, en qualité de secrétaire d'âge.
Il fut réélu, aux élections générales du 24 avril 1910 dans le même arrondissement au premier tour de scrutin, par 11.545 voix sur 18.056 votants, son principal adversaire M. Rougeron n'obtenant que 4.738 suffrages.
Par contre, aux élections générales des 26 avril et 10 mai 1914, il fut battu de justesse au deuxième tour de scrutin, par M. Gaston Treignier, par 7.079 voix contre 7.029, sur 19.661 votants.
Au cours des 9e et 10e législatures (1908 à 1914), il s'occupa particulièrement de questions agricoles mais sans négliger pour autant d'autres intérêts.
Il prit part à la discussion du budget de l'exercice 1909 (agriculture), intervint sur le projet de loi relatif au chemin de fer de Djibouti à Addis-Abeba (1909), au cours de l'interpellation de MM. Allemane -et Varenne sur l'arrestation de M. Marck (1909), déposa un texte additionnel aux ordres du jour motivés déposés à la suite des interpellations sur la politique générale (1910). Il participa à la discussion des conclusions de la Commission d'enquête sur la marine (1910) et à celle des interpellations sur les opérations des liquidations de congrégations (1910). Au début de la 10e législature, lorsque le scandale de l'affaire Rochette éclata, il fut nommé membre de la Commission d'enquête chargée de cette affaire.
Il se fit entendre au cours de la discussion du budget de l'exercice 1913 (Colonies) et de l'interpellation, du projet et des propositions de loi sur les délimitations régionales (1913).
Il ne put être mobilisé pendant la Guerre mondiale 1914-1919, ayant été réformé, à la suite d'un accident de chasse, mais s'efforça de se rendre utile, en acceptant le poste de secrétaire général de la Préfecture de la Côte-d'Or, le 22 septembre 1914, et en se faisant confier par le Ministre des Affaires étrangères, à la fin de l'année 1915, une mission aux Etats-Unis ayant pour objet l'étude et la surveillance de la propagande allemande en Amérique, en compagnie de Gabriel Alphand, journaliste du Temps.
Après les hostilités, il se présenta aux élections générales législatives du 16 novembre 1919, dans le département de la Creuse, comme candidat radical-socialiste isolé. Il déclarait à ses électeurs « Républicain, plus que jamais attaché au régime qui nous a donné la victoire, je veux conserver les conquêtes de la démocratie dans tous les domaines... Mais je tiens à le dire hautement, je suis, non pour la lute des classes, mais pour l'union des classes... La France a besoin de travailler, de se refaire : elle ne le pourra que si elle est administrée avec ordre, autorité, économie. »
Il fut élu, au quotient électoral, par 21.002 voix sur 52.467 votants et réélu aux élections générales du 11 mai 1924, à la plus forte moyenne, avec 20.029 voix sur 53.580 votants, troisième de la « liste du bloc de gauche », alors que le deuxième, M. Judet, n'obtenait que 19.762 voix et n'était pas élu.
Il se représenta aux élections générales des 22 et 29 avril 1928, dans l'arrondissement de Boussac, mais fut battu au deuxième tour de scrutin, par M. Albert Rivière, qui obtint 7.086 voix contre 6.557 à lui-même sur 13.791 votants.
Au cours de la 13e législature (1924 à 1928), il fut nommé Ministre de l'Agriculture le 10 avril 1926, dans le 9e Cabinet Aristide Briand, en remplacement de M. Jean Durand qui devenait Ministre de l'Intérieur pour succéder à M. Louis Malvy, démissionnaire. Il demeura Ministre de l'Agriculture dans le 10e Cabinet Aristide Briand jusqu'au 19 juillet 1926, date de sa démission.
Au cours des 12e et 13e législatures, il appartint aux Commissions des affaires étrangères et de la marine marchande. Il présenta des propositions de loi sur le contingent de Croix de la Légion d'honneur du Ministère du travail (1921), sur l'industrie des tapis d'Aubusson et de Felletin (1922). Il prit part à la discussion du budget de l'exercice 1920 (justice), du budget de l'exercice 1923 (loi de finances, vente des Tabacs) et du projet de loi concernant la taxe sur le chiffre d'affaires (1923). Il participa à la discussion d'un projet de loi sur l'amnistie (1924), du projet de budget de l'exercice 1925 (colonies et loi de finances), à la discussion du projet de loi concernant le redressement financier et l'équilibre du budget de 1926 (1926), à la discussion du projet de budget de l'exercice 1927 (loi de finances).
En qualité de Ministre de l'Agriculture, il fut entendu sur l'ajournement de la discussion d'un projet de loi relatif aux Halles centrales de Paris, prit part à la discussion du budget de l'exercice 1926, pour les chapitres de l'agriculture relatifs notamment aux planteurs de betteraves et sucriers, à la Bergerie nationale de Rambouillet, à l'électrification des campagnes, aux engrais azotés, et intervint sur le projet de loi concernant l'approvisionnement en blé, en farine et pain.
Il fut élu au Sénat aux élections du 20 octobre 1929, (renouvellement du 14 janvier 1930) au troisième tour de scrutin, par 378 voix contre 363 à M. Victor Judet, sur 625 votants. Il se fit inscrire au groupe de la gauche démocratique.
A la Haute assemblée, où il ne siégea que quelques mois, il prit part, à plusieurs reprises, à la discussion du budget de l'exercice 1930, notamment à propos des crédits du Ministère de l'Agriculture et de la loi de finances (discussion générale, stockage des blés et farines, primes de conservation).
Il mourut, de façon inattendue, à l'âge de 50 ans, le 2 décembre 1930, dans les premières heures de la matinée. L'après-midi de ce même jour, le président Paul Doumer prononçait son éloge funèbre.
« Entré jeune dans la vie politique, il disparaissait dans la force de l'âge, brutalement arraché à son activité parlementaire et alors qu'on fondait sur lui beaucoup d'espoirs. Il témoigna toujours d'une inaltérable fidélité à son département et à son parti. »
Il était devenu maire de Bonnat en 1929.