Arthur Ranc

1831 - 1908

Informations générales
  • Né le 20 décembre 1831 à Poitiers (Vienne - France)
  • Décédé le 10 août 1908 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Assemblée Nationale
Législature
Mandat
Du 8 février 1871 au 3 mars 1871
Département
Seine
Groupe
Union républicaine
Régime politique
Assemblée Nationale
Législature
Mandat
Du 11 mai 1873 au 9 décembre 1874
Département
Rhône
Groupe
Union républicaine
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 4 septembre 1881 au 14 octobre 1885
Département
Seine
Groupe
Union républicaine

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 4 janvier 1891 au 27 janvier 1900
Sénateur
du 15 février 1903 au 10 avril 1908

Biographies

Représentant en 1871 et en 1873, député de 1881 à 1885, né à Poitiers (Vienne) le 20 décembre 1831, il fit de bonnes études au collège de cette ville, et suivit à Paris les cours de l'Ecole de droit et ceux de l'Ecole des Chartes.

Républicain ardent, il prit part à plusieurs manifestations démocratiques et fut inquiété par la police. Impliqué en 1853 dans le complot de l'Opéra-Comique, et acquitté de ce chef par le jury, il fut condamné quelque temps après par le tribunal correctionnel à un an de prison pour affiliation à une société secrète. Lors de l'attentat de Bellemare (1855) qu'il connaissait, il fut de nouveau arrêté et envoyé sans jugement en Afrique, d'où il parvint à s'échapper en juin 1856 ; il se fixa alors à Genève. L'amnistie de 1859 lui permit de rentrer en France. Il occupa quelque temps un emploi de correcteur à l'Opinion nationale, collabora au Courrier du dimanche, au Nain jaune, au Journal de Paris, à la Cloche, au Réveil, au Diable à quatre, et s'attira de fréquentes poursuites par la vivacité de ses polémiques contre l'Empire. M. Ranc professait alors les opinions révolutionnaires les plus accentuées et se déclarait le disciple de Blanqui. Un article sur les insurgés de juin, publié dans le Nain jaune, lui valut une condamnation à quatre mois d'emprisonnement.

Après la révolution du 4 septembre, il devint maire du 9e arrondissement de Paris, puis, chargé d'une mission, il quitta Paris en ballon le 14 octobre, et se rendit à Bordeaux, où, le 26, il fut appelé par Gambetta aux fonctions de directeur de la sûreté générale. Il organisa un service de renseignement et de contre-espionnage militaire qui lui permit de présenter à la délégation de Tours un état exact des forces prussiennes autour de Paris. Un des principaux actes de son administration fut l'arrestation du prince de Joinville qu'il fit reconduire à Saint-Malo, où il fut embarqué, pour l'Angleterre. M. Ranc a raconté lui-même que, quand il fit arrêter le prince, celui-ci lui dit :

« Danton avait permis à mon père de servir.»
- Monsieur, répondis-je, permettez-moi une expression toute parisienne, c'est précisément pour cela ; nous ne voulons pas que vous nous la fassiez à Jemmapes et à Fleurus. »

Le 6 février 1871, lorsque Gambetta se retira du pouvoir, M. Ranc donna sa démission. Deux jours plus tard, il fut élu représentant de la Seine à l'Assemblée nationale, le 17e sur 43, par 126 533 voix (328 970 votants, 547 858 inscrits). Il vota à Bordeaux, le 1er mars, contre les préliminaires de paix, puis il résigna son mandat en même temps que Malon, Rochefort et Tridon, revint à Paris, et fut élu, le 26 mars, membre de la Commune par le 9e arrondissement. Il siégea à l'Hôtel de Ville jusqu'au 6 avril, fit partie des commissions de la justice et des relations extérieures, se retira lors du décret sur l'exécution des otages, s'associa à la fondation de la Ligne républicaine des droits de Paris, et ne prit aucune part aux derniers actes de la Commune.

Après l'entrée des troupes à Paris, M. Ranc fut élu, le 30 juillet 1871, conseiller municipal du quartier Sainte-Marguerite (11e arrondissement). Il siégea dans le groupe radical, mais avec une tendance de plus en plus marquée à suivre Gambetta dans son évolution vers « la politique des résultats ». En novembre, il devint un des principaux rédacteurs du journal la République française, où il publia un très grand nombre d'articles, ainsi qu'un roman politique intéressant, Sous l'Empire. Sa déposition devant la commission d'enquête sur le 4 septembre fit quelque bruit : M. Ranc y prit naturellement la défense des actes de la délégation et s'attacha à réfuter les accusations dont il était personnellement l'objet relativement au rôle qu'il aurait joué à Tours. Très violemment attaqué par la presse monarchiste, qui sommait le gouvernement de le mettre en état d'arrestation, M. Ranc ne fut cependant l'objet d'aucune mesure de rigueur avant le 24 mai 1873.

Le 11 mai, il avait été élu représentant du Rhône à l'Assemblée nationale, par 90 225 voix (133 506 votants, 187 455 inscrits), en remplacement de M. Morel décédé, et il avait pris place sur les bancs de l'Union républicaine. Bientôt, sur une lettre du général de Ladmirault, gouverneur de Paris, l'Assemblée fut saisie d'une demande en autorisation de poursuites (juin 1873) qui fut déposée par le garde des sceaux, M. Ernoul, compatriote et camarade d'enfance de M. Ranc. M. Raoul Duval la soutint, et, après un rapport favorable de M. Baragnon, les poursuites furent autorisées à une grande majorité. L'inculpé, qui avait réussi à gagner la Belgique, fut condamné par contumace à la peine de mort (13 octobre 1873).

Retiré à Bruxelles, il y eut deux duels retentissants, l'un avec M. Yvan de Woestync, l'autre avec M. Paul de Cassagnac. De l'exil, il continua sa collaboration anonyme à la République française.

En 1877, il écrivit sous le titre : De Bordeaux à Versailles, un résumé du rôle de l'Assemblée nationale : la situation judiciaire où se trouvait l'auteur l'obligea à faire signer le livre par son père, M. O. Ranc.

Compris dans un des premiers décrets d'amnistie signés en 1879 par M. Grévy, il rentra aussitôt en France. Plus dévoué que jamais à la personne de Gambetta et à la politique opportuniste, il prit (octobre 1880) la direction de la Petite République française.

Aux élections législatives de 1881, il posa sa candidature dans la 2e circonscription du 9e arrondissement de Paris, comme candidat de l'Union républicaine ; il fut élu, le 4 septembre, au scrutin de ballottage, par 3 402 voix (6 876 votants, 13 045 inscrits). Il siégea dans la majorité opportuniste, fut un des confidents du chef de la majorité devenu président de la Chambre, puis président du conseil des ministres, et, sans paraître à la tribune, eut une grande part aux intrigues des coulisses parlementaires. Il se prononça contre la séparation de l'Eglise et de l'Etat et pour les crédits du Tonkin.

Inscrit, le 4 octobre 1885, sur les listes opportunistes de la Seine, il échoua avec 103 391 voix sur 434 011 votants, fut encore candidat le 13 décembre suivant, lors du scrutin complémentaire motivé par six options, et échoua de nouveau avec 97 184 voix (347 089 votants). Il se consacra alors exclusivement à ses occupations de journaliste et prit dans la presse un rôle marquant. Rédacteur du Matin, du Mot d'ordre, etc., puis rédacteur en chef du Paris, il y conseilla la concentration républicaine, fonda, en avril 1888, avec MM. Clemenceau et Joffrin, une « Société des droits de l'homme » dirigée contre « l'aventure boulangiste », et prêta au ministère Floquet son plus actif concours.


Né le 20 décembre 1831 à Poitiers (Vienne), mort le 10 avril 1908 à Paris.

Représentant de la Seine à l'Assemblée nationale en 1871.

Représentant du Rhône à l'Assemblée nationale en 1873.

Député de la Seine de 1881 à 1885.

Sénateur de la Seine de 1891 à 1900.

Sénateur de la Corse de 1903 à 1908.

(Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, tome V, p. 83.)

Elu sénateur de la Seine le 4 janvier 1891, par 346 voix sur 713 votants, au troisième tour de scrutin, dans la 2e circonscription du IXe arrondissement de Paris, en remplacement de Peyrat décédé, il fut admis comme sénateur le 16 janvier 1891. Il le resta jusqu'au renouvellement du 28 janvier 1900, qui ne lui fut pas favorable.

Son rôle fut assez effacé et il n'aborda jamais la tribune. Il fut cependant très apprécié comme écrivain par tous les gens de goût et classé comme une des meilleures plumes de Paris. Il était d'ailleurs vice-président du Comité général des associations de la presse française.

Il collabora à un nombre considérable de journaux. En 1900, il entra comme rédacteur au Radical, puis écrivit dans la Dépêche et l'Aurore.

Il avait, en outre, publié antérieurement de nombreux articles et romans contre le second Empire et s'était élevé avec véhémence contre le boulangisme. Ecarté de la vie politique pendant trois ans pour ses écrits dans le journal le Radical, il brigua, en 1903, le siège de sénateur de la Corse et fut élu le 15 février, en remplacement d'Emile Combes, démissionnaire qui avait opté pour le département de la Charente-Inférieure, par 501 voix contre 216 à Carbuccia, sur 737 votants. Il fut admis de 27 février 1903.

Le groupe de la gauche démocratique le compta parmi l'un de ses fondateurs. Il en devint le premier président.

En mars 1905, il prit la direction du journal l'Aurore, en remplacement de Georges Clemenceau, nommé président du Conseil et ministre de l'Intérieur. Il devait conserver ce poste trois années jusqu'à son décès en avril 1908.

En dehors des articles presque quotidiens, qu'il avait publiés sans interruption dans certains organes de la presse depuis plus de trente ans, Ranc avait fait éditer notamment : le Roman d'une conspiration, L'histoire de la conspiration de Babeuf, par Buonarotti avec préface et notes, une Evasion de Lambèze, De Bordeaux à Versailles, histoire de l'Assemblée de 1871, Sous l'Empire et Mémoires d'un républicain.

Il mourut le 10 avril 1908, épuisé par son inlassable activité.

Ainsi disparut un des représentants des « plus anciennes générations républicaines » et un des opposant les plus irréductibles à l'Empire.