Alfred, Pierre, Théodore Talandier
1822 - 1890
Député de 1876 à 1885, né à Limoges (Haute-Vienne) le 7 septembre 1822, mort à Paris le 4 mars 1890, il étudia le droit à Poitiers, fut reçu avocat et s'inscrivit au barreau de sa ville natale (1844).
D'opinions républicaines, il fut nommé, en mars 1848, avocat général à la cour de Limoges, fut destitué l'année suivante par le gouvernement présidentiel de L.-N. Bonaparte, se mêla activement à la propagande démocratique, fut condamné à deux ans de prison, protesta contre le coup d'Etat et, proscrit, se réfugia en Angleterre, où il donna des leçons de français, notamment à l'Ecole militaire de Woolwich, sans cesser de s'occuper activement de politique.
Membre du groupe la Commune révolutionnaire, il ne rentra en France qu'après le 4 septembre 1870, et fut nommé sous-préfet de Rochechouart. Le gouvernement de Thiers le révoqua. Il prit alors la direction du journal la Défense républicaine de Limoges, et manifesta pour l'insurrection communaliste du 18 mars des sympathies qui le firent traduire devant un conseil de guerre; il fut acquitté, mais son journal fut suspendu. Auteur de quelques traductions estimées d'ouvrages anglais, il vint alors à Paris subir l'examen d'aptitude pour les langues vivantes, fut reçu le premier, et fut chargé du cours de langue anglaise au lycée Henri IV.
Le 29 novembre 1874, il se fit élire conseiller municipal radical de Paris pour le quartier Saint-Victor, s'associa dans l'assemblée communale à toutes les manifestations du parti avancé, et fut destitué de sa place de professeur le même jour. D'autre part, il avait échoué, le 8 février 1871, comme candidat républicain à l'Assemblée nationale dans la Haute-Vienne, avec 16,763 voix (62,174 votants) et, le 7 janvier 1872, avec 6,844 voix seulement contre 22,836 à l'élu conservateur, M. Charreyron (Gédéon) et 13,485 à M. Ninard, républicain modéré. Ce scrutin était motivé par le décès de M. Charreyron (Charles).
Il se représenta aux élections législatives de 1876, cette fois dans la 2e circonscription de Sceaux, et fut élu député, au second tour de scrutin, par 6,604 voix (11,710 votants, 16,244 inscrits), contre 4,967 à M. Béclard. Il prit place à l'extrême-gauche, vota pour l'amnistie plénière, pour la suppression du budget des cultes et la séparation de l'Eglise et de l'Etat, se fit le champion de l'enseignement laïque et des revendications du parti radical-socialiste, et obtint sa réélection, le 14 octobre 1877, par 10,726 voix (14,198 votants, 18,435 inscrits), contre 2,962 à M. Delagneau.
Il reprit sa place à l'avant-garde du parti républicain, soutint la politique intransigeante contre l'opportunisme gambettiste, et présenta à la Chambre diverses propositions empreintes d'un esprit nettement socialiste, et dont l'une (février 1880) tendait à « l'extinction graduelle du paupérisme » au moyen de l'assurance obligatoire. En 1879, il déposa une demande d'allocation d'une indemnité aux victimes du coup d'Etat du 2 décembre 1851 : cette proposition, à laquelle s'associèrent un grand nombre de membres de la gauche, fut votée en mars 1881.
Le 21 août 1881, M. Alfred Talandier obtint, par 8,982 voix (15,907 votants, 21,625 inscrits), contre 2,689 à M. Steenackers, 2,177 à M. Siebecker et 875 à M. Minot, le renouvellement de son mandat. Il suivit la même ligne de conduite que précédemment, combattit de ses votes la politique des cabinets Gambetta et J. Ferry, parut à la tribune pour réclamer avec insistance la suppression du budget des cultes (rejeté par 348 voix contre 83), se prononça pour l'élection des juges, contre les crédits de l'expédition du Tonkin, et collabora à diverses feuilles démocratiques et socialistes.
Il ne se représenta pas en 1885, sa santé s'étant considérablement affaiblie depuis quelque temps. Il devint titulaire d'un bureau de tabac, et mourut en mars 1890; son corps fut incinéré.