Charles, Marie, Pierre Huon de Penanster
1832 - 1901
Représentant en 1871, député de 1876 à 1881, et sénateur, né à Lannion (Côtes-du-Nord) le 11 octobre 1832, il appartient à une famille de vieille noblesse bretonne. Plusieurs des siens marquèrent dans les guerres de Vendée et de Bretagne et payèrent de leur sang, de leur fortune et de longues années d'emprisonnement et d'exil, leur dévouement à la cause royale.
M. Huon de Penanster, après plusieurs voyages à l'étranger, se présenta, pour le conseil général, aux suffrages des électeurs du canton de Plestin-les-Grèves en juillet 1861, contre le candidat officiel. Elu alors, il n'a cessé depuis de représenter ces populations à l'assemblée départementale. Adjoint au maire de Lannion en 1868, il conserva ces fonctions jusqu'en décembre 1870, afin de sauvegarder avec son collègue M. Le Taillandier les intérêts de la ville. Révoqué à cette époque par le préfet des Côtes-du-Nord, il déclara ne pas reconnaître son autorité, et protesta dans une lettre adressée à M. Glais-Bizoin et publiée dans le Phare de la Loire, contre la dissolution des conseils généraux et contre leur remplacement par une commission nommée par l'administration. Il créa à cette époque avec M. de Foucauld et M. Louis d'Estampes, à Saint-Brieuc, le journal l'Indépendance Bretonne.
Elu représentant à l'Assemblée nationale, le 8 février 1871, par 55 729 voix sur 106 809 votants et 163 398 inscrits, il siégea à droite, fit partie de la réunion Colbert, vota pour la paix, pour l'abrogation des lois d'exil, pour la pétition des évêques, pour le pouvoir constituant de l'Assemblée, pour la démission de Thiers, pour le septennat, contre l'amendement Wallon, contre les lois constitutionnelles.
Aux élections générales du 20 juin 1876, la 1re circonscription de Lannion le renvoya à la Chambre avec 7 957 voix sur 8 730 votants et 13 972 inscrits. Il reprit sa place à la droite monarchiste, se prononça contre l'abrogation des jurys mixtes pour l'obtention des diplômes universitaires, contre l'ordre du jour sur « les menées ultramontaines », contre l'amnistie. Dans cette dernière discussion, rappelé deux fois à l'ordre pour ses interruptions, il obtint le retrait de la peine encourue par le règlement, en remettant très spirituellement sous les yeux du président de la Chambre, Gambetta, le compte rendu d'une séance où lui, Gambetta, avait interrompu dix-huit fois sans être l'objet d'aucun rappel. Il soutint le cabinet Fourtou-de Broglie contre les 363.
Aux élections du 14 octobre 1877, après la dissolution de la Chambre, il fut réélu par 7 637 voix sur 10 611 votants et 13 985 inscrits, contre 2 966 voix à M. Le Berre. Il avait refusé l'affiche blanche et n'en avait laissé placarder que 4 ou 5, pour ne pas paraître se séparer de ses autres collègues. Du reste, détail assez curieux, M. Huon de Penanster n'a jamais publié de profession de foi dans aucune de ses nombreuses élections. À la Chambre, il appuya les derniers essais de résistance du cabinet du 16 mai contre la majorité parlementaire, et vota contre les ministères républicains qui le remplacèrent au pouvoir.
L'état de sa santé le décida à ne pas accepter un nouveau mandat aux élections de 1881, mais il soutint de toute son influence le candidat qu'il avait présenté à ses électeurs.
À la mort de M. Le Provost de Launay, qui avait succédé à M. le comte de Champagny au Sénat, M. Huon de Penanster le remplaça, le 27 juin 1886, comme sénateur des Côtes-du-Nord, élu par 739 voix contre 512 à M. Armez (1,252 votants). Il prit place à la droite de la Chambre haute, se prononça contre la politique scolaire et coloniale du gouvernement, et déposa, en 1888, un projet de révision des lois constitutionnelles dans le dessein d'obliger M. Floquet, alors chef du gouvernement, à venir soutenir ses anciens programmes qu'il lui avait empruntés. Le 10 janvier 1889, la droite l'ayant désigné pour la représenter au bureau, il fut nommé secrétaire du Sénat : il a voté contre le rétablissement du scrutin d'arrondissement, contre le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse, contre la procédure à suivre devant le Sénat, contre le général Boulanger.
Né le 11 octobre 1832 à Lannion (Côtes-du-Nord), mort le 31 mai 1901 à Ploubezre (Côtes-du-Nord).
Représentant des Côtes-du-Nord à l'Assemblée Nationale de 1871 à 1876.
Député des Côtes-du-Nord de 1876 à 1881.
Sénateur des Côtes-du-Nord de 1886 à 1901.
(Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. III, p. 376.)
Huon de Penanster qui, en 1888, avait été désigné par la droite pour siéger au bureau du Sénat comme secrétaire, fut réélu à ce poste en 1889 et en 1890. Ses deux dernières interventions à la tribune datent de 1889. Les 21 et 24 juin, dans la discussion d'un projet de loi sur les ports militaires, il plaide avec chaleur la cause de Lézardrieux, port des Côtes-du-Nord. Le 1er juillet, on discute sur le transfert au Panthéon des cendres de Lazare Carnot, Marceau et Baudin. Huon de Penanster présente un contre-projet pour demander qu'on rende au culte l'église élevée par Louis XV à Sainte Geneviève, patronne de Paris. Mais il en profite surtout pour parler violemment contre Carnot et contre Hoche. Malheureusement, un lapsus lui ayant fait prendre le 18 Fructidor pour le 18 Brumaire, la confusion fut relevée par le rapporteur, à la « bruyante hilarité de la gauche ». Huon de Penanster, abandonnant alors les bruits de la tribune pour le silence du cabinet, écrivit l'histoire d'Une conspiration en l'an XI et en l'an XII, publiée en 1896. Dans cette œuvre qu'il a voulue « d'impartialité historique et de justice », il a tenté de montrer que la « conspiration » de Cadoudal, Moreau et Pichegru avait été inspirée par Fouché et Bonaparte.
Huon de Penanster avait été réélu au premier tour lors du renouvellement du 7 janvier 1894, par 722 voix sur 1.248 suffrages exprimés.
Gravement malade depuis longtemps, il mourut le 31 mai 1901, âgé de 69 ans, après avoir représenté les Côtes-du-Nord au Parlement pendant vingt-cinq ans.