Jérôme, Frédéric, Paul David
1823 - 1882
Député au Corps législatif de 1859 à 1870, ministre, député de 1876 à 1881, né à Rome (Italie), le 30 juin 1823, mort à Langon (Gironde), le 27 janvier 1882, il était le petit-fils du célèbre peintre et conventionnel David (Jacques-Louis), et filleul de Jérôme Bonaparte, roi de Wesphalie, et de la reine Caroline de Wurtemberg, sa femme.
Il sortit de l'Ecole de Saint-Cyr sous-lieutenant de zouaves, le 1er octobre 1844, fit dix ans de campagnes en Afrique, comme officier d'ordonnance des généraux Cavaignac, Ladmirault et Randon, comme chef d'un bureau arabe, et comme commandant du cercle des Beni-Massour, en Kabylie. Décoré en 1847, capitaine au 21e de ligne en 1854, il fut officier d'ordonnance de prince Napoléon (1853-1855), le suivit en Crimée, et donna sa démission en 1857.
Maire de Langon et conseiller général de la Gironde pour le canton de Saint-Symphorien depuis 1854 (il avait épousé, l'année précédente, Mlle Merle, de Langon) il se présenta dans la 3e circonscription de ce département aux élections législatives du 22 juin 1857, et échoua avec 6,525 voix contre 15,442 accordées au député sortant, M. Thiérion.
Le 1er mai 1859, il fut élu député, dans la 4e circonscription de ce département (La Réole), par 24,873 voix sur 24,908 votants et 37,212 inscrits, en remplacement de M. le baron Roguet, décédé. Il prit place dans la majorité dynastique et prononça un discours remarqué en faveur du libre-échange, à la veille de la conclusion du traité de commerce avec l'Angleterre.
Réélu, comme candidat officiel, le 1er juin 1863, dans la 4e circonscription de la Gironde, par 24,542 voix sur 24,722 votants et 38,211 inscrits, il continua de soutenir la politique personnelle de l'empereur, fut, pendant trois ans, secrétaire du Corps législatif, puis vice-président (1869), demanda (23 janvier 1864) qu'on reconnût aux Polonais révoltés la qualité de belligérants, parla sur la question romaine (5 décembre 1867), prononça sur le projet de loi sur l'armée un important discours, qui fut répandu, par ordre de l'empereur, à cent mille exemplaires (19 décembre 1867), et interpella le gouvernement (mars 1869), sur les dangers que « la corruption électorale résultant des promesses mensongères des candidats de l'opposition faisait courir aux mœurs publiques. »
La 6e circonscription du même département le renvoya au Corps législatif, le 24 mai 1869, par 19,097 voix sur 24,469 votants et 29,189 inscrits, contre M. de Lur-Saluces, 5,305 voix. Il combattit le ministère d'Emile Ollivier, se montra des plus exigeants pour les satisfactions à obtenir de la Prusse lors de la candidature Hohenzolern au trône d'Espagne, et des plus ardents pour la déclaration de guerre; à cette occasion, il répondit à Thiers : « Gardez vos leçons pour vous. Vos idées n'ont pas d'appui appréciable à la Chambre, et vous faites bien du mal à la France. »
A la chute du cabinet Ollivier (10 août 1870), il prit, dans le cabinet Palikao, le portefeuille des travaux publics. Ce fut lui qui annonça au Sénat la défaite de Sedan, et déclara que « Paris ne capitulerait pas, et que, s'il le fallait, nous nous ensevelirions sous ses décombres.» Renversé le lendemain, 4 septembre, il rentra momentanément dans la vie privée.
Le 2 juillet 1871, une élection nouvelle étant nécessitée dans la Gironde par l'option de 4 représentants pour d'autres départements, le baron Jérôme David se porta comme candidat sur la liste conservatrice; il échoua, avec 28,830 voix contre 75,345 données au dernier élu de la liste républicaine, M. Sansas.
Le canton de Langon l'envoya siéger au conseil général, le 6 octobre 1874, et, le 5 mars 1876, il fut élu, au second tour, député de l'arrondissement de Bazas, sur une profession de foi nettement bonapartiste, par 7,576 voix sur 13,564 votants et 16,274 inscrits contre 5,918 voix à M. Darquey, candidat républicain. Il prit place dans le groupe de l'Appel au peuple, et vota avec lui; il appuya la politique de combat de M. de Broglie, le soutint contre les 363, et fut réélu, après la dissolution de la Chambre, le 18 octobre 1877, comme candidat officiel, par 7,404 voix, sur 13,539 votants et 16,581 inscrits, contre 6,044 voix à M. Alexandre Léon, ancien représentant. Cette élection fut invalidée par la majorité républicaine, mais les électeurs convoqués à nouveau, le 7 juillet 1878, confirmèrent à M. Jérôme David son mandat par 6,475 voix sur 12,742 votants et 16,586 inscrits, contre 6,204 voix à M. Léon. Il continua de voter avec le groupe bonapartiste, ne se représenta pas aux élections du 21 août 1881, et mourut moins de six mois après.
Commandeur de la Légion d'honneur (août 1864), grand officier (19 juin 1869), décoré de la médaille de Crimée et de plusieurs ordres étrangers. On a de lui : Actualités et souvenirs politiques (1874).