Jacques, Ludovic Trarieux

1840 - 1904

Informations générales
  • Né le 30 novembre 1840 à Aubeterre (Charente - France)
  • Décédé le 13 mars 1904 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IIe législature
Mandat
Du 6 avril 1879 au 14 octobre 1881
Département
Gironde
Groupe
Gauche républicaine

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 5 janvier 1888 au 2 janvier 1897
Sénateur
du 3 janvier 1897 au 13 mars 1904

Biographies

Député de 1879 à 1881, né à Aubeterre (Charente) le 30 novembre 1840, il fit ses études de droit et s'inscrivit au barreau de Bordeaux (1865), où il se distingua.

Il venait d'être élu bâtonnier de l'ordre, lorsqu'il se présenta, aux élections d'octobre 1877, comme candidat républicain modéré dans l'arrondissement de Lesparre : il n'obtint que 4,823 voix, contre 5,796 au candidat officiel élu, M. de Bouville.

Deux ans plus tard, la vacance déterminée par l'élection de M. de Lur-Saluces au Sénat fit entrer M. Trarieux à la Chambre, le 6 avril 1879, comme député de la 4e circonscription de Bordeaux, élu par 10,597 voix (14,921 votants, 29,159 inscrits). Il se fit inscrire à la gauche républicaine, prit part à la discussion du projet de loi sur la liberté de l'enseignement supérieur, soutint divers amendements, et se prononça contre l'article 7, tout en approuvant l'ensemble du projet. Il vota encore pour l'invalidation de l'élection de Blanqui, contre l'amnistie plénière, et parla sur les syndicats professionnels en réclamant des précautions et des garanties.

Il se représenta, le 21 août 1881, et, n'ayant réuni que 4,917 voix, contre deux adversaires, l'un monarchiste, l'autre républicain, il se désista avant le scrutin de ballottage. Il transporta alors sa candidature dans l'arrondissement de Barbezieux (Charente), et y obtint, au scrutin partiel du 20 janvier 1884, 5,207 voix, contre 7,080 à l'élu bonapartiste, M. Arnous; il recueillit encore sans être élu, lors des élections générales du 4 octobre 1885, sur la liste républicaine de la Charente, 39,935 voix (88,972 votants).

Candidat aux élections sénatoriales dans la Gironde, au renouvellement triennal du 5 janvier 1888, il fut élu par 662 voix sur 1,262 votants. Il prit place à gauche, parla (mars 1888) sur la modification de l'article 1780 du code civil (louage de services), interpella (21 avril) le nouveau président du conseil, M. Floquet, sur son programme révisionniste, fit repousser (juin) l'effet rétroactif de la taxe militaire, parla (décembre) contre le budget extraordinaire de la guerre (dénonçant le danger qu'il y a à autoriser de nouvelles dépenses, sans les gager aussitôt sur des ressources réelles), soutint la politique scolaire et coloniale du gouvernement, se prononça, en dernier lieu, pour le rétablissement du scrutin d'arrondissement (13 février 1889), s'abstint sur le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse, et vota pour la procédure de la haute cour contre le général Boulanger.

Le 12 avril 1889, M. Trarieux fut choisi par le Sénat, par 191 voix sur 230 votants, le 4e sur 9, pour faire partie de la commission des Neuf chargée de l'instruction de la mise en accusation dans les poursuites intentées contre le général Boulanger et MM. Dillon et Henri Rochefort.


Né le 30 novembre 1840 à Aubeterre (Charente), mort le 13 mars 1904 à Paris.

Député de la Gironde de 1879 à 1881.

Sénateur de la Gironde de 1888 à 1904.

Ministre de la Justice du 26 janvier au 1er novembre 1895.

(Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. V, p. 439.)

Au renouvellement triennal du Sénat de 1888, Trarieux fut élu par le département de la Gironde et réélu en 1897, le deuxième sur cinq, au premier tour de scrutin, par 888 voix sur 1.281 votants, ses collègues étant Monis (896 voix), Obissier Saint-Martin (858 voix), Caduc (850 voix) et Raynal (810 voix). Il participe à maintes discussions d'ordre juridique ou social : modification de la loi sur les syndicats professionnels que, sur son rapport, le Sénat rejeta ; arbitrage entre patrons et ouvriers, travail des femmes et enfants mineurs, et, aussi, nouveau régime des douanes, marine marchande, indigénat et organisation coloniale.

Mais les traits les plus marquants de son activité furent sa participation comme rapporteur au vote de trois des quatre lois visant à la répression des attentats anarchistes (1893 et 1894) puis, en fin 1897, sa prise de position en faveur de la révision du procès Dreyfus - ce qui l'amena, l'année suivante, à créer la Ligue des droits de l'homme et du citoyen.

Ces deux attitudes n'étaient point contradictoires : défenseur de la liberté, qu'il ne confondait pas avec la licence (il approuva R. Bérenger), il fut durablement l'adversaire de tout manquement à la légalité républicaine.

Lors de la crise anarchiste, il requit « contre une école du crime où la provocation aux pires attentats est devenue le métier habituel de certains hommes » mais fit rejeter un amendement qui déférait les civils usant d'explosifs aux conseils de guerre, car il n'acceptait point de dessaisir les tribunaux de droit commun.

Ainsi exprimait-il le sentiment de la grande majorité des sénateurs, conservateurs du libéralisme politique.

Aussi, membre du « Centre gauche » - le groupe républicain le plus modéré de la Haute Assemblée - fut-il porté à sa présidence. En mai 1894, il devint rapporteur général du budget, puis fut nommé vice-président du Conseil et ministre de la Justice du cabinet Ribot (26 janvier-28 octobre 1895).

Redevenu sénateur, il resta un personnage de premier plan, toujours d'extrême centre : il appuya la motion Demôle qui entraîna la chute du cabinet Bourgeois, rapporta et fit voter, malgré l'opposition de l'extrême droite (qui ne se résignait ni à la déposition de la reine, ni au remplacement d'un général par un résident civil), le projet de loi déclarant « Madagascar et les îles qui en dépendent Colonies françaises », aida, le 28 mai 1897, au vote de la loi qui mit fin à l'instruction secrète c’est-à-dire l'interrogation de l'accusé par le juge d'instruction hors de la présence de l'avocat - et réclama même l'institution d'une expertise contradictoire en matière criminelle et correctionnelle.

Lors de l'affaire Dreyfus ses collègues ne furent pas surpris lorsque le 7 décembre 1897, ému par les révélations apportées par Scheurer-Kestner, il intervint pour rappeler que la suspicion de l'erreur n'a jamais été, dans la pensée du législateur, offensante pour le caractère des magistrats dont le jugement aurait pu être trompé... « car la toute science et l'infaillibilité ne sont pas de ce monde », et acheva par l'éloge du courage civique de l'interpellateur.

En février 1898, avec Scheurer-Kestner et avec Thevenet - qui avait été ministre de la Justice du gouvernement Tirard - il dépose une interpellation sur l'illégalité commise le 22 décembre 1894 consistant à remettre au conseil de guerre des pièces dites secrètes et non communiquées à l'accusé et à ses conseils.

Sur ce thème essentiellement juridique, il poursuivit, sur le plan parlementaire, la campagne en faveur de la révision, puis constitua la même année le comité de la Ligue française pour la défense des droits de l'homme et du citoyen ; certains membres du bureau de ce comité ayant été poursuivis, il s'expliqua au Luxembourg en demandant au président à ne pas bénéficier parce que sénateur d'un quelconque privilège.

Avec le cabinet Waldeck-Rousseau - dont le garde des sceaux, Monis, était son colistier - il triompha... Mais des raisons de santé, la radicalisation de la politique après 1902, le succès d'adhésions que connut alors la Ligue, l'éloignèrent de la vie active.

Il mourut à Paris le 13 mars 1904 : son successeur comme président de la Ligue fut Francis de Pressensé ; l'association qu'il avait fondée obtint qu'un monument dû à J. Boucher fût érigé dans le square parisien qui se trouve à l'ouest du Lion de Belfort.