Charles, Pierre Chesnelong

1820 - 1899

Informations générales
  • Né le 14 avril 1820 à Orthez (Basses-Pyrénées - France)
  • Décédé le 22 juillet 1899 à Orthez (Basses-Pyrénées - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Second Empire - Corps législatif
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 4 novembre 1865 au 27 avril 1869
Département
Basses-Pyrénées
Groupe
Majorité dynastique
Régime politique
Second Empire - Corps législatif
Législature
IVe législature
Mandat
Du 23 mai 1869 au 4 septembre 1870
Département
Basses-Pyrénées
Groupe
Centre droit
Régime politique
Assemblée Nationale
Législature
Mandat
Du 4 janvier 1872 au 7 mars 1876
Département
Basses-Pyrénées
Groupe
Union des Droites
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
Ire législature
Mandat
Du 20 février 1876 au 7 avril 1876
Département
Basses-Pyrénées
Groupe
Union des Droites

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 24 novembre 1876 au 22 juillet 1899

Biographies

Député au Corps législatif de 1865 à 1870, représentant en 1872, député en 1876, et sénateur inamovible, né à Orthez (Basses-Pyrénées), le 14 avril 1820, il fit ses études à Paris, et prit, en 1857, la direction de l'importante maison de draperie que lui laissait son père. En 1848, il s'était mêlé à la politique et dans les réunions préparatoires aux élections du 23 avril, il avait exigé du candidat, M. Larrabure, l'engagement « de ne travailler qu'à l'établissement d'une république franchement démocratique. »

Membre du Conseil général des Basses-Pyrénées en 1852, et maire d'Orthez en 1855, il donna son concours au régime impérial, et fut élu, comme candidat officiel, le 4 novembre 1865, député de la 2e circonscription des Basses-Pyrénées en remplacement de M. Larrabure, démissionnaire, par 19 708 voix sur 26 387 votants et 34 813 inscrits, contre M. Louis Lacaze, 6 589 voix. Le gouvernement l'avait accepté comme candidat, quoique très clérical, pour renforcer sa majorité d'un orateur. Il débuta à la tribune, le 25 février 1867, dans la discussion relative au décret impérial du 19 janvier, et son talent chaud et vibrant, quoique toujours académique, ne trompa point les espérances de l'administration. Dans la discussion sur la question romaine (2 décembre suivant), il défendit éloquemment le pouvoir temporel du pape, demanda sa consécration par une conférence européenne, et, soutenu par M. Thiers, amena M. Rouher à prononcer à la tribune le fameux Jamais ! qui fermait impérieusement à l'Italie les portes de Rome.

Réélu, le 24 mai 1869, par 17 358 voix, sur 29 447 votants et 34 580 inscrits, contre M. Louis Lacaze, 12 019 voix, il suivit l'évolution de l'empire libéral, prit la parole dans plusieurs discussions financières, et, rapporteur du budget de 1870, demanda la réduction du nombre des fonctionnaires, pour alléger le budget et pour rendre aux professions libres « les forces détournées des voies où elles pourraient être mieux utilisées. » Il vota pour la guerre contre la Prusse.

Il se tint à l’écart après la révolution du 4 Septembre, fut élu, le 8 octobre 1871, conseiller général du canton d'Orthez, et se représenta à l'élection partielle du 4 janvier 1872, dans les Basses-Pyrénées, en remplacement de l'amiral Jauréguiberry, démissionnaire; il fut élu par 40 668 voix sur 72 993 votants et 109 216 inscrits, contre le marquis de Noailles, candidat républicain, 31 599 voix, prit place à l'extrême droite, et devint un des chefs du parti légitimiste. Rapporteur de la commission chargée d'examiner la proposition Faye, qui demandait que les réunions publiques fussent autorisées pour les élections aux Conseils généraux (janvier 1872), il conclut au rejet ; il appuya les pétitions en faveur du pape, coopéra au renversement de Thiers, appuya la déclaration d'utilité publique de l'église du Sacré-Cœur à Montmartre, fit partie du pèlerinage de Paray-le-Monial, et joua le rôle plus actif, sinon le plus heureux, dans les tentatives de restauration monarchique de 1873.

Membre de la commission des Neuf, il alla porter au comte de Chambord le programme rédigé par cette commission, et, à son retour, le 18 octobre, déclara que le programme était accepté par le roi, y compris la question du drapeau. Le 27, parut dans l'Union, une lettre du comte de Chambord déclarant qu'il maintenait le drapeau blanc. Ce démenti mit fin aux négociations, et, le 29 novembre, M. Chesnelong vota pour le septennat.

Rapporteur du budget de 1874, et membre de la commission des lois constitutionnelles, il se voua surtout alors à l'établissement d'Universités catholiques, à la direction des cercles catholiques d'ouvriers, dans lesquels il parla en faveur du repos du dimanche. À la Chambre, il combattit l’amendement Wallon, vota contre les lois constitutionnelles (25 février 1875) et défendit la loi sur l'enseignement supérieur.

L'arrondissement d'Orthez le réélut, le 20 février 1876, par 8 378 voix sur 16 716 votants et 19,532 inscrits, contre M. Vignancourt, candidat républicain, 8 298 voix. Mais, après vérification, le bureau de la Chambre trouva que M. Chesnelong manquait de 3 voix pour avoir la majorité requise au premier tour; il fut invalidé, et les électeurs d'Orthez convoqués à nouveau, le 21 mai 1876, donnèrent cette fois la majorité à M. Vignancourt, par 9 042 voix contre 8 809 à M. Chesnelong.

Le 24 novembre suivant, M. Chesnelong fut élu sénateur inamovible par le Sénat, au 2e tour de scrutin, avec 147 voix contre 142 à MM. Renouard et André. Il prit place à l'extrême droite et vota la dissolution de la Chambre demandée par le cabinet de Broglie en juin 1877.

Son rôle politique n'a cessé d'être des plus actifs dans la Chambre haute : il protesta (juillet 1880) contre la suppression de l'aumônerie militaire, demanda (mars 1880) le maintien des lettres d'obédience, dénonça (juin suivant) l'obligation et la laïcité de l'instruction, comme un attentat à la liberté et une concession à l'athéisme, défendit (mars 1883) l'unité de législation pour les associations laïques et les congrégations adoptée par la commission du Sénat dans son projet de loi sur le droit d'association, et attaqua (31 mai) la tolérance du gouvernement pour les manuels d'enseignement civique. La discussion du budget (janvier 1884) provoqua de sa part de vives critiques de l'administration financière républicaine ; il articula plus nettement encore ses griefs au mois de décembre suivant en relevant une à une toutes les fautes politiques et financières attribuables selon lui au gouvernement depuis 1876, et renouvela souvent ses critiques lors de la présentation des budgets successifs. Lorsque le ministre de la guerre, général Boulanger, raya des contrôles de l'armée les princes d'Orléans (juillet 1886), ce fut M. Chesnelong qui interpella le ministre accusé d'avoir violé la loi de 1834 sur l'état des officiers. M. Chesnelong a pris la parole dans de nombreuses discussions, notamment au sujet des lois Ferry sur l'enseignement ; il a toujours voté avec l'extrême-droite. Dans la dernière session, il s'est prononcé :

- contre le rétablissement du scrutin uninominal (13 février 1889),
- contre le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse,
- contre la procédure à suivre devant le Sénat pour juger les attentats contre la sûreté d'Etat (affaire du général Boulanger).

Officier de la Légion d'honneur du 4 août 1847.


Né à Orthez (Basses-Pyrénées), le 14 avril 1820. Mort à Orthez, le 22 juillet 1899.

Député des Basses-Pyrénées au Corps législatif de 1865 à 1870
Représentant à l'Assemblée Nationale de 1872 à 1875
Député invalidé en 1876
Sénateur inamovible de 1876 à 1889

(Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. 2, p. 88.)

Durant les dix dernières années de sa vie, il est resté au Sénat l'un des porte-paroles les plus écoutés du parti conservateur, luttant vigoureusement contre la politique anticléricale. En 1890, il intervint dans la discussion d'une interpellation relative à la laïcisation de l'école congréganiste de Vicq. En 1891, dans la discussion du projet de loi relatif au travail des enfants et des femmes dans l'industrie, il soutint un amendement tendant à interdire le travail des enfants de moins de dix-huit ans et des femmes de tout âge les dimanches et jours de fêtes légaux; la même année, il intervint dans la discussion d'une interpellation sur les rapports de l'Eglise et de l'Etat pour combattre le principe de la séparation et défendre la politique du Vatican et de l'épiscopat français.

Il continua aussi à s'intéresser aux questions financières. Lors des débats sur les lois de finances, il critiqua vivement les projets de budget pour les exercices 1894 et 1895 et se prononça contre l'institution de l'impôt sur le revenu et la progressivité des droits de succession. Ses critiques contre le projet de budget pour l'exercice 1897 furent moins sévères, mais il renouvela, à l'occasion de sa discussion, ses protestations contre les lois scolaires et le régime fiscal des congrégations religieuses.

Il mourut à Orthez le 22 juillet 1899, pendant l'intersession. Dans l'oraison funèbre qu'il prononça, devant le Sénat, le 14 novembre, le président Armand Fallières, après avoir affirmé que cette mort avait provoqué les regrets du Sénat tout entier et avoir rappelé que Charles Chesnelong avait été l'un des adversaires les plus déterminés du régime républicain, concluait ainsi : « Il est mort dans les rangs de l'opposition qu'il n'a jamais désertée et à laquelle il a prêté si souvent le concours d'une parole qui ne manquait ni d'éclat ni de puissance. Qu'il traitât une question de finances, ou qu'il défendît les intérêts catholiques qu'il croyait menacés, il prenait avec aisance possession de la tribune. Une réelle élégance de forme, l'abondance et la clarté de l'argumentation, l'élévation de la pensée, de temps à autre de soudains emportements dont sa courtoisie savait habilement modérer l'expression, l'impétuosité de son geste, le feu de son regard : tout contribuait à donner à son discours un relief saisissant bien fait pour séduire ceux que l'orateur n'arrivait pas à convaincre. Cette voix s'est éteinte, le souvenir en sera durable. »

Pierre, Charles Chesnelong avait été nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1856, pour récompenser son dévouement comme maire d'Orthez pendant l'épidémie de choléra ; il avait été promu officier en 1867.

Grâce à une souscription des catholiques de France, sa statue se trouve dans la crypte de la basilique du Sacré-Cœur à Montmartre, non loin de celle de Louis Veuillot.

Au cours de sa vie politique, il a publié de nombreux ouvrages inspirés, pour la plupart, par les préoccupations du moment : ainsi L'Action sociale du christianisme (1877) ; Les Comités catholiques et la défense religieuse (1877) ; L'Education chrétienne et l'école sans Dieu (1879) ; Les décrets du 29 mars et les devoirs des catholiques (1880) ; La liberté de l'Eglise et la laïcisation (1883); La séparation de l'Eglise et de l'Etat (1884) ; Le budget des cultes (1885) ; Des rapports de la papauté et du travail (1887) ; La question sociale à l'assemblée des catholiques (1887) ; Jeanne d'Arc et la vocation chrétienne de la France (1894).

Ses discours parlementaires sur l'enseignement ont été réunis en un volume et publiés en 1910 sous le titre Discours. La liberté de l'enseignement.


Quelques années avant sa mort, il avait fait paraître Un témoignage sur un point d'histoire : La campagne monarchique d'octobre 1873 (1895). C'était un extrait de ses mémoires intitulé Dix ans de souvenirs parlementaires 1866-1875. Restés inédits, ils ont été publiés en 1932, par son petit-fils, en deux volumes: Les derniers jours de l'Empire et le Gouvernement de M. Thiers, L'avènement de la République.

L'un des fils de Charles Chesnelong, Jean-Victor-Emile, devint évêque de Valence, puis archevêque de Sens, de 1912 à 1931.