Charles, Ernest Beulé

1826 - 1874

Informations générales
  • Né le 29 juin 1826 à Saumur (Maine-et-Loire - France)
  • Décédé le 4 avril 1874 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Assemblée Nationale
Législature
Mandat
Du 8 février 1871 au 4 avril 1874
Département
Maine-et-Loire
Groupe
Centre droit

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Représentant à l'Assemblée nationale de 1871 et ministre, né à Saumur (Maine-et-Loire), le 29 juin 1826, mort à Paris, le 4 avril 1874, élève de l'Ecole normale en 1845, puis agrégé des classes supérieures, il fut nommé, en 1848, professeur de rhétorique au lycée de Moulins.

Envoyé à l'Ecole française d'Athènes, il poussa avec activité les fouilles de l'Acropole, les importantes découvertes qu'il y fit établirent sa réputation dans le monde savant, et consolidèrent l'Ecole française d'Athènes dont l'utilité était discutée. À son retour en France en 1853, Beulé fut décoré de la Légion d'honneur, se fit recevoir docteur ès-lettres, et obtint, l'année suivante, la succession de Raoul-Rochette qui venait de mourir, dans la chaire d'archéologie de la Bibliothèque impériale. Il entreprit à ses frais des fouilles considérables à Carthage, entra à l'Académie des inscriptions et belles-lettres en 1860, et fut élu, contre Berlioz, secrétaire perpétuel de l'Académie des beaux-arts en 1862. En cette qualité, il attaqua avec vivacité, dans la Revue des Deux-mondes, le décret du 13 novembre 1863, qui dégageait l'Ecole des beaux-arts de la routine classique, mais que combattirent également à ce moment Ingres et Hippolyte Flandrin. Les Eloges d'Halévy, de Flandrin, d'Horace Vernet, de Meyerbeer, qu'il prononça en séance publique, furent remarqués.

Lors de la cession consentie par l'empereur à l'Angleterre des statues des Plantagenets, Beulé attaqua le décret impérial devant le Conseil d'Etat ; le mouvement d'opinion qui s'en suivit fit rapporter le décret. Il publia encore, pendant cette période : l'Architecture au siècle de Pisistrate (1860), Phidias, drame antique (1863), Histoire de la sculpture avant Phidias (1864), Auguste, sa famille et ses amis (1867), le Sang de Germanicus (1869), etc. Dans ces dernières publications, l'allusion, facile, au régime impérial était peu ménagée, sans être jamais indiscrète.

Pendant la guerre de 1870, il fut chargé d'organiser les ambulances dans l'Ouest. Elu, le 8 février 1871, représentant de Maine-et-Loire à l'Assemblée nationale, le 1er sur 11, par 101 364 voix sur 120 174 votants et 151 588 inscrits, il siégea au centre droit orléaniste, présenta le rapport favorable à la proposition de transfert du Parlement à Versailles, parla sur la loi des conseils généraux, et demanda en mars 1872, dans un discours qui le classa parmi les orateurs de la Chambre, le maintien des subventions théâtrales. Il vota :

- pour la paix,
- pour les prières publiques,
- pour l'abrogation des lois d'exil,
- pour la pétition des évêques,
- pour le pouvoir constituant de l'Assemblée,
- contre le service militaire de trois ans.

Il signa (le 24 mai 1873) l'ordre du jour de la droite destiné à ramener le gouvernement à « une politique résolument conservatrice », et dont le vote par 360 voix contre 344 amena la démission de Thiers.

Le lendemain, M. Beulé entrait, comme ministre de l'Intérieur, dans le cabinet présidé par le duc de Broglie, mais il ne montra à ce poste que des qualités administratives de second ordre. Il révoqua des préfets et des sous-préfets, et suspendit un certain nombre de journaux républicains. Il tenta d'organiser (circulaire du 4 juin 1873) une presse départementale dévouée. « Sachez, disait aux préfets la circulaire rédigée par M. Pascal, sous-secrétaire à l'intérieur, sachez le prix que ces journaux pourraient attacher au concours bienveillant de l'administration » ; mais Gambetta porta cette circulaire à la tribune le 10 juin, et si la Chambre donna un vote favorable au ministre, qui en assuma la responsabilité, l'opinion n'en fut pas moins frappée de la maladresse de la combinaison.

D'autres erreurs, comme l'affirmation à la tribune de l'état de siège dans le département des Vosges, alors que le décret n'était qu'en projet, ni voté, ni promulgué, et sa réponse malheureuse à l'interpellation Léon Say (24 novembre) sur la non-convocation des électeurs dans les départements dont les sièges étaient vacants, l'obligèrent de résigner ses fonctions.

Il parut encore une fois à la tribune et parla sur la surveillance de la haute police, mais il était profondément aigri.

Le 4 avril 1874, on le trouva mort dans son lit ; il s'était frappé de deux coups de stylet, pour mettre fin, a-t-on dit, aux souffrances occasionnées par une maladie de cœur.