Antoine Sénard
1800 - 1885
Représentant en 1848, ministre, représentant en 1874, député de 1877 à 1881, né à Rouen (Seine-Inférieure) le 9 avril 1800, mort à Paris, le 29 octobre 1885, fils d'un architecte, il fit ses études au lycée de Rouen, fut reçu avocat à Paris, et se fit inscrire, à 19 ans, au barreau de sa ville natale. Il y remporta de brillants succès de cour d'assises, prit parti contre la branche aînée lors des ordonnances de Juillet, mais ne tarda pas à faire de l'opposition au gouvernement de Louis-Philippe : il présida, le 24 décembre 1847, le banquet réformiste de Rouen.
Bâtonnier de l'ordre des avocats, il fut nommé par le gouvernement provisoire, procureur général à Rouen (mars 1848); mais il résigna ces fonctions, pour se faire élire, le 23 avril suivant, représentant de la Seine-Inférieure à l'Assemblée constituante, le 18e sur 19, par 102,162 voix. Des troubles ayant éclaté à Rouen, il y revint, n'ayant pas encore été remplacé comme procureur général, réussit à triompher de l'émeute, et, de retour à Paris, fit partie du comité du travail, et fut nommé président de l'Assemblée.
L'appui qu'il prêta à la dictature du général Cavaignac lors des journées de juin, lui valut les félicitations de l'Assemblée et le portefeuille de l'Intérieur (25 juin) ; il s'efforça, dans ce poste, de réorganiser l'administration, donna sa démission le 13 octobre, et fit de l'opposition au prince Louis-Napoléon, après l'élection présidentielle du 10 décembre. Il vota:
- pour le rétablissement du cautionnement,
- contre le droit au travail,
- contre l'impôt progressif,
- contre l'amendement Duvergier de Hauranne sur les deux Chambres,
- pour l'amendement Grévy,
- pour le remplacement militaire,
- pour la proposition Rateau,
- contre la diminution de l'impôt du sel,
- pour la mise en accusation du président et de ses ministres.
Non réélu à la Législative, M. Sénard se fit inscrire au barreau de Paris.
Au 4 septembre 1870, le gouvernement de la Défense nationale l'envoya en mission à Florence pour réveiller en notre faveur les sympathies italiennes, et pour demander des explications sur le mouvement séparatiste qui semblait se dessiner à Nice. Bien que M. Sénard eût cru devoir féliciter officiellement Victor-Emmanuel « de l'heureux événement qui délivrait Rome et consacrait l'unité de l'Italie » (les troupes piémontaises venaient d'occuper Rome), il n'obtint satisfaction que sur le second point de sa mission.
De retour en France (23 octobre), il se porta candidat à l'Assemblée nationale, dans la Seine-Inférieure, aux élections du 8 février 1871 ; mais il échoua avec 11 164 voix sur 120 899 votants.
Bâtonnier de l'ordre des avocats de Paris (juillet 1874), il se représenta à la députation, le 18 octobre de la même année, à l'élection partielle motivée dans le département de Seine-et-Oise par le décès de M. Labélonye, et fut élu par 59 839 voix sur 107 590 votants et 143 430 inscrits, contre 44 882 à M. Arrighi de Padoue. Il prit place à gauche, et vota pour l'amendement Wallon et pour les lois constitutionnelles.
Il refusa de se représenter le 20 février 1876 ; mais, après la dissolution de la Chambre par le cabinet du 16 mai, il fut élu (14 octobre 1877) député de la 1re circonscription de Pontoise, par 7 434 voix sur 14 159 votants et 16 158 inscrits, contre 6 638 à M. Dehaynin, candidat conservateur. Il soutint la politique des cabinets républicains, réclama du ministère, au nom des gauches, après l'élection d'une majorité républicaine au Sénat en janvier 1879, une politique fermement républicaine, et fut nommé vice-président de la Chambre le 24 mai suivant.
Les élections du 21 août 1881 ne lui furent pas favorables : la 1re circonscription de Pontoise ne lui donna que 4 876 voix, contre 7 053 au candidat radical élu, M. Vermond.
Nommé chevalier de la Légion d'honneur par M. Dufaure en 1876, M. Sénard avait refusé cette distinction.