René Blas

1906 - 1990

Informations générales
  • Né le 24 novembre 1906 à Fourmies (Nord - France)
  • Décédé le 16 juin 1990 à Dijon (Côte-d'Or - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 8 février 1971 au 1er avril 1973
Département
Côte-d'Or
Groupe
Union des démocrates pour la République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ve législature
Mandat
Du 6 mai 1973 au 2 avril 1978
Département
Côte-d'Or
Groupe
Union des démocrates pour la République

Biographies

Biographie de la Ve République

BLAS (René, Eugène)
Né le 24 novembre 1906 à Fourmies (Nord)
Décédé le 16 juin 1990 à Dijon (Côte-d’Or)

Député de la Côte-d’Or de 1971 à 1978

La carrière politique de René Blas, notable bourguignon, a été en grande partie liée à celle de Robert Poujade. Né le 24 novembre 1906 à Fourmies, dans le département du Nord, il perd son père – mort pour la France en 1918 - alors qu’il n’a que douze ans. Après des études secondaires à Lille, il entre à l’Académie des Beaux-Arts de la ville, avant d’être reçu à l’Ecole régionale d’architecture. Mais il doit interrompre ses études pour gagner sa vie. Pendant six ans, il est employé-dessinateur, puis directeur d’une maison de joaillerie dans son département natal, de 1929 à 1942. Entre-temps, le 9 avril 1932, il a épousé Jeanne Degaugue, union de laquelle naîssent quatre enfants. Pendant son service militaire actif, de 1926 à 1928, il est secrétaire d’Etat-major, à Metz. Mobilisé en 1939, il est affecté dans un Bureau des opérations aériennes (B.O.A.) pendant dix-huit mois. En 1942, il s’installe à son compte à Dijon, comme bijoutier-joaillier. C’est dans la capitale de la Bourgogne qu’il poursuit ses activités professionnelles et l’ensemble de sa carrière politique.
Aux élections municipales de 1953, il est élu conseiller municipal de Dijon. Deux ans plus tard, ses pairs le portent à la présidence de la fédération régionale des petites et moyennes entreprises. Avec l’année 1958, membre de la section de la conjoncture et du revenu national au Conseil économique et social (C.E.S.), il préside aussi les destinées de la Chambre de commerce de Dijon, avant, quatre ans plus tard, en 1962, d’occuper les mêmes fonctions, à la tête de la Chambre régionale de commerce et d’industrie de Bourgogne. La même année, sa bonne connaissance des réseaux socioprofessionnels le porte à la présidence du Comité régional du tourisme. C’est fort de cette légitimité économique, forgée dans les milieux régionaux divers, qu’il est appelé à une carrière politique nationale.
Avec la troisième législature de la Cinquième République, il est candidat dans la première circonscription de la Côte-d’Or, comme suppléant de Robert Poujade, aux élections législatives des 5 et 12 mars 1967. Cette partie du territoire départemental regroupe les cantons d’Auxonne, de Dijon-Ouest et Sud, de Genlis et de Gevrey-Chambertin. Jusqu’alors, cette circonscription était détenue par le maire de Dijon, le chanoine Félix Kir qui, député sortant, est à nouveau candidat. Lors du scrutin précédent, en 1962, Robert Poujade avait déjà tenté sa chance, en face du premier magistrat de Dijon, avec le contremaître Paul Berthier, comme candidat suppléant. Mais le député-chanoine l’avait emporté au second tour, avec 3 400 voix d’avance sur le professeur et soutien du général de Gaulle. Cinq ans plus tard, Robert Poujade et René Blas l’emportent. Au soir du premier tour, les deux hommes, candidats Union démocratique (U.D.) - Vème République, arrivent largement en tête des sept candidats en lice, en rassemblant 14 904 des 50 481 suffrages exprimés. Ils devancent très largement leurs deux principaux adversaires, alors au coude-à-coude, à trente-voix près, autour de la deuxième place : le communiste Marcel Caignol, employé du Trésor, et le professeur Maurice Fourrier, investi par la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (F.G.D.S.). La semaine suivante, Robert Poujade est élu député de la première circonscription de la Côte-d’Or ; René Blas devient député suppléant. Ils recueillent 26 835 voix, alors que leur adversaire P.C.F. en obtient 6 400 de moins. Ses fonctions de suppléant n’empêchent pas René Blas de poursuivre son engagement auprès du monde économique de l’entreprise. A compter du 1er janvier 1968, il est expert au Conseil économique et social, comme membre de la section de la conjoncture et du revenu national.
A la suite des événements de mai 1968, et de la dissolution de l’Assemblée nationale par le général de Gaulle, Robert Poujade et René Blas repartent en campagne, à l’occasion du scrutin législatif des 23 et 30 juin. Investi par l’Union pour la défense de la République (U.D.R.), ils sont élus dès le premier tour, avec 26 267 des 51 775 voix, alors que Maurice Fourrier, à nouveau investi par la F.G.D.S., ne parvient à réunir que 8 705 voix sur son nom. En raison de la conjoncture politique faite de multiples tensions, la campagne électorale a été très animée. Robert Poujade et René Blas ont souhaité mettre l’accent sur « ce qu’il (fallait) préserver », dans de telles conditions d’insurrection, et ne pas renoncer à faire « des réformes dans la légalité ». Laissant les électeurs en face de « leurs responsabilités », il s’agissait d’abord et avant tout de faire sortir des urnes « une vraie majorité contre les crises ».
Après trois années de ce second mandat, Robert Poujade est appelé au gouvernement, le 8 février 1971, au poste de ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé de la protection de la nature et de l’environnement. Il est le premier titulaire d’un portefeuille appelé à de multiples modifications. Logiquement, René Blas, qui a retrouvé le Conseil économique et social comme membre du groupe des entreprises privées et de la section des finances, dès le 1er septembre 1969, devient député, et s’inscrit au groupe de l’Union des démocrates pour la République, dès son arrivée au Palais-Bourbon, le 2 avril 1971. Il est nommé membre de la Commission de la défense et des forces armées et y siège jusqu’à la fin de la législature. Simultanément, à partir du 28 juin 1972, il appartient à la commission spéciale chargée d’examiner la proposition de loi de son collègue Michel Hoguet, et relative à l’orientation de la politique commerciale. A compter du 12 décembre suivant, il siège dans une autre commission spéciale ; celle-ci s’intéresse au même thème, mais cette fois-ci à partir d’un projet de loi pour fondement. Au cours de ce mandat raccourci, René Blas ne dépose pas de texte, mais intervient à deux reprises, en séance publique. Le 8 juin 1971, il prend la parole dans la discussion du projet de loi complétant et codifiant les dispositions relatives à la formation professionnelle permanente. Il défend un amendement visant au perfectionnement du personnel des petites et moyennes entreprises. Il s’intéresse tout particulièrement aux structures employant moins de dix salariés. Le 17 mai 1972, il monte à la tribune, dans les débats sur le projet de loi portant réforme de l’assurance vieillesse des travailleurs non salariés des professions artisanales, industrielles et commerciales. Il expose le rôle des coefficients de majoration de revenus servant de fondement au calcul des pensions, et les coefficients de revalorisation applicables aux pensions liquidées. Il défend l’institution, pour ce type de travailleurs, d’un régime complémentaire d’assurance-vieillesse.
Au cours de son mandat, René Blas fait preuve de fidélité à la politique mise en place par le Premier ministre Jacques Chaban-Delmas. Ainsi, le 25 novembre 1971, il est vrai dans un contexte d’unanimité politique, il approuve l’ensemble du projet de loi organique modifiant l’ordonnance du 24 octobre 1958 relative aux incompatibilités parlementaires. Le 27 avril 1972, il vote pour le texte d’initiative gouvernementale portant création et organisation des régions. Enfin, le 24 mai suivant, il apporte son soutien à la déclaration de politique générale du gouvernement.
Lors du scrutin législatif des 4 et 11 mars 1973, René Blas est à nouveau candidat aux fonctions de député suppléant de Robert Poujade, maire de Dijon depuis 1971. Les élus gaullistes sortants fondent leur profession de foi sur « un choix de société » qu’ils soumettent au vote de leurs électeurs. Il s’agit d’opter pour une « société libérale et démocratique », qui permettra à la France de vivre en communauté avec les grandes démocraties occidentales, en lui assurant le niveau de vie le plus élevé, et en garantissant ses libertés publiques. Le « socialisme bureaucratique », principal opposant, aurait l’effet strictement inverse. C’est, au fond, « un contrat de progrès », c’est-à-dire « l’expérience au service de l’efficacité », qui est mis en exergue par les deux élus bourguignons, et d’abord par Robert Poujade. Il s’engage à mettre son expérience ministérielle au service de sa circonscription, de sa ville et de son département. C’est « en refusant l’aventure » que la « grande espérance » née du gaullisme pourra être confortée pour faire de la France, « dans cinq ans, le pays le plus prospère d’Europe ». Les deux hommes sont encore largement en tête des six candidats en lice, à l’issue du premier tour, et rassemblent 27 455 des 60 604 suffrages exprimés, soit 45,3% des voix. Maurice Fourrier, qui a reçu l’investiture socialiste, n’obtient que 14 174 voix. La semaine suivante, avec 53,4% des suffrages exprimés, Robert Poujade est réélu député de la première circonscription de la Côte-d’Or. René Blas, qui se présente comme administrateur de société, redevient député suppléant, mais pour peu de temps. En effet, le maire de Dijon est appelé à poursuivre sa tâche gouvernementale, au poste pionnier dans lequel il l’a engagée, deux ans plus tôt.
Aussi, le 6 mai 1973, René Blas est-il proclamé député. Il s’inscrit au groupe de l’Union des démocrates pour la République (U.D.R.), le 10 mai suivant. Il est nommé membre de la Commission de la production et des échanges, dès le 15 mai, et y siège au cours de toute la législature. Par ailleurs, à compter du 17 octobre 1974, il est membre suppléant de la commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en discussion, et relatives au projet de loi sur les économies d’énergie. Au cours de ce deuxième mandat, René Blas ne dépose pas de texte, mais intervient à deux reprises, en séance publique. Le 11 octobre 1973, il prend la parole dans la discussion du projet de loi d’orientation du commerce et de l’artisanat, mais en simple réponse à son collègue Jean Bardol ; il y est poussé par ses inquiétudes sur l’imprécision du texte. L’année d’après, le 4 décembre 1974, il monte à la tribune dans les débats sur le projet de loi, adopté par le Sénat, après déclaration d’urgence, et relatif à l’institution d’un prélèvement conjoncturel. Il s’insurge contre les responsables de l’inflation, et souligne les difficultés des petites et moyennes entreprises. Très critique à l’égard du texte gouvernemental, il annonce qu’il ne votera pas le projet, sauf « remaniement important » du texte. Membre – de droit – du Conseil régional de Bourgogne, dès le mois de novembre 1973, il est par ailleurs vice-président du groupe parlementaire d’étude sur les problèmes des entreprises françaises.
L’accomplissement de son deuxième mandat confirme la fidélité politique qui caractérise le premier. Aussi, le 16 octobre 1973, vote-t-il en faveur de l’ensemble du projet de loi constitutionnelle portant modification de l’article 6 de la Constitution. Le 6 juin suivant, il approuve la déclaration de politique générale du gouvernement de Jacques Chirac. Quatre mois plus tard, le 10 octobre 1974, il s’exprime en faveur de l’ensemble du projet de loi constitutionnelle portant révision de l’article 25 de la Constitution. En revanche, il est de ceux des parlementaires gaullistes qui votent contre le projet de loi relatif à l’interruption volontaire de grossesse, le 28 novembre 1974. Il vote cependant la réforme du divorce, le 4 juin 1975. L’année suivante, le 8 juin 1976, il apporte son soutien à l’ensemble du projet de loi constitutionnelle modifiant l’article 7 de la Constitution. Le 28 avril 1977, il vote en faveur du programme du gouvernement de Raymond Barre et, le 21 juin suivant, comme la représentation nationale à sa presque unanimité, il approuve le texte d’initiative gouvernementale relatif à l’élection des représentants à l’Assemblée des communautés européennes.
Lors du scrutin législatif suivant, au mois de mars 1978, René Blas n’est pas candidat. Robert Poujade choisit Pierre Barbier, directeur adjoint des affaires sanitaires et sociales et conseiller général de la Côte-d’Or. Le maire et conseiller général de Dijon, devenu inspecteur général de l’instruction publique, est réélu député.
A cette date, René Blas ne détient plus de mandats électifs, ni à la mairie, ni au Conseil général, ni à l’Assemblée nationale. Il s’éloigne progressivement de la vie politique, tout en restant très présent dans la vie associative et sportive de son département. Secrétaire général du Dijon University club, il suit, avec un intérêt tout particulier, les matchs de football, de basket et les combats de lutte. Ancien premier vice-président délégué de la Banque populaire de la Côte-d’Or, il a occupé les mêmes fonctions à l’Assemblée permanente des Chambres de commerce et d’industrie.
Il disparaît le 16 juin 1990, à l’âge de 83 ans. Il était Chevalier de la Légion d’honneur, Chevalier dans l’ordre national du mérite, et chevalier des palmes académiques. Officier du mérite commercial, il était également chevalier de l’Economie nationale. Il avait également accepté la charge de président d’honneur de la foire de Dijon et veillait encore au bon fonctionnement du Comité de liaison et d’action des classes moyennes.