Frédéric, Constant, Etienne Cournet
1837 - 1885
Frédéric Cournet fit ses études à Lorient, puis entra dans le commerce. Il appartint quelque temps à l'administration des chemins de fer du Midi, fut ensuite directeur du Casino d'Arcachon, et, s'étant fixé en dernier lieu à Paris, se mêla dès 1863, dans les petits journaux démocratiques de la rive gauche, au mouvement républicain.
Il s'absenta, de 1866 à 1868, étant employé dans une compagnie de navigation transatlantique, et revint en France pour prendre part aux luttes du parti avancé contre l'Empire. Il entra comme secrétaire de la rédaction au journal le Réveil, dirigé par Delescluze, et s'y fit remarquer par la vivacité de ses polémiques. Arrêté une première fois par ordre de M. Pinard, ministre de l'intérieur, à la suite de la manifestation sur la tombe de Baudin, il fut conduit de nouveau à Mazas le 13 juin 1868, où on le tint deux mois au secret, sans lui faire connaître le motif de son arrestation. Une troisième fois, il fut incarcéré en 1870, sous la prévention de complicité dans le fameux complot de Blois ; après cinq mois de prison préventive, on dut l'acquitter, faute de preuves. Pendant le siège, il fut nommé commandant d'un des bataillons de marche du 18e arrondissement, et se distingua, dans des combats d'avant-poste, à Bondy et à Drancy.
Le département de la Seine lui donna, le 8 février 1871, 91 656 voix (328 970 votants, 547 858 inscrits), et l'envoya, le 31e sur 43, siéger à l'Assemblée nationale de Bordeaux. Cournet prit place à l'extrême gauche, et vota, le 1er mars, contre les préliminaires de paix.
Survint l'insurrection communaliste. Cournet se prononça pour le Comité central, et, élu membre de la Commune de Paris, le 26 mars, donna, le 30 du même mois, sa démission de représentant. Il fit successivement partie, dans la Commune, de la commission de sûreté publique, de la commission exécutive, et remplaça Raoul Rigault à la préfecture de police le 24 avril. Il parvint à gagner l'Angleterre, quelques jours après l'entrée des troupes de Versailles, assista en septembre 1872, comme délégué, à la réunion du Conseil général de l'Internationale, qui fut tenue à la Haye, habita aussi la Suisse, et rentra en France en 1880, lors de l'amnistie.
Avec les principaux chefs du parti blanquiste, il collabora, en 1881, au journal Ni Dieu ni Maître, puis il dirigea à Lyon une feuille socialiste-révolutionnaire.
Il mourut à Paris, le 23 mai 1885, d'une maladie de la gorge. Ses obsèques qui eurent lieu au Père-Lachaise, un jour après celles de M. Amouroux, député de Saint-Etienne, autre membre de la Commune, donnèrent lieu à des incidents moins tumultueux que ceux de la veille. Diverses allocutions furent prononcées, notamment par MM. Henri Rochefort et Maxime Lisbonne.