Adolphe, Emmanuel, Charles Le Flô

1804 - 1887

Informations générales
  • Né le 2 novembre 1804 à Lesneven (Finistère - France)
  • Décédé le 16 novembre 1887 à Morlaix (Finistère - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Deuxième République
Législature
Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 17 septembre 1848 au 26 mai 1849
Département
Finistère
Groupe
Droite
Régime politique
Deuxième République
Législature
Assemblée nationale législative
Mandat
Du 13 mai 1849 au 2 décembre 1851
Département
Finistère
Groupe
Droite
Régime politique
Assemblée Nationale
Législature
Mandat
Du 8 février 1871 au 7 mars 1876
Département
Finistère

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Représentant en 1848 et en 1849, ministre, représentant en 1871, né à Lesneven (Finistère) le 2 novembre 1804, mort au château de Néchoât, près Morlaix (Finistère), le 16 novembre 1887, il entra à l'Ecole de Saint-Cyr en 1823, et en sortit sous-lieutenant au 2e léger le 1er octobre 1825.

Passé en Afrique comme lieutenant (5 novembre 1830), il se conduisit brillamment à la prise de Constantine, devint capitaine le 20 janvier 1836, se battit au col de la Mouzaïa, et fut nommé (21 juin 1840) chef de bataillon aux zouaves, puis lieutenant-colonel du 22e de ligne (31 décembre 1841), et colonel du 32e le 29 octobre 1844. Promu général de brigade par le gouvernement de la République, le 12 juin 1848, il fut, quelques jours après, nommé commandant de la subdivision de Bône et envoyé (23 août) comme ministre plénipotentiaire à Saint-Pétersbourg.

Moins d'un mois après (17 septembre) il fut élu représentant du Finistère à l'Assemblée constituante par 24 016 voix (33 033 votants, 141 371 inscrits), en remplacement de M. de Quatrebarbes dont l'élection avait été annulée. Il prit très peu de part aux travaux de l'Assemblée, et ne put siéger qu'au retour de sa mission, en mars 1849. M. Le Flô prit alors place dans les rangs de la droite, et vota :

- pour l'interdiction des clubs,
- pour les crédits de l'expédition romaine,
- contre l'amnistie des transportés,
- contre l'abolition de l'impôt des boissons.

Réélu, le 13 mai 1849, représentant du Finistère à l'Assemblée législative, le 2e sur 13, par 58 102 voix (86 649 votants, 150 165 inscrits), il fit partie de la majorité antirépublicaine, jusqu'au moment de la scission entre les monarchistes parlementaires et l'Elysée. Il combattit alors la politique de Louis-Napoléon, qu'il avait soutenue dans la législature précédente, fut nommé questeur de l'Assemblée, et devint en cette qualité un des adversaires les plus en vue du président. Le général Le Flô soutint énergiquement la proposition faite par son collègue à la questure, M. Baze, de donner au président de la Chambre le droit de requérir directement la force armée. Aussi, dans la nuit du coup d'Etat (2 décembre 1851), fut-il arrêté au palais de la Chambre, incarcéré à Vincennes, puis à Ham, et expulsé de France par un décret du 9 janvier 1852. Il passa alors en Belgique, puis en Angleterre. En 1853, on liquida à 4 000 francs sa pension de retraite.

Autorisé à rentrer en France dès 1857, il vécut à l'écart tant que dura l'Empire, dans son château de Néchoât (Finistère).

Au début de la guerre franco-allemande, il demanda au ministre de la Guerre d'être réintégré dans les rangs de l'armée ; on le lui refusa. Mais, au lendemain du 4 septembre 1870, et bien que ses opinions orléanistes fussent notoires, le gouvernement de la Défense nationale l'appela aux difficiles fonctions de ministre de la Guerre. Quelques jours après, il était replacé dans l'armée avec le grade de général de division « à la date du 2 décembre 1851 ». Resté à Paris pendant la guerre, le général Le Flô eut à s'occuper de l'armement de l'armée active et de la garde nationale : à différentes reprises, il se prononça, dit-on, pour l'offensive, et on lui prête plusieurs projets énergiques restés d'ailleurs sans effet.

Après la capitulation, M. Le Flô fut élu par les conservateurs du Finistère (8 février 1871) représentant de ce département à l'Assemblée nationale, le 2e sur 13, par 62 145 voix (76 088 votants, 162 667 inscrits).

Arrivé à Bordeaux, il se démit de son portefeuille en même temps que Jules Favre, Gambetta, etc.; mais M. Thiers le maintint, comme ministre de la Guerre, dans le cabinet, dit de conciliation, du 19 février.

Le 17 mars, il revint à Paris et assista au conseil des ministres qui décida d'enlever les canons restés à Montmartre. Mais son autorité, comme chef d'une armée vaincue, était précaire ; le plan du général Vinoy fut accepté par le conseil, malgré l'avis de son supérieur immédiat. Pendant le second siège de Paris, le général Le Flô seconda le gouvernement de Thiers dans sa lutte contre la Commune.

Après l'entrée des troupes dans Paris, il donna sa démission de ministre, fut remplacé par le général de Cissey, et appelé au poste d'ambassadeur de France à Saint-Pétersbourg (1er juin). Il fut cordialement accueilli par l'empereur Alexandre, et ses relations personnelles avec le tsar profitèrent aux intérêts de la France. Le 1er juin 1874, il signa à Saint-Pétersbourg un traité de commerce et de navigation avec la Russie, une convention consulaire et une convention pour le règlement des successions. En 1875, il se trouva directement mêlé aux négociations où le tsar intervint lui-même, et qui eurent pour conséquence d'empêcher un nouveau conflit entre la France et l'Allemagne.

Constamment absent de l'Assemblée nationale en raison de ses fonctions diplomatiques, le général Le Flô fut étranger à ses délibérations. Il refusa, en 1875, la candidature à un siège de sénateur inamovible, qui lui était offerte par le centre gauche.

Admis à la retraite en 1879, il fut remplacé à Saint-Pétersbourg par le général Chanzy. Depuis lors, il vécut dans la retraite, aux environs de Morlaix, et déclina plusieurs fois encore diverses candidatures.

Chevalier de la Légion d'honneur en 1837, officier en 1841, commandeur en 1848, il avait été promu à la dignité de grand-officier le 6 novembre 1877.

Comme ministre de la Guerre, il serait téméraire d'affirmer que le général Le Flô ait été à la hauteur des fonctions acceptées par lui dans les terribles circonstances de 1870. En revanche, comme diplomate, son souvenir vivra en raison des qualités d'habileté, de perspicacité et de patriotisme qu'il a montrées à l'étranger.