Henri Martin

1810 - 1883

Informations générales
  • Né le 20 février 1810 à Saint-quentin (Aisne - France)
  • Décédé le 13 décembre 1883 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Assemblée Nationale
Législature
Mandat
Du 8 février 1871 au 7 mars 1876
Département
Aisne
Groupe
Gauche républicaine

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 30 janvier 1876 au 13 décembre 1883

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Représentant en 1871, sénateur de 1876 à 1883, né à Saint-Quentin (Aisne) le 20 février 1810, mort à Paris le 13 décembre 1883, il fut élevé par son père qui était juge au tribunal civil, et puisa dans la lecture assidue des livres d'une riche bibliothèque léguée par un parent, le goût de l'histoire.

Il alla comme externe au lycée de Saint-Quentin et, ses classes achevées, fut destiné au notariat. Mais ses goûts l'appelaient ailleurs. Le mouvement romantique de 1830 l'attira, et il publia quelques romans historiques sur la Fronde, sans grand succès. Il entra alors en relation avec Paul Lacroix. Ils commencèrent ensemble la publication d'une Histoire de France par les principaux historiens, dont Marne fut l'éditeur et dont le 1er volume parut en 1833. Mais cette publication, reprise depuis par M. Charton et tout récemment par M. Zeller, n'eut pas de suite, les collaborateurs de M. H. Martin, et Paul Lacroix lui-même, l'ayant peu à peu abandonnée. Il conçut alors ce projet sous une forme plus personnelle, et, à l'aide des matériaux qu'il put recueillir dans la bibliothèque de son ancien collaborateur, il composa son Histoire de France, (1833-1836, 15 volumes). Peu après, il publiait en collaboration avec Paul Lacroix une Histoire de la ville de Soissons (1837, 2 volumes). M. H. Martin ne tarda pas à s'apercevoir des nombreuses lacunes de son premier ouvrage, et il entreprit de le refaire presque complètement à l'aide de données plus complètes, Ce travail, qui dura 17 ans, aboutit à la publication d'une nouvelle édition de Histoire de France (1837-1854, 19 volumes), d'un mérite bien supérieur à la précédente ; à l'histoire des rois et des guerres, il mêla l'histoire du peuple, de la nation même. Ce travail lui mérita de hautes récompenses. Son livre : Les guerres de religion (tomes X et XI) fut couronné par l'Académie des sciences morales en 1844, et celui du Règne de Louis XIV (tomes XIV, XV et XVI) obtint, en 1851, le second prix Gobert, et, en 1856, après la mort d'Augustin Thierry, le premier prix. Une nouvelle édition de l'Histoire de France (1855-1860, 16 volumes) lui valut encore le grand prix biennal de 20 000 francs.

En 1848, Carnot, ministre de l'Instruction publique, l'avait chargé du cours d'histoire moderne à la Sorbonne ; M. H. Martin qui venait de passer son doctorat ès lettres, prit pour sujet : la Politique extérieure de la Révolution, cours que les événements interrompirent. Pendant toute la durée de l'Empire, il s'occupa fort activement de questions historiques, et publia un certain nombre d'ouvrages relatifs aux événements contemporains, notamment Daniel Manin (1859) ; L'unité italienne et la France (1861) ; Pologne et Moscovie (1863) ; La Russie et l'Europe (1866).

Chose à remarquer, M. H. Martin, qui peut compter parmi les adversaires de l'Empire (V. son livre Les Napoléons et les frontière de la France (1874), défendit néanmoins la politique extérieure de ce gouvernement, notamment en ce qui concerne la question d'Orient et la campagne de 1859 ; à la vérité, il ne la défendit pas ouvertement, mais ses arguments d'historien influencèrent ses idées de politicien.

Il ne parut sur la scène parlementaire qu'après les événements de 1870. Maire du 16e arrondissement de Paris pendant le siège, il fut élu, le 8 février 1871, représentant de l'Aisne, à l'Assemblée nationale, le 5e sur 11, par 63 595 voix (87 823 votants, 157 845 inscrits), et de la Seine, le 12e sur 43, avec 139 420 voix (328 970 votants, 547 858 inscrits). Il opta pour l'Aisne, mais siégea peu à l'assemblée de Bordeaux. Il protesta contre la tentative communaliste du 18 mars à Paris, et s'associa aux essais de résistance dont la mairie du 2e arrondissement fut le théâtre. Il combattit dans le Siècle les idées fédéralistes, et, à la rentrée des troupes, reprit possession de l'administration de son arrondissement. Il se rendit ensuite à l'Assemblée nationale à Versailles, où il devint président de la gauche républicaine et vota :

- pour la paix,
- contre l'abrogation des lois d'exil,
- contre la pétition des évêques,
- contre le pouvoir constituant,
- contre le service militaire de trois ans,
- contre la démission de Thiers,
- contre le septennat,
- contre le ministère de Broglie,
- pour les lois constitutionnelles.

Elu le 30 Janvier 1876, sénateur de l'Aisne, par 717 voix (921 votants, il vota, le 23 juin 1877, contre la dissolution de la Chambre demandée par le ministère de Broglie, et, en 1879, soutint la proposition Charton qui avait pour but de faire élever à Versailles un monument commémoratif de l'Assemblée nationale de 1789.

Membre de l'académie des sciences morales et politiques, en remplacement de Pierre Clément depuis le 29 juillet 1871, il fut élu membre de l'Académie française, le 13 juin 1878, en remplacement de M. Thiers. Sa réception, fixée au 2 juin 1879, souleva un incident. M. Emile Ollivier, chargé de lui répondre, ne voulut point modifier son discours dans le sens que réclamait l'Académie. Sur la proposition de M. Mézières, ce fut M. X. Marmier qui répondit, le 13 novembre 1879, à M. H. Martin.

Membre de la commission des Monuments historiques, président de l'Orphelinat de la Seine, conseiller général de Saint-Quentin, M. H. Martin s'occupa aussi de questions archéologiques et anthropologiques. Mais son mémoire sur Les peuples bruns et les peuples blonds de l'Europe occidentale souleva de nombreuses objections.

En outre des ouvrages déjà cités, il a publié :
- De la France, de son génie, de ses destinées (1867) ;
- Jeanne d'Arc (1856) ;
- Dieu dans l'Histoire, traduit de J. Bunsen (1867).