Louis, Charles Delescluze
1809 - 1871
Représentant à l'Assemblée nationale de 1871, né à Dreux (Eure-et-Loir), le 2 octobre 1809, mort à Paris le 25 mai 1871, il fit son droit à Paris en 1830 et commença aux journées de Juillet la lutte qu'il devait soutenir pendant quarante années pour le triomphe des idées démocratiques. Il prit part aux émeutes des 5 et 6 juin 1832 et s'affilia en 1833 à la Société républicaine : Les Droits de l'Homme.
Poursuivi en 1836 pour société secrète, il se réfugia en Belgique. Rentré en France en 1840, il se fixa à Valenciennes où il collabora à l'Impartial du Nord. Il était rédacteur en chef de ce journal, lorsque éclata la révolution de 1848. Ledru-Rollin dont il était l'ami, le nomma commissaire du gouvernement dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais. Il fut attaqué vivement par ses ennemis et par ses amis à l'occasion de l'expédition dirigée dans les derniers jours de mars contre le gouvernement de Léopold et qui échoua au village belge de Risquons-tout. Les documents publiés sur cet événement prouvent qu'aucune faute n'est imputable à Delescluze, mais que l'insuccès de l'entreprise doit être rejeté sur l'incohérence des mesures prises et le défaut d'entente entre les chefs de la légion belge.
Il donna sa démission de commissaire du gouvernement (mai 1848), et fonda à Paris (octobre), le journal la Révolution démocratique et sociale. La campagne qu'il mena dans ce journal contre Cavaignac et Louis-Napoléon lui valut (décembre 1848), un an de prison et 1 000 fr. d'amende, et (mars 1849) trois ans de prison et 10 000 fr. d'amende. Condamné par contumace à la déportation pour l'affaire du 13 juin, il se réfugia à Londres, où il fit paraître le Proscrit, la Voix du Peuple et le Peuple. Etant venu secrètement à Paris en 1853, il fut dénoncé par un faux ami, arrêté (5 octobre 1853), impliqué dans l'affaire dite de la Marianne et condamné à 4 ans de prison. Il fut successivement transféré à Belle-Île, à Corte, à Toulon, au fort Lamalgue, à Brest et enfin à Cayenne (Ile du Diable).
L'amnistie de 1859 le ramena en France. Pendant quelques années il essaya en vain de publier un journal politique. Ce ne fut qu'en 1868 qu'il put fonder le Réveil. La retentissante affaire Baudin, provoquée par ce journal, fit la fortune politique de Gambetta mais attira six mois de prison à Delescluze. Lors de l'enterrement de Victor Noir, Delescluze s'opposa de toutes ses forces à un soulèvement contre l'Empire et ses conseils furent suivis. Peu de temps après, Mégy ayant tué l'agent Mourot qui venait l'arrêter à son domicile avant l'heure légale, Delescluze loua la conduite de Mégy et fut pour ce fait condamné à 18 mois d'emprisonnement.
Le Réveil fut supprimé (août 1870), et Delescluze se réfugia en Belgique. Il rentra en France après la chute de l'Empire. À l'affaire du 31 octobre, il fut porté sur une des listes du gouvernement provisoire, ce qui amena son arrestation. Il fut retenu prés de deux mois à Mazas. Pendant sa prévention, il avait été élu maire du 19e arrondissement de Paris par 4 000 voix sur 6 000 votants.
Bien qu'arrêté à nouveau pour la journée du 22 janvier, il fut élu représentant de la Seine, le 8 février 1871, par 154 142 voix sur 328 970 votants et 547 858 inscrits.
Après avoir voté contre les préliminaires de paix, il quitta l'assemblée de Bordeaux et accepta sa nomination de membre de la commune de Paris pour le 11e arrondissement qui lui avait donné 21.000 suffrages.
À la Commune, il fit partie de la première commission exécutive et vota presque constamment avec la majorité. Il fut nommé membre du comité de salut public et succéda à Rossel au ministère de la guerre. Il passa le mardi et le mercredi de la dernière semaine de mai à la mairie du 11e arrondissement. Le jeudi, 25 mai, il descendit le boulevard Voltaire et, non sans effort, monta sur la barricade élevée devant la place du Château d’eau. Il tomba bientôt criblé de balles. Le surlendemain, son corps fut porté nuitamment au cimetière du Nord.
Il y a quelques années, par les soins pieux de ses amis intimes, ses restes ont été transférés au Père-Lachaise dans la sépulture de sa sœur.
On a de lui : De Paris à Cayenne, journal d'un transporté (1869).