Henri, Alexandre Wallon
1812 - 1904
Les archives d’Henri Wallon conservées aux Archives nationales sous la cote 722AP ont été données sans conditions ni réserves de consultation par plusieurs héritiers en 2014. Le fonds provient d’archives privées conservées par les descendants d’Henri Wallon et d’acquisition. Il a d’abord été déposé aux Archives départementales du Jura avant d’être conservé aux Archives nationales afin d’en faciliter les conditions d’accès.
Le service des Archives de l’Assemblée nationale a versé aux Archives nationales plusieurs documents relatifs à l’activité parlementaire d’Henri Wallon. On trouve sous les cotes C//977 à 1004, C*II 418 à 440, C*II 611 à 618 et C*II 619 à 621 les procès-verbaux des commissions dont celui-ci a été membre, sous les cotes C//2797 à 2081 des documents concernant les élections du bureau de l’Assemblée et des questeurs et ceux des conseillers d’État et sénateurs puis en C//974 à 976 les documents se rapportant à sa démission.
Le service des Archives du Sénat conserve de nombreux documents relatifs à Henri Wallon. On y trouve notamment son dossier individuel sous la cote 984AS et son dossier d’élection en 66S 198. Sous la cote 1EO 1/48 est conservée une lettre manuscrite (19 août 1876) d’Henri Wallon adressée à M. Louis Passy, député de l’Eure. Plusieurs documents relatifs au buste d’Henri Wallon, visible dans la galerie des bustes du Palais du Luxembourg, sont répertoriés dans les sous-séries 7S, 58S, 449S et 81S. Henri Wallon a été membre de plusieurs commissions ou entendu par celles-ci ; on retrouve les procès-verbaux de ces commissions en 124S et 14S.
Quelques papiers d’Henri Wallon sont conservés dans le fonds Demangeon-Perpillou donné à la Bibliothèque Mazarine en 1979 par les enfants d’Aimé Perpillou. Ce fonds se compose notamment d’archives familiales structurées essentiellement autour de la figure de la femme d’Albert Demangeon, Louise, qui était la petite-fille d’Henri Wallon. Il comprend plusieurs documents concernant Henri Wallon, son épouse et leurs enfants, notamment de la correspondance, des exemplaires de ses discours, des documents sur sa carrière et sur ses dons au Louvre et à Valenciennes.
Le service des Archives de l'Institut de France ne conserve pas de fonds particulier concernant Henri Wallon mais on peut trouver des traces de son activité académique dans les registres des procès-verbaux des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres et dans les pièces annexes de ces derniers. Il conserve cependant une lettre de candidature au prix Montyon de l’Académie française, dont Henri Wallon fut l’un des lauréats en 1844 pour son Histoire de l’esclavage dans l’Antiquité, et le manuscrit présenté avec succès en 1839 au prix du budget de l’Académie des Sciences morales et politiques en collaboration avec Jean Yanoski.
Représentant en 1849 et en 1871, membre du Sénat, né à Valenciennes (Nord) le 23 décembre 1812, il entra à l'Ecole normale en 1831, et, reçu agrégé d'histoire en 1834, suivit la carrière de l'enseignement.
Professeur à Louis-le-Grand (1834) et au collège Rollin, il fut nommé en 1840 maître de conférences à l'Ecole normale, et suppléa en 1846 Guizot à la Sorbonne.
Après la révolution de février, M. Schœlcher le fit désigner comme secrétaire de la commission pour l'abolition de l'esclavage : M. Wallon avait publié, l'année d'avant, une Histoire de l'esclavage dans l'antiquité. Cette situation lui valut d'être élu par la Guadeloupe, avec 11 582 voix (33 734 votants), deuxième représentant suppléant à la Constituante. Il ne fut point appelé à siéger dans cette assemblée, et fut élu (13 mai 1849) représentant du Nord à l'Assemblée législative, le 9e sur 24, par 92 290 voix (183 521 votants, 290 196 inscrits). Il fit partie de la majorité conservatrice, et opina pour l'expédition de Rome ; mais il se sépara de ses amis à l'occasion de la loi du 31 mai 1850, restrictive du suffrage universel, et donna sa démission de représentant : il fut remplacé, le 3 novembre 1850, par le général de la Hitte.
Nommé, la même année, professeur d'histoire moderne à la Sorbonne, et membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, il resta, pendant la durée de l'Empire, à l'écart des affaires publiques.
Aux élections du 8 février 1871, le Nord l'envoya, le 26e sur 28, à l'Assemblée nationale, par 181 217 voix (262 927 votants, 326 440 inscrits). Il prit place au centre droit, vota :
- pour la paix,
- pour les prières publiques,
- pour le retour du parlement à Paris,
- pour le maintien de l'état de siège.
Catholique fervent, il fut de ceux qui blâmèrent l'attitude du gouvernement dans la question du pouvoir temporel.
Il avait, lors de la convention assurant la libération anticipée du territoire, déposé un ordre du jour qui déclarait que « Thiers avait bien mérité de la patrie » ; il vota cependant, le 24 mai 1873, pour la démission du chef du pouvoir exécutif.
Après avoir soutenu le ministère de Broglie, il se rapprocha du centre gauche, et fonda avec quelques dissidents du centre droit le groupe qui porta son nom. Ce fut l'époque la plus importante de sa vie politique. M. Wallon présenta, lors de la discussion de la loi relative à l'organisation des pouvoirs publics, un amendement conçu en ces termes : « Le président de la République est élu à la pluralité des suffrages par le Sénat et par la Chambre des députés réunis en Assemblée nationale. Il est nommé pour sept ans. Il est rééligible. » Il le soutint à la tribune, s'attacha à montrer la nécessité de rétablir un gouvernement déterminé et adjura l'Assemblée d'organiser en fait la République. Cet amendement célèbre fut voté, le 30 janvier 1875, à une seule voix de majorité. Ce fut le point de départ de l'adoption des lois constitutionnelles. M. Wallon se mêla aux débats qu'elles soulevèrent.
Le 10 mars, il accepta le portefeuille de l'Instruction publique et des Cultes, créa une faculté de médecine à Lille, une faculté de droit à Lyon, et eut à prendre la parole dans la grave question de la liberté de l'enseignement supérieur : les républicains lui reprochèrent d'avoir sacrifié les droits de l'Etat et d'avoir défendu l'institution du jury mixte, favorable aux universités catholiques libres : la loi fut promulguée le 26 juillet 1875.
Lors des élections des sénateurs inamovibles, M. Wallon fut porté sur la liste des droites : il ne passa qu'au 9e tour de scrutin, le 18 décembre 1875, le 72e sur 75, avec 372 voix (632 votants). Il quitta le ministère, le 10 mars 1876, avec M. Buffet, fit partie, au Sénat, du groupe dit constitutionnel, s'abstint lors du vote sur la dissolution de la Chambre (juin 1877), et parut fréquemment à la tribune, pour défendre les intérêts des catholiques, quand vinrent en discussion les projets de loi Ferry sur l'enseignement supérieu. Il s'opposa à la laïcisation des écoles congréganistes de Paris, se plaignit (janvier 1880) de l'exclusion systématique des évêques du conseil supérieur de l'Instruction publique, proposa (juin 1881), à la loi sur la gratuité de l'enseignement primaire, un amendement autorisant les ministres des cultes non munis du brevet de capacité à ouvrir des écoles dans les communes où il n'existe pas d'écoles confessionnelles (rejeté), n'eut pas plus de succès (juillet 1883) pour son amendement au projet de réforme de la magistrature demandant de procéder dans chaque cour par l'élimination des magistrats les plus âgés, parla (juillet 1884), au Congrès, contre la révision des lois constitutionnelles, se prononça contre le divorce, contre les crédits du Tonkin, vota, en dernier lieu, pour le rétablissement du scrutin d'arrondissement (13 février 1889), et s'abstint sur le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse, et sur la procédure de la Haute Cour contre le général Boulanger.
Doyen de la faculté des lettres du 17 mars 1876, secrétaire perpétuel de l'Académie des Inscriptions et belles-lettres depuis 1873, M. Wallon est commandeur de la Légion d'honneur depuis le 24 décembre 1886. En 1878, il reçut une médaille d'or pour un sauvetage aux bains de mer des Petites-Dalles (Seine-Inférieure).
On a de lui :
- Géographie politique des temps modernes (1839) ;
- De l'esclavage dans les colonies (1847) ;
- la Sainte Bible résumée dans son histoire et dans ses enseignements ;
- De la croyance due à l'Evangile (1858) ;
- Du monothéisme chez les races sémitiques (1859) ;
- Jeanne d'Arc (1860), qui obtint à la fois le grand prix Gobert et un bref pontifical ;
- Epîtres et Evangiles (1863) ;
- les Saints Evangiles, traduction tirée de Bossuet ;
- la Vie de Jésus et son nouvel historien, réponse à M. Renan ;
- Richard II (1864) ;
- la Terreur (1873) ;
- Saint Louis et son temps (1875) ;
- Histoire du tribunal révolutionnaire (1877) ;
- Les Représentants en mission (1890), etc.
Né le 23 décembre 1812 à Valenciennes (Nord), mort le 13 novembre 1904 à Paris.
Représentant du Nord à l'Assemblée législative de 1849 à 1850.
Membre de l'Assemblée nationale, représentant le département du Nord de 1871 à 1875.
Sénateur inamovible de 1875 à 1904.
Ministre de l'Instruction publique, des Cultes et des Beaux-arts du 10 mars 1875 au 9 mars 1876.
(Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. V, p. 555.)
Celui qu'on appela souvent « le père de la Constitution » en raison du célèbre amendement qui porte son nom, dans tous les manuels d'histoire, fit une très longue carrière de parlementaire puisqu'il siégea jusqu'à sa mort, à l'âge de 92 ans. Resté très vert, malgré son grand âge, on le vit même fêter ses 90 ans par une visite de l'exposition des automobiles et du cycle.
Son activité fut toujours débordante et multiple. En dehors de son mandat parlementaire, il était membre de l'Institut, secrétaire perpétuel de l'Académie des inscriptions et belles lettres, doyen honoraire de la faculté des lettres de Paris.
Doyen d'âge du Sénat, il présida les séances d'ouverture de ses sessions à partir de 1896, et jusqu'à celle de 1903, à 90 ans révolus.
Il siégeait au Sénat au centre gauche et il était président d'honneur du groupe agricole sénatorial.
Il prit part à toutes les grandes discussions, notamment à celles relatives à la défense des intérêts religieux, aux questions économiques et sociales, à la législation sur l'enseignement public. Il se prononça en toutes occasions contre la révision de la constitution. Parmi ses interventions les plus célèbres, il convient de citer celles qu'il fit en 1901 et 1902, à propos de la réforme de l'enseignement secondaire et de la loi sur les associations. Il fit aussi un rapport très intéressant sur le projet de loi relatif à la reconstitution des actes de l'état civil de Paris, en 1893.
Parmi ses autres interventions, on peut mentionner celles qu'il fit dans la discussion :
- du projet de loi sur les dépenses ordinaires de l'instruction primaire publique et les traitements du personnel,
- de la proposition de loi sur les candidatures multiples,
- de différents projets de loi relatifs à des questions douanières,
- de l'interpellation sur la situation de l'Algérie en 1891,
- du projet de loi sur le travail des enfants,
- des filles mineures et des femmes dans les établissements industriels,
- du projet de loi relatif à la reconstruction de l'Opéra comique,
- de la proposition de loi ayant pour objet l'institution d'une fête nationale de Jeanne d'Arc,
- du projet de loi relatif à la constitution des universités,
- de la proposition de loi sur la réforme des sanctions dans l'enseignement secondaire,
- du projet de loi relatif aux circonscriptions électorales,
- de l'interpellation sur la réorganisation des plans d'études secondaires,
- du projet de loi relatif à la construction d'office de maisons d'école,
- du projet de loi relatif à la liberté de l'enseignement secondaire,
- du projet de loi relatif à l'enseignement secondaire libre et de nombreux budgets.
Sa dernière intervention date du 1er juillet 1904 ; elle portait sur le projet de loi relatif à la suppression de l'enseignement congréganiste.
En 1891, Henri Wallon avait écrit un ouvrage historique qui eut un grand succès: La révolution du 31 mai et le fédéralisme en 1793.
Lorsque son décès survint, il se préparait à fêter ses 92 ans.
Henri Wallon était commandeur de la Légion d'honneur depuis 1886 et avait obtenu la médaille d'or pour sauvetage aux bains de mer en 1878.