Louis, Ludovic Vitet
1802 - 1873
Député de 1834 à 1848, représentant en 1849 et en 1871, né à Paris le 18 octobre 1802, mort à Paris le 5 juin 1873, petit-fils du conventionnel Louis Vitet, il entra à l'Ecole normale en 1819, professa jusqu'en 1824, et, mêlé au mouvement libéral de l'époque, collabora au Globe et s'affilia à la Société « Aide-toi, le ciel t'aidera ».
A la révolution de 1830, Guizot créa pour lui la fonction d'inspecteur général des monuments historiques, aux appointements de 8,000 francs. Nommé secrétaire-général au ministère du Commerce (10 avril 1834), il se présenta à la députation, le 21 juin suivant, dans le 6e collège de la Seine-Inférieure (Bolbec) et échoua avec 175 voix contre 196 à l'élu, M. Pouyer. Mais cette élection ayant été annulée, M. Vitet fut élu député de ce collège, au nouveau scrutin du 13 septembre suivant, par 275 voix (305 votants, 649 inscrits). Il défendit de sa parole et de ses votes la politique des ministres, fut nommé conseiller d'Etat le 19 septembre 1836, et, soumis de ce chef à la réélection, vit son mandat confirmé, le 15 octobre, par 279 voix (318 votants, 553 inscrits).
Successivement réélu, le 4 novembre 1837, par 286 voix (310 votants, 558 inscrits) ; le 2 mars 1839, par 289 voix sur 438 votants; le 9 juillet 1842, par 310 voix (413 votant, 567 inscrits); le 1er août 1846, par 352 voix (526 votants, 623 inscrits), contre 168 à M. de Lillers, il avait été nommé membre libre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres le 15 décembre 1839, et de l'Académie française, le 26 mars 1846, en remplacement de Soumet.
A la Chambre, il vota pour la dotation du duc de Nemours, pour le recensement, pour l'indemnité Pritchard, et fut rapporteur de la loi sur les patentes. Après la révolution de février, il se présenta sans succès aux élections pour l'Assemblée constituante dans la Seine-Inférieure; mais, le 13 mai 1849, ce département l'envoya siéger à l'Assemblée législative, le 16e et dernier, par 71,085 voix (146,223 votants, 213,301 inscrits). M. Vitet prit place dans la majorité monarchiste, et vota pour l'expédition romaine, pour la loi Falloux-Parieu sur l'enseignement, pour la loi du 31 mai restrictive du suffrage universel.
Hostile à la politique du prince-président, il vint protester à la mairie du Xe arrondissement contre le coup d'Etat de décembre, fut vice-président de la réunion, et fut arrêté pendant quelques jours. Sous l'empire, il ne s'occupa que d'art et de littérature, adhéra à la République après le 4 septembre 1870, et, pendant le siège de Paris, publia dans la Revue des Deux-Mondes une série d'articles dans lesquels il préconisait la résistance.
Elu, le 8 février 1871, représentant de la Seine-Inférieure à l'Assemblée nationale, le 14e sur 16, par 76,317 voix (120,899 votants, 203,718 inscrits), il fut, dès le début, un des vice-présidents de l'Assemblée, fit partie de la commission adjointe à Thiers pour négocier la paix, déposa (30 août 1871) une proposition ainsi conçue : « Considérant que l'Assemblée nationale a le droit d'user du pouvoir constituant, attribut essentiel de la souveraineté dont elle est investie... » (votée par 434 voix contre 225), fut rapporteur de la proposition Rivet, et fit partie (juin 1872) de la délégation envoyée par la droite à M. Thiers pour lui imposer une politique conservatrice. Il vota pour la paix, pour l'abrogation des lois d'exil, pour la pétition des évêques, contre le service de trois ans, pour la démission de Thiers; ce fut son dernier vote, il mourut quinze jours après, et fut remplacé, le 16 novembre suivant, par le général Letellier-Valazé. Officier de la Légion d'honneur (30 avril 1843).
Son rôle littéraire fut plus important que son rôle politique; il tenta d'appliquer aux beaux-arts la méthode psychologique inaugurée par Jouffroy. « Ce qui l'a distingué de bonne heure, a dit Sainte-Beuve, ç'a été le talent de généraliser et de peindre les idées critiques; il y met dans l'expression du feu, de la lumière et une verve d'élégante abondance. » On a de lui : Histoire de la ville de Dieppe (1838); Eustache Lesueur (1843); Les Etats d'Orléans (1849); Le Louvre (1852) ; Etudes sur l'histoire de l'art (1864); Le comte Duchâtel (1875), etc.