Paul Bluysen
1861 - 1928
Né à Paris le 10 avril 1861, mort au Coudray-Montceaux (Seine-et-Oise) le 10 septembre 1928.
Député de l'Inde française de 1910 à 1924.
La famille de Luc Bluysen était alliée aux plus vieilles familles de Pondichéry. Il fait ses études à Juilly, au lycée Condorcet et au collège Rollin. En 1880 il fonde une imprimerie et y édite l'Abeille de Seine-et-Oise dont il est en même temps le rédacteur en chef; trois ans plus tard il est directeur de la revue Les arts graphiques puis il entre en 1885 à la République française dont il deviendra également le rédacteur en chef. Il publie en 1888 Huit jours à Copenhague et en 1890 Paris à l'exposition de 1889. A partir de 1893 il est secrétaire de rédaction au Journal des Débats et rend de multiples services à de nombreux Français de l'Inde, aussi certains d'entre eux, en particulier Sadessivanaïker et Maître Gaston Pierre l'engagent à poser sa candidature aux élections législatives du 8 mai 1898 et le recommandent aux suffrages de leurs concitoyens. Bluysen recueille 17.485 suffrages mais est battu par un autre journaliste, Louis Henrique-Duluc qui obtient 31.776 voix. La même année il écrit : Félix Faure intime, œuvre sans profondeur mais pleine de verve.
En 1901, Bluysen quitte le Journal des Débats et devient directeur-propriétaire de la Correspondance républicaine libérale. L'année suivante il se présente de nouveau à la députation à Pondichéry (élections générales du 27 avril) mais n'obtient au premier tour de scrutin que 166 voix tandis que son concurrent Henrique-Duluc est brillamment réélu. En 1906 il prend la direction de l'Annuaire de la Presse mais ne se présente pas aux élections. C'est à cette époque qu'il est fait Chevalier de la Légion d'honneur et est élu syndic de la presse parisienne.
Il ne manque pas de se prévaloir de ce titre et de son républicanisme en posant une troisième fois sa candidature aux élections législatives du 24 avril 1910. Appuyé par les mêmes notabilités locales qui l'avaient soutenu en 1898, il obtient 20.580 voix au premier tour de scrutin battant le député sortant, Lemaire, de trois mille voix. Il s'était engagé à demander le développement de l'instruction et l'intensification des travaux d'irrigation, promettant la plus stricte impartialité entre les religions. A la Chambre, il s'inscrit au groupe radical et radical-socialiste et se spécialise dans les questions relatives aux Affaires étrangères. Il siège d'ailleurs à la Commission des affaires extérieures, des protectorats et des colonies. Il propose, en vain, la création d'un sous-secrétariat d'Etat pour les possessions et protectorats d'Afrique et rapporte divers projets : statut des banques coloniales (1911) travaux à entreprendre dans les établissements français de l'Inde (1912) et présente un rapport sur l'examen des pièces concernant la condamnation du député Légitimus. Il intervient dans les discussions budgétaires sur les chapitres concernant l'instruction en Asie et en Océanie. Le 1er mars 1912 il interpelle le Gouvernement Poincaré sur sa politique marocaine, recommande une action « en tache d'huile » ne lésant en rien les intérêts des indigènes, proteste contre la délimitation de frontières projetée entre l'Algérie et le Maroc et dénonce le manque d'unité d'action des différents services français au Maroc, préconise enfin l'infiltration au Tafilalet. Puis il demande avec force l'élaboration d'une politique islamique et en profite pour insister sur la nécessité de créer un Ministère de l'Afrique.
Aux élections législatives du 26 avril 1914 il est brillamment réélu au premier tour de scrutin avec 28.000 voix de majorité. L'appui du sénateur Etienne Flandin, du président du Conseil général Gaebelé et de nombreux conseillers généraux européens, créoles et hindous, explique l'ampleur de ce triomphe. Dans sa profession de foi il se félicitait du relèvement du crédit moral de l'Inde française, affirmait qu'il avait protégé la colonie contre d'imprudentes menaces de cession de territoires et se déclarait partisan de la loi de trois ans.
Il propose de faciliter l'accession à la qualité de citoyen français aux militaires de l'Algérie, des colonies et des protectorats et rapporte le projet de loi tendant à la désignation de conseillers légistes musulmans auprès de la Commission interministérielle des affaires musulmanes. En 1916, il prend une part active à la discussion du projet de loi relatif au régime de la presse en temps de guerre et l'année suivante interpelle le Gouvernement sur le plan de distribution du charbon et intervient au cours de la discussion d'interpellations relatives au ravitaillement. Aussitôt après la guerre il se dépense sans compter pour obtenir le rétablissement de la liaison maritime entre la métropole et la colonie. Membre de la Commission du Traité de paix, il appuie de ses votes la politique de Clemenceau et celui-ci le charge de diverses missions.
Aux élections législatives du 16 novembre 1919 Bluysen n'a plus que 2.000 voix de majorité sur son concurrent Lemaire. Son action parlementaire est beaucoup moins intense au cours de la douzième législature et se borne à de courtes interventions au cours de la discussion du budget des colonies des exercices 1921 et 1922. En revanche, il multiplie ses activités de journaliste, cumulant à partir de 1921 la direction d'Actualités et de la Réforme coloniale.
Aussi ne se représente-t-il pas aux élections de 1924 qui désignent pour lui succéder le gouverneur Angoulvant. Jusqu'à sa mort qui survient en 1928, il se consacre au journalisme et à la littérature et publie encore : Nos amis les Hindous, la route des Indes.