Albert, François Boccagny

1894 - 1983

Informations générales
  • Né le 28 mai 1894 à Perrignier (Haute-Savoie - France)
  • Décédé le 21 novembre 1983 à Thonon-les-bains (Haute-Savoie - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Haute-Savoie
Groupe
Communiste
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Haute-Savoie
Groupe
Communiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Haute-Savoie
Groupe
Communiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Haute-Savoie
Groupe
Communiste

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)



Né le 28 mai 1894 à Perrignier (Haute-Savoie)

Décédé le 21 novembre 1983 à Thonon-les-Bains (Haute-Savoie)

Membre de la Première et de la Seconde Assemblée nationale Constituante (Haute-Savoie)

Député de la Haute-Savoie de 1946 à 1951 et de 1956 à 1958

Né dans une famille de petits propriétaire-exploitants, Albert Boccagny, après ses classes primaires à Perrignier, obtient son certificat d'études, et commence des études à l'Ecole primaire supérieure de Thonon-les-Bains. Il les interrompt au bout d'une année et regagne la ferme familiale. Mobilisé en 1914, il sera envoyé, en 1918, dans une usine travaillant pour la défense nationale à Rioupéroux en Isère. Il y prend contact avec les dirigeants ouvriers de la métallurgie de l'Isère et contribue à fonder un syndicat dans son entreprise. En 1919, à la suite d'une grève, il est arrêté et condamné, à Grenoble, à quinze jours de prison avec sursis. Il n'est pas repris dans son usine et quitte Rioupéroux, où il s'était marié l'année précédente avec Pauline Meunier, dont il aura quatre enfants. Embauché dans une centrale électrique d'Allemont, il est licencié huit jours après son entrée. Au bout de deux mois, Albert Boccagny gagne Cervens, en Haute-Savoie et reprend une activité d'exploitant agricole.

Militant politique désormais confirmé, il adhère à la S.F.I.O. D'opinion pacifiste, il est un lecteur de La Vague de Pierre Brizon. Au lendemain du congrès de Tours, en décembre 1920, il suit la majorité qui fonde le parti communiste. Il crée un groupe à Cervens et organise un meeting sur la place publique, où vient parler Paul Vaillant-Couturier. En 1927, il devient maire. Il est, en même temps, secrétaire de la cellule communiste de Vervens.

Il doit aussi cette position à son activité multiforme dans les organisations paysannes. En 1921, il crée une coopérative laitière. Disparue en 1922, elle renaît en 1932. En 1926, il constitue un syndicat agricole local pour l'achat en commun des engrais et des essences. En 1927, il crée un syndicat de battage. En qualité de maire, il est à l'origine, avec la commune voisine de Draillant, d'un syndicat intercommunal de cylindrage. Les coopérateurs de Haute-Savoie, section départementale de la fédération nationale des coopératives de consommation, l'appellent à leur conseil d'administration. Pour favoriser l'écoulement des produits du producteur au consommateur, Albert Boccagny établit une filière entre les coopératives laitières savoyardes et les coopératives de consommation. En 1935, il est appelé à siéger à la Commission départementale paritaire chargée de fixer le prix du lait à la production. Il entre à la Caisse régionale de crédit agricole et à la Caisse départementale de mutuelle assurance-bétail et de contre-assurance. En 1926 et 1927, il favorise la création d'une trentaine de syndicats agricoles, tous adhérents à la C.G.P.T. (Confédération générale des paysans travailleurs). A ce titre, il est délégué en U.R.S.S. en 1927 à l'occasion du dixième anniversaire de la Révolution d'Octobre.

Connu dans l'ensemble du département, il acquiert un rayonnement qui, sur son nom, élargit l'audience du parti communiste. En 1935, il est réélu maire de Cervens. Il s'est présenté sans succès sur la liste communiste aux élections législatives de 1928, 1932 et 1936. En 1936, il a obtenu 14,8 % des électeurs inscrits, avant de se désister au deuxième tour pour le candidat radical-socialiste. Fidèle au parti communiste, après le Pacte germano-soviétique, au début de la Seconde Guerre mondiale, il est interné au Fort-Barraux à Grenoble. Révoqué de ses fonctions municipales par le gouvernement de Vichy, il est placé en résidence surveillée à Thones en Haute-Savoie. Résistant malgré tout, il est déporté en 1944 à Buchenwald. Il aura la Croix de la déportation et la Légion d'honneur au titre de la Résistance.

Libéré, et revenu à Cervens, il retrouve sa mairie. Il est élu, au premier tour de scrutin, conseiller général du canton de Thonon par 4 049 voix sur 12 181 inscrits, battant les candidats M.R.P. et radical-socialiste. Il reprend aussi ses activités dans les organisations. agricoles du département en étant notamment, membre du conseil d'administration des coopératives de production de Haute-Savoie.

Le 21 octobre 1945, pour les élections à la Première Assemblée nationale constituante, Albert Boccagny mène la liste communiste en Haute-Savoie. Il y a quatre sièges à pourvoir pour cinq listes en présence. Sur 160 415 électeurs inscrits et 123 752 suffrages exprimés, le M.R.P., avec 59 876 suffrages, a deux élus, dont François de Menthon, le parti communiste, avec 33 506 suffrages, emporte le troisième siège, le dernier échoit à la S.F.I.O. avec 23 244 suffrages.

Une fois son élection validée, le nouveau député de la Haute-Savoie est nommé membre de la Commission des affaires économiques, des douanes et des conventions commerciales. Il est également élu juré de la Haute Cour de justice. Tout naturellement, il prend position pour la défense du monde paysan : « Il faut, déclare-t-il dans un débat sur l'organisation du marché du lait, redonner confiance aux paysans producteurs de lait, qui, comme leurs frères des campagnes et des villes veulent travailler à la renaissance française ». Parallèlement, il collabore à la direction du journal Les Allobroges. Il devient membre du bureau fédéral départemental du parti communiste. Il préside la fédération de Haute-Savoie des déportés et internés de la Résistance.

Aux élections du 2 juin 1946 pour la Seconde Assemblée nationale constituante, la liste communiste que mène Albert Boccagny recueille 34 890 suffrages sur 125 441 suffrages exprimés et 161 815 électeurs inscrits et a un élu. Elle est devancée par la liste M.R.P. qui, avec 64 604 suffrages, emporte deux sièges, mais précède la liste socialiste qui, avec 16 324 suffrages, s'assure le quatrième siège. Albert Boccagny est membre de la Commission de l'agriculture. Lors des élections législatives du 13 octobre, le rapport de forces évolue en faveur du M.R.P. et du P.C.F. Sur 163 435 électeurs inscrits et 121 775 suffrages exprimés, le M.R.P. obtient 64 864 voix et a trois élus, le P.C.F., 36 051 voix et un élu. La S.F.I.O., avec 14 045 voix, perd le siège qu'elle détenait.

L'élection d'Albert Boccagny est validée le 29 novembre. Il sera membre de plusieurs Commissions parlementaires : affaires économiques et production industrielle (1946), agriculture (1950), territoires d'outre-mer (1951). Il déploie une importante activité concernant les questions agricoles en présentant plusieurs rapports et propositions de résolution et en intervenant dans les discussions sur le budget de l'agriculture. En 1947, il est réélu maire de sa commune, mais il perd son siège de conseiller général du canton de Thonon.

Les élections législatives du 17 juin 1951 se font au scrutin de liste avec apparentements. En Haute-Savoie, un apparentement est conclu entre le M.R.P., une liste de défense républicaine, présentée par la S.F.I.O., le parti radical et le Rassemblement des gauches républicaines, et les indépendants paysans. Sur 160 435 électeurs inscrits et 114 702 suffrages exprimés, les listes apparentées totalisent 66 570 suffrages, soit 58,1 % des suffrages exprimés et emportent tous les sièges. Trois vont au M.R.P. et un au socialiste Henri Briffod. Avec 29 332 suffrages, soit 25,6 % des suffrages exprimés, le parti communiste n'a aucun élu. Albert Boccagny ne réussit pas, l'année suivante, à être élu sénateur. Il conserve seulement son mandat municipal. En 1953, il devient directeur du mensuel communiste, l'Etincelle.

Aux élections du 2 janvier 1956, provoquées par la dissolution de l'Assemblée nationale, le parti communiste présente Albert Boccagny. Dans sa profession de foi, la liste qu'il mène défend « un changement politique à gauche » contre « la coalition réactionnaire M.R.P. - Indépendants ». Pour quatre sièges à pourvoir, sept listes sont en présence. Deux apparentements sont conclus, le premier, le plus important, entre le M.R.P. et le Centre national des indépendants paysans, mais dont, cette fois, s'excluent les socialistes, le second entre les listes d'inspiration poujadiste. Sur 174 278 électeurs inscrits et 134 441 suffrages exprimés, le M.R.P., avec 33 330 voix et l'Union des indépendants et paysans, avec 29 016 voix, ne totalisent que 46,4 % des suffrages exprimés, et n'emportent qu'un siège chacun. Le parti communiste, avec 27 670 voix, 20,6 % au total, retrouve un siège. Le quatrième échoit à Henri Briffod, tête de liste socialiste qui obtient 21 394 voix.

Albert Boccagny est nommé membre de la Commission des pensions le 31 janvier 1956. Ses interventions sont plus rares. Elles concernent, pour l'essentiel, la politique agricole et les pensions des victimes de guerre, des déportés et internés. Son action s'exerce surtout dans le département, où il est un militant particulièrement représentatif du communisme rural. Comme nombre de députés communistes, Albert Boccagny qui a voté contre la confiance au Général de Gaulle en juin 1958, est battu lors des élections législatives de l'automne.