Auguste Scheurer-Kestner

1833 - 1899

Informations générales
  • Né le 11 février 1833 à Mulhouse (Haut-Rhin - France)
  • Décédé le 19 septembre 1899 à Bagnères-de-luchon (Hautes-Pyrénées - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Assemblée Nationale
Législature
Mandat
Du 8 février 1871 au 1er mars 1871
Département
Haut-Rhin
Groupe
Union républicaine
Régime politique
Assemblée Nationale
Législature
Mandat
Du 2 juillet 1871 au 7 mars 1876
Département
Seine
Groupe
Union républicaine

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 15 décembre 1875 au 19 septembre 1899

Biographies

Représentant en 1871 et membre du Sénat, né à Mulhouse (Haut-Rhin) le 11 février 1833, il suivit les cours de l'Ecole de médecine de Paris, s'adonna spécialement à l'étude de la chimie, et fut appelé en 1870 à diriger à Thann l'établissement industriel de son beau-père, M. Kestner, décédé.

D'opinions républicaines, M. Scheurer-Kestner, qui s'était mêlé sous l'Empire aux campagnes de l'opposition démocratique et qui avait encouru de ce chef plusieurs condamnations, notamment quatre mois de prison et 2 000 francs d'amende en 1862, fut nommé, pendant la guerre, par le gouvernement de la Défense nationale, directeur de l'établissement pyrotechnique de Cette.

Elu, le 8 février 1871, représentant du Haut-Rhin à l'Assemblée nationale, le 9e sur 11, par 39 605 voix (74 128 votants, 123 622 inscrits), il vota à Bordeaux contre les préliminaires de paix et donna sa démission comme ses collègues des départements annexés.

Mais l'élection complémentaire de la Seine du 2 juillet suivant le fit rentrer au parlement, le 14e sur 21, par 108 038 voix (290 823 votants, 458 774 inscrits). Très lié avec Gambetta, il prit place à ses côtés dans le groupe de l'Union républicaine, avec lequel il vota constamment. Il fut de ceux qui contribuèrent le plus à engager les républicains parlementaires dans les voies de la conciliation et de « l'opportunisme », et vota :

- contre le pouvoir constituant de l'Assemblée,
- contre la chute de Thiers au 24 mai,
- contre le septennat, l'état de siège, la loi des maires, le ministère de Broglie,
- pour les amendements Wallon et Pascal Duprat
- et pour l'ensemble des lois constitutionnelles.

Elu, le 15 décembre 1875, par l'Assemblée nationale, sénateur inamovible, le 55e sur 75, avec 341 voix (676 votants), il siégea à gauche, fut, en 1876, secrétaire de la Chambre haute, se prononça, en 1877 :

- contre la dissolution de la Chambre des députés
- et contre le gouvernement du Seize-mai.

Il opina avec les républicains du Sénat :

- pour l'article 7,
- pour la réforme judiciaire,
- pour le rétablissement du divorce,
- pour les crédits du Tonkin,
- pour l'expulsion des princes,
- pour la nouvelle loi militaire,

et, en dernier lieu :

- pour le rétablissement du scrutin d'arrondissement (13 février 1889),
- pour le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse,
- pour la procédure de la Haute Cour contre le général Boulanger.

Il était devenu, lors de l'élection de Gambetta à la présidence de la Chambre, président du conseil d'administration du journal la République française. M. Scheurer-Kestner a publié, de 1863 à 1866, plusieurs travaux dans le Bulletin de la Société chimique de Paris et de nombreux mémoires dans les Comptes rendus de l'Académie des Sciences, dans les Annales de chimie et de physique, dans les Bulletins de la Société industrielle de Mulhouse, etc.


Né le 11 février 1833 à Mulhouse (Haut-Rhin), mort le 19 septembre 1899 à Bagnères-de-Luchon (Hautes-Pyrénées).

Sénateur inamovible de 1875 à 1899.

(Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. V, p. 281.)

« Son nom restera attaché à l'histoire d'une affaire qui, pendant près de deux ans, déchaîna dans le pays tant de passions hostiles et sema les germes d'une division dont nous n'avons que trop souffert. »

Rien ne semblait désigner ce froid et noble alsacien, sénateur inamovible depuis plus de vingt ans, vice-président du Sénat, pour devenir le Zola parlementaire de l'affaire Dreyfus. Il ne s'était guère signalé les années précédentes que par de brèves interventions : sur le projet de loi relatif au travail des femmes et des enfants dans les établissements industriels (1891), le statut des courtiers en marchandises ou la subvention à l'Ecole alsacienne (1893), la réforme de l'impôt sur les boissons (1896), les vins artificiels et la margarine (1897).

Et puis, subitement, c'est le grand éclat : l'interpellation du 7 décembre 1897 qui devait relancer l'affaire, peu de jours après qu'à la Chambre Jules Méline ait prononcé la phrase fameuse : « Il n'y a pas d'affaire Dreyfus ». Alors que le ministre de la Guerre, le général Billot, s'obstine à répéter « mes soldats ne comprendraient pas... », alors que le président du Conseil s'entête à affirmer que « les arrêts de justice sont une vérité légale », indifférent au fait que le Sénat vote un ordre du jour « approuvant la déclaration du gouvernement », Scheurer-Kestner, « dernier représentant de l'Alsace française » proclame : « La justice, elle se fera, Messieurs, car suivant le mot de Gambetta, elle est immanente dans l'histoire et, tôt ou tard, la vérité finit par triompher ».

Par un hasard du sort, Scheurer-Kestner mourait à Bagnères-de-Luchon le 19 septembre 1899 au moment même où le calvaire du capitaine Dreyfus s'achevait, par la grâce du président Loubet, en attendant la réhabilitation prononcée en 1906, à la suite de l'arrêt de la Cour de cassation.