Edmond de Hault de Pressensé
1823 - 1891
Représentant en 1871, et membre du Sénat, né à Paris le 21 juin 1823, mort à Paris le 8 avril 1891, il étudia la théologie à Lausanne, sous la direction du professeur Vinet, et suivit aussi les cours des Universités de Halle et de Berlin (1846 et 1847).
Reçu pasteur en 1847, il fut appelé à desservir à Paris la chapelle de la rue Taitbout, la principale des églises protestantes séparées de l'Etat, connues sous le nom général d'Union des Eglises évangéliques de France. Il collabora à la Revue de Théologie de Strasbourg, puis à la Revue chrétienne, fondée en 1854, pour servir d'organe à un parti intermédiaire qui réclamait un développement nouveau de la théologie dite évangélique, sans toutefois renoncer au surnaturel. Devenu, en 1856, le rédacteur en chef de cette publication, il y défendit avec talent le principe de la séparation de l'Eglise et de l'Etat. En 1863, il reçut de la faculté de Breslau le titre de docteur. Membre de la Ligue de la paix en 1869, il fit, au mois de juin de l'année suivante, auprès de l'empereur Alexandre, une démarche pour demander que les populations protestantes des provinces baltiques ne fussent point troublées dans le libre exercice de leur religion.
Aumônier militaire pendant la guerre, il se présenta comme candidat à l'Assemblée nationale à Paris, le 8 février 1871, et échoua avec 38,516 voix sur 328,970 votants. Pendant la Commune, le 11 avril 1871, il protesta, dans une lettre publiée dans les journaux, contre l'incarcération de l'archevêque de Paris.
Le 2 juillet suivant, il se porta candidat aux élections complémentaires de l'Assemblée nationale, à Paris, avec une profession de foi républicaine, et surtout antibonapartiste, et fut élu représentant de la Seine, le 6e sur 21, par 118,975 voix (290,823 votants, 458,774 inscrits). Il prit place à gauche, et prononça dans l'Assemblée un assez grand nombre de discours. Il déposa une proposition d'amnistie en faveur des gardes nationaux poursuivis ou condamnés à l'occasion de la Commune; cette, proposition fut prise en considération (8 février 1872), mais ne fut point adoptée. Puis il prit part à la discussion du projet de loi sur les conseils généraux et se prononça contre l'installation des ministres à Versailles, voulant que l'Assemblée revînt à Paris. Il combattit l'article 1er de la loi contre l'Internationale (12 mars), parla sur la loi contre l'ivresse, sur le droit de réunion pendant les élections des conseils généraux, sur le recrutement de l'armée, sur le jury. Le 8 janvier 1873, il combattit le projet de loi sur le conseil supérieur de l'instruction publique, puis il s'éleva avec éloquence contre l'arrêté du préfet de Lyon au sujet des enterrements civils (juin), et contre le projet tendant à déclarer d'utilité publique la construction d'une église du Sacré-Cœur à Paris (22 juillet). Après avoir soutenu de ses votes et de sa parole la politique républicaine conservatrice de Thiers, il se prononça contre la chute du chef de pouvoir exécutif au 24 mai 1873, combattit le ministère de Broglie, et vota contre le septennat, l'état de siège et la loi des maires. Il publia des lettres assez vives contre les tentatives de restauration monarchique, et, le 14 janvier 1874, à propos de la loi des maires, prononça à l'adresse de la droite les paroles suivantes : « Votre politique a pour point de départ l'abandon des principes libéraux, pour argument la peur, pour moyen la compression et pour but une immense machine électorale. Je termine par un mot: le péril aujourd'hui, c'est vous! » Il vota ensuite pour la dissolution de l'Assemblée, pour les amendements Wallon et Pascal Duprat, et pour l'ensemble des lois constitutionnelles.
Candidat aux élections législatives du 20 février 1876 dans la 1re circonscription de Pontoise, il échoua avec 6,103 voix contre 6,729 à M. Rendu, bonapartiste, élu. Il rentra alors dans la vie privée. Au mois de juillet de la même année, il prit le grade de docteur en théologie à la faculté de Montauban.
Le 17 novembre 1883, la Chambre Haute appela M. de Pressensé, par 143 voix (150 votants), à remplacer, comme sénateur inamovible, M. Victor Lefranc décédé. Il s'assit au centre gauche, dont il devint en 1886 le président, et prit une part importante aux délibérations. En juin 1884, il fit adopter en deuxième lecture un amendement à la loi du divorce, repoussé en première, et qui assimilait l'adultère du mari à celui de la femme. Il porta la parole dans les discussions sur la loi municipale, sur l'organisation de l'enseignement primaire, sur les récidivistes, et obtint, sur ce dernier point, que la mendicité ne fût pas considérée comme un cas de récidive entraînant la relégation. La discussion générale du budget des cultes en 1885 lui fournit l'occasion de prononcer un discours contre la méthode qu'on semblait adopter d'opérer la séparation de l'Eglise et de l'Etat par des suppressions partielles de crédits. Il intervint encore dans la discussion sur la naturalisation, et fit voter par le Sénat des mesures réparatrices en faveur des descendants des protestants exilés à la suite de la révocation de l'édit de Nantes.
Il soutint les ministères opportunistes, se prononça pour les crédits de l'expédition du Tonkin, et vota, en dernier lieu, pour le rétablissement du scrutin d'arrondissement (13 février 1889), pour le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse, pour la procédure de la Haute Cour contre le général Boulanger.
Chevalier de la Légion d'honneur (8 février 1871). On a de M. de Pressensé un très grand nombre d'ouvrages, parmi lesquels : Conférences sur le christianisme dans son application aux questions sociales (1849); Du Catholicisme en France (1851); La Famille chrétienne (1856); Histoire des trois premiers siècles de l'Eglise chrétienne (1858-1877); L'église et la Révolution française (1864) ; Etudes évangéliques (1867); La liberté religieuse en Europe (1874); Les Origines (1883); L'Ancien monde et le christianisme (1886). Mme de Pressensé, née Emilie Dehault, a publié de son côté plusieurs ouvrages.