Louis, Madeleine, Clair, Hippolyte Gaulthier de Rumilly
1792 - 1884
- Informations générales
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- Né le 8 décembre 1792 à Paris (Seine - France)
- Décédé le 30 janvier 1884 à Paris (Seine - France)
1792 - 1884
Député de 1831 à 1834, de 1837 à 1848, représentant en 1848, en 1871, sénateur de 1876 à 1884, né à Paris le 8 décembre 1792, mort à Paris le 30 janvier 1884, il appartenait à une famille légitimiste.
Après de bonnes études faites au lycée Napoléon, puis à l'Ecole de droit, il entra de bonne heure dans le parti libéral, s'inscrivit en 1813 au barreau de Paris, parut comme défenseur, sous la Restauration, dans plusieurs causes politiques célèbres, notamment dans l'affaire des quatre sergents de la Rochelle, et fut souvent l'avocat du Censeur européen, dont Ch. Comte et Dunoyer étaient les principaux rédacteurs.
Il s'occupa ensuite activement de politique dans le département de la Somme, où il se fixa ; il y était, en 1830, un des chefs les plus écoutés du parti constitutionnel. Il applaudit à la révolution de 1830, ainsi qu'à l'avènement de Louis-Philippe ; mais il ne tarda pas à se prononcer contre la ligne de conduite suivie par le nouveau gouvernement.
Après une tentative infructueuse comme candidat à la Chambre des députés, le 3 juillet 1830, au collège de département de la Somme, qui ne lui donna que 132 voix sur 384 votants, M. Gaulthier de Rumilly entra au Parlement le 28 octobre de la même année, comme député de la Somme, élu par 765 voix (1,024 votants). Il prit place dans l'opposition dynastique, obtint sa réélection dans le 5e collège de la Somme (Doullens) le 5 juillet 1831, par 90 voix (169 votants), contre 73 à M. Didier et 9 à M. Blin de Bourdon, et vota avec la gauche : contre l'ordre du jour Ganneron sur la politique extérieure, contre les ordonnances du 31 novembre 1831, contre l'emploi de la dénomination inconstitutionnelle de «sujets » ; il signa le « Compte-rendu » de 1832, mais ne se récusa point dans l'affaire du journal la Tribune (1833).
En 1834, M. Gaulthier de Rumilly fut remplacé par M. Blin de Bourdon, légitimiste.
Il reparut à la Chambre comme député de la 2e circonscription de la Somme (Amiens), le 4 novembre 1837, avec 236 voix (371 votants, 603 inscrits), reprit sa place dans les rangs de l'opposition.
Il fut réélu, le 2 mars 1839, par 250 voix (390 votants, 605 inscrits), et combattit le ministère Molé. Il appuya toutes les demandes de réductions d'impôt.
Son mandat lui a été renouvelé depuis lors jusqu'à la fin du règne :
- le 9 juillet 1842, par 313 voix (470 votants, 671 inscrits), contre 211 à M. Alfred de Morgan, ;
- le 1er août 1846, par 352 voix (531 votants, 723 inscrits), contre 168 à M. de Dompierre d'Hornoy.
M. Gaulthier de Rumilly fut membre ou rapporteur de nombreuses commissions, et intervint plusieurs fois dans la discussion des questions de finances, de commerce, de douanes, de chemins de fer et de budget.
En politique, il se prononça contre le système de Guizot, contre l'indemnité Pritchard, pour la proposition tendant à réduire le nombre des députés fonctionnaires, etc., et signa (1848) la demande de mise en accusation du cabinet.
Après la révolution de février, il fut élu, le 23 avril, représentant de la Somme à l'Assemblée constituante, le 3e sur 14, par 137 285 voix. Il fit partie du comité des finances et vota généralement avec les conservateurs :
- pour les poursuites contre Louis Blanc et Caussidière,
- pour le rétablissement de la contrainte par corps,
- contre l'abolition de la peine de mort,
- contre l'amendement Grévy,
- contre le droit au travail,
- pour l'ordre du jour en l'honneur de Cavaignac,
- pour la proposition Rateau,
- pour l'interdiction des clubs,
- pour les crédits de l'expédition romaine.
En avril 1849, il fut compris parmi les conseillers d'Etat nommés par l'Assemblée, et, le 20 du même mois, il donna sa démission de représentant. Maintenu dans ses fonctions par la Législative, il les conserva jusqu'au coup d'Etat du 2 décembre 1851. Son opposition à cet acte le fit rentrer alors dans la vie privée. Il quitta même le conseil général de la Somme, dont il était membre depuis 1843, et se tint à l'écart de la politique pendant toute la durée de l'Empire.
M. Gaulthier de Rumilly rentra dans la lutte aux élections du 8 février 1871; nommé représentant de la Somme à l'Assemblée nationale, le 9e sur 11, par 93 995 voix (123 345 votants, 167 374 inscrits), ce fut lui qui présida, comme doyen d'âge, la première séance tenue à Bordeaux. Il appartint d'abord au groupe Feray, se rallia avec lui à la République conservatrice, s'inscrivit ensuite au centre gauche, et se prononça :
- pour la paix,
- pour l'abrogation des lois d'exil,
- contre le pouvoir constituant,
- contre la démission de Thiers au 24 mai,
- contre le ministère de Broglie, l'état de siège, la loi des maires, etc.,
- pour les propositions Périer et Malleville,
- pour l'amendement Wallon et pour l'ensemble des lois constitutionnelles.
Le 13 décembre 1875, il fut élu par des collègues de l'Assemblée, le 40e sur 75, avec 347 voix (689 votants) sénateur inamovible. M. Gaulthier de Rumilly se retrouva le membre le plus âgé de la Chambre haute, et il occupa le fauteuil, à ce titre, le jour de la première réunion du Sénat. Il présida ainsi à la constitution du bureau provisoire et à la transmission des pouvoirs législatifs, et prononça dans cette circonstance une allocution empreinte d'un vif sentiment patriotique et qui fut très applaudie.
Membre du centre gauche, il ne cessa de voter avec les républicains, pour la nouvelle loi sur la collation des grades, contre la dissolution de la Chambre (juin 1877), combattit le gouvernement du Seize Mai, appuya le ministère Dufaure, donna son approbation à l'article 7 de la loi sur l'enseignement supérieur (1880) et aux lois nouvelles sur la presse et le droit de réunion, puis à la réforme du personnel de la magistrature, etc.
Très assidu aux séances, en dépit de son grand âge, M. Gaulthier de Rumilly étonnait et charmait ses collègues du Sénat par sa verdeur, son entrain et la fine bonhomie des discours d'ouverture qu'il ne manqua jamais de leur adresser comme doyen d'âge, de 1876 à 1884.
À la nouvelle de sa mort, la Chambre haute, sur la proposition de M. de Saint-Vallier, décida de lever aussitôt la séance en signe de deuil.