Raymond, Paul, Victor Boisdé

1899 - 1981

Informations générales
  • Né le 15 août 1899 à Chantonnay (Vendée - France)
  • Décédé le 13 juillet 1981 à Cannes (Alpes-Maritimes - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Cher
Groupe
Rassemblement du peuple français - ARS
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Cher
Groupe
Indépendants et paysans d'action sociale
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 30 novembre 1958 au 9 octobre 1962
Département
Cher
Groupe
Indépendants et paysans d'action sociale
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 25 novembre 1962 au 2 avril 1967
Département
Cher
Groupe
Républicains indépendants
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 5 mars 1967 au 30 mai 1968
Département
Cher
Groupe
Républicains indépendants
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 23 juin 1968 au 1er avril 1973
Département
Cher
Groupe
Républicains indépendants
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ve législature
Mandat
Du 2 avril 1973 au 2 avril 1978
Département
Cher
Groupe
Républicains indépendants

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)



Né le 15 août 1899 à Chantonnay (Vendée)

Décédé le 13 juillet 1981 à Cannes (Alpes-maritimes)

Député du Cher de 1951 à 1958

Secrétaire d'Etat au Commerce du 2 juillet 1953 au 19 juin 1954

Raymond Boisdé est né le 15 août 1899 à Chantonnay, chef-lieu de canton de la Vendée, de père et de mère instituteurs. Il poursuit ses études secondaires au lycée de la Roche-sur-Yon. Il est mobilisé en 1918, puis entre au lycée Saint-Louis à Paris, avant d'être reçu à l'Ecole centrale des arts et manufactures. En 1921, il en sort avec le diplôme d'ingénieur E.C.P., et entreprend aussitôt une importante carrière dans l'industrie textile. Raymond Boisdé qui est également licencié en droit, entre d'abord comme directeur technique à la compagnie « Lincrusta Walton française et Loreid réunies » (1921-1927), puis devient ingénieur aux établissements Maréchal (1917-1934), enfin, ingénieur-conseil chez « Titax, textiloses et textiles ».

Intéressé par les problèmes d'organisation du travail et les questions socio-professionnelles en général, il tend à leur consacrer une part croissante de ses activités. Dès 1936, il est ainsi Secrétaire général, puis Délégué général de la Fédération nationale des industries de lingerie. Il sera également conseiller de la Fédération des commerçants et détaillants de France, et de la Fédération nationale des entreprises à commerces multiples. En 1938, Raymond Boisdé est élu Président délégué de la Fédération nationale de l'habillement, nouveautés et accessoires.

Ingénieur militaire de réserve du corps des poudres, il est mobilisé comme tel en 1939.

Raymond Boisdé ne s'oriente vers la politique active qu'après 1945, sa carrière professionnelle proprement dite l'amenant notamment, après avoir présidé le conseil d'administration des grands magasins du Bon marché à être, de 1949 à 1951, délégué du commerce dans le conseil d'administration de la B.N.C.I. ainsi que président fondateur du centre d'études du commerce (1953-1960).

Il conduit dans le Cher pour les élections du 17 juin 1951, la liste R.P.F. qui recueille 35 240 voix sur 138 021 suffrages exprimés, et lui permet donc d'être élu député pour la seconde législature. Ses engagements électoraux dénoncent notamment le système de l'apparentement, et demandent « la réforme de l'Etat, de l'administration et de la fiscalité », « la dépolitisation des services publics, l'assainissement de la Sécurité sociale », « une loi électorale simple, claire, honnête », et « la fin de la lutte des classes en humanisant les rapports entre patrons et salariés grâce aux formules (...) de l'association du capital et du travail ».

A l'Assemblée, Raymond Boisdé est nommé membre de la Commission des finances (1951 à 1955), de celle de la production industrielle (1953) et de celle du travail et de la Sécurité sociale (1955). Il est également désigné par l'Assemblée nationale pour la représenter au sein du Conseil d'administration de la Caisse autonome de la reconstruction (1951) et du Comité de contrôle du fonds d'encouragement à la production textile (1951, 1954). Enfin, Raymond Boisdé est désigné par la Commission des finances pour faire partie de la Sous-commission chargée de suivre et d'apprécier la mise en œuvre de la Convention de coopération économique européenne et du programme de développement européen (1951, 1953) et pour représenter l'Assemblée nationale au sein du Conseil supérieur des alcools (1954). Il est également Secrétaire général du groupement parlementaire de défense de l'épargne, et Secrétaire général du Bureau parlementaire du comité de l'artisanat.

Député particulièrement actif, Raymond Boisdé dépose un très grand nombre de textes relatifs notamment à des problèmes de fiscalité, et de gestion de la Sécurité sociale. Sa proposition de loi du 5 février 1952 porte réformes, dégrèvements et propositions fiscales diverses destinés à permettre l'équilibre du budget de 1952 ; il fera une proposition analogue, le 25 octobre suivant, pour équilibrer le budget de 1953 et des exercices postérieurs. Le 30 octobre 1955, Raymond Boisdé dépose également une proposition de loi relative au mode de scrutin à adopter pour les élections législatives à venir.

Raymond Boisdé intervient en outre très fréquemment dans les débats parlementaires, notamment à propos de la situation scolaire et du projet d'allocation aux parents d'élèves, le 9 septembre 1951, puis, le 18 septembre suivant, à propos du vote sur l'échelle mobile des salaires. Homme résolument engagé dans la vie publique, il livre, dans la séance du 9, une partie de sa philosophie politique : « Là, comme certainement dans beaucoup d'autres domaines, le neutralisme est peut-être une vue de l'esprit, mais je ne crois pas que ce soit une attitude pratique et efficace ».

Il vote contre le pool charbon-acier le 13 décembre 1951.

Le 6 mars 1952, 27 député R.P.F. ne suivent pas les consignes de leur parti, et votent l'investiture à Antoine Pinay. Le général de Gaulle écrit personnellement à dix-huit d'entre eux, et le bruit court alors que ceux-ci quitteraient le parti pour fonder à l'Assemblée un groupe des « Indépendants d'action sociale ». Parmi les leaders de cette tendance, on cite les noms d'Edmond Barrachin, député de la Seine, Jean Legendre, maire de Compiègne et député de l'Oise, et, précisément, Raymond Boisdé. Celui-ci présente, dans la séance du 2 avril 1952, d'importantes observations sur l'expérience Pinay, puis, le 1er juillet, sur la situation économique en général et celle du textile en particulier : « Bien que d'origine mondiale, la crise, pour une part, a un aspect spécifiquement national », que lui-même attribue notamment à la méconnaissance des dossiers par les commissions administratives, et à la légèreté obligée de ceux qui les traitent ; il reviendra sur ces problèmes, le 9 décembre suivant, par de nouvelles observations sur la politique économique du gouvernement.

De fait, en juillet 1952, Raymond Boisdé quitte le R.P.F., pour adhérer à l'A.R.S.

La chute de René Mayer (21 mai 1953) ouvre une crise gouvernementale difficilement résolue. Le 29 juin suivant, Raymond Boisdé est nommé Secrétaire d'Etat au Commerce et à l'artisanat dans le cabinet du P.R.L. Joseph Laniel. A ce titre, il doit largement intervenir lors de la discussion budgétaire relative aux dépenses de son ministère. La chute de Diên-Biên-Phû, le 7 mai, marque la fin prochaine du gouvernement Laniel. Raymond Boisdé donne sa démission le 12 juin 1954, et cesse d'expédier les affaires courantes le 17 juin suivant. L'auteur « du réquisitoire contre [le] gouvernement », Pierre Mendès-France, succède à Laniel.

Raymond Boisdé vote pour l'ordre du jour gouvernemental lors du débat sur l'Indochine (7 octobre 1953) et s'abstient volontairement lors du vote du 30 août 1954 sur la question préalable opposée par le général Aumeran et Edouard Herriot à la ratification du traité de Paris sur la Communauté européenne de défense. Il vote contre la confiance au gouvernement à la suite du débat sur l'Algérie (10 décembre 1954) et contre la confiance à Pierre Mendès-France (5 février 1955). Le 31 mars suivant, il vote pour la loi sur l'état d'urgence en Algérie, et, le 29 novembre 1955, pour la confiance à Edgar Faure.

Lors des élections du 2 janvier 1956, Raymond Boisdé conduit, toujours dans le Cher, la Liste d'union des indépendants et des paysans présentée par le Centre national des indépendants, des paysans, et de l'action républicaine et sociale, et par le Groupement national des indépendants d'action démocratique et paysanne. Avec 29 063 voix sur 145 891 suffrages exprimés, il est réélu député du Cher pour la troisième législature. Ses engagements électoraux insistent à nouveau sur la nécessité d'une réforme de l'Etat et de la Constitution en vue d'assurer la stabilité du pouvoir, et d'une réforme électorale. A la Chambre, il s'inscrit au groupe I.P.A.S.

Il est à nouveau nommé membre de la Commission des finances (1956, 1957) et de celle du travail et de la Sécurité sociale (1956, 1957). Il est également désigné par la Commission des finances, pour faire partie de la Sous-commission chargée de suivre et d'apprécier la gestion des entreprises nationalisées et des sociétés d'économie mixte (1956, 1957) et à nouveau nommé membre du Comité de contrôle du fonds d'encouragement à la production textile (1956).

Raymond Boisdé, au cours de cette brève législature, dépose encore un très grand nombre de textes, et intervient en outre fréquemment dans les séances de travail. Sa proposition de loi du 21 février 1956 vise à établir une fiscalité moderne, « propre à élever le niveau de vie de la population », une autre du 21 février 1956 à assurer l'élévation des salaires réels, notamment par le développement des contrats d'intéressement d'entreprises. Il dépose le 17 avril suivant, une nouvelle proposition de loi pour assurer le financement du fonds national de solidarité et, le 14 novembre 1957, une proposition de loi relative à l'élection des députés de l'Assemblée nationale.

Il intervient en outre longuement, dans la séance du 24 avril 1956, comme rapporteur pour avis du projet de loi créant le Fonds national de solidarité et dans celle du 20 septembre 1957, sur les interpellations sur la politique économique du gouvernement. Enfin, il prend part au débat du 25 septembre suivant, sur le projet de loi sur les institutions de l'Algérie, et à celui du 28 octobre sur la présentation du gouvernement Guy Mollet.

Le 25 octobre 1956, Raymond Boisdé se prononce pour la confiance au gouvernement sur sa politique générale, mais s'abstient volontairement, le 12 juin 1957, lors du vote de confiance sur le programme de Maurice Bourgès-Maunoury. Il vote pour la ratification des traités créant la C.E.E. et l'Euratom (9 juillet 1957) et pour la loi cadre sur l'Algérie (30 septembre 1957). Le 13 mai 1958, il vote contre la confiance à Pierre Pflimlin, mais approuve le projet de loi déclarant l'état d'urgence (16 mai). Le 27, il s'oppose à la résolution de révision constitutionnelle, mais vote pour la confiance au général de Gaulle (1" juin 1958) et pour la révision constitutionnelle (2 juin).

Raymond Boisdé était marié, avec Edmée Robineau, et père d'une fille, Geneviève. Il avait été fait chevalier de la Légion d'honneur et du Mérite agricole, officier du Mérite social, commandeur du Mérite commercial et du Mérite artisanal, enfin, grand officier du Nicham Iftikar et de l'ordre du Mérite de la République italienne.

Il avait en outre été membre du conseil d'administration du Centre de Synthèse, fondé par Henri Berr, membre du conseil de la revue Hommes et mondes, et membre de la section française de l'Internationale libérale. Raymond Boisdé avait également été professeur, à compter de 1954, puis professeur honoraire d'organisation scientifique du travail au Conservatoire national des arts et métiers, et, de 1953 à 1957, professeur à l'Ecole nationale de la France d'outre-mer. Enfin, il avait publié plusieurs études et ouvrages, dont notamment Paysans de l'avenir, Lois sociales, Techniques de l'organisation professionnelle, Réalisme et économie sociale, Idées forces et idées fausses, Découverte de l'Amérique, Le Rendez-vous des continents, la Modernisation et la politique, Lumière et ombres chinoises: la Chine d'aujourd'hui et Mirages du Tiers monde.