Ferdinand de Grammont
1805 - 1889
Député de 1839 à 1848, représentant en 1848 et 1849, député au Corps législatif de 1852 à 1870, représentant en 1871, né à Villersexel (Haute-Saône) le 6 juin 1805, mort à Paris le 7 juin 1889, fils d'Alexandre de Grammont qui avait été député sous la Restauration, riche propriétaire et maître de forges à Villersexel, il entra dans la vie parlementaire le 2 mars 1839, comme député du 3e collège de la Haute-Saône, élu par 128 voix sur 196 votants et 231 inscrits.
Conformant ses idées politiques à celles de son père, il vota généralement à la Chambre avec l'opposition dynastique, fut réélu député le 9 juillet 1842, avec 130 voix (198 votants, 234 inscrits), contre 66 à M. de Courchamp, se prononça contre l'indemnité Pritchard, pour la réforme électorale, obtint encore sa réélection le 1er août 1846, par 117 voix (219 votants, 231 inscrits), contre 102 à M. Marquiset, et continua de voter jusqu'à la fin du règne avec la fraction la plus modérée de la gauche. Il ne signa pas la demande de mise en accusation du ministère Guizot.
Rallié, après février 1848, aux opinions purement conservatrices, il fut, le 23 avril, désigné le 1er sur 9, par 68,620 voix, pour représenter la Haute-Saône à l'Assemblée constituante. M. de Grammont siégea alors à droite et vota:
- pour le rétablissement du cautionnement,
- pour les poursuites contre Louis Blanc et Caussidière,
- pour le rétablissement de la contrainte par corps,
- contre l'amendement Grévy,
- contre le droit au travail,
- pour la proposition Rateau,
- contre l'amnistie,
- pour l'interdiction des clubs,
- pour les crédits de l'expédition de Rome,
- contre l'abolition de l'impôt des boissons, etc.
Réélu, quoi qu'en aient dit la plupart de ses biographes, représentant de la Haute-Saône à la Législative, le 13 mai 1849, avec 33,037 voix (63,844 votants, 98,904 inscrits), M. de Grammont s'associa à tous les votes de la majorité antirépublicaine de cette assemblée, puis se rallia à la politique présidentielle de L.-N. Bonaparte, se déclara pour le coup d'Etat, et accepta, lors des élections au Corps législatif du 29 février 1852, le patronage du gouvernement : il fut élu député de la 3e circonscription de la Haute-Saône, par 20,861 voix (21,560 votants, 37,580 inscrits), prit part au rétablissement de l'Empire, et soutint constamment le pouvoir de ses votes, ayant obtenu successivement sa réélection:
- le 22 juin 1857 par 26,046 voix (26,172 votants, 34,916 inscrits),
- le 1er juin 1863 par 20,817 voix (22,978 votants, 37,109 inscrits),
- et le 24 mai 1869 par 17,067 voix (31,541 votants, 38,435 inscrits), contre 11,447 à M. Ricot et 2,947 à M. Hérisson.
Toutefois l'indépendance relative de son attitude dans certaines questions avait enlevé, en 1863, à M. de Grammont, le patronage officiel, bien qu'il eût voté la loi de sûreté générale ; en 1869, l'Administration alla jusqu'à le combattre. M. de Grammont fut, dans la courte session de juillet 1869, parmi les signataires de la demande d'interpellation des 116; il soutint ensuite l'empire libéral. Sa réélection au conseil général de la Haute-Saône dans les dernières années du règne avait été obtenue également malgré le préfet du département.
Après la guerre, M. de Grammont posa sa candidature monarchiste dans la Haute-Saône et fut élu représentant à l'Assemblée nationale, le 8 février 1871, le 3e sur 6, par 23,414 voix (34,563 votants, 93,897 inscrits). Il prit place à droite, vota:
- pour la paix,
- pour les prières publiques,
- pour l'abrogation des lois d'exil,
- pour la démission de Thiers au 24 mai 1873,
- pour la loi des maires,
- pour l'état de siège,
- contre les lois constitutionnelles.
Il ne prit la parole qu'une fois; ce fut pour protester, avec une vivacité singulière, contre l'emploi par M. Le Royer, représentant de la gauche, du mot bagage parlementaire, où il crut voir une inconvenance. La droite s'étant bruyamment associée à cette manifestation, il s'ensuivit entre elle et M. Jules Grévy, alors président de l'Assemblée, des explications et un conflit qui entraîna la démission de celui-ci.
M. de Grammont fut, sans succès, candidat aux élections sénatoriales du 30 janvier 1876 : il réunit dans la Haute-Saône 300 voix sur 644 votants, et rentra alors dans la vie privée jusqu'à sa mort (1889). Conseiller général de la Haute-Saône pour le canton de Villersexel.