Jean-Charles Abbatucci
1816 - 1885
Fils aîné de Jacques Pierre Charles Abbatucci (1791-1857), membre de la Chambre des députés sous Louis-Philippe, représentant du peuple à l'Assemblée constituante de 1848 et à l'Assemblée législative de 1849, Jean-Charles Abbatucci, lui-même représentant à l'Assemblée législative de 1849 et à l'Assemblée nationale de Versailles, puis membre de la Chambre des députés en 1877, né à Zicavo, le 25 mars 1816, mort à Paris, le 29 janvier 1885, entra de bonne heure dans la politique à la suite de son père.
Avocat à Orléans, il assista au banquet réformiste en 1847, à Orléans, en compagnie de Marie et de Crémieux, et quand ce dernier fut devenu ministre provisoire de la Justice (1848), un de ses premiers actes fut de nommer Charles Abbatucci substitut du procureur général à Paris. Aux élections de 1849 à la Législative, il fut élu par la Corse, avec 23 121 voix sur 57 685 inscrits et 41 078 votants, tandis que son père l'était par le Loiret. Son concours fut acquis, dès le début, aux entreprises du parti napoléonien, qu'il seconda par l'action plus que par la parole. Mêlé à la rédaction des journaux de l'Elysée, aux menées des comités bonapartistes de Paris et des départements, il donnait le mot d'ordre et recrutait des adhérents. Au coup d'Etat, il devint chef de cabinet de son père, ministre de la Justice, et peu après maître des requêtes au Conseil d'État (1852). Il passa conseiller d'Etat en 1857 et en conserva le titre et les fonctions jusqu'en 1873.
Les élections complémentaires du 9 juin 1872 le rendirent à la vie législative. La Corse, dont il avait sollicité les suffrages en se proclamant catégoriquement bonapartiste, et en réclamant la restauration d'un gouvernement qui unirait « l'autorité à la démocratie », le nomma par 30 323 voix sur 74 433 inscrits et 45 020 votants. Le candidat républicain, M. Savolli, obtint 14 418 suffrages. Charles Abbatucci remplaçait à l'Assemblée M. Conti, décédé. Il le remplaça également dans le petit groupe des députés bonapartistes, et vota, comme eux, avec la majorité de droite, pour la politique dite de combat. Il s'abstint, le 19 novembre 1873, lors de la constitution du septennat ; il se prononça :
- le 16 mai 1874, pour le cabinet de Broglie (mise à l'ordre du jour de la loi électorale politique). Le cabinet de Broglie fut battu et se retira ;
- le 23 juillet 1874, contre la proposition Casimir-Perier, relative à l'organisation des pouvoirs publics, rejeté ;
- le 29 juillet, pour la proposition Maleville, tendant à la dissolution de l'Assemblée ;
- le 25 février 1875, contre la Constitution qui consacrait la forme républicaine.
Aux élections du 20 février 1876, il fut battu, dans l'arrondissement de Sartène par M. Bartoli à quelques voix de majorité (3 137 contre 3 106 sur 8 020 inscrits et 6 237 votants) ; mais, après la dissolution de la Chambre, en 1877, il fut le candidat officiel du gouvernement du 16 mai, et l'emporta, le 14 octobre, avec 4 086 voix sur M. Bartoli (1 659 voix) et M. Train (841).
Bien que plusieurs protestations parvenues à la Chambre eussent dénoncé des faits de pression administrative, bien qu'il eût bénéficié de l'affiche blanche, etc., la validation de l'élection fut prononcée le 20 mars 1879, sur le rapport de M. Prax-Paris, et malgré la vive opposition de M. Laisant.
Ch. Abbatucci appartenait, naturellement, au groupe parlementaire de « l'Appel au peuple », avec lequel il vota constamment.
Il ne fut pas réélu le 21 avril 1881.
Officier de la Légion d'honneur, du 13 août 1861.