Armand, Félix Fresneau
1823 - 1900
- Informations générales
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- Né le 5 janvier 1823 à Rennes (Ille-et-Vilaine - France)
- Décédé le 13 novembre 1900 à Paris (Seine - France)
1823 - 1900
Représentant aux Assemblées constituante et législative de 1848-49, à l'Assemblée nationale de 1871, et membre du Sénat, né à Rennes (Ille-et-Vilaine) le 5 janvier 1823, fils d'un préfet de la Corse sous le gouvernement de Louis-Philippe, il fit ses études au collège de Rennes, et fut admis, en 1847, grâce à la situation et aux relations de son père, comme secrétaire particulier auprès de M. Duchâtel, ministre de l'Intérieur.
Il se destinait à la carrière diplomatique. Mais la révolution de février le jeta dans la politique militante. Sa candidature à l'Assemblée constituante, chaudement appuyée par le clergé et par le parti conservateur tout entier, l'emporta, le 23 avril 1848, dans le département d'Ille-et-Vilaine, avec 88 094 voix (132 609 votants, 152 985 inscrits). M. Fresneau était le 5e élu sur 14. Il siégea à droite, dans les rangs des monarchistes, et vota :
- pour le rétablissement du cautionnement,
- pour les poursuites contre Louis Blanc et Caussidière,
- contre l'amendement Grévy,
- contre le droit au travail,
- pour l'ordre du jour en l'honneur de Cavaignac,
- contre la réduction de l'impôt du sel,
- pour la proposition Rateau, qu'il défendit le premier à la tribune (29 juin 1849), en affirmant que « le pays était las de l'Assemblée »,
- contre l'amnistie,
- pour l'interdiction des clubs,
- pour les crédits de l'expédition de Rome,
- contre l'abolition de l'impôt des boissons, etc.
M. Fresneau prit plusieurs fois la parole à la tribune de l'Assemblée constituante, et, le 6 octobre 1848, au cours du débat sur la Constitution, il insista en faveur du système qui attribuait au suffrage universel la nomination du président de la République :
« Si nous prenons, dit-il, le président nommé par nous comme un président réel, je crains que nous n'imitions les peuples enfants, et même nous aurons un désavantage qu'ils n'ont pas, car nous ne pourrons pas croire au président que nous aurons fait ici en un quart d'heure par un coup de majorité. »
Il conclut en ces termes :
« Remettez au pays le soin de choisir le pouvoir exécutif, de le désigner lui-même ; laissez au pays, si je puis m'exprimer ainsi, le droit de lui infuser la force et la puissance dont il a besoin, car le conseil opposé ne pourrait être donné à la République que par ses ennemis, ou du moins par ceux qui ne savent pas où ils la conduiraient. »
M. Fresneau soutenait alors, dans une vue hostile aux institutions républicaines, la candidature de Louis-Napoléon Bonaparte à la présidence. Il donna ensuite son suffrage au gouvernement du prince, et, réélu le 13 mai 1849, représentant d'Ille-et-Vilaine à l'Assemblée législative, le 1er sur 12, par 77 071 voix (106 407 votants, 154 958 inscrits), il continua de se montrer l'adversaire du régime républicain. Il vota :
- pour l'état de siège,
- pour les poursuites contre les représentants compromis dans l'affaire du 13 juin,
- pour la loi du 31 mai restrictive du suffrage universel.
Il ne se sépara que vers la fin de la législature de la politique de l'Elysée.
Le coup d’Etat du 2 décembre 1851, qui ne le compta point parmi ses partisans, rendit M. Fresneau à la vie privée. Il passa dans ses propriétés tout le temps du Second Empire, et fit une seule tentative, d'ailleurs infructueuse, pour entrer au Corps législatif, le 1er juin 1863: candidat indépendant dans la 2e circonscription du Morbihan, il échoua avec 7,155 voix contre 22,383 au député sortant, réélu, M. le Mélorel de la Haichois.
M. Fresneau reparut à l'Assemblée nationale du 8 février 1871, comme représentant du Morbihan, élu, le 10e et dernier de la liste, par 54 448 voix (72 309 votants, 119 710 inscrits). De nouveau, il alla siéger à l'extrême droite, où il devint un des membres les plus actifs du parti catholique et légitimiste. Il vota :
- pour la paix,
- pour les prières publiques,
- pour l'abrogation des lois d'exil,
- pour le pouvoir constituant de l'Assemblée,
- contre le retour à Paris.
Il fut un des promoteurs et des signataires de l'adresse d'adhésion au Syllabus, envoyée au pape par un groupe de députés, et dirigea plusieurs attaques contre le gouvernement de Thiers. En 1872, il prononça un discours très vif au sujet de la loi sur l'Internationale, et déposa avec son collègue, M. Caron, un projet de loi tendant à organiser le service des aumôniers dans l'armée. En 1873, il vota pour la démission de Thiers (24 mai), puis il s'associa à toutes les mesures du ministère de Broglie, ainsi qu'aux préparatifs de « fusion » et de restauration monarchique. Après l'échec de cette dernière tentative, le représentant du Morbihan se rallia au vote du septennat. Mais il se retourna contre le cabinet de Broglie et contribua à sa chute (mai 1874), le jour où il fut convaincu que les orléanistes avaient mis obstacle à l'avènement du comte de Chambord. On remarqua les discours de M. Fresneau sur la loi électorale municipale, sur l'organisation municipale, son opposition à l'amendement septennaliste de M. Paris, le concours qu'il prêta à la motion de la droite en faveur du rétablissement de la monarchie, etc. Il se prononça enfin contre l'amendement Wallon, contre la Constitution du 25 février 1875, pour la loi sur l'enseignement supérieur, etc.
Après la dissolution de l'Assemblée nationale, M. Fresneau ne s'était représenté (1876) ni aux élections sénatoriales, ni aux élections législatives, et il s'était borné à publier (1877) une brochure politique sous ce titre significatif : Le Roi, lorsque le renouvellement partiel du 5 janvier 1879 dans le Morbihan le fit rentrer au Sénat, par 193 voix sur 327 votants. M. Fresneau reprit sa place parmi les conservateurs monarchistes les plus militants. Il se signala par une opposition ardente aux lois sur l'enseignement présentées par M. Jules Ferry ; il les combattit à la tribune de la Chambre haute, et revint encore (novembre 1880) sur la question religieuse, sous forme d'interpellation, à propos d'une décision des conseils académiques de Besançon et de Douai. Le 10 décembre 1882, il interpella M. Duvaux, ministre de l'instruction publique, au sujet de la suppression des emblèmes religieux dans les locaux scolaires ; protesta longuement (juillet 1883) contre la suspension de l'inamovibilité de la magistrature ; combattit (novembre 1884) le projet de réforme électorale concernant le recrutement du Sénat ; défendit la surtaxe des céréales et les droits sur l'importation des bestiaux (février 1885 et mars 1887) ; attaqua (juin suivant et janvier 1887) la gestion financière du gouvernement républicain ; s'éleva (février 1886) contre la laïcisation de l'enseignement primaire, et s'opposa en vain (décembre 1887) au vote de la prorogation pour six mois du traité de commerce franco-italien. Il se prononça encore:
- contre la modification du serment judiciaire,
- contre la réforme du personnel de la magistrature,
- contre la loi du divorce,
- contre l'expulsion des princes,
- contre la nouvelle loi militaire, etc.
Réélu sénateur du Morbihan, le 5 janvier 1888, par 647 voix (944 votants), il s'est abstenu sur le rétablissement du scrutin d'arrondissement (13 février 1889), et a voté :
- contre le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse,
- et contre la procédure à suivre devant le Sénat pour juger les attentats contre la sûreté de l'Etat (affaire du général Boulanger).
Né le 5 janvier 1823 à Rennes (Ille-et-Vilaine), mort le 13 novembre 1900 à Paris.
Représentant de l'Ille-et-Vilaine à l'Assemblée Nationale Constituante de 1848 et à l'Assemblée législative de 1849.
Représentant du Morbihan à l'Assemblée Nationale de 1871 à 1876.
Sénateur du Morbihan de 1879 à 1900.
(Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. III, p. 69.)
Siégeant à l'extrême-droite, Armand Fresneau continua, sans défaillance, à soutenir à la tribune ses convictions de légitimiste et de catholique.
Son hostilité aux institutions républicaines ne se dément pas. C'est ainsi que, le 6 février 1891, il interpelle le gouvernement sur les « usurpations des droits de la souveraineté nationale, commises par la municipalité de Paris ». Il accuse cette dernière de vouloir glorifier les « crimes des terroristes et de la Terreur » car elle a fait ériger une statut de Marat dans le parc de Montsouris et se propose de perpétuer de la même façon le souvenir de Danton et de Robespierre.
En 1890, dans l'affaire de la laïcisation de l'école de Vicq, Armand Fresneau condamne l'action du ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, Léon Bourgeois. Le 25 mars 1892 il s'adresse de nouveau à Léon Bourgeois pour dénoncer la nomination de Pierre Laffitte, disciple d'Auguste Comte et chef de l'école positiviste, à la chaire d'histoire générale des sciences au Collège de France. Il voit dans cette désignation un nouveau gage donné aux « révolutionnaires athées ».
Fresneau est réélu le 3 janvier 1897, au premier tour de scrutin, par 651 voix sur 957 suffrages exprimés.
Aux yeux d'Armand Fresneau, l'intervention de l'Etat dans le domaine social n'était pas plus justifiée que dans le domaine éducatif. En 1891, la loi « Bovier-Lapierre » sur les syndicats professionnels de patrons et ouvriers était venue en première délibération devant le Sénat. Ce dernier, à une forte majorité, rejette la proposition parce qu'il préfère, selon les paroles d'Armand Fresneau, la « loi bienfaisante de 1884 ».
Partisan d'un service militaire prolongé, mais décidé à en dispenser les séminaristes, il vote en 1889 contre les dispositions de la loi sur le recrutement de l'armée.
A plusieurs reprises il se déclare opposé à l'existence du ministère des colonies, la gestion de celles-ci devant être confiée au ministère de la Marine.
C'est également au nom de la solidarité militaire qu'il s'opposera, le 1er décembre 1898, à la proposition de loi Constans, sur la procédure devant les conseils de guerre.
Nationaliste, Armand Fresneau l'était également dans le domaine économique, et c'est en protectionniste convaincu qu'il est intervenu dans la discussion du tarif général des douanes dit tarif Méline, du régime des sucres, etc.
De même, en ce qui concerne l'organisation du crédit agricole et populaire, la gestion des caisses d'épargne, la création d'abattoirs publics, la fabrication, circulation et vente des vins artificiels.
Il avait fait partie des 14 sénateurs qui, le 12 décembre 1892, refusèrent la confiance au gouvernement Ribot après l'interpellation sur l'affaire de Panama.
Ce polémiste convaincu mourut subitement le 13 novembre 1900 à Paris, à l'âge de 77 ans.
Il avait publié de nombreux articles de revues et de journaux. Il est également l'auteur de divers pamphlets ou études, par exemple : De la constitution politique des Etats de l'Eglise ; Le Roi ; L'Atelier français en 1789 ; Une nation au pillage.