Achille René-Boisneuf

1873 - 1927

Informations générales
  • Né le 9 novembre 1873 à Le Gosier (Guadeloupe - France)
  • Décédé le 29 décembre 1927 à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIe législature
Mandat
Du 26 avril 1914 au 7 décembre 1919
Département
Guadeloupe
Groupe
Parti républicain radical et radical socialiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIIe législature
Mandat
Du 14 décembre 1919 au 31 mai 1924
Département
Guadeloupe
Groupe
Parti radical et radical socialiste

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (Jean Jolly)

Né au Gosier (Guadeloupe) le 9 novembre 1873, mort le 29 décembre 1927 à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe). Député de la Guadeloupe de 1914 à 1924.

Fils naturel d'un esclave affranchi en 1848 et de Mathurine René cultivatrice, le jeune Achille René est adopté par un ménage de propriétaires, Hyacinthe Boisneuf et sa femme. Son père adoptif, qui allait devenir maire de sa commune, lui fait faire ses études secondaires. Le 19 mai 1900 René-Boisneuf est lui-même élu conseiller municipal de Pointe-à-Pitre, dont il deviendra le maire en 1911. Quatre ans plus tard, il fonde dans cette ville un journal : « Le Libéral », dans lequel il mène une violente campagne en faveur de sa propre candidature dans le canton de Port-Louis (Elections cantonales de 1905). Cette campagne est marquée par des incidents graves et une bagarre au cours de laquelle un gendarme est blessé. René-Boisneuf inculpé de ce chef est condamné à dix mois de prison. En 1906, il est candidat à la députation (élections générales des 6 et 20 mai). Au cours de la campagne électorale un de ses adversaires politiques entraîne jusqu'au domicile de René-Boisneuf une foule menaçante, mais il est abattu. René-Boisneuf, auteur présumé du meurtre est emprisonné, tandis que la foule pille son imprimerie, sa maison et celles de plusieurs de ses amis. Le scrutin ne lui donne que 4.719 voix contre 9.950 à son adversaire, Légitimus. Libéré en application de la loi d'amnistie votée le 12 juillet, sa libération est le signal de nouveaux incidents au cours desquels son défenseur est grièvement blessé.

En 1909 il obtient sa licence en droit et l'année suivante devient avocat à la Cour d'Appel de la Guadeloupe. Aux élections générales du 24 avril 1910 il se présente dans la 2e circonscription de Pointe-à-Pitre. La Commission électorale, après avoir retardé durant plusieurs jours le dépouillement du scrutin pour 3 communes, proclame son adversaire Légitimus élu avec 6.734 voix, ne lui reconnaissant à lui-même que 6.233. A deux reprises le 11e bureau de la Chambre conclut à l'unanimité à l'invalidation de Légitimus, tandis que par amendement le député de la Martinique, Sévère, demande à l'Assemblée de proclamer René-Boisneuf élu, et accuse non sans vraisemblance l'administration coloniale et le gouverneur Gautret d'avoir truqué le scrutin. Mais un amendement Gerault-Richard tendant à la validation de Légitimus est adopté par 161 voix contre 118.

L'année suivante René-Boisneuf entre au conseil général. Dès 1913 il est président de l'Assemblée départementale : il conservera cette fonction jusqu'en 1922. Aux élections législatives du 26 avril 1914 il est élu au premier tour de scrutin par 8.095 voix dans la 2e circonscription de la Guadeloupe, son ancien adversaire Légitimus condamné, ne s'étant pas représenté. Dans sa profession de foi électorale il avait promis de s'inscrire au groupe des républicains de gauche qui montrerait le plus de sympathie désintéressée pour la cause de la colonie. Il y dénonçait le monopole de fait exercé par le syndicat des sociétés sucrières de la Guadeloupe et revendiquait le droit pour les travailleurs de s'organiser; il demandait en outre l'extension aux Antilles de la législation ouvrière de la métropole, affirmant que des groupements ouvriers disciplinés seraient un élément de stabilité pour la société de l'île.

A la Chambre il s'inscrit au groupe radical et radical-socialiste, siège aux Commissions des douanes, de la marine marchande et des lois constitutionnelles et déploie une activité débordante. Au cours de la législature il ne dépose pas moins de 20 propositions de loi, allant de la réforme de la Constitution de la Guadeloupe, de la Martinique et de la Réunion (1914) au régime du réseau routier et aux relations maritimes entre la France et les Antilles en passant par des textes tendant à garantir la sincérité des opérations électorales, à l'application aux Antilles de la loi de 1909 sur le bien de famille insaisissable, à des travaux de dragage à Pointe-à-Pitre, à l'application aux colonies des lois sur l'assistance médicale gratuite, sur les enfants, les vieillards et les incurables assistés, sur l'éducation des pupilles de l'Assistance publique (1915). Il rapporte divers projets et propositions de loi et prend part à la discussion du projet de loi concernant les veuves et les orphelins des fonctionnaires des colonies décédés sous les drapeaux (1915). Par amendement déposé au projet de loi relatif aux crédits applicables au premier trimestre de 1916, il propose que les délibérations des conseils généraux des colonies en matière de taxes soient exécutoires si le Gouverneur n'en a pas demandé l'annulation dans le délai d'un mois (1915) et demande à interpeller le Gouvernement sur le régime à appliquer aux soldats français originaires des colonies puis sur le développement de la production du sucre aux Antilles et à la Réunion (1917).

Le 16 novembre 1919, sa liste du parti de l'Union républicaine socialiste est élue au deuxième tour de scrutin avec onze mille voix contre 1.963 à celle du parti socialiste et ouvrier de Légitimus et 3.451 à celle du parti radical et radical-socialiste de Jean-François. René-Boisneuf s'inscrit de nouveau au groupe radical et radical-socialiste et fait partie des Commissions de la marine, des boissons, puis en 1922 de celle de l'Algérie, des colonies et des protectorats. Il demande la nomination d'une Commission d'enquête sur la situation économique et politique de la Martinique et de la Guadeloupe (1922), dépose diverses propositions relatives au régime électoral dans les Antilles françaises, rapporte le projet de loi relatif au régime forestier de la Martinique et de la Guadeloupe, un autre tendant à donner au Gouverneur de la Réunion le pouvoir de taxer le riz, puis sa propre proposition tendant à assurer le contrôle des budgets des colonies. En 1922, il prend part à une interpellation sur la Banque industrielle de Chine et interpelle lui-même le Gouvernement Poincaré sur le scandale de la liquidation des biens ennemis séquestrés, notamment au Togo, sur l'impunité accordée aux abus et aux crimes commis aux colonies au préjudice des indigènes et sur l'immixtion de l'administration dans le fonctionnement de la justice. En 1922, il perd la mairie de Pointe-à-Pitre et en 1924 son mandat de député. En effet son ancien colistier Candace s'étant allié avec leur ancien adversaire Jean-François, obtint plus de 20.000 voix tandis que René-Boisneuf n'en obtenait que 12.379.

L'année suivante il reconquiert la mairie qu'il conservera jusqu'à sa mort en 1927. Il laisse selon le Journal Officiel de la Guadeloupe « le souvenir d'un homme, qui aima passionnément son pays ».