Marcel Mérigonde
1910 - 1984
- Informations générales
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- Né le 18 février 1910 à Paris (Seine - France)
- Décédé le 18 juillet 1984 à Asnières (Hauts-de-Seine - France)
1910 - 1984
Né le 18 février 1910 à Paris
Décédé le 18 juillet 1984 à Asnières (Hauts-de-Seine)
Député de l'Oise de 1956 à 1958
Fils d'un concierge à l'école maternelle du Kremlin-Bicêtre et d'une femme de service exerçant dans la même école, Marcel Mérigonde après ses études secondaires entre à l'Ecole normale de Beauvais où il obtient le brevet supérieur. Nommé instituteur de l'enseignement public en 1929, il adhère immédiatement au Syndicat national des instituteurs, mais n'y occupe aucun poste de responsabilité. Mobilisé en 1930, démobilisé l'année suivante, Marcel Mérigonde reprend son poste d'instituteur. Il milite dans le groupe des jeunes de l'enseignement (de 1931 à 1940), adhère à la section du Parti socialiste SFIO de Nogent-sur-Oise (1931) et anime l'Association sportive de Pont-Saint-Maxence, dont il est secrétaire de 1931 à 1934.
Marcel Mérigonde fait la campagne de France en 1939-1940, ce qui lui vaut d'être décoré de la Croix de guerre 1939-1945. Mais, le 20 octobre 1942, le gouvernement de Vichy démissionne d'office de son poste d'instituteur cet ancien combattant qui est par ailleurs militant laïque et membre du Grand Orient de France. Initié à la loge de Creil en 1932, il s'était en effet affilié à partir de 1938 à la loge « Mont Canelon » de Compiègne. L'instituteur licencié devient alors employé de bureau puis agent d'assurances. Surtout, recruté par Jean Biondi, ancien député socialiste de l'Oise qui figure parmi les Quatre-vingt, il entre dans la Résistance. Il milite au Parti socialiste clandestin et exerce les fonctions de responsable départemental de Libération Nord et de responsable interdépartemental de Brutus. Arrêté, Mérigonde est déporté en 1944 à Neuengamme. Libéré lors de la defaite nazie, il préside l'amicale des déportés du camp.
Réintégré dans l'enseignement public, Marcel Mérigonde se voit affecté comme professeur de collège d'enseignement général. Mais il ne va pratiquement pas exercer, entrant en politique dans le sillage de Jean Biondi. En septembre 1945, il est élu conseiller général du canton d'Attichy et conserve ce mandat jusqu'en 1981. Il est immédiatement désigné comme secrétaire de l'Assemblée départementale dont Biondi assure la présidence. Puis, lorsque le député-maire de Creil est nommé sous-secrétaire d'Etat à la fonction publique en juin 1946, il prend Mérigonde comme attaché parlementaire à son cabinet. En novembre suivant, ce dernier figure en quatrième position sur la liste SFIO conduite par Jean Biondi, derrière l'universitaire Etienne Weill-Raynal et Henri de Ridder, conseiller général et maire de Beauvais. La liste obtient 31 397 voix sur 232 275 inscrits et 187 310 exprimés et n'a qu'un seul élu. Aux législatives suivantes, le 17 juin 1951, Marcel Mérigonde figure en deuxième position sur la liste socialiste, derrière Etienne Weill-Raynal qui a succédé au Palais-Bourbon à Jean Biondi après l'accident de voiture entraînant le décès du député-maire de Creil en novembre 1950. La liste de la SFIO qui n'avait pas conclu d'apparentement, perd 10 000 suffrages, avec 21 002 voix en moyenne, et son unique siège. Les communistes conservent deux députés et le RPF, conduit par Jean Legendre, obtient les trois derniers sièges.
Mérigonde entreprend alors de réorganiser la fédération socialiste de l'Oise diminuée par de nombreux départs de militants et par la perte de son principal dirigeant. Il obtient le poste de secrétaire administratif du groupe socialiste à l'Assemblée nationale en 1952 et est désigné secrétaire adjoint (administratif) de la fédération socialiste l'année suivante, puis secrétaire fédéral en 1954-1955. Son travail de terrain lui permet d'être élu conseiller municipal de Compiègne en avril 1953 et d'être désigné pour conduire la liste socialiste pour les législatives du 2 janvier 1956. Il conclut un apparentement très discuté dans les rangs de son parti, avec Robert Hersant, tête de la « liste d'action au service du département, présentée par le Parti républicain radical et radical-socialiste » et avec Maurice Chevance-Bertin qui conduit la « liste républicaine d'action démocratique et sociale présentée par l'UDSR ». Les candidats socialistes obtiennent 24 107 voix en moyenne (Marcel Mérigonde en obtenant 25 311) pour 255 173 inscrits et 213 654 exprimés. Marcel Mérigonde est le seul socialiste élu du fait de l'apparentement qui prive le parti communiste d'un second siège.
Le nouveau député de l'Oise se fait nommer à la Commission de l'intérieur, à la Commission de la presse et comme suppléant à la Commission des finances. Sa connaissance du travail parlementaire que lui ont donné ses expériences d'attaché parlementaire et de secrétaire administratif du groupe socialiste lui permet de s'imposer très vite au Palais-Bourbon. Il présente près de trente rapports et avis sur des propositions de loi, au nom de la commission de l'intérieur et dépose lui-même plusieurs propositions de loi. Il défend surtout les intérêts des fonctionnaires, des résistants et des vieux travailleurs. Il s'intéresse encore aux problèmes des collectivités locales et à ceux des militaires en ces temps de guerre d'Algérie ; ces derniers sont souvent présents dans ses interventions et ses propositions d'amendements. Son activité lui vaut d'être proposé par le groupe socialiste pour les fonctions de secrétaire de l'Assemblée nationale, qu'il exerce à partir du 2 octobre 1957.
Dans la SFIO, Marcel Mérigonde s'affirme comme représentant d'un courant qui, après la chute du gouvernement de Guy Mollet, est opposé à la participation au gouvernement Gaillard et se prononce pour la défense des intérêts des ouvriers menacés par l'inflation. Au conseil national du parti socialiste du 3 novembre 1957, rapporteur de la motion minoritaire, il s'écrie « La notion de régime à défendre, c'est pour les travailleurs, celle du régime alimentaire ». Sa motion recueille 1 732 mandats, contre 2 087 à celle de la majorité. Il envisage alors un gouvernement de centre-gauche avec le soutien des communistes.
Lors des événements de mai 1958, Marcel Mérigonde appelle à la résistance contre les activistes. Totalement opposé au retour du général de Gaulle au pouvoir, il affronte Guy Mollet qui nie avoir rencontré l'ancien chef de la France Libre dans une réunion orageuse des dirigeants socialistes réunis à l'Assemblée le 27 mai. Après le départ du secrétaire général du parti, il fait adopter un texte, par 112 membres des groupes parlementaires de l'Assemblée et du Sénat, affirmant que les députés socialistes « ne se rallieront en aucun cas à la candidature du général de Gaulle qui, dans la forme où elle est posée et par les considérants qui l'accompagnent, est et restera en toute hypothèse un défi à la légalité républicaine ». Rien ne le fait changer d'avis contrairement à beaucoup de ses camarades et le premier juin 1958, Marcel Mérigonde est l'un des 49 députés SFIO qui votent contre dans le scrutin de confiance sur le programme et sur la politique du général de Gaulle. Le lendemain, il refuse encore la remise des pleins pouvoirs et s'abstient sur le projet de loi relatif à la révision constitutionnelle. Durant l'été, le député socialiste de l'Oise donne son adhésion à l'Union des forces démocratiques, qui rassemble autour de la Ligue des droits de l'homme, des minoritaires socialistes, de François Mitterrand et de Pierre Mendès France, la fraction de la gauche non communiste hostile au nouveau régime. Mais il refuse de s'associer à ceux de ses camarades qui forment le Parti socialiste autonome en septembre.
Aux élections législatives du 23 novembre 1958, le député socialiste sortant se présente dans la quatrième circonscription de l'Oise (Creil). Il ne rassemble que 5 218 voix, sur 61 981 inscrits et 48 663 exprimés. Dans les limites de la même circonscription, sa liste avait obtenu 1200 suffrages de plus deux ans plus tôt. Son rôle national est pratiquement achevé. Il participe encore aux débats de la SFIO, où il défend les thèses minoritaires hostiles aux institutions de la Ve République, avec Albert Gazier. En 1962, il se présente de nouveau dans la 2e circonscription de l'Oise (Compiègne). Avec 7935 suffrages sur 54277 inscrits et 38 077 exprimés, il arrive devant le candidat communiste Henry Bruyère. Celui-ci s'étant désisté en sa faveur, Mérigonde obtient 17 374 voix, mais est battu par le gaulliste de l'UDT, Edmond Nessler qui est élu avec 19 930 voix. Il n'est pas candidat en mars 1967 et est réduit à un rôle de figuration, se présentant comme suppléant d'un candidat socialiste en juin 1968.
Dans l'Oise, Marcel Mérigonde reste membre du Conseil général. Il démissionne du Parti socialiste en 1973 et siège à l'Assemblée départementale comme « divers gauche ». Il est proche des positions de Max Lejeune, mais anime l'opposition au conseil général en votant comme les élus d'union de la gauche. Cette même année, l'Assemblée départementale le désigne comme conseiller régional, où il siège jusqu'en 1979. Enfin, il est vice-président du Conseil général de 1976 à 1979. Il démissionne cette année-là pour raison de santé et décède le 18 juillet 1984 à Asnières (Hauts-de-Seine).
Marié, père de deux enfants, veuf en 1962, Marcel Mérigonde s'est remarié en 1968.
Décoré de la médaille militaire, de la croix de guerre, de la médaille de la Résistance, officier des Palmes académiques et médaillé des sports, Marcel Mérigonde a été fait commandeur de la Légion d'honneur.